"Ni le matériau dont était fait le Phare, ni sa forme, ni le mode de production de la lumière,
ni son emplacement exact ni les étapes de sa destruction ne sont fixés"
(André Bernand, Alexandrie la Grande, p. 126)
En dépit des découvertes récentes de l'archéologie sous-marine, il convient d'être extrêmement prudent.
Le matériau
La blancheur de la pierre (cf. Strabon) a fait souvent prendre pour du marbre ce qui très vraisemblablement est le calcaire blanc local qui a servi à édifier le reste de la ville antique. Les fouilles récentes semblent montrer que parties les plus monumentales telles que l'encadrement de la grande porte d'entrée pourraient être en granite rose d'Assouan.
Plusieurs voyageurs arabes ont été frappés par l'absence de mortier, et donc l'assemblage des blocs par des systèmes de rainurages et de broches, avec utilisation de plomb fondu. L'archéologie sous-marine a pu constater dans la zone proche du phare une très forte concentration de plomb (Jean-Yves Empereur, Le Phare d'Alexandrie, 2004, p. 72).
La forme de la tour
Sur une large plate-forme, un étage carré à porte monumentale auquel on accédait par une rampe de 16 arches ; au-dessus un étage octogonal ; enfin un dernier étage rond surmonté d'une statue. Le tout mesurant quelque 135 m. La superposition de volumes à base carrée, octogonale puis ronde est confirmée par le monument funéraire de Taposiris à l'ouest d'Alexandrie
La description la plus complète que nous ayons de l'édifice est celle d'un voyageur arabe en 1166, Aboul Haggag el Balawi el-Andaloussi.
Le mode de production de la lumière
L'architecte allemand Hermann Thiersch (1909) a imaginé un dernier étage ajouré à colonnades permettant au feu d'être couvert, la statue se trouvant au-dessus. Michel Reddé (Dossiers d'Archéologie 1995, v. biblio) le conteste et penche pour un gigantesque brasero, au niveau même de la statue, ce qui est plus conforme à l'iconographie ancienne. Il est possible que le combustible ait changé au cours du temps : bois résineux ou combustion d'huiles minérales.
Le feu entretenu sans arrêt était visible de nuit. De jour, la fumée servait de guide aux navires. Les hypothèses sur l'utilisation de miroirs pour produire une lumière discontinue ne sont pas confirmées.
L'acheminement du combustible
La rampe d'accès permettait l'acheminement de grandes quantités de bois par chariots. Aboul Haggag semble dire que l'escalier du premier étage était assez large pour qu'on puisse imaginer une traction animale au moins jusqu'au premier palier. André Bernand (Alexandrie la Grande, 1994 p. 124) suppose la technologie alexandrine assez avancée pour penser qu'il pouvait exister au centre de la tour des machines élévatrices pour acheminer le combustible jusqu'au troisième étage.