Le principal mode d'accès à la citoyenneté était la naissance. Néanmoins, le droit de cité pouvait être accordé à des hommes libres qui n'étaient pas nés Athéniens. Cette faveur fut octroyée plus ou moins généreusement en fonction des époques mais elle fit toujours l'objet de la plus grande circonspection.
Ici encore, il faut se garder de plaquer sur Athènes toute valeur démocratique universelle et prendre en compte, au contraire, les réalités d'une cité dans son espace et dans son temps politiques.
Les freins à l'attribution de la citoyenneté :
Ils s'expliquent par le passif de la tyrannie et la volonté d'établir une communauté stable. La démocratie athénienne redoutait toujours un retour au régime de la tyrannie. Or l'octroi massif de la citoyenneté était une des armes des "tyrans" pour asseoir leur pouvoir en s'appuyant sur les masses populaires face aux familles aristocratiques. Par ailleurs, la citoyenneté à Athènes étant étroitement liée à la notion d'autochtonie, l'attribution du droit de cité à des étrangers ne pouvait être qu'exceptionnelle.
Les ouvertures :
- L'attribution à titre collectif :
Paradoxalement, malgré les restrictions énoncées ci-dessus, l'acte fondateur de la démocratie athénienne réside, en 507, dans la naturalisation massive et l'attribution de la citoyenneté à des milliers d'hommes libres mais non athéniens résidant sur le territoire de la cité.
Par la suite, les attributions à titre collectif furent rares. On cite cependant l'exemple des survivants de Platée et de Samos. Pendant la guerre du Péloponnèse, ces deux cités, alliées d'Athènes furent détruites par les Spartiates. Un vote de l'Assemblée permit d'intégrer les survivants dans le corps de ses citoyens. Nul doute que le souvenir des guerres médiques et de la fraternité d'armes dans le combat contre les Perses ait joué en faveur de cette attribution.
- L'attribution à titre individuel
A titre exceptionnel, la citoyenneté athénienne était attribuée à titre individuel à qui pouvait faire état de parentés susceptibles de lui ouvrir un tel droit ou en récompense de services rendus à la cité. Elle faisait toujours l'objet d'une délibération publique à l'Assemblée et, chose rare, d'un vote à bulletins secrets. C'est ainsi qu'après l'intermède oligarchique des Trente, des métèques qui avaient participé à la prise de la forteresse de Phylé furent récompensés par l'octroi de la citoyenneté athénienne. Il faut noter toutefois que l'Assemblée attribua celle-ci au cas par cas, refusant la naturalisation massive que demandait Thrasybule.
La procédure fit naturellement l'objet de quelques scandales judiciaires et politiques, certains étrangers ou métèques fortunés ayant tenté de contourner les rigueurs de la loi en achetant des soutiens et des faux témoignages.
Les néo-citoyens ne jouissaient pas pour autant de tous les droits d'un citoyen de naissance. Ils ne pouvaient exercer de magistrature ni de fonction religieuse à caractère civique. Enfin, leur citoyenneté n'était transmissible aux enfants mâles que si ceux-ci étaient issus d'un mariage légitime avec une femme athénienne.