- L' Ἐκκλησία (Ecclesia), c'est l'assemblée générale de tous les citoyens. Le terme définit une assemblée constitutionnelle, régie par des règles et un calendrier, qu'il faut clairement distinguer d'une réunion spontanée, d'un rassemblement accidentel (ὁ σύλλογος, le sullogos).
- Décrire le fonctionnement de l'Assemblée à Athènes, c'est parler de l'instance démocratique par excellence, celle dans laquelle la parole de tous les citoyens est institutionnalisée, et par laquelle ils peuvent agir directement sur le destin de leur cité, autrement dit sur le leur. L' Ἐκκλησία est donc un espace de discussion et de décision occupant, au cœur de la cité, la place laissée vacante par l'ancien pouvoir de nature hiérarchique. Clairement délimitée dans le temps et dans l'espace, elle se définit d'abord, comme la citoyenneté, par sa clôture : exclusion des non-citoyens, déroulement sur un site réservé, à des dates communiquées publiquement, selon des règles précises.
- Le lieu, c'est la Pnyx (l'endroit où les gens sont "serrés, nombreux") : plus de 6 000 personnes pouvaient en effet tenir ensemble sur cet espace, aménagé spécialement à cet effet et plusieurs fois remanié pendant la période démocratique.
- Le calendrier est défini par les prytanes. Pendant la plus grande partie du temps que dura la démocratie à Athènes, il y eut quatre assemblées ordinaires par prytanie, c'est-à-dire par mois politique.
Les citoyens étaient tous convoqués. Venaient-ils ? Il est certain que plusieurs facteurs pouvaient les en dissuader :
- L'éloignement : un habitant du dème de Sounion, de Marathon ou Oenoé avait évidemment plus de difficultés à rejoindre la Pnyx qu'un citoyen résidant dans la zone urbaine. Néanmoins, il est probable qu'il lui fallait aussi se rendre régulièrement en ville. Ce faisant, il pouvait à la fois aller au marché, régler quelques affaires administratives et exercer ses droits de citoyen.
- Le travail : contrairement aux Spartiates ou auxThébains chez lesquels la citoyenneté était constitutionnellement incompatible avec le travail, les citoyens athéniens n'étaient pas des oisifs, même si certains d'entre eux possédaient des esclaves. Les habitants des dèmes ruraux travaillaient la terre, ceux de la zone côtière étaient marins ou pêcheurs, ceux de la ville artisans. Ils ne pouvaient pas toujours délaisser leurs occupations privées pour passer la journée à l'Ecclesia. C'est en partie pour cette raison qu'au IV° siècle, on étendit à la présence sur la Pnyx le μισθός (misthos) qui avait été institué à l'origine comme salaire de dédommagement pour les bouleutes et les héliastes.
- La perte de l'esprit civique : dans une démocratie, la désaffection des citoyens pour les affaires publiques peut avoir des causes diverses. A Athènes, il faut distinguer la démocratie du temps de Périclès de celle du IV° siècle. La première, triomphante et sûre de son bon droit, est assurée par une propérité économique et l'hégémonie sur le plan extérieur, alors que les années qui suivent la guerre du Péloponnèse représentent une période de doute et de crises qui influent naturellement sur le comportement citoyen.Toutefois, malgré les revers militaires, les intrigues oligarchiques et les ambitions personnelles, malgré surtout les critiques virulentes portées contre les principes fondateurs du régime, le peuple athénien ne semble jamais avoir douté de ses institutions. Le quorum de l'Ecclesia est toujours resté fixé à 6 000 participants et il n'est pas certain que la désaffection des citoyens pour la politique ait été plus massive qu'au XXI° siècle, dans nos sociétés modernes. Il est vrai que le misthos ekklesiastikos favorisait la présence des classes populaires à l'Assemblée mais ceci permit de maintenir jusqu'au bout une vie démocratique sur la Pnyx.