Le citoyen jouissant de tous ses droits était dit ἐπίτιμος (epitimos). La perte des droits de citoyenneté était une peine sévère. Il faut distinguer deux sanctions de nature différente, punissant des fautes et ayant des conséquences diverses :
L'atimie (ἡ ἀτιμία)
Il s'agit d'une déchéance des droits à la citoyenneté. Elle pouvait être définitive ou temporaire, selon la gravité des faits. Elle sanctionnait des jugements d'ordre privé, comme les spoliations, le manque de respect ou de soins aux parents ou encore les violences contre les personnes, mais surtout des délits d'ordre public tels que l'impiété, les fraudes, la corruption, les malversations ou les offenses aux magistrats. Une offense avérée à l'esprit de la démocratie pouvait aussi en être la cause. C'est ainsi qu'une proposition de loi jugée non conforme à la constitution pouvait faire l'objet d'une procédure judiciaire entraînant l'atimie.
L'atimos (ὁ ἄτιμος) ne pouvait plus assister aux réunions de l'Assemblée, être bouleute ni héliaste. Il restait toutefois un ἀστός (astos) et pouvait à ce titre, s'il était marié avec une Athénienne, transmettre la citoyenneté à ses descendants. Il semble cependant que, dans les affaires de corruption ou de malversation, la descendance ne récupérait ses droits qu'après remboursement de la dette contractée envers la cité.
L'ostracisme (ὁ ὀστρακισμός) a été créé par Clisthène.
- Le mot "ostracisme" vient d' ostrakon (τὸ ὄστρακον), qui signifie"coquille" ou "tesson" (de poterie). C'est une procédure très particulière qui visait à écarter des affaires publiques des citoyens jugés dangereux pour la cité et son régime politique. Elle se traduisait par une déchéance des droits de citoyenneté accompagnée d'un bannissement d'une durée de dix ans. Contrairement aux condamnés en justice, le banni ne perdait cependant pas ses droits civils et ses biens lui étaient conservés. L'ostracisme pouvait frapper tout homme exerçant une fonction politique mais surtout ceux qui étaient élus et non pas tirés au sort, en particulier les stratèges. C'est aussi un des usages que l'on a volontiers mis en évidence pour disqualifier les valeurs de la démocratie athénienne. En réalité il convient de relativiser à la fois la fréquence et la gravité de cette mise au ban.
- L'ostracisme était prononcé par l'Assemblée, mais il s'agit d'un des rares cas où celle-ci avait recours au vote à bulletins secret. La procédure se déroulait en deux temps. Les citoyens devaient d'abord se prononcer une fois par an sur l'opportunité d'un ostracisme. Le vote se faisait alors à main levée, lors de la sixième prytanie. Si une majorité se dégageait, une assemblée extraordinaire était convoquée, non pas sur la Pnyx, mais sur l'Agora. Groupés par tribus, les citoyens grattaient un tesson de terre cuite de manière à y inscrire le nom du citoyen qu'ils souhaitaient bannir. Le verdict des ostraka était d'autant plus cruel que l'"élection" se faisait à la majorité simple, en un seul tour, et qu'on pouvait donc se trouver ostracisé par une minorité de ses concitoyens, à condition toutefois que le quorum de 6000 votants fût atteint. La procédure était sans appel et son exécution immédiate, le condamné ayant une semaine (dix jours) pour préparer son départ.
- Quels sont les motifs qui ont conduit les Athéniens à prendre cette mesure ?. Dans les premiers temps, il s'agissait avant tout de protéger la jeune démocratie contre un retour possible de la tyrannie ou de l'oligarchie. Ce n'est pas par hasard que le premier ostracisé s'appelait Hipparque, dernier rejeton des Pisistratides. Les suivants furent des membres des grandes familles aristocratiques, tels Xanthippe, père de Périclès, un Alcméonide. Après les guerres médiques, la mesure frappa surtout des hommes politiques en vue. Les plus célèbres furent Miltiade et Thémistocle, dont le génie militaire et la clairvoyance politique avaient pourtant été décisifs dans la victoire contre les Perses. Comment expliquer cette apparente ingratitude ? Il faut certes prendre en compte la part d'intrigues et de calomnies qui accompagnaient les rivalités de pouvoir ; Il est certain que les manœuvres de Cimon, son adversaire politique, influèrent fortement sur la décision du peuple dans le cas de Thémistocle. Mais il ne faut pas prendre les Athéniens pour plus naïfs qu'ils étaient et il est plus certain encore qu'il se méfiaient naturellement du trop grand prestige qui entourait certains hommes politiques éminents, suspectés de faire passer leur gloire et leurs ambitions personnelles avant les intérêts de la cité. Sans doute n'avaient-ils pas toujours tort et l'attitude de Thémistocle, qui se rallia au roi de Perse après sa condamnation, semble leur donner raiso. Quant à Cimon, il fut à son tour ostracisé quelques années plus tard. Le dernier ostracisme fut prononcé en 416, ce qui signifie qu'il n'y en eut pas durant tout le IV° siècle.