L'isonomie (ἡ ἰσονομία) ne signifie pas l"égalité devant la loi" mais plus exactement l"égalité de partage" (sens premier du terme νομός).
Le partage de la citoyenneté
Pour les Athéniens, la démocratie ne se limite pas à l'élection de représentants mais implique un exercice effectif du pouvoir par tous les citoyens. C'est ce "partage" à parts égales du pouvoir du demos que garantit le principe d'isonomie. Il s'agit exclusivement d'une "égalité politique" mais celle-ci est totale et a des conséquences importantes sur la vie quotidienne. Elle attribue d'abord au citoyen un statut particulier par rapport aux non-citoyens, majoritaires dans la cité (voir la rubrique Qui est citoyen ?), ce qui confère incontestablement des privilèges tels que l'exercice du pouvoir, l'accès à la propriété foncière et un traitement spécifique par les tribunaux. N'ont droit au "partage" que ceux qui font "partie" du demos. Si l'on en juge par les procès en citoyenneté du IV° siècle, nombreux étaient ceux qui auraient bien voulu avoir leur "part".
La participation à la citoyenneté
Mais, cette part comporte aussi son lot de devoirs civiques, de charges contraignantes et parfois très lourdes. Tout le monde ne s'engage sans doute pas avec le même enthousiasme, mais les modes de désignation, le recours privilégié au tirage au sort et les roulements fréquents parmi ce que nous appellerions aujourd'hui le personnel politique obligeaient de fait tout citoyen à "participer" effectivement à la vie politique de sa cité, non pas comme simple électeur mais comme bouleute, héliaste ou magistrat, sans parler du service militaire. Autant d'obligations qui duraient toute une vie et auxquelles il devait être bien difficile de se soustraire.
L'égalité devant la loi n'est donc qu'un des aspects de l'isonomie. L'isonomie est avant tout une isocratie (ἡ ἰσοκρατία)