Artémis - Diane, déesse de la nature sauvage, de la chasse et des accouchements Une déesse aux multiples visages

  • L’étymologie du nom Ἄρτεμις (Artémis) est incertaine :
    • Pour Platon, le nom de la déesse vient du mot ἀρτεμές (artémès) signifiant « intègre, sain et sauf » et rappelant qu’elle est le symbole de la virginité. Mais cet attribut n'est pas primitif.
    • Pour d'autres, il vient du terme ἄρταμος (artamos) signifiant « le boucher » ; Artémis serait ainsi « celle qui tue ou qui massacre ».
    • Pour d’autres enfin, il serait à rapprocher du nom de l’ours car composé de deux éléments : arkt- correspondant à ἄρκτος (árktos), « l’ourse » et θέμις (thémis) désignant les lois établies par les dieux. Artémis pourrait donc être celle qui régit la loi de l'ourse. En effet, selon la légende, Artémis aurait transformé en ourse la nymphe Callisto qui avait cédé à Zeus. Cela expliquerait pourquoi, dans le sanctuaire de Brauron, sur la côte Est de l’Attique, des jeunes filles issues de familles nobles s'exerçaient, en tant qu’ἄρκτοι (arktoi, ourses), à la danse, à la course à pied et à l'art du tissage, pour préparer leur vie d'adulte. Dès le IVè siècle avant J.-C., toutes les jeunes filles d’Athènes devaient être initiées à ce culte et assister tous les quatre ans aux Brauronia, fêtes en l’honneur d’Artémis Brauron qui s’achevaient par le sacrifice d’une ourse ; elles restaient ensuite au service de la déesse jusqu'à leur mariage.
  • Quelles différences y a-t-il entre Artémis et Diane ? Bien peu car l'histoire de Diane reprend celle d’Artémis ; les auteurs latins Virgile, Catulle et Ovide ont contribué à populariser la légende d’Artémis et à la romaniser. Elle est devenue la déesse de la Chasse et de la Lune après son assimilation à Artémis dès 399 avant J.-C. Le nom de Diane vient de la même racine étymologique que celle de Jupiter : la racine indo-européenne du mot « lumière » (*diew-). Diane serait donc, à l’origine, diva, la « Divine », l’incarnation de la lumière.
  • Chez les Romains, Diane est aussi la protectrice des esclaves comme l’atteste son jour de naissance qui était aussi le dies seruorum, « jour des esclaves ». En effet, au VIè siècle avant J.-C., le roi Servius Tullius, fils d'esclave et protecteur des esclaves, aurait, selon la tradition romaine, institué son culte à Rome.
  • Les principaux sanctuaires dédiés à Artémis / Diane sont nombreux :

En Grèce :

  • À Éphèse : le temple d’Artémis est une des Sept Merveilles du Monde ; le corps des statues d’Artémis d’Éphèse est parsemé d’animaux et de végétaux multiples qui renvoient à un culte primitif d'origine asiatique adressé à la Nature et à sa fécondité ;
  • En Arcadie : le sanctuaire du Lac Stymphale où Héraclès réussit l’un de ses douze travaux ;
  • À Sparte : le sanctuaire d’Artémis Orthia dont le nom s’explique par la statue de bois d’Artémis trouvée dans un buisson d'osier qui maintient la statuette ὄρθια (orthia), c'est-à-dire « droite » ;
  • À Brauron, en Attique, où elle est vénérée comme une ourse ;
  • Au Pirée, port d’Athènes, où lors des Mounichies, le 16 ou 17 du mois de Μουνιχιών (Mounikhiôn), entre le 15 avril et le 1er mai, on commémorait les batailles de Marathon et Salamine ;
  • À Halai Araphénidès, au Nord de Brauron, où l’on vénérait Artémis Tauropole à qui l’on sacrifiait des taureaux ;
  • À Amarynthos, sur l’île d’Eubée, au Nord d’Athènes, où avait lieu chaque année un grand défilé militaire ;
  • En Tauride, où, selon la légende, tous les étrangers pénétrant le territoire d’Artémis étaient cruellement sacrifiés ; elle y aurait été assimilée à Iphigénie, vénérée comme une déesse, qui, d’ailleurs, au moment de son sacrifice, fut changée en biche.

Dans l’Empire romain :

  • Dans le Latium : le premier sanctuaire dédié à Diane aurait été situé près d’Albe, à Aricie, avant la destruction de la cité par les Romains au VIIè siècle avant J.-C. Elle y assurait la continuité des naissances et la succession des rois ;
  • À Rome, sur la colline de l’Aventin : selon Tite-Live, c’est le sixième roi de Rome, Servius Tullius (578-534), qui voulut affirmer la domination de sa cité sur le Latium en rendant un culte à Diane ;
  • À Sens, dans l’Yonne, en France, le temple de Diane fut détruit pour permettre la construction de fortifications au IVè siècle après J.-C.
  • À Olbia (Hyères actuelle), dans le Var, en France, où un sanctuaire fondé par les Phocéens arrivés à Marseille au VIIè siècle avant J.-C. lui est dédié.

Ses fonctions et ses attributs

Artémis / Diane est la déesse de la nature sauvage, de la chasse et des accouchements. Figure divine composite, aux origines à la fois asianique, égéenne et nordique, elle est souveraine de la nature et maîtresse de toutes les sources de vie, comme le confirme son nom sur des tablettes d’époque mycénienne.

Fille de Zeus et Léto, sœur jumelle d’Apollon, elle est associée à la Lune, par opposition à son frère qui est associé au Soleil. Elle a le pouvoir de provoquer des épidémies mais aussi celui de guérir. Elle est la protectrice des chemins et des ports, des très jeunes enfants et des jeunes animaux. Elle est aussi intimement liée aux grandes étapes de la vie des femmes : naissance, puberté et mort.

À partir de la fin du VIè siècle avant J.-C., Artémis / Diane a souvent été considérée comme une déesse à trois visages, connue sous le nom de φωσφόρος, phôsphoros (« qui apporte la lumière ») ou Diana trivia (« celle qui éclaire, la triple voie ») ou encore triformis (« aux trois formes ») : Diana, Luna (ou Séléné) et Hécate, c’est-à-dire Diane chasseresse, Diane Lune et Diane des Enfers.

Artémis / Diane est dotée d'attributs propres à la chasse : un arc, un carquois et des flèches en argent ainsi que la torche et le croissant de la Lune. Elle est souvent accompagnée de soixante nymphes appelées Océanides, et de vingt autres nommées Asies, qui doivent toutes rester vierges, ainsi que d'animaux domestiques comme les chiens et parfois d'animaux sauvages (ours, cerfs et biches, chèvres, taureaux, tortues).

C’est donc une déesse complexe : protectrice du monde animal, mais bondissante chasseresse, elle tue les animaux mais veille aussi sur eux ; déesse de la fertilité du sol, en rapport avec la terre, l'eau et la végétation, elle est la divinité de la naissance, de la croissance mais peut aussi prendre un caractère infernal ou
lunaire ; déesse de la pureté, elle protège la chasteté, se montre garante des institutions religieuses mais accompagne aussi les femmes dans les étapes importantes de leur vie, notamment l’enfantement.

Ses aventures

Une naissance exceptionnelle

Les versions de la naissance d’Artémis sont multiples :

  • D'après un texte d'Eschyle rapporté par Pausanias, les Egyptiens croyaient qu’elle était fille de Zeus et de Déméter.
  • Selon Hérodote, elle était la fille de Dionysos et d'Isis.
  • Selon Cicéron, elle serait la fille de Perséphone et la mère d'Eros. 
  • Selon Hésiode, qui nous donne la version la plus répandue dans la Théogonie, ses parents sont Zeus et Léto. Cette dernière, poursuivie par Héra jalouse, n'avait pas d’asile pour accoucher. Après une longue errance, elle arriva dans l'île volcanique et désertique d'Ortygie, qui prit le nom de Δῆλος (Délos) « la Brillante » après la naissance d'Apollon. Alors que Rhéa, Thémis, Dioné, Amphitrite et les autres déesses vinrent assister à la naissance des jumeaux, Ilithyie, déesse des accouchements et fille d'Héra, ne souhaitait pas aider Léto. Mais Zeus envoya Iris, la messagère des dieux, pour la supplier de l’aider ; Iris, qui reçut un collier d’or et d’ambre en cadeau, accepta. Au bout de neuf jours et neuf nuits, Artémis naquit, grandit en quelques instants et aida sa mère à mettre au monde son frère Apollon. C’est pourquoi, selon la mythologie, comme Ilithyie, elle préside aux accouchements et au feu par frottement, le feu étant assimilé à un nouveau-né. A la suite de ces épreuves, Artémis fut étroitement unie à son frère Apollon et à sa mère. Dès leur naissance, les jumeaux durent affronter un dragon qui les attaqua.

Une enfance placée sous le signe de la pureté et de la détermination

Selon Callimaque, lorsqu'elle était encore enfant, Zeus demanda à Artémis quel cadeau elle souhaitait ; elle fit la liste suivante :

  • une éternelle virginité,
  • autant de noms et surnoms que son frère Apollon,
  • un arc et des flèches semblables aux siens,
  • la capacité d'apporter la lumière,
  • une tunique de chasse courte allant jusqu'aux genoux,
  • soixante jeunes nymphes océanes comme dames d'honneur,
  • vingt nymphes pour prendre soin de ses affaires et nourrir ses chiens,
  • toutes les montagnes du monde,
  • une cité que Zeus choisirait spécialement pour elle.

Zeus, d’abord étonné, lui accorda tous ses souhaits et même plus : trente villes au lieu d'une seule, des bois sacrés et des autels, ainsi que la protection des chemins et des ports. Elle alla alors jusqu'en Crète pour choisir sa suite de nymphes ; sur l'île de Lipari en Sicile où les Cyclopes lui fabriquèrent un arc, un carquois et des flèches ; en Arcadie, Pan, dieu de la Nature lui offrit des chiens courageux ; à Éphèse, elle captura quatre biches aux cornes d'or pour les atteler à son char ; puis elle s’installa sur le Mont Arcadie en Grèce.

La personnalité d’Artémis

Une déesse forte et impitoyable

La colère d'Artémis est souvent dirigée contre des femmes ou des filles impies, anciennes compagnes de la déesse qui ont trahi leurs promesses virginales ou l'ont insultée par des vantardises orgueilleuses :

  • Aura, déesse Titanide de la brise, offensa Artémis en comparant son propre corps virginal à celui de la déesse et en critiquant les formes trop féminines d’Artémis. La déesse poussa Dionysos à violer la jeune fille.
  • Dans l'île de Cos, Byssa – princesse aussi arrogante que son frère qui insulta Hermès et sa sœur qui se moqua d’Athéna – insulta Artémis et gêna le cortège nocturne de la déesse. Les dieux outragés transformèrent les trois enfants en oiseaux ; Byssa fut transformée en oiseau de mer par Artémis.
  • Callisto était une princesse arcadienne prêtresse d’Artémis. Violée par Zeus, elle n’avoua pas immédiatement sa situation à la déesse, restant dans le cercle des prêtresses vierges. Quand la déesse l’apprit, elle transforma Callisto en ourse.
  • La princesse de Phocide Chioné s’était vantée d’être plus belle que la déesse car Apollon et Hermès étaient tous deux amoureux d’elle : Artémis lui transperça la langue d’une flèche et l’abattit.
  • Comaetho, prêtresse d'Artémis Triclaria à Patras, tomba amoureuse de Mélanippos et eut des relations avec lui dans le temple de la déesse. Outragée, Artémis envoya la peste et la famine sur la cité. Après consultation de l'oracle de Delphes, il fut décidé de tuer les amoureux et de sacrifier tous les ans la plus belle jeune fille et le plus beau garçon de la ville jusqu’à ce qu’un roi étranger y introduise un nouveau culte : ce fut le cas avec celui de Dionysos.
  • Par représailles envers son frère Apollon qui l’avait poussée, malgré elle (ou non, selon les versions), à tuer Orion, passionné de chasse, elle se vengea en tuant la maîtresse de son frère, Coronis, princesse de Thessalie qui, alors qu’elle était enceinte d’Apollon, avait trompé le dieu pour un mortel.
  • Dans l'île de Cos, la nymphe Euthemia, ayant méprisé le culte d’Artémis, fut frappée par ses flèches puis fut emmenée vivante aux Enfers par Perséphone.
  • Mélanippé, nymphe du Mont Pélion, en Thessalie, fut elle aussi transformée en jument noire par la déesse pour avoir méprisé son culte.
  • Polyphonte était une princesse de Thrace, au Nord de la Grèce, compagne de chasse d'Artémis. Un jour, elle s’accoupla à un ours. Artémis la chassa de son cercle de jeunes filles et lança les bêtes sauvages à sa poursuite.

Mais la colère d’Artémis touche aussi des hommes impies :

  •  Un jour où il chassait dans les bois du Cithéron, Actéon surprit accidentellement (?) Artémis et ses compagnes au bain. La déesse, outrée de paraître nue devant un mortel, le changea en cerf. Les cinquante chiens du chasseur se jetèrent sur lui et le mirent en pièces. Ne comprenant pas où était passé leur maître, les chiens partirent à sa recherche jusqu'à ce que le Centaure Chiron fasse apparaître devant eux le spectre d'Actéon qui continua à hanter les forêts. On consulta alors l'oracle qui réclama qu’on sculpte une statue de bronze à l’effigie d’Actéon ; ses chiens vinrent se coucher à ses pieds.
  • Quand le roi Agamemnon, lors d’une chasse, se vanta de surpasser la déesse au tir à l’arc, elle immobilisa la flotte du roi grec qui devait partir pour la Guerre de Troie et l’obligea à lui sacrifier sa fille Iphigénie, qu’elle sauva finalement in extremis.
  • Aristomèlidas était un tyran d’Arcadie qui avait violé une jeune fille vierge, peut-être prêtresse d’Artémis. Honteuse, la jeune fille se suicida ; Artémis, pour la venger, fit tuer le tyran par l’un de ses gardiens.
  • Les Aloades, Otos et Ephialtes, étaient deux géants jumeaux fils de Poséidon qui voulaient envahir l’Olympe pour enlever Héra et Artémis. La déesse les guida sur l’île de Naxos où ils s’entretuèrent.
  • Le dieu-fleuve Alphée, amoureux d’Artémis, la poursuivit à travers la Grèce ; elle se réfugia à Létrinoi en Elide. Pour lui échapper, elle enduisit son visage ainsi que celui de toutes ses nymphes d'une boue blanchâtre, afin qu'on ne puisse plus la reconnaître. Alphée, ridiculisé, abandonna la poursuite. C’est pour cette raison que les prêtresses d'Artémis de Létrinoi et de l’île d'Ortygie s'enduisaient le visage d'argile blanche, en souvenir de cette aventure.
  • Astrabakos et Alopekos, princes de Sparte, découvrirent la statue sacrée d’Artémis Orthia dont la vue était réservée aux vierges : ils en devinrent fous.
  • Lygdamis, roi des Scythes (peuple indo-européen d'Eurasie), partit en guerre contre la Lydie en Asie Mineure afin de piller le sanctuaire d’Artémis d’Éphèse. Cette dernière fit abattre sur le roi et son armée une peste mortelle.
  • Le roi Œnée de la cité de Calydon, en Etolie, ayant négligé le culte d’Artémis lors des moissons, la déesse envoya un énorme sanglier pour ravager sa contrée.
  • Orion, amant d’Artémis, aurait été tué par un scorpion, sur l’ordre d’Artémis, car il aurait tenté de la violer, elle ou l’une de ses nymphes, ou aurait tout simplement voulu la défier à l’épreuve du disque.
  • Le jeune Crétois Sipriotes surprit Artémis nue au bain, comme Actéon. La déesse le transforma alors en jeune fille et en fit l'une de ses suivantes.

Une déesse fragile mais protectrice

  • Artémis tua accidentellement le jeune Cenchrias, fils de Poséidon et de la Nymphe Pirène. Cette dernière pleura tellement son fils qu'elle fut changée par les dieux en une fontaine située devant la porte de la ville de Corinthe. Artémis en fut bouleversée.
  • Pendant la guerre de Troie, Artémis, du côté des Troyens comme son frère Apollon, transporta Enée blessé par Diomède dans le temple d’Apollon pour le soigner. Après la mort de Patrocle et les larmes d’Achille, les dieux s'engagèrent dans le combat et Héra réprimanda Artémis qui pleurait la mort d’Hector le Troyen.
  • La biche de Cérynie était un cadeau de Zeus à Artémis enfant. Héraclès devait, pour réaliser ses travaux, la capturer. Artémis, assistée d’Apollon, reprocha au héros d'avoir maltraité son animal sacré mais comme la biche n’avait pas été blessée, la colère de la déesse s'apaisa et elle le laissa emporter la biche vivante à Mycènes à condition de la relâcher ensuite.
  • Artémis et Apollon, très attentionnés envers leur mère, tuèrent Niobé et ses quatorze enfants car elle avait osé se comparer à la déesse et se vanter de lui être supérieure car elle avait eu plus d’enfants que Léto. Pour protéger leur mère, Artémis et Apollon tuèrent aussi le Géant Tytios, fils de Zeus, qui avait voulu violer Léto.

Ce qu’en dit Apollodore :

Τῶν δὲ Κοίου θυγατέρων Ἀστερία μὲν ὁμοιωθεῖσα ὄρτυγι ἑαυτὴν εἰς θάλασσαν ἔρριψε, φεύγουσα τὴν πρὸς Δία συνουσίαν· καὶ πόλις ἀπ᾽ ἐκείνης Ἀστερία πρότερον κληθεῖσα, ὕστερον δὲ Δῆλος. Λητὼ δὲ συνελθοῦσα Διὶ κατὰ τὴν γῆν ἅπασαν ὑφ᾽ Ἥρας ἠλαύνετο, μέχρις εἰς Δῆλον ἐλθοῦσα γεννᾷ πρώτην Ἄρτεμιν, ὑφ᾽ ἧς μαιωθεῖσα ὕστερον Ἀπόλλωνα ἐγέννησεν. Ἄρτεμις μὲν οὖν τὰ περὶ θήραν ἀσκήσασα παρθένος ἔμεινεν

Parmi les filles de Coéos, l'une d'elle, Astérie, pour échapper aux ardeurs amoureuses de Zeus, se transforma en caille et se jeta dans la mer. D'elle naquit une ville, qui prit son nom, Astérie ; par la suite, elle fut appelée Délos. Léto, au temps où Héra la chassait de toutes les terres à cause de son amour pour Zeus, un jour arriva à Délos, et finalement put accoucher d'Artémis. Artémis elle-même, ensuite, fit office de sage-femme, et Léto accoucha aussi d'Apollon. Artémis se consacra à l'art de la chasse, et elle voulut rester vierge.

  • L’étymologie du nom Ἄρτεμις (Artémis) est incertaine :
    • Pour Platon, le nom de la déesse vient du mot ἀρτεμές (artémès) signifiant « intègre, sain et sauf » et rappelant qu’elle est le symbole de la virginité. Mais cet attribut n'est pas primitif.
    • Pour d'autres, il vient du terme ἄρταμος (artamos) signifiant « le boucher » ; Artémis serait ainsi « celle qui tue ou qui massacre ».
    • Pour d’autres enfin, il serait à rapprocher du nom de l’ours car composé de deux éléments : arkt- correspondant à ἄρκτος (árktos), « l’ourse » et θέμις (thémis) désignant les lois établies par les dieux. Artémis pourrait donc être celle qui régit la loi de l'ourse. En effet, selon la légende, Artémis aurait transformé en ourse la nymphe Callisto qui avait cédé à Zeus. Cela expliquerait pourquoi, dans le sanctuaire de Brauron, sur la côte Est de l’Attique, des jeunes filles issues de familles nobles s'exerçaient, en tant qu’ἄρκτοι (arktoi, ourses), à la danse, à la course à pied et à l'art du tissage, pour préparer leur vie d'adulte. Dès le IVè siècle avant J.-C., toutes les jeunes filles d’Athènes devaient être initiées à ce culte et assister tous les quatre ans aux Brauronia, fêtes en l’honneur d’Artémis Brauron qui s’achevaient par le sacrifice d’une ourse ; elles restaient ensuite au service de la déesse jusqu'à leur mariage.
  • Quelles différences y a-t-il entre Artémis et Diane ? Bien peu car l'histoire de Diane reprend celle d’Artémis ; les auteurs latins Virgile, Catulle et Ovide ont contribué à populariser la légende d’Artémis et à la romaniser. Elle est devenue la déesse de la Chasse et de la Lune après son assimilation à Artémis dès 399 avant J.-C. Le nom de Diane vient de la même racine étymologique que celle de Jupiter : la racine indo-européenne du mot « lumière » (*diew-). Diane serait donc, à l’origine, diva, la « Divine », l’incarnation de la lumière.
  • Chez les Romains, Diane est aussi la protectrice des esclaves comme l’atteste son jour de naissance qui était aussi le dies seruorum, « jour des esclaves ». En effet, au VIè siècle avant J.-C., le roi Servius Tullius, fils d'esclave et protecteur des esclaves, aurait, selon la tradition romaine, institué son culte à Rome.
  • Les principaux sanctuaires dédiés à Artémis / Diane sont nombreux :

En Grèce :

  • À Éphèse : le temple d’Artémis est une des Sept Merveilles du Monde ; le corps des statues d’Artémis d’Éphèse est parsemé d’animaux et de végétaux multiples qui renvoient à un culte primitif d'origine asiatique adressé à la Nature et à sa fécondité ;
  • En Arcadie : le sanctuaire du Lac Stymphale où Héraclès réussit l’un de ses douze travaux ;
  • À Sparte : le sanctuaire d’Artémis Orthia dont le nom s’explique par la statue de bois d’Artémis trouvée dans un buisson d'osier qui maintient la statuette ὄρθια (orthia), c'est-à-dire « droite » ;
  • À Brauron, en Attique, où elle est vénérée comme une ourse ;
  • Au Pirée, port d’Athènes, où lors des Mounichies, le 16 ou 17 du mois de Μουνιχιών (Mounikhiôn), entre le 15 avril et le 1er mai, on commémorait les batailles de Marathon et Salamine ;
  • À Halai Araphénidès, au Nord de Brauron, où l’on vénérait Artémis Tauropole à qui l’on sacrifiait des taureaux ;
  • À Amarynthos, sur l’île d’Eubée, au Nord d’Athènes, où avait lieu chaque année un grand défilé militaire ;
  • En Tauride, où, selon la légende, tous les étrangers pénétrant le territoire d’Artémis étaient cruellement sacrifiés ; elle y aurait été assimilée à Iphigénie, vénérée comme une déesse, qui, d’ailleurs, au moment de son sacrifice, fut changée en biche.

Dans l’Empire romain :

  • Dans le Latium : le premier sanctuaire dédié à Diane aurait été situé près d’Albe, à Aricie, avant la destruction de la cité par les Romains au VIIè siècle avant J.-C. Elle y assurait la continuité des naissances et la succession des rois ;
  • À Rome, sur la colline de l’Aventin : selon Tite-Live, c’est le sixième roi de Rome, Servius Tullius (578-534), qui voulut affirmer la domination de sa cité sur le Latium en rendant un culte à Diane ;
  • À Sens, dans l’Yonne, en France, le temple de Diane fut détruit pour permettre la construction de fortifications au IVè siècle après J.-C.
  • À Olbia (Hyères actuelle), dans le Var, en France, où un sanctuaire fondé par les Phocéens arrivés à Marseille au VIIè siècle avant J.-C. lui est dédié.

Pistes de recherche : 

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