- Le nombre des citoyens

De la réforme de Clisthène aux derniers temps de la démocratie athénienne, le nombre des citoyens a considérablement varié.

  • Peu important avant 507, il connaît un accroissement spectaculaire à cette date avec la naturalisation par Clisthène d'un très grand nombre de résidents.
  • Entre 507 et 450, la prospérité et le rayonnement d'Athènes sur le monde entraînent une croissance démographique naturelle et l'afflux de nombreux étrangers. La législation, souple à cette époque, permet à nombre d'entre eux de s'installer comme métèques, puis de devenir citoyens, généralement par union avec une famille athénienne.
  • En 450, on peut estimer ce nombre à environ 60 000. Aristote nous dit que c'est ce "grand nombre de citoyens" qui obligea Périclès à prendre des mesures restrictives. La loi de 451, en exigeant la double ascendance (paternelle et maternelle) mit un coup d'arrêt à cette expansion. Par ailleurs, on incita les citoyens les plus pauvres à s'installer comme clérouques (κληροῦχοι) , c'est-à-dire comme colons dans les cités vassalisées. Certains partirent d'eux-mêmes vivre comme métèques dans d'autres cités.
  • Entre 450 et le début de la guerre du Péloponnèse, cette politique restrictive est poursuivie et on s'attache, en particulier, à éliminer tous les "faux citoyens" qui avaient été inscrits à tort dans les dèmes, par négligence ou laxisme, parfois par corruption. En 445, une révision générale des registres aboutit à l'exclusion massive de 5 000 personnes.
  • Entre 431 et 404, la guerre du Péloponnèse, pour des raisons qu'on devine aisément, fut l'occasion d'un assouplissement. Isocrate nous montre que la loi de 451 ne fut guère appliquée pendant cette période. En outre, Athènes accorda la citoyenneté aux survivants des cités alliées détruites par les Spartiates. La loi fut cependant rétablie dans toute sa rigueur après l'intermède oligarchique des Trente, en 403, dès que le régime démocratique fut pleinement rétabli.
  • Au IV° siècle, le nombre des citoyens se trouve considérablement diminué et le restera jusqu'à la fin de la période démocratique. La moitié des hommes avaient péri pendant la guerre, et la population générale de l'Attique avait souffert de la grande épidémie de peste de 430-426. Le demos ne dépassa plus jamais les 30 000 membres. On se trouva dès lors dans une situation d'oliganthropie (ὀλιγανθρωπία, "petit nombre d'hommes"), inverse de celle qui avait prévalu au V° siècle. Pourtant, la loi de 451 ne fut jamais abolie et les conditions d'accès à la citoyenneté jamais assouplies. En 400, un décret institua un quorum de 6 000 citoyens pour les décisions les plus importantes de l'Assemblée et la cité dut prendre des mesures coercitives et incitatives. Cela permit aux institutions de continuer à fonctionner normalement.

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