Quel poète est-il ?
Tenu pour l’égal d’Homère par les Anciens (même langue, même mètre), Hésiode est un aède (il « chante » ses vers avec sa lyre) et un rhapsode (il « coud » des chants entre eux).
Il est le contemporain d’Homère
Son époque est celle de :
- l’adoption d’une écriture syllabique,
- crises agraires malgré l’augmentation des terres cultivées,
- profonds changements politiques et sociaux.
Quels mythes nous raconte-t-il ?
- La cosmogonie, c’est-à-dire la naissance de l’univers3.
- La naissance d’Aphrodite, sortie des eaux après la mutilation d’Ouranos4.
- La naissance de Zeus, fils de Cronos qui avale ses enfants : sa mère lui substitue une pierre emmaillotée5.
- La titanomachie, c’est-à-dire le combat que Zeus mène avec ses frères et sœurs contre les Titans pour asseoir son pouvoir6.
- Pandore, « cadeau de tous les dieux » après la tromperie de Prométhée : première femme de l’humanité, elle répand le malheur sur terre7.
- Les cinq âges de l’humanité : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge d’airain, l’âge des Héros, l’âge de fer8.
Le saviez-vous ?
C’est Hésiode qui a écrit la première fable de notre littérature : « L’épervier et le rossignol »9.
À la charnière des « âges obscurs » et de la Grèce archaïque, Hésiode, né au VIIIe siècle avant J.-C., est l’un des plus grands poètes grecs. Il est l’auteur des Travaux et des Jours et de la Théogonie.
Né à Ascra (en Béotie), un « bourg maudit, méchant l’hiver, dur l’été, jamais agréable »1 où son père était venu s’installer comme paysan, Hésiode est berger sur les pentes du Mont Hélicon. À la mort de son père, il est spolié de sa part d’héritage par son frère Persès qui lui intente un procès. Il remporte le premier prix lors d’un concours de poésie à Chalcis (en Eubée).
Ses œuvres nous livrent le récit le plus complet qui nous soit parvenu de la mythologie grecque : naissance de l’univers, origine des dieux, histoire de l’humanité. Dans la Théogonie, déclare-t-il ce sont les Muses qui lui ont demandé de dire "ce qui sera et ce qui a été". Il chante l'émergence, après le chaos primordial, d'un monde ordonné (le cosmos) où Zeus installe un pouvoir définitif après avoir vaincu ses adversaires, les Titans d'abord puis le monstre Typhée qui incarnent les puissances du désordre.
Mais Hésiode ne chante pas les seul exploits des dieux et des héros. Dans Les Travaux et les Jours, il rapporte comment sont apparues les différentes races d'hommes sur la terre, d'abord l'âge d'or, puis l’âge d’argent, l’âge d’airain, l’âge des Héros, et enfin l’âge de fer.
Dans l'âge d'or, les hommes ne connaissent, ni le travail de la terre, ni la guerre. L'âge d'argent voit le triomphe de la démesure (hubris).
Dans l'âge d'airain et celui des Héros, la guerre omniprésente oppose des combattants qui ne sont que des prédateurs aux guerriers "justes" qui pourront, seuls, accéder à l'Ile des Bienheureux.
L'âge de fer est celui d'un monde menacé par la faim et marqué par la loi du plus fort. Inspiré par les muses et soucieux de donner toute sa place à la vérité (alèthéia), Hésiode admoneste les paresseux ainsi que les rois « dévorateurs de présents »2 ; il met en garde contre l'injustice, la démesure, invite au travail, à la piété, et à la construction d’un monde où régnerait la Justice (Dikè).
Hésiode s'y révèle à la fois comme passeur de mémoire et maître de vérité.
Un conseil d'Hésiode à Perses :
Ὦ Πέρση, σὺ δ' ἄκουε δίκης, μηδ' ὕϐριν ὄφελλε
O Persès ! écoute la voix de l'équité, et abstiens-toi de la démesure !