- Iconographie

L'iconographie comme source d'information

L'iconographie a été le plus souvent utilisée comme source documentaire
Par exemple, aucun texte que nous ayons conservé ne parle des tritons du premier étage, visibles sur les monnaies. Ainsi sur cette monnaie de l'époque d'Hadrien à l'effigie de Sabine, épouse de l'empereur.

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Lucien Augé de Lassus, 1878

De même pour l'identité du dieu dont la statue occupe le sommet du phare : la mosaïque de Qsar-el-Lebya ci-contre, datée de 539 ap. J.-C.
a pu faire conclure à une représentation d'Hélios à cause des rayons qui couronnent la tête.

Des objets plus anciens, en particulier une intaille bleue (pierre dure gravée en creux) reproduite dans Le Phare d'Alexandrie (J.-Y. Empereur, Gallimard, coll. Découvertes p. 32), confirment bien le caractère central de Zeus Sôter, auquel s'adjoignent Isis Pharia et Poséidon.

L'iconographie : indice ou preuve, ressemblance et symbolisme

Les images peuvent par exemple conduire les archéologues à faire des hypothèses sur la raison pour laquelle le Zeus originel aurait été remplacé à l'époque romaine : Jean-Yves Empereur suppose que c'est le lien trop étroit avec la dynastie des Ptolémées qui aurait amené à lui substituer Poséidon : effectivement, le dieu du gobelet de Begram (Le Phare d'Alexandrie p. 33) semble brandir une rame.
Il faut se garder d'y voir une preuve définitive.

Surtout, il faut avoir à l'esprit que tous les objets archéologiques ont la même valeur de signification potentielle, mais pas le même mode de signifier dans le contexte d'une époque : la ressemblance minimum nécessaire à l'identification sur l'avers d'une monnaie n'est pas la même que celle que peut exiger le commanditaire d'un sarcophage ou d'une mosaïque, l'acheteur d'un gobelet ou d'une intaille.


L'iconographie fantastique du Phare

De même que les textes médiévaux parlant de crabes de verre, l'imagerie du Phare à partir du Moyen Âge et de la Renaissance prend la forme de tours variées, de donjons de châteaux à de gigantesques tours de Babel.

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Martin van Heemskercke,
Le Phare, 1572, image Wikipedia.

La reconstitution archéologique

On peut mesurer la disparition du pittoresque en comparant la reconstitution de Lucien Augé de Lassus (Voyage aux sept merveilles du monde, 1878)

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Lucien Augé de Lassus, 1878.

et le travail monumental d'Hermann Thiersch (Pharos, Antike Islam und Occident, Leipzig, 1909) essaie d'intégrer toutes les données connues à cette époque.

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L'architecte Jean-Claude Golvin (in : Jean-Yves Empereur, Le Phare d'Alexandrie, 2004, Gallimard, p. 29) donne une image plus conforme aux dernières découvertes, qui diffère de l'hypothèse de Thiersch en particulier par l'absence de fortification de la plate-forme inférieure mais garde l'hypothèse du lanterneau à colonnes. Le contraste entre un premier étage très large et le reste de l'édifice, beaucoup plus étroit tient compte du texte d'Aboul Haggag. C'est toujours ce texte de 1166 qui indique que la rampe comporte 16 arches.

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