À lire aussi sur Odysseum
- En deux mots : Aphrodite, déesse grecque de l’amour, du désir et de la beauté
- Psyché, l’amante d'Éros et l’âme-papillon
- Le conte d’Éros/ Cupidon et Psyché
- Étudier Éros et Psyché dans la classe à travers la littérature et les arts avec Apulée
Sur le site du Musée du Louvre
Éros est une divinité grecque complexe, caractérisée par sa dualité : puissance primordiale ou jeune dieu de l’amour, force fondamentale du cosmos ou dieu espiègle et cruel, figure vulgaire (populaire) ou céleste, il occupe une place remarquable dans la pensée religieuse, dans la vie sociale et dans les arts grecs. Élaborée par les poètes et transmise notamment par les sculpteurs et les peintres, cette figure continue d’inspirer philosophes, psychanalystes ou artistes…
Éros, la divinité des cosmogonies (antérieure à Aphrodite)
Dans la Théogonie d’Hésiode (VIIè siècle avant J.-C.)
Sans être mentionné en tant que divinité de l’amour, Éros apparaît pour la première fois chez le poète Hésiode : il est l’une des entités primordiales qui préexistent à la formation de l’univers avec Chaos (l’Abîme) et Gaia (la Terre), ainsi que nous pouvons le lire dans la citation. Il n’a aucun attribut anthropomorphique (qui représenterait la divinité sous forme humaine) : il est une force mystérieuse qui semble pousser les êtres les uns vers les autres, et les incite à procréer.
Selon cette tradition hésiodique, Gaia enfante alors Ouranos (le Ciel), capable de la couvrir toute entière. De leur union primordiale et incestueuse naissent les premiers dieux, les cyclopes et d’autres êtres mythiques. Comme Ouranos empêche ses enfants de voir le jour et les enfouit au sein de Gaia, perpétuellement soumise à son désir démesuré, celle-ci encourage leur dernier fils, Kronos, à trancher le sexe de son père. Kronos jette ensuite l’organe mutilé qui répand son sperme dans l’écume marine et donne naissance à Aphrodite. A peine née, la déesse de l’attrait amoureux, de la beauté et des parures est accompagnée de ceux qui ne la quitteront plus : Éros et Himéros (Amour et Désir). Le rôle d’Éros évolue alors : il n’incarne plus cette pulsion qui provoquait la fission en deux à l’intérieur d’un être mais il suscite l’union de deux êtres qui en engendrent un troisième.
Dans les théogonies orphiques (sans doute au VIè siècle avant J.-C.)
L’orphisme est une doctrine religieuse et philosophique, associée à Orphée. Celle-ci prône le détachement à l’égard de la vie et incite à se purifier des souillures du corps. Dans la version la plus ancienne des Rhapsodies orphiques, Éros est à l’origine de la création. Il sort d’un œuf, produit par la Nuit, duquel toute chose provient. Après la Nuit apparaissent Ouranos, Kronos, Zeus et a priori Dionysos.
Dans Les Oiseaux, Aristophane présente de manière parodique une cosmogonie inspirée de ces textes orphiques : « Au commencement était Chaos (l’Abîme) et Nyx (la Nuit) et le noir Érèbe (Ténèbre) et le vaste Tartare, mais ni la terre, ni l'air, ni le ciel n'existaient. Dans le sein infini d’Érèbe tout d'abord Nyx (la Nuit) aux ailes noires produit un œuf sans germe, d'où, dans le cours des saisons, naquit Éros le désiré au dos étincelant d'ailes d'or, Éros semblable aux rapides tourbillons du Vent. Jusqu'alors n'existait point la race des immortels, avant qu'Éros eût uni tous les éléments… (v. 693-702) ». Nous retrouvons ici le thème de l’œuf cosmique et l’évocation du premier né (protogonos en grec ancien) nommé Éros, Phanès, Métis ou Eriképaïos dans les poèmes orphiques.
Éros, fils d’Aphrodite
Une autre tradition attribue une généalogie différente à Aphrodite et à Éros. Dans le chant V de l’Iliade, la déesse est fille de Zeus et de Dioné. Dès lors, la naissance d’Éros est présentée comme postérieure. Plusieurs auteurs donnent pour mère Aphrodite au dieu de l’amour : Sappho, Ibycos, Simonide, Pindare, Apollonios de Rhodes ou encore Cicéron. En revanche, son père varie selon les versions : Ouranos, Arès, Hermès… Situé parmi les dieux olympiens, Éros est tantôt sous la domination de sa mère qu’il accompagne tantôt autonome : il agit alors seul. Apollonios de Rhodes, qui enrichit cette relation mère-fils dans les Argonautiques, met en scène des conflits opposant l’un et l’autre. Éros apparaît alors comme un espiègle garnement qui doit être « acheté » pour se plier aux demandes maternelles.
L’aspect du dieu change également : la figure abstraite du dieu primordial évolue vers l’image du jeune dieu d’amour. Ce dernier rajeunit même : il passe du statut d’éphèbe (jeune garçon arrivé à la puberté) à celui d’un tout jeune enfant. Beau, resplendissant, jeune, petit, il est en réalité peu décrit. Il est surtout identifiable à ses attitudes et à ses attributs : Anacréon le montre comme un jeune garçon ailé, jouant à la balle et aux osselets ; Euripide introduit l’arc et les flèches avec lesquels il touche les cœurs. Il est également possible de trouver un flambeau pour les embraser... A l’époque hellénistique (323 avant J.-C. – 30 avant J.-C.), la figure du dieu se fige dans la poésie et, sur les vases peints, il n’est plus qu’un motif décoratif qui symbolise une relation amoureuse entre deux personnages.
Quoi qu’il en soit, il reste redoutable. Sa puissance est présentée comme universelle et irrésistible. De nombreux auteurs mettent en avant sa cruauté, parfois insouciante, parfois terrible. Ainsi, il engendre la folie selon Sophocle. Euripide, quant à lui, insiste sur l’Éros-nosos (maladie) et les souffrances qu’il engendre.
Éros, une nature difficile à cerner
Une œuvre philosophique de Platon, Le Banquet, s’attache tout particulièrement à mieux cerner la nature d’Éros. Dans ce texte, six discours sont prononcés en l’honneur de ce dernier. Phèdre, tout d’abord, le présente comme le dieu le plus ancien et comme la plus grande source de bienfaits. Puis Pausanias met en avant deux Éros comme il existerait deux déesses de l’amour : l’un populaire qui ne s’intéresse qu’au corps et qui n’inspire que des actions basses ; l’autre céleste tourné vers l’amour masculin (homosexualité masculine) et l’âme. Eryximaque étend cette dualité à l’ensemble de la nature, des arts et des sciences. Quant à Aristophane, il raconte qu’il existait à l’origine trois sortes d’hommes de forme ovoïde : l’homme double, la femme double et l’androgyne. Condamnés par Zeus pour avoir tenté d’escalader l’Olympe, ils sont coupés en deux. Depuis ce châtiment, ils cherchent désespérément à s’unir à l’autre moitié. Éros intervient alors en tant que force permettant à ces êtres de retrouver cette unité première et le bonheur. Pédérastie (attirance amoureuse et sexuelle d'un homme pour les jeunes garçons), lesbianisme et hétérosexualité (l’androgyne) sont ainsi expliqués. Quand Agathon prend la parole à son tour, il présente Éros comme le plus jeune, le plus beau et le meilleur des dieux. Vient, enfin, le tour de Socrate qui prétend tenir sa thèse originale de Diotime, une prêtresse de Mantinée : Éros est un démon (δαίμων en grec ancien), autrement dit un intermédiaire entre les hommes et les dieux. Fils de Pénia (la Pauvreté) et de Poros (la Ressource), il tient de sa mère le manque du beau et du bon et de son père les moyens pour y parvenir. Éros permet une démarche initiatique dans laquelle l’amour d’un beau corps permet d’accéder à la beauté de tous les beaux corps, avant de comprendre la supériorité de la beauté de l’âme sur celle du corps : alors devient visible la beauté qui est dans la loi et les actions des hommes. De ces actions, on passe aux sciences pour aboutir à une seule science, celle de la beauté absolue. Deux éléments essentiels ressortent donc de ce dialogue de Platon : la préférence accordée à l’amour éphébique (pour un jeune garçon arrivé à la puberté) et le rôle initiatique d’Éros.
Éros, un rôle initiatique
Dans plusieurs sociétés grecques antiques, Éros apparaît comme une force qui structure la vie collective. À Sparte, il est considéré comme un dieu archer, fils d’Arès, à qui l’on fait des sacrifices avant les batailles. En Crète comme à Thèbes, la tradition veut que l’amant (l’éraste) fournisse au jeune homme aimé (l’éromène) son équipement militaire. Dans l’Athènes du Ve siècle, Éros demeure une figure essentielle, associée à l’éducation aristocratique, au gymnase et à la palestre. Il est précisément célébré dans les gymnases, en raison sans doute des relations homophiles inhérentes aux activités gymniques. Dans ce cadre, l’homosexualité masculine apparaît comme un rite de passage de l’enfance à l’adolescence qui est lié à la formation des citoyens et des soldats. Dans Le Banquet, Platon fait ainsi référence « au bataillon sacré » de Thèbes, un corps d’élite qui aurait été composé d’érastes et d’éromènes et qui aurait remporté de belles victoires.
C’est ce rôle initiatique d’Éros qui est à nouveau évoqué dans le Conte d’Amour (Éros / Cupidon) et de Psyché. Insérée dans les Métamorphoses d’Apulée (IIe siècle après J.-C.), cette histoire raconte que Psyché, une superbe mortelle dont Vénus jalouse la beauté, devient l’épouse d’Amour mais elle ne doit jamais le regarder à la lumière. En dépit de cet ordre donné par son époux, influencée par ses sœurs et piquée par la curiosité, elle tente de le contempler la nuit venue. Mais une goutte d’huile brûlante le réveille : le dieu disparaît, blessé. Vénus impose alors à la jeune femme une série d’épreuves difficiles à surmonter, avant qu’elle ne soit sauvée par Amour qui l’emmène sur l’Olympe, devant le roi des dieux, obtenant pour elle l’immortalité.
On donne à ce récit un sens allégorique : il symboliserait les errances de l’âme humaine (psyché en grec ancien) qui recherche la beauté idéale. Cela n’est pas sans nous rappeler la vision de Socrate dans Le Banquet : Éros permet d’accéder au monde des idées, symbolisé ici par l’Olympe.
Éros, un pouvoir universel
Le pouvoir d’Éros est universel : il touche les hommes comme les dieux, les éléments et la nature même. L’ampleur de ce pouvoir tient sans doute à la nature première d’Éros, dieu primordial et force fondamentale du cosmos. Il est lié à sa beauté. Rappelons qu’Aristophane le nomme « le désiré au dos étincelant d’ailes d’or » tandis qu’Hésiode le qualifie de « plus beau parmi les immortels ». Ce lien entre beauté et pouvoir souligne peut-être l’attrait irrésistible du désir.
Par la suite, la toute-puissance du jeune dieu de l'amour, compagnon d’Aphrodite, prolonge le pouvoir universel de cet Éros des cosmogonies. L’exemple le plus frappant à ce titre est sans doute la représentation de Longus dans son roman Daphnis et Chloé : « Sa puissance dépasse celle de Zeus. Il règne sur les éléments, il règne sur les astres, il règne sur les dieux ses semblables […]. Toutes les fleurs sont l’œuvre d’Éros, ces plantes-ci sont ces créations. C’est grâce à lui que les rivières coulent et que les vents soufflent » (II, 7).
Éros, et la question de son culte en Grèce ancienne
Bien que, dans Le Banquet, Aristophane déplore le fait qu’Éros ne fasse pas l’objet d’un culte important, divers témoignages montrent que ce dernier était vénéré dans l’espace public comme privé. Pausanias rapporte qu’il était adoré primitivement à Thespies, en Béotie, sous la forme d’une pierre brute. Ce culte renvoyait à la fécondité des humains comme des troupeaux. Selon Pausanias toujours, le sculpteur Praxitèle y aurait dressé, ainsi qu’à Parion (aujourd’hui Kemer en Turquie), une statue du dieu vers 370-360 avant J.-C. Le même auteur mentionne, à Athènes, l’existence d’un autel en son honneur devant l’entrée de l’Académie, le lieu où Platon dispensait son enseignement. Lors des Panathénées, une course au flambeau honorait cet autel de même que ceux de Prométhée et d’Héphaïstos qui, selon le poète Ibycos, serait le père d’Éros. En outre, Éros était représenté à côté d’Aphrodite dans la frise Est du Parthénon : il était donc associé à la déesse même dans le culte. Enfin, il était célébré dans les gymnases en tant que dieu de l’amour éphébique.
D’Éros à Cupidon
Dans la mythologie romaine, Cupidon (du latin cupido signifiant « désir », « passion ») est le fils adultérin de Vénus et de Mars. Dieu de l’amour, il est assimilé à Éros. Toutefois, ces deux figures ne sont pas superposables : Cupidon n’apparaît jamais, en effet, en tant que divinité primordiale chez les Romains. Il est avant tout une personnification du désir amoureux.
Le plus souvent, il est représenté comme un enfant ailé, nu ou presque, fort espiègle. Muni d’un carquois, de flèches, parfois d’une torche allumée, d’un casque ou d’une lance, il peut être couronné de roses, symboles du plaisir.
Le plus souvent avec sa mère Vénus, il l’aide à accomplir les projets de cette dernière ou d’autres dieux. Jupiter, Apollon, Bacchus ou même Pluton sont soumis à ses traits irrésistibles. Il lui arrive, tout autant qu’à sa mère, de tomber amoureux, notamment de Psyché dont il a une fille, Volupté. À l’exception de Diane et de Minerve, rien ni personne ne lui échappe. Didon, la reine de Carthage, est l’une de ses victimes les plus connues. Prenant Cupidon pour Ascagne (le fils d’Énée) dont le dieu a pris l’apparence, elle est piquée par lui et tombe amoureuse du prince troyen.
On appelle aujourd’hui cupidon un enfant ou un jeune homme particulièrement beau. Ce nom a aussi été donné à un coq de bruyère d’Amérique centrale en raison de la beauté de ses parades amoureuses.
Éros, une représentation littéraire entre topoï (lieux communs) et renouvellements
Dans la littérature antique, Éros apparaît comme un jeune garçon qui n’est pas encore sorti de l’âge des jeux. Il est souvent associé à d’autres jeunes gens, que ce soit avec son frère Antéros ou avec Pothos (Désir amoureux et nostalgique) et Himéros (Désir passionné et pressant) avec lesquels il forme une triade. Chez Pindare et d’autres poètes archaïques, il est en compagnie d’une multitude d’Amours (Erotes ou Cupidines de Catulle) et apparaît sous les traits d’un aurige (conducteur de char), pugiliste (athlète spécialiste du pugilat), forgeron, porteur de flammes… Il joue aux astragales (osselets) chez Anacréon puis chez Apollonios de Rhodes : dans les Argonautiques, il l’emporte sur Ganymède. Sa mère Aphrodite, elle-même effrayée du pouvoir de son enfant terrible, le prie de décocher une flèche et d’atteindre Médée afin qu’elle tombe amoureuse de Jason. Cette image du dieu archer, présente depuis le Vème siècle, perdure jusqu’à nous.
Au Moyen Âge, c’est l’image d’un Amour adulte qui est privilégiée. À la Renaissance, le thème antique de l’enfant ailé refait surface. Se développe également celui de l’Amour aveugle. La paternité de Mars est, en outre, remise en avant : Amour est perçu comme un principe d’union des contraires que sont Mars et Vénus. Il est décrit comme un être ambivalent, notamment par Pétrarque dans le Canzoniere.
Par ailleurs, les humanistes tels que Marcile Ficin (commentateur de Platon) revisitent la dualité Amour sacré, Amour profane. Antéros, le frère d’Éros, qui incarnait la réciprocité de l’amour dans l’Antiquité devient un Anti-Éros, symbolisant la pureté par opposition à la sensualité d’Éros. Toutefois, si l’influence des idées de Platon est grande, on ne reprend pas sa prédilection pour un Éros homosexuel (qui semble quelque peu négligée dans l’Occident chrétien), sauf peut-être chez Shakespeare dans le sonnet CXLIV.
Au XVIIIè siècle, Marivaux crée deux courtes comédies allégoriques qui mettent en avant la dualité d’Éros abordée par Platon : Dialogue de l’Amour et de la Vérité (1720) et La Réunion des Amours (1731).
Éros dans les arts
Éros est représenté à l’origine comme un être androgyne. Dès le VIe siècle, il prend l’image d’un jeune homme ailé sur des vases attiques à figures rouges. Plusieurs céramiques archaïques (500 avant J.-C.) mettent en scène Éros associé à Pothos et Himéros, accompagnés eux-mêmes par une ou plusieurs Charites (les Grâces chez les Romains) et par Peithò (la Persuasion) voire par d’autres divinités.
Par la suite, il est plus fréquemment associé à Aphrodite, notamment sur les vases nuptiaux. À partir du IVé siècle, il a pour attributs courants l’arc et le carquois. C’est notamment le cas de la sculpture L'Éros à l'arc ou Éros bandant son arc dont l’original en bronze serait de Lysippe.
Souvent associé à la végétation, il joue également un rôle funéraire et on le trouve sur des tombeaux, tout comme Adonis.
À l'époque hellénistique se développe le motif d’Éros-enfant qui concurrence celui de l'Éros-éphèbe. Dès ce moment, Éros perd sa signification religieuse et devient une figure ornementale.
L’Antiquité a légué de nombreux motifs mythologiques aux arts, mais il n’y en a aucun qui n’ait été plus souvent convoqué que celui de l’Amour dans différents domaines artistiques. Il peut notamment, dans la peinture galante, prendre la forme d’enfants ailés (d’amours) qui voltigent autour des amants ou, dans la peinture religieuse, prendre le visage d’anges ou de chérubins. A la Renaissance se développe, en effet, le personnage du putto (petit ange nu et ailé). Ainsi conserve-t-il sa double signification, mystique et sensuelle, que seul le caractère de la scène représentée nous permet de déterminer…
Ce qu'écrit Hésiode :
Ἤτοι μὲν πρώτιστα Χάος γένετ ΄· αὐτὰρ ἔπειτα
Γαῖ ΄ εὐρύστερνος, πάντων ἕδος ἀσφαλὲς αἰεὶ
ἀθανάτων οἳ ἔχουσι κάρη νιφόεντος Ὀλύμπου,
Τάρταρά τ ΄ ἠερόεντα μυχῷ χθονὸς εὐρυοδείης,
ἠδ ΄ Ἔρος, ὃς κάλλιστος ἐν ἀθανάτοισι θεοῖσι,
λυσιμελής, πάντων τε θεῶν πάντων τ ΄ ἀνθρώπων
δάμναται ἐν στήθεσσι νόον καὶ ἐπίφρονα βουλήν.
Au commencement exista le Chaos, puis la Terre à la large poitrine, demeure toujours sûre de tous les Immortels qui habitent le faîte de l'Olympe neigeux ; ensuite le sombre Tartare, placé sous les abîmes de la Terre immense ; enfin l'Amour (Éros), le plus beau des dieux, l'Amour, qui amollit les âmes, et, s'emparant du cœur de toutes les divinités et de tous les hommes, triomphe de leur sage volonté. »
Hésiode, Théogonie, vers 116-122, in Les Œuvres d’Hésiode, texte traduit par A. Bignan, Paris, 1841