Les Jeux olympiques dans une classe Mare Nostrum (collège) Confronter les Jeux olympiques antiques et les Jeux olympiques contemporains à travers les transformations des villes d'accueil.

Parmi les trois thématiques annuelles à étudier dans une classe Mare Nostrum, choisir les Jeux olympiques dans le contexte de la préparation des J.O.P. Paris 2024 permet aux élèves de porter un regard informé et aiguisé sur les enjeux culturels et économiques que soulève un événement sportif majeur. La confrontation entre jeux antiques et jeux modernes peut prendre appui sur des textes descriptifs et argumentaires, des sources architecturales et urbanistiques, enfin, en langues vivantes, sur des enregistrements et des vidéos d'archives ou promotionnelles.

La thématique des jeux olympiques s’inscrit dans une perspective diachronique et évolutive. Comme le symbolise la devise olympique citius, altius, fortius, communiter (plus vite, plus haut, plus fort, ensemble) exprimée en latin, l'héritage antique, matériel et immatériel, fonde les jeux contemporains. Il irrigue l’imaginaire des athlètes et des supporters. Symboliquement, aucune autre ville qu'Athènes n'aurait pu célébrer les premiers jeux contemporains en 1896.

Les jeux actuels eux aussi se modifient et s'adaptent aux nouvelles problématiques auxquelles sont soumises les villes d’accueil : mise en tourisme, création de nouvelles aménités et, aujourd’hui, souci du développement durable. La notion d’héritage ne comprend plus seulement les valeurs du passé que nous a léguées la Grèce antique. Les villes se tournent résolument vers l'avenir en pensant aussi l'héritage comme ce qui sera laissé aux générations futures qui mesureront et assumeront l’impact culturel, financier et environnemental des jeux.

La dimension mondiale que revêt cet événement sportif ouvre sans limites le choix des langues vivantes à s'inscrire au parcours Mare Nostrum. Pour ne citer que les langues les plus étudiées dans les classes, le cours d'anglais s'appuiera sur les J.O. de Londres en 2022, le cours d'allemand sur les tragiques J.O. de Munich en 1972. 

Nous proposons ici d'associer deux langues vivantes - l'espagnol et l'italien - au grec ancien. Nous partons de la découverte du site d’Olympie abondamment représenté parmi les ressources d'Odysseum Éduscol et son Musée virtuel de la Méditerranée. 

Références aux programmes

Pour une classe de collège en troisième, cycle 4

• langues vivantes étrangères : École et société -  Place de la question de l’environnement dans le quotidien des élèves des pays concernés (l’eau, les espaces verts et l’urbanisme, le traitement des déchets et le recyclage, les économies d’énergie, les différentes formes de pollution, la consommation responsable). Paysage et urbanisme, l'action humaine sur l'environnement. 

  • Espagnol : les Jeux olympiques d'été de Barcelone 1992

  • Italien : les Jeux olympiques d'hiver de Milano-Cortina 2026

• enseignement de complément en langues et cultures de l'antiquité (LCA) : 

  • Grec ancien : La Grèce dans son unité et sa diversité : les espaces de partage culturel, jeux, théâtre, fêtes

• parcours Mare Nostrum : Associant les questions de langue et les enjeux de civilisation, la littérature et l'histoire, l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité est au carrefour des sciences humaines et sociales. En dépassant les approches strictement linguistiques ou formalistes, il permet d'envisager dans son ensemble les contenus culturels. Par leur esprit et par leur objet, les langues et cultures de l'Antiquité contribuent à la construction d'une conscience individuelle humaniste et moderne. L'enjeu est que les élèves prennent conscience des écarts, des différences et des emprunts dans le dialogue des cultures. En rendant possible la confrontation de l'héritage des civilisations grecques et latines avec les langues vivantes et régionales, et certaines questions contemporaines, le parcours Mare Nostrum permet une ouverture vers le monde actuel enrichi par la culture classique apportant ainsi un éclairage sur le présent

Archéologie, patrimoine architectural, géographie : les Jeux olympiques de l'Antiquité à nos jours : organiser des Jeux au services de la ville et de ses habitants

1- Le site d’Olympie : de 776 avant J.-C. (fondation) à 393 après J.-C. (abolition des cultes païens), près de douze siècles d'Olympiades

La fonction première d’Olympie est religieuse. Le sanctuaire abrite notamment le temple de Zeus et la statue chryséléphantine du dieu façonnée par Phidias, l’une des sept merveilles du monde. Le sanctuaire est aussi un centre politique (y siège le conseil de la ville d’Elis) et un centre économique dans la mesure où sont entreposées les offrandes des cités dans de petits bâtiments qu'on appelle les trésors. On ne peut que souligner la longévité du site d’Olympie où les jeux se sont déroulés de manière quasi continue de 776 avant J.-C. à 393 après J.-C. Toutefois, même si tous les quatre ans les Grecs convergent vers Olympie pour voir concourir les athlètes, le sanctuaire n’est pas seul à proposer des jeux panhelléniques. Il fait partie d’un circuit (periodos) qui compte aussi les jeux de Delphes, de Némée et de Corinthe. Pour recevoir ces milliers de personnes pendant cinq jours, le sanctuaire possède les infrastructures nécessaires au bon déroulement des compétitions mais se trouve dépourvu de bâtiments durables pour le séjour des visiteurs excepté l'imposant Leonidaion. Le reste du temps, seuls les prêtres et les domestiques attachés aux temples résident à Olympie.

L’impact sur l’environnement fut progressif. Une fois le fleuve Cladéos régularisé, le sanctuaire s’est étendu avec la construction de nouveaux éléments architecturaux comme le stade et l’autel de Déméter. D’autres infrastructures n’ont pas laissé de traces durables car elles étaient en bois et démontables tels les gradins du théâtron que l'on montait pour assister aux épreuves de lutte, de boxe et du pancrace. 

Chronologie sommaire du site

• vers - 900 : premières figurines et offrandes d’anciens jeux funèbres ;
• - 776 : première Olympiade ;
• - 650 : premier temple d’Héra à colonnes de bois ;
• - 500 à - 400 : premiers des quinze trésors, premier Bouleutèrion, siège du Sénat olympique ;
• - 468 - 456 : construction du temple de Zeus ;
• - 438 - 435 : statue Chryséléphantine de Zeus par le sculpteur Phidias ;
• - 400 à - 300 : nombreuses constructions et réaménagement du stade ;
• I^er et II^e siècles avant J.-C : nouvelles installations pour accueillir les épreuves et loger les athlètes ;
• 393 : derniers Jeux olympiques ;
• 426 : incendie des temples ;
• vers 600 : les crues du Cladeos et de l’Alphée emportent l’hippodrome et une partie du stade ;

Visite virtuelle du site d'Olympie

La visite du site d'Olympie à travers l'album du Musée virtuel de la Méditerranée offre une vue sur les principaux monuments : 

• le temple de Zeus
• l'atelier de Phidias
• le Pélopion
• le temple d'Héra
• le Prytanée
• le Métrôon, temple de Rhéa
• le gymnase
• la palestre
• l'emplacement des Zanes (statues de bronze)
• le stade le portique d'Écho
• le nymphée
• le Philippéion
• le Leonidaion

En procédant par recherche thématique, il est possible de sélectionner "stade", "gymnase" ou "palestre" pour connaître d'autres sites reproduisant le modèle d'Olympie. L'unité culturelle et architecturale des cités est visible à travers la récurrence des éléments architecturaux. 

Les articles "En deux mots"

Ils apportent un focus documenté sur les jeux, les installations, l'entraînement, les pratiques sportives, l'argent, l'alimentation, la place des femmes. Des pistes de réflexion sont proposées ainsi qu'un court texte en langue grecque ou latine. Les liens vers les articles connexes sont dans la section : Voir aussi sur Odysseum.

2- Les Jeux olympiques modernes : mutation urbaine et préservation de l'environnement

• J.O. de Barcelone 1992 : la transformation d’une ville moyenne et industrielle en métropole européenne

En 1992, la ville de Barcelone accueille les Jeux olympiques d’été. Ces Jeux nécessitent une transformation profonde de la ville et par conséquent un investissement financier important. La municipalité y voit l’occasion d’un tournant économique et culturel. Sur l’espace d’anciennes friches industrielles sont érigés des bâtiments modernes destinés, après les jeux, à la vente aux particuliers. Ces quartiers se rénovent et se gentrifient. La ville que d’aucuns décrivaient comme tournant le dos à la mer s’ouvre désormais vers la Méditerranée grâce à son nouveau port, ses plages et la construction du village olympique à proximité. Ces changements sont concentrés sur la zone urbaine de Barcelone selon une volonté forte de régénération et de valorisation de l'image de la ville pour une mise en tourisme durable. Les J.O. sont présentés comme un événement certes couteux mais au service la ville et au bénéfice de tous ses habitants. Certaines épreuves ne se sont pas déroulées à Barcelone même mais néanmoins en Catalogne : l’aviron et le cyclisme sur route, par exemple. Incontestablement, Barcelone est devenue depuis une capitale européenne. Le nombre de touristes est passé de 1,7 million par an à plus de 8 millions aujourd’hui. Des voix s’élèvent pourtant : le patrimoine industriel aurait pu être préservé comme témoignage du passé de Barcelone. L’accroissement des aménités a provoqué une hausse des loyers qui pénalise les revenus modestes chassés du centre urbain. 

Deux lieux emblématiques légués par les J.O. de Barcelone

Situé au milieu d’un parc, l’anneau olympique de Montjuïc (du latin Mons Jovis, mont de Jupiter ou mont des Juifs) est un ensemble composé du stade olympique Lluis Companys, du Palau Sant Jordi et de l’esplanade de l’anneau. S’y trouvent également les piscines Bernat Picornell, l’institut national d’éducation physique de Catalogne. La tour de communication est spécialement construite pour la retransmission mondiale des jeux. Elle épouse la forme d’un athlète et sert également de cadran solaire. Par ses mosaïques, elle est une référence à Gaudi et une œuvre d’art à part entière. 

Tour de la télévision, © Wikimedia commons

L'organisation des jeux a nécessité la construction du port olympique de Barcelone dès 1990. Il est aujourd’hui un port de plaisance. Deux plages sont parfaitement intégrées à la ville. En face, le village olympique est désormais un quartier résidentiel. 

Port de Barcelone, © Wikimedia commons

• J.O. de Milano-Cortina 2026 : respect de l'environnement et durabilité

L’attribution des jeux d’hiver en 2026 a respecté les principes énoncés par la New norm que s’est donnée le Comité international olympique (C.I.O.). L’objectif est de freiner une forme de dérive financière résultant de l’accroissement des coûts pour les villes d’accueil, de réduire l’impact environnemental sur les sites naturels et sur les villes, enfin d’assurer un développement sur le long terme. Les jeux d’hiver 2026 se dérouleront donc sur quatre territoires dont les principaux sont Milan et Cortina d'Ampezzo. Conformément à la nouvelle démarche de durabilité, les infrastructures existantes (transports et bâtiments) seront utilisées de manière raisonnée pour que la croissance économique puisse se poursuivre après les jeux sans détérioration des sites et de l’habitat. Les déplacements entre la résidence des athlètes et le lieu des épreuves seront réduits.

Localisation des sites, © Wikimedia commons

La cérémonie de clôture se déroulera dans les antiques arènes de Vérone. 

Les arènes de Vérone, © Wikimedia commons

Tableau comparatif des sites

La comparaison entre l'antique site d'Olympie et les villes contemporaines met en avant d'importantes différences. Ce grand sanctuaire panhellénique est resté durant des siècles un centre religieux et culturel incontournable instaurant la norme en matière d'architecture pour la construction des palestres par exemple (voir Vitruve, De architectura, livre V). Sa fortune reposait sur les offrandes apportées par les cités. Tricherie et corruption frappaient aussi les compétitions comme en témoignent les Zanes érigées à proximité de l'entrée du stade : 

πρὸς δὲ τῇ κρηπῖδι ἀγάλματα Διὸς ἀνάκειται χαλκᾶ. ταῦτα ἐποιήθη μὲν ἀπὸ χρημάτων ἐπιβληθείσης ἀθληταῖς ζημίας ὑβρίσασιν ἐς τὸν ἀγῶνα, καλοῦνται δὲ ὑπὸ τῶν ἐπιχωρίων Ζᾶνες

Près de ce soubassement sont des statues en bronze de Zeus, qui ont été érigées du produit des amendes auxquelles ont été condamnés des athlètes qui s'étaient mal comportés dans les jeux. Ces statues sont connues des gens du pays sous le nom de Zanes.

Pausanias, Description de la Grèce, Livre V, 21

Le message de paix porté par les jeux est resté. La périodicité aussi. Mais à chaque nouvelle olympiade, les jeux contemporains offrent à une ville différente l'opportunité de démontrer son attachement à l'idéal olympique. L'effort est tel que cet idéal a été entaché de dérives financières (Londres 2012), de faillites (Athènes en 2004) et de scandales environnementaux (Sotchi en 2014). Les jeux de Barcelone donnent l'exemple de jeux au service de la ville, de sa notoriété et de son rayonnement européen. Désormais le C.I.O. accompagne les villes candidates et accorde toute son attention à la pérennité des constructions et à la réduction des dépenses engagées. Les Jeux olympiques d'hiver 2026 Milano-Cortina tiennent à respecter cette ligne directrice.