- Histoire de la ville et du sanctuaire

De la colonisation ionienne au VIe siècle av. J.-C.

  • Du Xe au VIIe siècle, Éphèse s'affirme progressivement comme la plus importante des douze cités de la confédération ionienne dont nous parle Strabon. C'est aussi à cette époque que le sanctuaire d'Artémis devient un lieu de culte et de pèlerinage influent dans le monde grec et « barbare ». Comme dans les autres cités de la côte, les éléments autochtones (Cariens, Lélèges et Lydiens) et grecs sont mêlés. Dans les premiers temps, le pouvoir appartient aux monarques issus des conquérants ioniens mais, peu à peu, des régimes oligarchiques, parfois même démocratiques, se mettent en place. À Éphèse, le gouvernement passe progressivement aux mains des financiers et des marchands, mais les grandes familles, au premier rang desquelles les Androclides, gardent toujours leur rang. Elles jouiront encore, du temps de Strabon, à l'époque romaine, de prérogatives politiques et religieuses qui rappelleront leur ancien pouvoir.
  • Le poète et moraliste Xénophane, qui vécut au VIIe siècle av. J.-C., dresse un portrait mi-nostalgique, mi-railleur, des habitants de cette époque, s'abandonnant à la richesse et à la mollesse, inconscients des dangers qui les menacent. C'est que les cités de la côte ionienne, petites colonies isolées et tournées vers la mer, ont derrière elles l'immensité du territoire asiatique. Leur prospérité attirera, au cours des siècles, différents envahisseurs. Dans toute son histoire, Éphèse sera presque toujours sous tutelle étrangère.
  • Au VIIe siècle av. J.-C., les Cimmériens, venus des rives de la mer Noire, envahissent l'Asie mineure, sous la conduite du roi Lygdamis. La tradition rapporte qu'après avoir échoué devant l'acropole de Sardes, la capitale lydienne, ils ravagèrent Éphèse et son sanctuaire. À l'article « Lygdamis », Hésychius indique dans son lexique : « Λύγδαμις· οὗτος ἔκαυσεν τὸν ναὸν τῆς Ἀρτέμιδος (« Lygdamis incendia le temple d'Éphèse ».) Pour ce sacrilège, Callimaque, dans son Hymne à Artémis, nous dit que les Cimmériens furent sévèrement punis par la déesse. Pourtant, les dernières fouilles effectuées sur le site par A. Bammer mettent à mal cette légende tenace, que l'on retrouve encore dans bien des publications modernes. Si les Cimmériens descendirent effectivement sur la côte ionienne et s'installèrent quelque temps à Éphèse, ils ne détruisirent pas le temple et y firent même des offrandes. Il s'agissait d'un peuple nomade – et sans aucun doute belliqueux – mais qui avait, comme d'autres, des pratiques religieuses. Il ne faut pas confondre non plus le Lygdamis cimmérien avec le tyran qui régna sur Halicarnasse un siècle plus tard et dont la fille, nommée ... Artémise (Ἀρτεμισία) prit part, selon Pausanias, à l'expédition perse contre la Grèce et à la défaite de Salamine.
  • Du VIIe à la fin du VIe siècle, la culture grecque est plus florissante en Asie mineure qu'en Grèce continentale. C'est là que sont écrits les poèmes épiques qui constitueront plus tard l'Iliade et l'Odyssée (Smyrne, Colophon et Chios se disputaient l'honneur d'avoir vu naître Homère). C'est aussi en Asie et dans les îles voisines qu'apparaissent les premières œuvres lyriques : les Iambes d'Archiloque, les Élégies de Callinos, dont les vers appellent ses concitoyens à la résistance et au combat devant les Cimmériens , les vers de Mimnerme, les odes d'Alcée et de Sapho. C'est aussi là que naît la pensée grecque avec les premiers philosophes et les premiers savants, tels Thalès de Milet, Anaximandre, Anaxagore ou Pythagore de Samos.  

La domination lydienne

  • Au milieu du VIe siècle s'établit la domination de Crésus, roi de Lydie. Ce monarque à la richesse légendaire, dont l'influence était déjà considérable depuis 570, prend le contrôle de la cité en 560 av. J.-C. La conquête s'effectue sans violence. La tradition rapporte que les Éphésiens, astucieusement, tendirent une corde (ou une chaîne) entre le sanctuaire d'Artémis et leurs murailles et que ce stratagème sauva la vie de la population. L'anecdote est rapportée par Polyaenos (Stratagèmes, 50) et Élien (Histoires, III, 26). Faut-il voir dans la clémence de Crésus la crainte d'offenser Artémis ? C'est possible, puisqu'il se tourne souvent vers les sanctuaires grecs de Delphes et de Claros dont il consulte les oracles. Mais, d'un point de vue plus historique, on sait que les grandes familles lydiennes étaient alliées depuis plusieurs années à des familles éphésiennes et que ces alliances se traduisaient par des activités commerciales et financières communes, ce qui explique qu'il n'y eut pas de « conquête » au sens militaire du terme mais plutôt une reconnaissance par les Éphésiens de la primauté lydienne. D'autre part, Crésus, qui projetait alors d'attaquer l'empire Perse, avait besoin de s'assurer le soutien des cités de la confédération ionienne et de la Grèce et n'avait pas intérêt à réduire à néant la puissance économique d'Éphèse.
  • Sous la tutelle de Crésus, la cité conserve donc la plupart de ses privilèges et le commerce reste florissant. Le roi montre tout de suite son attachement à Artémis en en faisant la divinité unique de l'Artémision et en participant à la reconstruction de son temple, qu'il dote, en particulier, de riches colonnes, les « columnae caelatae ». C'est le premier état de la « merveille », appelée « temple archaïque » ou « temple de Crésus ». Le nouvel édifice jouit d'emblée d'une grande renommée. Sa consécration, évoquée par Macrobe dans les Saturnales (V, 22, 5) réunit les meilleurs artistes et poètes d'Attique. À cette occasion, on attribue au monarque lydien le don de deux génisses d'or. La cité devient un centre intellectuel et religieux qui rayonne sur tout le monde antique, et dont la figure principale demeure le philosophe Héraclite.  

La domination perse

La construction dura plus de cent ans et n'était pas achevée lorsque prit fin l'hégémonie lydienne. À la fin du VIe siècle, en effet, s'affirme une puissance nouvelle à laquelle les cités de la confédération ionienne vont toutes succomber. Dès 546, Cyrus met fin au règne de Crésus qui, sur la foi d'un oracle célèbre, avait surestimé ses propres forces, et s'empare de son royaume. Les Ioniens envoient alors des ambassadeurs au Grand Roi pour lui offrir leur soumission mais celui-ci, qui leur avait proposé en vain un traité avant le conflit, leur répond par l'apologue du joueur de flûte (Hérodote, Histoire, I, 141) et envoie son armée ravager la contrée. Les Perses prennent alors le contrôle de la côte et détruisent plusieurs villes et sanctuaires, tels la cité de Milet et le temple d'Apollon à Didymes (Hérodote, Histoire, VI, 18-19).

D'après Strabon (Géographie, XIV, 1, 5), l'Artémision d'Éphèse est le seul sanctuaire épargné par le conflit. Alors que les Perses détruisent tous les autres sites religieux d'Asie mineure, ils ne touchent pas à celui d'Artémis, ce qui constitue sans aucun doute une preuve de sa renommée et du respect qu'il inspirait déjà.La construction se poursuit d'ailleurs sous la domination perse dont les Éphésiens semblent s'accommoder aussi bien que de la précédente tutelle lydienne.

Les révoltes des cités

Cependant, au début du Ve siècle, sous l'effet des impôts importants réclamés par les Perses, les cités se révoltent et tentent de restaurer leur indépendance, ce qui causera leur ruine et sera à l'origine des guerres médiques. Ici encore, Éphèse va profiter de la protection de la déesse ou de l'habileté de ses dirigeants politiques. Alors que beaucoup d'autres villes de la côte sont mises à sac, elle est épargnée et l'Artémision reste intact. Par la suite, les Perses montrèrent à plusieurs reprises leur attachement au sanctuaire d'Artémis, qu'ils ne semblaient pas considérer comme l'alliée des Grecs. Vaincus, ils signent, en 449, la paix de Callias qui rend aux cités leur indépendance et leur liberté. Le temple est inauguré la même année.

Après les guerres médiques, le comportement d'Éphèse est à l'image de celui des autres cités ioniennes, c'est-à-dire très opportuniste. Elle est membre de la ligue de Délos et alliée d'Athènes, qui essaie, comme ailleurs, de favoriser la mise en place d'un régime démocratique, mais se heurte à la forte résistance des forces oligarchiques, dans une ville qui restait avant toute une place commerçante et financière. L'impérialisme athénien est d'ailleurs de plus en plus mal supporté par les cités de la confédération et plusieurs révoltes éclatent. C'est une des causes du déclenchement de la guerre du Péloponnèse. Pendant le conflit, Éphèse joue habilement son jeu, changeant de camp à plusieurs reprises. Elle ne néglige pas non plus les Perses : Thucydide (Guerre du Péloponnèse, VIII, 109) et Xénophon (Helléniques, II, 2) nous rapportent que Tissapherne, satrape d'Ionie, fit à cette époque des sacrifices à la déesse. La cité prend finalement le parti de Sparte sans se fâcher avec les Perses et sort ainsi sans dommage du conflit. Dans l'enceinte de l'Artémision, on élève des statues aux vainqueurs. Elles sont énumérées par Pausanias.

Après la guerre du Péloponnèse, les cités ioniennes, dans un premier temps, retrouvent leur autonomie, aidées en cela par les conflits qui éclatent entre le Grand Roi et les satrapes d'Asie mineure. Mais, à Halicarnasse, le roi Mausole est sur le point d'établir un pouvoir puissant. L'influence carienne s'étend bientôt à toute la côte ionienne dont les cités subissent à nouveau une tutelle étrangère.

L'incendie et la reconstruction du temple

Destruction : Le temple avait déjà fait l'objet, au début du IVe siècle d'une restauration. Ces dommages étaient sans doute dus à un premier incendie accidentel. Mais c'est surtout l'attentat commis par Érostrate qui reste dans les mémoires. L'événement se serait produit le 6 du mois d'Hécatombéon de la première année de la 106e olympiade, soit le 21 juillet de l'an 356 av. J.-C., jour de la naissance d'Alexandre le Grand. Ceci expliquerait, selon Plutarque, l'absence de réaction de la déesse face à l'agression dont elle était victime. Occupée à sa tâche de sage-femme en Macédoine, elle ne pouvait se trouver en même temps à Éphèse pour défendre son sanctuaire. Cette tradition, à laquelle on voudrait croire comme à toutes celles qui se rattachent à la geste du héros, n'a malheureusement aucune valeur historique. Si on ne peut exclure formellement une coïncidence de date entre les deux événements, il est plus sage de penser que la légende a été forgée a posteriori. On peut admettre, par exemple, qu'Alexandre (ou l'un de ses hagiographes), ayant appris les circonstances de l'incendie lors de son passage à Éphèse en 334 av. J.-C., en profita, comme il le fit ailleurs, pour donner une légitimité divine à son destin de conquérant, en rapprochant le jour de sa naissance de celui de l'attentat.

Reconstruction : La construction du nouveau temple se situe dans le contexte troublé de la deuxième moitié du IVe siècle. La défaite athénienne dans la guerre du Péloponnèse, puis le déclin du pouvoir des cités face à la montée de la puissance macédonienne coïncident avec un affaiblissement de la puissance perse. Les cités de la côte ionienne en profitent pour reprendre un peu d'autonomie. Les grandes familles reviennent au pouvoir et font désormais preuve d'une volonté farouche d'autonomie sur le plan religieux et culturel. C'est la raison pour laquelle elles refusent toute contribution étrangère à la reconstruction de leur temple.

La conquête d'Alexandre

Après la guerre du Péloponnèse, les Perses reprennent l'initiative en Asie mineure et exercent à nouveau leur hégémonie sur les cités de la côte ionienne. Les gouvernements démocratiques sont remplacés par des oligarchies ou des tyrannies fidèles au Grand Roi. À Éphèse, le pouvoir est aux mains du tyran Syrphax.

Depuis le début du IVe siècle, une nouvelle puissance apparaît dans le nord de la Grèce continentale. Philippe, roi de Macédoine, met fin à l'indépendance des cités et ne tarde pas à porter son attention vers l'Asie. C'est son fils, Alexandre, qui se lancera dans la grande aventure de conquête de l'empire perse. Mais le point de départ affiché est la libération des Grecs de la côte égéenne.

En 334, Alexandre le Grand, après la bataille du Granique, entre à Éphèse. Il « libère » la ville de la domination perse et cherche à associer son nom à la reconstruction du temple, offre que déclinent poliment les Éphésiens. Les travaux étaient d'ailleurs déjà commencés. Ils dureront à nouveau un siècle, pendant presque toute la durée de la période hellénistique.

La période hellénistique

À la mort du conquérant, ses généraux, les Diadoques, se partagent son empire. Éphèse échoit d'abord à Antigone. Très rapidement, des conflits éclatent et il s'ensuit une longue période de troubles et de batailles. Après quelques péripéties militaires, c'est Lysimaque, roi de Thrace, qui prend possession des cités d'Ionie, de Lydie, de Carie et de Lycie. Le nouveau monarque décide alors de déplacer la ville, dont le port s'ensable sous l'effet des alluvions du fleuve Caystre. Il l'agrandit, augmente sa population en y transférant celle de Colophon qui avait été dévastée par la guerre et la rebaptise temporairement Arsinoé, du nom de son épouse.. La ville nouvelle est reconstruite trois kilomètres plus loin, sur les pentes des monts Pion et Coressos. Fortifiée et dotée d'un nouveau port, elle retrouve rapidement sa prospérité.

En 281 av. J.-C., la ville est conquise par Séleucos, fils d'Antiochos. Pendant une brève période, elle passe aux mains des Ptolémées d'Égypte, puis revient à nouveau aux Séleucides. En 188 av. J.-C., enfin, elle est intégrée au royaume de Pergame.

La seconde version de la merveille, achevée depuis le milieu du troisième siècle, traverse sans dommage tous ces aléas politiques et militaires. Encore plus belle que la précédente, elle fait l'admiration de tout le monde antique.

La domination romaine

En 133 av. J.-C., Rome prend possession du royaume de Pergame. Les nouveaux maîtres font d'Éphèse la capitale de leur nouvelle province. La cité poursuit donc son développement pour devenir une des places les plus importantes du monde antique. Les prérogatives du clergé de l'Artémision sont cependant modifiées et le Mégabyse, Grand Prêtre du sanctuaire, perd toute son importance.

En 88 av J.-C., Mithridate, roi du Pont, se révolte contre la domination romaine et gagne à sa cause presque toute l'Asie mineure. Éphèse se rallie à lui. En une seule journée, tous les Latins de la ville et de la côte sont massacrés. Ce sont les « Vêpres éphésiennes », qui auraient fait près de 100 000 victimes. Après la défaite de Mithridate, Sylla met la ville à sac mais ne touche pas à l'Artémision.

Les dernières années de la République sont sanglantes. Les rivalités entre Marius et Sylla, puis entre César et Pompée, provoquent des guerres civiles. Après l'assassinat de César, une lutte plus féroce encore oppose Marc Antoine à Octave. En 33 av. J.-C. Antoine, accompagné de Cléopâtre, s'établit à Éphèse d'où il prépare la bataille finale. Il sera vaincu deux ans plus tard à Actium, en Grèce.

Au début de l'Empire, Octave, devenu Auguste, décide de redonner à Éphèse son statut de capitale. Une autre série de grands travaux débute. La plupart des monuments qu'on peut voir aujourd'hui sur le site antique datent de cette époque. Éphèse devient une des trois grandes métropoles de l'Empire romain, après Rome et Alexandrie. C'est alors une ville au peuplement très divers, dotée d'un port d'une importance considérable, lien indispensable entre l'Orient et l'Occident. Le culte d'Artémis attire des pèlerins du monde entier et son sanctuaire est considéré, plus que jamais, comme une merveille.

Du Ier au IIIe siècle ap. J.-C.

En 53, Paul de Tarse arrive à Éphèse pour y prêcher une nouvelle religion : le christianisme. Les Actes des Apôtres nous renseignent sur les péripéties de son séjour. Tant qu'ils s'adressent exclusivement à la communauté juive d'Éphèse, ses prêches passent inaperçus, d'autant que la cité est habituée aux propos de tous les devins, théurges, mages et prophètes que sa population cosmopolite attire dans ses murs. Mais quand l'apôtre quitte la Synagogue pour prêcher dans la ville même, brûle des livres et commence à faire des adeptes, le clergé de l'Artémision s'inquiète et suscite une émeute populaire. La foule, assemblée dans le théâtre, manifeste son hostilité aux cris de : « Μεγάλη Ἄρτεμις Ἐφεσίων ; » (« Vive l'Artémis des Éphésiens ! ») ». Paul doit alors quitter la ville pour la Macédoine.

Cet échec n'est qu'apparent, car c'est à Éphèse que le christianisme va trouver par la suite un terreau favorable à son développement en Orient. Jean y écrit son Évangile et c'est à l'emplacement supposé de son tombeau, sur la colline d'Ayosoluk (du Grec Agios Theologos), que fut édifiée plus tard la basilique Saint-Jean que l'on peut voir aujourd'hui.

Jusqu'au milieu du IIIe siècle, malgré les progrès du christianisme, les fêtes d'Artémis brillent encore de tout leur éclat, si l'on en juge par les Éphésiaques de Xénophon d'Éphèse. Mais en 263, la ville est prise et pillée par les Goths. Elle ne s'en relèvera pas. Le port achève de s'ensabler, l'activité économique diminue et la population décroît. L'Artémision, pillé et dévasté, est progressivement laissé à l'abandon.

La période chrétienne

Au IVe siècle, la nouvelle religion s'impose partout et les anciens sanctuaires sont peu à peu délaissés. En 381, l'édit de Théodose condamne tous les lieux de cultes païens. À partir de cette époque, le temple ruiné est utilisé comme carrière de pierres. Certains blocs sont réemployés pour la construction de la basilique Saint-Jean, d'autres serviront à la construction de Sainte-Sophie, à Constantinople, la nouvelle capitale. Pierre à pierre, la merveille disparaît, et le marécage engloutit les quelques vestiges restants. La population quitte le site de la cité construite par Lysimaque, devenu trop vaste, pour la colline d'Ayosoluk. Elle retrouve ainsi le site de la première Éphèse des Cariens.

La ville demeure toutefois un centre religieux important, mais dédié au christianisme. Au Ve siècle, en 431 et 449, deux conciles fondateurs s'y tiennent, dans l'église de la Vierge. En effet, Éphèse est désormais la cité de Marie, et il est intéressant de constater qu'Artémis, qui avait succédé à la déesse mère anatolienne, laisse à son tour la place à une sainte dotée comme elle des attributs apparemment contradictoires de la virginité et de la nativité. Une légende très ancienne veut d'ailleurs que la mère de Jésus et Marie Madeleine aient suivi toutes deux Jean en Asie mineure et soient mortes, elles aussi, à Éphèse. Les Grecs d'Asie mineure, jusqu'au XXe siècle, célébraient d'ailleurs leur « dormition », qu'ils situaient sur les pentes du mont Coressos.

Pendant la période byzantine, la ville continue de décliner au détriment de Smyrne qui devient la plus importante des villes de la côte. Au XIe siècle, elle possède encore un port assez actif, mais dont l'ensablement définitif signe bientôt la fin de toute activité commerciale. La ville est alors complètement abandonnée.

De la domination ottomane à l'époque moderne

À la fin du Moyen Âge, avec le déclin de l'empire byzantin, puis après la prise de Constantinople, l'Islam prend le pas sur le christianisme. Mais d'autres légendes, comme celle des Sept dormants, continuent d'être partagées entre les croyants des deux religions. Au XIXe siècle, les visions d'une religieuse allemande permettent de localiser la « maison de Marie ». Le site de Maryam Anna est aujourd'hui un nouveau lieu de pèlerinage, sanctuaire étonnant, où se mêlent chrétiens et musulmans, pèlerins et touristes du monde entier, dernier témoin, peut-être, du syncrétisme religieux et de la croyance universelle qui a fait jadis l'originalité du sanctuaire d'Éphèse.

musagora

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