Les épreuves olympiques d'hier à aujourd'hui

Pistes pour la classe

  • L’homme grec et l’idéal du kalos kagathos
  • La palestre et le gymnase
  • L’entraînement des athlètes
  • Les personnages célèbres de l’Antiquité
  • Gloire et victoire
  • L’hygiène et la diététique des athlètes

Paris accueille en 2024 les Jeux olympiques, la plus grande manifestation sportive internationale et multisports contemporaine. Il s’agira de la XXXIIIe olympiade depuis leur rénovation en 1894 par le Baron Pierre de Coubertin. Des athlètes, hommes et femmes, de trente-deux sports différents (vingt-huit sports olympiques et quatre sports additionnels) vont se mesurer au cours de quelques 329 épreuves sportives. Des médailles d’or, d’argent et de bronze seront décernées, à l’issue de chaque épreuve, aux trois meilleurs athlètes. Pourtant, en 776 avant J.-C., lors des premiers Jeux olympiques antiques, une seule et unique compétition était organisée à Olympie : la course de stade remportée par un seul vainqueur masculin auréolé de gloire. Au fil des Olympiades, diverses compétitions sont venues s’ajouter : d’autres types de courses, la lutte, le pugilat, le pancrace, le pentathlon et des épreuves hippiques. En quoi consistaient les épreuves olympiques antiques qui s’étalaient sur cinq journées ? Si, de l’Antiquité à nos jours, le panel des compétitions s’est considérablement étoffé, quel lien perdure entre nos compétitions modernes et celles de la Grèce antique ?

La course à l’honneur !

La course est la compétition phare dans l’Antiquité grecque. Toutes les courses ont lieu le matin du quatrième jour, soit le lendemain du grand sacrifice à Zeus, considéré comme le point culminant des Jeux olympiques.

Trois sources mythologiques expliquent l’origine de la course. La première attribue l’initiative de la course originelle à Endymion, roi d’Elis : père de trois fils, il leur propose son royaume comme prix d’une course. C’est ainsi que le vainqueur, son fils Epéos, monte sur le trône. Dans le deuxième mythe, il faut remonter à la guerre de Troie et à Achille qui, sur le champ de bataille, s’illustre comme le meilleur coureur de tous les temps : il est Ἀχιλλεύς ποδαρκής / Achilleus podakès / Achille aux pieds agiles (Iliade, I, 121). Dans le troisième mythe, ce serait Ulysse qui en aurait inventé le principe. On raconte qu’Icarios, père de Pénélope, met sa fille comme prix à une course qu’il institue entre ses différents prétendants : Ulysse est le vainqueur et épouse Pénélope.

Les premiers Jeux olympiques en 776 avant J.-C. sont composés d’une seule compétition, le στάδιον / stadion, autrement dit la course de stade. Le premier sens de ce mot correspond à une unité de mesure, équivalant à 600 pieds, soit 192 mètres. Les athlètes doivent courir le plus vite possible sur cette distance. Pausanias nous expose dans De la Gymnastique l’origine de cette course : lorsque des sacrifices sont organisés en Élide, le prêtre organise une course pour mettre le feu aux offrandes sacrées. Les coureurs sont placés à un stade de distance des offrandes : le premier à allumer le brasier remporte la couronne olympique. Les starting-blocks correspondent à un alignement de pierres appelé βαλϐίς / balbis. Le signal de départ est matérialisé par l’ὕσπληγξ / hysplex, une corde tendue entre deux poteaux et lâchée par un juge au moment du départ. Il existe deux positions de départ : la position debout qui est la plus fréquente et la position avec quatre points de contact au sol, qui se retrouve chez nos coureurs modernes. Chaque coureur, comme de nos jours, court dans son couloir, le δρόμος / dromos

Les Jeux olympiques fonctionnent sur ce modèle d’une unique compétition jusqu’en 724 avant J.-C. où l’on ajoute le δίαυλος / diaulos ou course du double stade. Équivalent de notre 400 mètres actuel, il s’agit encore d’une course de sprint, sous la forme d’un aller-retour. La difficulté réside dans le moment où il faut faire le demi-tour autour de la borne, appelée un καμπτήρ / kampter : afin d’éviter des collisions particulièrement dangereuses entre les coureurs lancés à pleine vitesse, il est vraisemblable que chaque couloir de course possède son propre καμπτήρ.

En 720 avant J.-C., lors de la XVe olympiade apparaît le δόλιχος / dolichos : c’est une course d’endurance, une épreuve de fond, sur une distance longue de vingt-quatre stades (c’est-à-dire environ 4600 mètres). Un seul καμπτήρ est alors utilisé car, au regard de la longue distance, les risques de télescopage sont moindres. 

La dernière course, l’hoplitodromos (du verbe ὁπλιτοδρομέω / hoplitodromeo / courir pesamment armé), fait son apparition en 520 avant J.-C. Il s’agit d’une course en armes : les athlètes courent avec un bouclier, un casque et des jambières en bronze. Philostrate nous explique que cette course renvoie à la sphère militaire. Ramenée dans celle des Jeux, elle symbolise le retour au temps de la guerre, donc signe la fin de la trêve olympique sacrée. C’est pour cela qu’elle est la dernière des quatre courses organisées.

Si au fil des olympiades antiques, les types de courses se sont diversifiés, en proposant sprints et courses d’endurance, les Jeux olympiques modernes offrent aujourd’hui un panel bien plus vaste : 100 mètres, 200 mètres, 400 mètres, 800 mètres, 1500 mètres, 5000 mètres, 10000 mètres, 400 mètres haies, 3000 mètres steeple (course de demi-fond avec obstacles), relais 4x100 et 4x400 mètres, marathon… Dans l’Antiquité, seuls les hommes participaient aux épreuves qui étaient rigoureusement interdites aux femmes. De nos jours, chaque épreuve est organisée pour les hommes et pour les femmes. Il existe aussi des épreuves mixtes, comme le relais 4x400 mètres.

Les disciplines lourdes (βαρέα άθλα – baréa athla) 

Les « sports lourds » sont au nombre de trois : la lutte, le pugilat et le pancrace. Il s’agit de combats d’homme à homme à mains nues qui s’inscrivent dans l’éducation traditionnelle des jeunes garçons devant être formés à l’art de la guerre. Ces trois disciplines allient force, souplesse, rapidité d’exécution et endurance. Ils ont lieu l’après-midi du quatrième jour des Jeux olympiques et un tirage au sort décide des combattants qui vont s’affronter.

La lutte, πάλη / palè, est une épreuve particulièrement en vue et appréciée. Elle est introduite en 708 avant J.-C. Plusieurs mythes présentent son origine :

  • Dans un premier mythe, cette discipline viendrait de Palestra, la personnification de la Lutte et jeune fille aimée d’Hermès. Son père, Pandokos, habite à un croisement et tue tous ceux qui y passent, après les avoir attirés chez lui. Quand Hermès vient à passer par ce croisement, Palaistra, amoureuse du dieu, l’avertit, ce qui lui permet de tuer Pandokos.
  • Dans un second mythe, Atalante en serait l’origine. Abandonnée à la naissance par son père qui ne voulait que des garçons, elle est nourrie par une ourse, puis recueillie par des chasseurs. Devenue adulte, elle a pour patronne Artémis et se livre à la chasse. Aux jeux funèbres célébrés en l’honneur de Pélias, elle combat Pélée, le père d’Achille, à la lutte et sort victorieuse.
  • Une troisième source mythologique attribue l’origine de la lutte à Cercyon, un héros qui arrête tous les voyageurs sur la route d’Eleusis à Mégare et qui les force à lutter avec lui. Après les avoir vaincus, il les tue. Un jour, il se trouve à affronter Thésée qui le projette en l’air et le tue.
  • Dans une quatrième source, ce serait Antée qui l’aurait instituée. Fils de Poséidon et Gaia, ce géant habite en Libye et oblige tous les voyageurs à lutter contre lui. Après les avoir vaincus et tués, il orne de leurs dépouilles le temple de son père. Antée est invulnérable tant qu’il touche sa mère, Gaia, le sol. Mais Héraclès, lors de son passage en Libye, à la recherche des pommes d’or, lutte contre lui et l’étouffe en le soulevant par les épaules.
  • La dernière source est liée aux travaux d’Héraclès imposés par Eurysthée. La première épreuve consiste à tuer le lion de Némée, une bête féroce à la peau impénétrable. Pour le vaincre, Héraclès lutte contre lui à mains nues et le tue en l’étranglant. Il le dépèce avant de revêtir sa peau, ce qui contribue à rendre le héros invulnérable.

La lutte est attestée dans plusieurs sources littéraires. Homère nous livre une description détaillée d’un combat de lutte lors des funérailles de Patrocle : Ulysse se bat à mains nues contre Ajax, fils de Télamon (Iliade, XXIII, vv. 700 et svts). Platon, quant à lui, expose les vertus de la lutte dans Les Lois (795e-796a) :

τὰ δὲ ἀπ' ὀρθῆς πάλης, ἀπ' αὐχένων καὶ χειρῶν καὶ πλευρῶν ἐξειλήσεως, μετὰ φιλονικίας τε καὶ καταστάσεως διαπονούμενα μετ' εὐσχήμονος ῥώμης τε καὶ ὑγιείας ἕνεκα, ταῦτ' εἰς πάντα ὄντα χρήσιμα οὐ παρετέον, ἀλλὰ προστακτέον μαθηταῖς.

Mais à l'égard de la lutte droite, qui consiste en certaines inflexions du col, des mains, des côtés, qui n'a rien que de décent dans ses postures, de louable dans ses efforts pour vaincre, et dont le but est d'acquérir la force et la santé, il ne faut point la négliger, parce qu'elle sert à tout genre d'exercice.

Il y a deux formes de luttes : la lutte debout (όρθή πάλη / ortho palè) et la lutte au sol (κατω πάλη / kato palè). Les participants sont classés par catégories d’âge : les « garçons » (παίδες / paidès), les « jeunes gens » (νεανίσκος / neaniskos) et les « adultes » (άνδρες – andrès). Il faut faire chuter trois fois son adversaire pour être déclaré vainqueur : c’est pourquoi le vainqueur est appelé τριακτήρ / triaktér. Chuter signifie toucher le sol des épaules ou du dos ou jeter son adversaire hors du σκάμμα / skamma, fosse creuse et sablée où se déroule l’épreuve. Les combats se font sans interruption : cinq reprises sont tolérées. Toutefois, si un athlète manifeste le besoin de faire une pause, il peut montrer ses membres contusionnés et obtenir ainsi le droit de reprendre son souffle quelques instants.

Milon de Crotone s’est particulièrement illustré dans cette discipline. Mais si d’aventure aucun des deux combattants n’arrive à gagner, la couronne est offerte aux dieux. Dans toute l’histoire des Jeux, il y aurait eu un seul mort : en 484 avant J.-C., un certain Télémaque tue involontairement son concurrent, sans avoir pour autant été disqualifié, ce point étant prévu dans la loi athénienne.

De nos jours, la lutte est toujours une discipline olympique. Elle se décline en plusieurs variétés, notamment la lutte libre utilisant les bras et les jambes et la lutte gréco-romaine n’utilisant que les bras et le haut du corps. Des épreuves de lutte féminine existent également. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, la lutte antique se rapproche davantage de la lutte libre que de la lutte gréco-romaine car les athlètes grecs utilisaient le haut et le bas du corps pour combattre.

Le pugilat (πυγμαχία / pugmachia ou combat avec les poings) est une sorte de boxe introduite lors de la XXIIIe olympiade en 688 avant J.-C. Les règles nous viennent d’Onomastos de Smyrne, le premier vainqueur de l’épreuve de pugilat. Selon Pausanias, cette épreuve, la plus dure des « sports lourds », serait venue de Sparte. Cependant, des fresques minoennes attestent de son existence dès la fin du IIIe millénaire.

L’origine mythique est attribuée à Apollon qui est devenu le dieu des pugilistes quand il a battu Arès dans un combat singulier de boxe. Du côté des sources littéraires, Homère nous rapporte une scène de pugilat lors des funérailles de Patrocle (Iliade,  XXIII, vv. 681 et svts) : Epeois affronte Euryalos et l’emporte sur lui. 

Les pugilistes se protègent les mains et les poignets avec des bandes de cuir appelées himantes. Ils portent aussi des protège-oreilles. Ils s’entraînent sur un « punching-ball » appelé κώρυκος / korykos, un sac rond rempli de sable ou de graines de figue ou de mil. Il n’existe pas de ring dans l’Antiquité mais une aire de combat leur est réservée.

Sur les représentations artistiques, la position de garde des pugilistes est bien spécifique : ils ont le corps droit, les bras haut, le coude au niveau des épaules et le bras gauche tendu vers l’avant. Ainsi ils peuvent parer les coups portés avant tout au visage. Au moment du combat, ils cherchent toujours à combattre dos au soleil pour éviter d’être éblouis. 

La fin du combat correspond au moment où l’un des deux adversaires est mis « KO » ou abandonne. Si d’aventure le combat s’éternise, une procédure spéciale est prévue : chaque concurrent frappe son adversaire au visage, sans esquive possible, jusqu’à ce que l’un des deux ne puisse plus résister.

Le pugilat est une épreuve violente qui allie maîtrise technique, courage et endurance. Il n’est donc pas surprenant que des décès aient été rapportés à plusieurs reprises. 

De nos jours, la boxe a différentes variantes selon que l’on utilise le haut et/ou le bas du corps : boxe anglaise, boxe française, full-contact, kick-boxing… Le pugilat s’apparente à la boxe anglaise qui ne sollicite que le haut du corps et qui est une discipline olympique.

Le pancrace (παγκράτιον / pankration) qui signifie étymologiquement la « force totale » est introduit dans les Jeux en 648 avant J.-C. Il s’agit d’un mélange de lutte et de pugilat, très apprécié dans l’Antiquité.  

L’origine mythologique du pancrace est attribuée à Thésée lors de son combat contre le Minotaure. 

Tous les coups, ou presque, sont permis, y compris ceux en dessous de la ceinture. Il est seulement interdit d’arracher les yeux de son adversaire ou de le mordre ! Il n’est pas rare de voir un athlète prendre en ciseau son adversaire au niveau de l’abdomen pour pouvoir l’étouffer avec ses mains ou lui déboîter les membres !

Comme les pugilistes, les pancratiastes se servent d’un  κώρυκος / korykos, mais celui-ci est plus lourd et plus grand car il doit permettre d’exercer le haut, le bas du corps et la tête.

De nos jours, le pancrace, dont l’équivalent moderne pourrait être le catch, n’est pas un sport olympique.

Le pentathlon, la gloire en cinq épreuves !

Le pentathlon, première épreuve composite, comporte, comme son nom l’indique, cinq compétitions : la course de stade, le lancer du disque, le lancer du javelot, le saut en longueur et la lutte. Il apparaît en 708 avant J.-C. Son caractère composite, nécessite l’alliance de qualités physiques diverses : force, rapidité et endurance. Il a lieu l’après-midi du deuxième jour des Jeux olympiques.

L’origine mythologique du pentathlon remonterait à l’expédition des Argonautes. Voici ce que nous révèle à ce sujet Philostrate dans De la gymnastique, 3 :

Ὁπότ´ οὖν ἠγωνίζοντο ἐν Λήμνῳ, φασὶν Ἰάσονα Πηλεῖ χαριζόμενον συνάψαι τὰ πέντε, καὶ Πηλέα τὴν νίκην οὕτω συλλέξασθαι, πολεμικώτατόν τε νομισθῆναι τῶν ἐφ´ ἑαυτοῦ, διά τε τὴν ἀρετὴν, ᾗ ἐχρῆτο ἐς τὰς μάχας, διά τε τὴν εἰς τὰ πέντε ἐπιτήδευσιν, οὕτω πολεμικὴν οὖσαν.

On raconte donc que, dans un concours à Lemnos, Jason, pour complaire à Pélée, réunit les cinq exercices (pentathle), que Pélée remporta la victoire dans le concours, et qu’on l’estimait le plus habile guerrier de tous ses contemporains, à cause de la valeur qu’il déployait dans les combats, et à cause de son aptitude au pentathle.

Pour être vainqueur, il faut être victorieux à au moins trois des cinq épreuves. Si l’ordre des épreuves reste flou, il semble pourtant le suivant : lancer du disque, saut en longueur, lancer du javelot, course de stade et lutte. Pour ce qui est du stadion et de la lutte, il s’agit des mêmes concours que ceux qui existent de manière indépendante.

Le lancer du disque (δίσκος / diskos) est une épreuve ancienne puisqu’il est déjà mentionné par Homère. Dans l’Iliade (XXIII, vv. 826-849), Polypoitès lance un disque lors des funérailles de Patrocle. Dans l’Odyssée (VIII, v. 186), c’est Ulysse lui-même qui s’illustre au lancer de disque chez les Phéaciens : 

Ἦ ῥα καὶ αὐτῷ φάρει ἀναΐξας λάβε δίσκον
μείζονα καὶ πάχετον, στιβαρώτερον οὐκ ὀλίγον περ
ἢ οἵῳ Φαίηκες ἐδίσκεον ἀλλήλοισι.
Τόν ῥα περιστρέψας ἧκε στιβαρῆς ἀπὸ χειρός,
βόμβησεν δὲ λίθος· κατὰ δ᾽ ἔπτηξαν ποτὶ γαίῃ
Φαίηκες δολιχήρετμοι, ναυσίκλυτοι ἄνδρες,
λᾶος ὑπὸ ῥιπῆς·

Ulysse, sans quitter son manteau, se lève et s'empare d'un disque plus grand, plus épais et plus pesant encore que ceux dont les Phéaciens s'étaient servis ; il le fait tourner avec rapidité et le lance d'une main vigoureuse. La pierre résonne aussitôt, et tout le peuple se penche vers la terre lorsqu'il aperçoit le disque passer au-dessus de lui : le disque vole au-delà de toutes les marques en s'échappant avec impétuosité de la main du héros.

Lors des Jeux olympiques, le disque est fait en bronze ou en fer. Il est plat mais légèrement plus épais au centre. Des disques de différentes tailles et poids existent mais lors d’un concours, c’est le même disque qui est utilisé par tous les athlètes. Ces derniers le lancent sans élan de la βαλϐίς / balbis (le même endroit que celui marquant le départ de la course de stade). Le point d’impact est ensuite marqué par un témoin en bois, le σημεῖον / semeion puis on calcule à l’aide d’une règle la distance qui le sépare de la balbis. Les discoboles disposent de cinq essais : la meilleure performance est retenue. 

D’après les représentations en sculpture et sur les vases, il semble que le discobole, dos à la balbis, écarte les jambes pour trouver son équilibre. Ensuite, il fait un mouvement de balancier avec le bras droit puis un mouvement de rotation du corps tout en fléchissant les genoux avant de lancer le disque de bas en haut. 

De nos jours, le lancer de disque est toujours une épreuve olympique. Chaque lanceur a droit à trois lancers et non plus à cinq. La technique a évolué et s’est précisée puisque les athlètes contemporains se placent dans une zone circulaire de 2,5 mètres de diamètre qu'ils ne doivent pas quitter avant que le disque ait touché le sol. Ils commencent à balancer les bras avant d’exécuter une volte c’est-à-dire une rotation d'un tour et demi. Enfin ils lancent le disque avec un angle d'envol précis, compris entre 25 et 40°.

Le saut en longueur (ἅλμα / halma) est une autre épreuve du pentathlon mentionnée par Homère dans l’Odyssée. Alcinoos (VIII, v. 100-103) l’évoque comme un exercice pratiqué par les Phéaciens. Dans l’Antiquité, le saut est rythmé par un joueur de flûte, ce qui l’aide à coordonner ses mouvements. L’athlète utilise des poids de plomb ou de pierre qui sont censés améliorer ses performances et rendre plus facile la réception. Le sauteur court jusqu’à une poutre en portant ses poids. Arrivé sur la poutre, il saute en amenant ses poids devant lui, ce qui le tire vers l’avant. Avant que ses pieds touchent le sol, il ramène ses poids en arrière et les lâche. Le point de chute est marqué par un σημεῖον / semeion : la distance entre la poutre et cette marque est ensuite calculée pour mesurer la performance de l’athlète. De nos jours, s’il n’y a plus de musique, le saut en longueur reste une discipline athlétique. Il se décline en d’autres épreuves de saut : saut en hauteur, saut à la perche, triple saut...

Le lancer du javelot (ἀκοντισμός / akontismos) trouve son origine dans la guerre et la chasse, deux activités ancestrales essentielles pour la société grecque et dont il serait un prolongement pacifique. Toutefois, le javelot utilisé lors des Jeux ne semble pas être le même que la lance du guerrier ou du chasseur. Il est en pin, en frêne ou en sureau. Il est fin et long de presque 1 mètre 90 et sa pointe est en bronze avec une forme pyramidale. À la différence de son équivalent moderne, il possède une lanière en cuir nouée autour de la hampe et dans laquelle le lanceur introduit deux doigts : le lancer s’en trouve plus puissant en lui conférant une rotation supplémentaire. L’athlète prend son élan tout en tenant le javelot horizontalement à hauteur de sa tête avec le bras fléchi puis le projette le plus loin possible. La longueur du jet est ensuite mesurée, de la même façon que pour le lancer de disque ou le saut en longueur. Le lancer de javelot est toujours une épreuve olympique mais a connu quelques évolutions : le javelot est désormais en métal, fibre de verre ou de carbone, les lanceurs ont droit à six essais et ils effectuent une course d’élan avant le lancer proprement dit.

Dans le programme des Jeux olympiques modernes, le pentathlon existe toujours mais diffère par les sports qui le composent : 200 mètres nage libre, escrime, équitation avec saut d’obstacles, course à pied et tir. Comme dans l’antiquité, du fait de la diversité des épreuves qui le compose, il requiert dans la part des athlètes une grande polyvalence. D’autres épreuves composites ont aussi fait leur apparition : l’heptathlon comportant sept épreuves et le décathlon composé de dix.

À cheval ! Les courses hippiques

Les courses de chevaux ont lieu sur l’hippodrome le matin du deuxième jour et elles relèvent d’une tradition qui remonte au moins à l’époque mycénienne. Néanmoins, elles ont quelque peu tardé à entrer dans le programme des Jeux olympiques, sans doute pour des raisons financières : un cheval coûte cher et pour être capable d’en posséder un et de l’entretenir, il faut appartenir à un milieu aisé.

L’épreuve reine, appelée τέθριππον / tethrippon, est la course des quadriges, chars tirés par quatre chevaux. Elle fait son apparition en 680 avant J.-C. La course consiste à faire six ou douze tours. Comme dans le cas de la course de stade, les chars tournent autour du καμπτήρ / kampter au moment d’effectuer leur demi-tour. Il s’agit du moment le plus dangereux et sensationnel de la course. Le char est une légère caisse en métal sur laquelle l’aurige se tient debout. Deux chevaux sont placés sous le joug et un cheval est placé de chaque côté d’eux. Tous les chevaux sont reliés par un trait au char. L’aurige est souvent un esclave ou un professionnel mais quasiment jamais le propriétaire du cheval. Il porte un long χιτών / chiton (une tunique) et tient des rênes dans ses mains.

Il y a aussi une course de chevaux montés, le κέλης / kelès introduite en 648 avant J.-C. Les « jockeys » sont des esclaves de petite taille qui montent sans selle ni étrier mais qui disposent de rênes et d’un fouet. Ils doivent parcourir environ six stades, soit 1200 mètres.

Enfin, il existe la course de char à deux chevaux, la συνωρίς / synoris. La première a lieu en 408 avant J.-C. La distance courue correspond à huit tours d’hippodrome, soit environ 9,5 kilomètres.

Quelle que soit la course de chevaux, les vainqueurs ne sont ni les jockeys, ni les auriges, mais les propriétaires des chevaux. C’est ainsi que Kyniska de Sparte, femme et propriétaire d’une écurie, a pu devenir championne olympique, malgré l’interdiction faite aux femmes de participer aux Jeux !

Les sports équestres ont toujours leur place dans les Jeux olympiques modernes mais ils ne se limitent plus à l’unique course de chevaux et diffèrent ainsi beaucoup de ce qui avait cours à Olympie. Les trois épreuves au programme mettent désormais l’accent sur le lien entre le cavalier et l’animal : le saut d’obstacles, le dressage et le concours complet, sorte de triathlon équestre regroupant le saut d’obstacles, le dressage et le cross country.

Ce qu’écrit Philostrate...

 

Ἔστι τοίνυν ἀγωνίας ξυμπάσης τὰ μὲν κοῦφα ταῦτα· στάδιον, δόλιχος, ὁπλῖται, δίαυλος, ἅλμα· τὰ βαρύτερα δὲ, παγκράτιον, πάλη, πύκται. Πένταθλος δὲ ἀμφοῖν συνηρμόσθη· παλαῖσαι μὲν γὰρ καὶ δισκεῦσαι βαρεῖς· τὸ δὲ ἀκοντίσαι καὶ πηδῆσαι καὶ δραμεῖν, κοῦφοί εἰσι

 

Parmi les diverses espèces de concours, les exercices légers sont la course simple dans le stade, la course longue (dolique), les exercices en armes, la course redoublée (diaule), le saut ; au nombre des exercices pesants on compte : le pancrace, la lutte, le pugilat. Le pentathle se compose d’exercices pesants et d’exercices légers : lutter et lancer le disque sont des exercices pesants ; lancer le javelot, sauter et courir sont des exercices légers. 

 

Philostrate, De la gymnastique, 3, traduit par Ch. Daremberg

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