Oreste tue Égisthe, assis, en train de jouer de la lyre ; placée derrière le roi, Électre tend la main vers son frère pour l’encourager, tandis que Clytemnestre, brandissant une double hache, tente d’arrêter son fils. Cratère en calice, env. 480 avant J.-C. Museum of Fine Arts, Boston. © Museum of Fine Arts.
Alors que la guerre de Troie l’a privée d’un père qu’elle connaît à peine, qui a sacrifié sa sœur Iphigénie, mais dont elle a fait une sorte d’idole, ÉLECTRE va poursuivre désormais la vengeance. La jeune fille échappe de peu à la mort et sauve le petit ORESTE des mains des meurtriers d’Agamemnon pour le confier en secret à son précepteur qui l’emmène chez un oncle, roi en Phocide. Ce dernier l’élève avec son propre fils Pylade : ainsi se noue une amitié légendaire qui rend les deux jeunes gens inséparables. Cependant, esclave et prisonnière dans le palais des usurpateurs, Électre médite la revanche qui va déterminer désormais toute sa conduite. Égisthe, pour détourner le sort, lui fait épouser un brave paysan installé loin de la ville, mais rien ne peut arrêter l’ancestrale malédiction qui réclame le sang pour le sang.
Sept ans plus tard, parvenu à l'âge d’homme, Oreste consulte l’oracle de Delphes : il se voit désigné par Apollon pour revenir à Mycènes venger le meurtre de son père. Électre, demeurée chaste et farouche, reconnaît son frère venu comme elle se recueillir sur la tombe de leur père. Ensemble ils mettent la vengeance à exécution. Oreste n’hésite pas à tuer Égisthe, mais face à sa mère, qui le supplie de l’épargner, il mesure l’horreur du geste à accomplir ; c’est guidé par sa sœur, dont la haine l’excite à frapper, qu’il finit par exécuter le dernier acte de la malédiction familiale : le matricide.
Saisi de folie, Oreste est désormais poursuivi par les implacables Érinyes, monstrueuses personnifications de la vengeance divine et du remords qui châtient tout particulièrement les fautes contre la famille. Malgré la purification rituelle, accordée par Apollon à Delphes, et un long exil, le prince matricide n’est délivré de ces "chiennes-serpents" que sur l’intervention d’Athéna, grâce à la sentence d’un tribunal athénien qui deviendra l’Aréopage. Son acquittement manifeste d’une manière symbolique et exemplaire la fin de la malédiction familiale, voulue par le nouvel ordre des dieux olympiens, en même temps que la suprématie d’une filiation masculine et légitime pour l’héritage d'un pouvoir exclusivement dévolu à la branche aînée.
Cependant, pour être définitivement absous, Oreste doit encore se rendre en Tauride sur l’ordre d’Apollon, afin de ramener la statue de la déesse Artémis qui fait l’objet d’un culte barbare dans ce lointain pays. Dès qu’ils accostent aux confins du Pont-Euxin (la Mer Noire), Oreste et son inséparable Pylade sont faits prisonniers car tous les étrangers sont promis en sacrifice humain à la déesse chasseresse. Or la prêtresse chargée de la sanglante cérémonie n’est autre que la propre sœur d’Oreste, Iphigénie, elle-même autrefois vouée au sacrifice puis sauvée par Artémis. La jeune fille reconnaît son frère et son ami, les aide à s’emparer de la statue, et s’enfuit avec eux vers la Grèce.
Iphigénie s’installe alors en Attique pour fonder un sanctuaire consacré à la déesse de la chasse, enfin apaisée et désormais satisfaite de sacrifices symboliques. Électre est donnée en mariage à Pylade, qu’elle accompagne en Phocide. Quant à Oreste, il enlève Hermione, sa cousine, qui lui avait été promise alors qu’ils étaient encore enfants, mais que son père avait fiancée, à Troie, au fils d’Achille, Néoptolème dit Pyrrhus. Débarrassé de son rival, dont certaines légendes lui attribuent le meurtre à Delphes, Oreste épouse Hermione qui lui donne un fils. Roi de Mycènes et d’Argos, il règne aussi sur Sparte comme successeur de Ménélas. Peu de temps avant sa mort, la peste ravage son royaume ; pour y mettre fin, les dieux réclament le rétablissement des villes détruites en Asie pendant la guerre de Troie et la restauration des cultes qui leur étaient rendus. Aussi Oreste envoie-t-il des colonies de bâtisseurs en Asie Mineure pour assurer cette reconstruction. Mort très âgé, à quatre-vingt-dix ans, selon la légende, il est entouré d’honneurs divins et enterré à Tégée en Arcadie.
Ainsi s’achève par le pardon et l’apaisement accordé à ses derniers représentants l’ancestrale malédiction des Atrides.