Les poètes (Naevius, Ennius Quintus) et les historiens romains (Fabius Pictor, Cornelius Nepos, Tite-Live) sont nos sources pour connaître la fondation de Rome et le temps de la Royauté. On peut également citer Plutarque avec Les Vies des hommes illustres : celle de Romulus et de Numa Pompilius.
Ces récits, fruits d’une reconstitution a posteriori, ne doivent pas faire oublier leur caractère légendaire même si l’archéologie confirme que le site de Rome était bien occupé dès le VIIIe siècle avant J.-C.
À la fin de la royauté, l’importance des Étrusques est fortement marquée. La chute de la royauté romaine est vraisemblablement contemporaine de la chute des Pisistratides à Athènes (sans corrélation établie), ouvrant en Grèce et à Rome, une nouvelle ère politique.
La tradition nous rapporte que sept rois ont régné sur Rome, de la fondation légendaire de l'Urbs en 753 avant J.-C. à l’instauration de la République en 509 avant J.-C.
Romulus
Romulus est le premier de ces rois. Fils de Mars et de Rhéa Silvia, son frère jumeau Rémus et lui tracent le sillon de la Ville avant de se battre pour savoir qui en serait le roi. Romulus tue Rémus, se proclame roi et donne son nom à la Ville. Rome est ainsi fondée le 21 avril 753 avant J.-C.
Afin de faire venir des habitants, il crée un asile. Brigands et bergers affluent alors. Puis, comme il manque de femmes pour assurer la descendance des premiers Romains, il ordonne l’enlèvement des Sabines, épouses des Sabins, un peuple voisin, au cours de Jeux en l’honneur de Neptune, les Consualia. Une guerre oppose alors Romains et Sabins. Grâce à l’intervention des Sabines, Romulus et Tatius, roi des Sabins, concluent un traité de paix et les Sabins sont admis à Rome.
Romulus choisit cent vieillards pour le conseiller et forme ainsi le Sénat.
Alors qu’il est en train de procéder au recensement de l’armée près du marais de la Chèvre, il disparaît lors d’un orage. Depuis lors, les Romains le considèrent comme un dieu et le vénère sous le nom de Quirinus.
Numa Pompilius
Numa Pompilius, un Sabin connu pour sa justice et sa piété, est élu roi pour succéder à Romulus.
Il veut que Rome, qui a été fondée par la violence et les armes, le soit désormais par la justice, les lois et la sainteté de ses mœurs. Aussi, pour pacifier la Ville, fait-il élever le temple de Janus au bas de l’Argilète. Il met à ce temple des portes qui, fermées, symbolisent la paix et, ouvertes, la guerre.
Il instaure un calendrier de douze mois, et établit des jours fastes et néfastes.
Numa organise la vie religieuse en créant trois flamines consacrés respectivement à Jupiter, Mars et Quirinus, douze prêtres saliens consacrés à Mars et le collège des Vestales. Il nomme aussi un grand pontife chargé d’organiser les cérémonies religieuses.
Il institue de nombreuses lois que sa femme, la Nymphe Égérie, lui aurait dictées lors de leurs rencontres nocturnes dans un bois traversé par une fontaine dont les eaux intarissables s’écoulaient d’une grotte.
Il réussit à maintenir la paix durant tout son règne, avant de mourir de maladie, laissant Égérie inconsolable.
Tullus Hostilius
Tullus Hostilius est un latin, élu roi par le peuple Romain. L’élection est ensuite ratifiée par le Sénat. Ce troisième roi, à l’opposé de Numa Pompilius, est d’une nature plus belliqueuse encore que Romulus.
Tous les prétextes lui semblent bons pour faire la guerre si bien qu’il mène le peuple Romain en guerre contre Albe, malgré la proximité historique qui existait entre les deux villes. En effet, Albe, fondée par le fils d’Énée, Iule-Ascagne, a vu naître Romulus. Face à la menace étrusque, Tullus Hostilius et le roi d’Albe, Mettius Fufetius, décident pour ne pas affaiblir leurs armées respectives par des combats meurtriers de choisir les trois meilleurs soldats de chaque camp. Les frères Horaces, des triplés, combattent au nom de Rome ; les Curiaces, triplés également, au nom d’Albe. Au cours d’un combat resté célèbre, deux Horaces meurent alors que les Curiaces sont tous les trois blessés. L’Horace survivant fait mine de s’enfuir pour pouvoir affronter en combats singuliers chacun des Curiaces qu’il tue tour à tour. Les Albains passent alors sous la domination romaine. Mais lors d’une guerre contre les Véiens, Mettius Fufetius trahit les Romains. Tullus Hostilius le fait alors écarteler et ordonne la destruction d’Albe.
Il meurt frappé par la foudre et consumé dans son palais.
Ancus Martius
Le quatrième roi de Rome élu par le peuple et le Sénat romains est Ancus Martius, petit-fils de Numa Pompilius. Lui aussi est connu pour sa tempérance mais il est néanmoins contraint à la guerre par ses ennemis latins. Aussi, à l’image de son grand-père qui avait fondé des institutions religieuses pour les temps de paix, il en crée pour les temps de guerre. Il envoie un ambassadeur appelé fécial auprès de ses ennemis qui, la tête voilée, demande réparation aux ennemis latins. Ceux-ci ne lui donnant pas satisfaction, le fécial lance un javelot vers eux, en signe de déclaration de guerre. Les Romains l'emportent finalement sur les latins qui sont intégrés au peuple romain et transférés sur l’Aventin.
Comme la population romaine s’accroît de façon importante, il fait construire un mur autour de la ville et un pont de bois, le pont Sublicius, le premier jamais construit sur le Tibre. Le grand nombre d’habitants apporte une augmentation de la criminalité, ce qui l’amène à construire une prison qui domine le Forum au centre de la ville.
Il fonde également le port d’Ostie à l’embouchure du Tibre.
Ancus Martius meurt de façon prématurée après vingt-quatre ans de règne.
Tarquin l’Ancien
Tarquin l’Ancien, d’origine étrusque, est le cinquième roi de Rome. Avant de prendre le nom de Tarquin, il s’appelle Lucumon et, poussé par l’ambition, il quitte sa ville étrusque pour immigrer à Rome avec sa femme Tanaquil et toute sa fortune. Alors qu’ils approchent sur leur char du Janicule, un aigle apparaît, enlève le bonnet de Lucumon, puis le replace sur sa tête. Tanaquil, habile en divination, y voit un heureux présage et le signe que son mari deviendra roi. Il prend le nom de Lucius Tarquinius Priscus et, petit à petit, gagne en influence à Rome à tel point qu’Ancus Martius finit par le nommer tuteur de ses enfants dans son testament.
À la mort d’Ancus, il éloigne les fils de celui-ci, brigue ouvertement la royauté et se fait élire roi. Il mène une première guerre contre les Latins et avec le butin fait construire le Cirque Maxime. Ensuite il remporte une guerre contre les Sabins. Une fois la paix conclue, il entreprend de grands travaux : il fortifie la ville en faisant construire un mur et l’assainit en créant un réseau d’égouts, la « Cloaca Maxima ».
Il prend sous sa protection Servius Tullius, un enfant né selon la rumeur d’une mère noble mais esclave, avant de le marier à sa fille, ce qui déplaît fortement aux deux fils d’Ancus, indignés d’avoir été écartés du trône. Ceux-ci fomentent alors un complot : ils choisissent deux pâtres qui simulent une dispute dans le vestibule du palais. Tarquin intervient et alors qu’un des deux hommes l’accapare pour lui expliquer sa version de l’affaire, l’autre en profite pour le frapper à la tête avec une hache. Tarquin l’Ancien meurt sous le coup de cette blessure mortelle.
Servius Tulllius
Servius Tulllius, protégé de Tarquin l’Ancien, est le sixième roi de Rome. Il prend le pouvoir à la mort de son prédécesseur, nommé par le Sénat, sans pour la première fois avoir été élu par le peuple. Il fait épouser ses deux filles Tullia aux deux fils de Tarquin l’ancien, Lucius et Arruns.
Il se bat courageusement contre les Véiens mais la grande œuvre de son règne est l’organisation centuriate en vue du recrutement de l’armée. Il répartit l’ensemble de la population selon un système censitaire en cinq classes, chacune divisée en un nombre variable de centuries. Chacun a désormais l’obligation de subvenir aux besoins de l’état en proportion de son revenu.
Il divise aussi la Ville en quatre quartiers et veille à l’embellir. Il décide ainsi la construction d’un temple de Diane, sur le modèle de celui de l’Artémis d’Ephèse.
Une de ses filles, Tullia, dotée d’un caractère farouche, était initialement mariée à Arruns Tarquin qui avait un caractère doux ; son autre fille qui avait un caractère docile était mariée à Lucius Tarquin au caractère ombrageux. Mais la farouche Tullia épouse finalement Lucius Tarquin après la mort opportune de sa sœur et de son mari. Peu de temps après, poussé par sa femme, Lucius Tarquin s’assied à la place de Servius Tullius et devant le Sénat réclame le trône de son père. Informé de cela, Servius Tullius se rend au Sénat. Les deux hommes se disputent et Tarquin précipite Servius Tullius du haut des marches puis le fait assassiner. Tullia, en rentrant chez elle sur son char, roule sur le cadavre de son père dans la rue nommée ensuite « la rue du crime ».
C’est ainsi que périt le sixième roi de Rome, après quarante-quatre ans de règne.
Tarquin le Superbe
Tarquin le Superbe est le septième et dernier roi de Rome. À la mort de son beau-père, son refus de l’enterrer lui vaut son surnom (superbus en latin signifie l'orgueilleux) et c’est sans hésitation qu’il prend possession du pouvoir. S’entourant de gardes, il règne par la terreur sans se préoccuper des suffrages du peuple ou du consentement du Sénat. Il diminue le nombre de sénateurs et gouverne seul. Il fait tuer son opposant, le latin Turnus Herdonius de manière à montrer l'exemple.
Roi guerrier, il fait la guerre aux Volsques, puis à la ville de Gabies qu’il soumet grâce à la ruse et au stratagème de son fils Sextus.
Il poursuit l’aménagement de Rome en faisant bâtir le temple de Jupiter sur le mont Tarpéien. Il souhaite que l’emplacement du Capitole soit tout entier consacré à Jupiter. Il fait aussi construire des galeries autour du Cirque Maxime et un égout destiné à recevoir les immondices de la ville.
Mais, alors que Tarquin le Superbe fait le siège d’Ardée, son fils Sextus viole la vertueuse Lucrèce, femme de Collatin, neveu du roi. Lucrèce expose à son père et son époux son malheur avant de se suicider sous le coup de la honte et du désespoir. Brutus, un proche de Collatin, jure de venger Lucrèce. Brutus harangue le peuple romain qui prononce la déchéance et l’exil de Tarquin le Superbe, de sa femme et de ses enfants. Averti, Tarquin essaie de revenir d’Ardée à Rome mais il y trouve les portes fermées. Son exil lui est ainsi signifié.
C’est ainsi qu’en 509 avant J.-C., son règne qui aura duré vingt-cinq ans se termine. Brutus et Collatin deviennent consuls, ce qui marque la fin de la royauté et le début de la République
Ce qu’écrit Lucius Ampelius...
Romulus qui urbem condidit. Numa Pompilius qui sacra constituit. Tullus Hostilius qui Albam diruit. Ancus Marcius qui leges plurimas tulit et Ostiam coloniam constituit. Priscus Tarquinius qui insignibus magistratus adornavit. Servius Tullius qui primum censum egit. Tarquinius Superbus qui ob nimiam superbiam regno pulsus est.
Romulus qui fonda la ville. Numa qui fonda les rites religieux. Tullus Hostilius qui détruisit Albe. Ancus Martius qui apporta un très grand nombre de lois et fonda la colonie d’Ostie. Tarquin l’Ancien qui para les magistrats de leurs insignes. Servius Tullius qui fit le premier recensement. Tarquin le Superbe qui, à cause de son orgueil excessif, fut chassé du trône.
Lucius Ampelius, Liber Memorialis, XVII, trad. A-L Fontenel