V- Le Tartuffe ou L'Imposteur, Acte V Molière

Étude générale de l'Acte V

Structure

La construction de l’acte est extrêmement rigoureuse : d’abord deux personnages, puis la scène se remplit et surgissent pour des raisons plausibles Damis, puis madame Pernelle escortée de toute la famille, puis Monsieur Loyal, puis Valère, et enfin Tartuffe : tous les acteurs rassemblés ainsi à la fin de la pièce peuvent être applaudis !

Et chacune de ces entrées est vigoureuse : Orgon affolé d’abord, Damis dans la scène 2 qui surgit en coup de vent, dans la scène 3, madame Pernelle est pressante et tout étonnée ;

Trois sommets :

  • Orgon-madame Pernelle
  • Orgon-monsieur Loyal
  • Tartuffe et les autres

Le problème du dénouement

Le sujet du premier Tartuffe avait un dénouement qui ne pouvait pas être celui du Tartuffe de 1669. Au départ, un gros homme dévot profite de l’ascendant qu’il exerce sur un homme pour s’opposer au mariage de son fils et pour séduire sa femme. Mais grâce à l’habileté de cette femme, il est démasqué. Or le Tartuffe de 1669, un bandit sous l’aspect d’un faux dévot, s’oppose au mariage des deux enfants, fâche le fils avec le père, convoite la femme et se laisse promettre la fille puis se rend maître de tous les biens de son hôte  pour finir en prison : l’affaire est beaucoup plus sérieuse et ne peut se terminer par l’expulsion pure et simple de Tartuffe.

Le dénouement que nous lisons a pourtant été le sujet de trois objections :

  • L’acte V est sérieux, la tonalité n’est pas celle du comique ; nous sommes dans le drame bourgeois, c’est la réalité qui entre sur scène, et non plus l’univers de comédie recréé par la fiction..
  • Ce dénouement est factice. Dans la « réalité », Orgon aurait été emprisonné, et Tartuffe récompensé pour avoir servi le Roi
  • Enfin il est lié à un fait annexe, c’est le « coup de théâtre de la cassette, dont on apprend qu’elle est compromettante.

Pour cette dernière objection, malgré son caractère imprévu, la cassette s’inscrit dans l’agencement des thèmes de la pièce : Orgon fait deux cadeaux à Tartuffe, sa fille et sa fortune. Tartuffe tente de voler deux propriétés d’Orgon, Elmire et la cassette. À chaque fois Tartuffe renchérit sur le don d’Orgon, alors qu’Orgon lui a précisément confié sa femme et la cassette pour assurer sa tranquillité personnelle. Les deux objets représentent une même tentative d’affirmation de Tartuffe contre Orgon : il veut passer du don à la captation. On sait d’autre part depuis l’acte 1 (vers 181 : la Fronde) dans quel contexte politique se passe la pièce.

Pour la première objection, il est vrai que dans le fonds cet acte n’est pas du tout comique, la situation est gravissime. Cependant au sein de cet affolement général, les personnages restent semblables à eux-mêmes, aux masques qu’ils représentent : Orgon est toujours ridicule, même dans son malheur (V. 1605-6), passant d’un excès à l’autre, Cléante reste toujours le froid raisonneur qu’il était, ce qui se conçoit moins dans ces circonstances exceptionnelles, Damis dans la scène 2 il montre une fougueuse naïveté qui prête au rire «  il veut couper les oreilles à Tartuffe), et Madame Pernelle reproduit le même entêtement que son fils. Quant à Monsieur Loyal, il appartient à un type social bien défini : un parvenu (v.1737) normand, issu de la chicane, et fier de sa fonction, signe de sa réussite (1742), c’est le type de l’homme de loi, avec un langage aux tournures archaïques , un accent prononcé, et c’est aussi le type du dévot comme une duplication de Tartuffe, et capable aussi de monter une cabale (« dix de ses gens » peuvent lui prêter main forte pour faire sortir Orgon de chez lui).

Ce n’est pas pour autant que  la réalité rentre en scène : d’une part parce que dans la réalité malheureusement il y aurait eu un réel triomphe de Tartuffe (et d’ailleurs ce sont les motifs de la dénonciation  que Cléante reproche à Tartuffe (1887-96), non la dénonciation elle-même : la culpabilité d‘Orgon est incontestable. Et d’autre part parce que, comme dans toute vraie création, l’univers est loin d’être une reproduction de notre monde réel, mais il est avant tout destiné aux héros d’être précisément des héros de théâtre (donc d’une forme « possible » et non « véridique »). Il s’agit d’une interprétation non d’une copie de la réalité, du vraisemblable plus que du vrai ; Il s’agit « de dégager de al réalité le meilleur schéma possible, par une abstraction systématique, pour ensuite lui redonner un contenu concret ».

Ici, ce qui est important c’est de faire apparaître un ordre hiérarchisé, qui s’oppose au principe de désordre qu’est la corruption du chef, avec ce postulat de la comédie que le triomphe de l’ordre sur la corruption est nécessaire. Ce que Molière parvient à montrer, c’est que ce triomphe est possible, malgré l’incurable corruption. Les personnages ne sont pas sauvés, mais l’ordre est rétabli.

C’est ce qui permet de répondre à la seconde objection ; s’il est vrai que la réalité aurait été tout autre, c’est que précisément nous ne sommes pas dans la réalité, mais dans un univers fictif qui par ses lois propres se développe, et permet de passer de l’ordre dans la famille à la situation extérieure avec une alliance normale Tartuffe-Roi, parallèle à celle de Tartuffe-Orgon. Mais la morale n’est pas la même : dans l’ordre familial, le chef ne veut voir dans Tartuffe que son soutien. Dans l’ordre politique, le Prince, dépassant cet ordre, rétablit les valeurs de sincérité qui avaient disparu de l’univers familial. Grâce au Roi éclairé et juste (cf. les paroles de l’exempt) la Norme est réalisée et visible. Cependant le récit de Valère, comme le silence de l’exempt sont la cause d’un retard nécessaire qui fait comprendre ce qu’aurait pu être la réalité.

Donc le ton et le style de la pièce aurait manqué d’unité (de la comédie au drame bourgeois) si ce dénouement n’avait pas été celui-là. L’intervention du Roi élève donc le ton mais ne change pas la cohérence de la comédie ; c’est le poète qui élève au-dessus de l’anecdote l’histoire qu’il raconte, l’ouvre sur le « grandiose » : « Le Prince y apparaît digne du Poète, et le Poète est digne du Prince » (A. Adam) : Le Pouvoir comme  la Création ont la même capacité de sauver la cohérence d’un ordre naturel.

2. Acte V scène 7, vers 1861 - 1904

Situation très tendue qui menace de virer à la catastrophe, car Orgon comme le dit Valère est réellement coupable (« au mépris des devoirs d’un sujet »). Et au moment où Orgon va quitter la scène s’apprêtant à prendre la fuite, arrivent Tartuffe et l’exempt.

C’est une scène où tous les personnages se trouvent réunis, et il y a un nouveau coup de théâtre :  la logique propre à l’univers comique et axiologique de la pièce remet les choses à leur place : c’est une comédie, l’ordre est préservé, malgré des personnages qui ne changent pas.

Cette scène est sur la parole de l’exempt : il se tait d’abord puis il prononce une longue tirade. Nous étudierons la première partie de la scène (jusqu’au vers 1904 où l’exempt prend la parole)

Composition

Nous sommes donc dans une scène qui frise le drame bourgeois. Et l’unité de ton menace  de disparaître même si dans le schéma d’ensemble nous assistons au triomphe. Il s’agira donc de jouer ce drame en continuant à faire rire, si l’on tient à cette unité de ton, mais ce sera à l’encontre de la tension dramatique, ou au contraire il faudra jouer en renforçant tous les jeux pour montrer que la gravité est jouée, ce qui créera une distance qui empêche qu’on y croie. Mais le silence de l’exempt le transforme en spectateur, ce qui produit une scène en abîme sur laquelle on reviendra.

Deux parties : du début au vers 1896 : l’arrestation d’Orgon et les objections des personnages, puis la seconde partie avec l’intervention de l’exempt.

Le jeu consiste à faire parler tous les personnages chacun à son tour, comme une pirouette finale avant que le rideau ne tombe. Donc Tartuffe va avoir à répondre à chacun d’eux séparément en essayant de garder un masque non plus seulement du dévot mais de l’homme dévoué à son prince. Mais il faut bien voir que cette scène est conçue comme un salut final qui ne peut se faire que parce que l’exempt garde le silence. Et si c’est Tartuffe qui ouvre la scène et arrête Orgon, c’est qu’il a mandat, pense-t-il pour le faire — cf. Valère en 1843 « Et lui-même est chargé pour mieux l’exécuter/D’accompagner celui qui doit vous arrêter ». Ainsi pour Tartuffe l’exempt est celui qui doit arrêter Orgon.

L’arrestation

« Tout beau, Monsieur » : noter le « monsieur », loin de « mon cher frère » du début ; la piété et la charité sont laissées de côté. Tartuffe a mis bas le masque de la dévotion et il parle au nom de l’Ordre. « Ne courez point si vite…Vous n’irez pas fort loin pour trouver votre gîte » Une sorte d’humour noir de la part de Tartuffe : vous n’avez pas à fuir très loin, parce que c’est la prison qui vous attend. On peut imaginer Tartuffe (avec l’exempt) lui barrer la sortie de la scène. C’est le triomphe de Tartuffe, cf. le redoublement du « Tout beau ». On voit sa veulerie quand il dit : « De la part du Prince on vous fait prisonnier ». Tartuffe invoque toujours une autorité supérieure, le Ciel, le Prince, pour faire triompher ses propres intérêts (cf. aussi le « on » assez savoureux !).

Orgon prend la parole :    

Traître, tu me gardais ce trait pour le dernier ;
C'est le coup, scélérat, par où tu m'expédies,
Et voilà couronner toutes tes perfidies.

et il exprime son mépris et sa colère — cf. les mots de traître, scélérat, coup, perfidie ; ce sont des mots très forts, et le tutoiement aussi. Orgon voit enfin Tartuffe comme il est vu par tous. Mais l’accumulation est signe de sa tendance à se tenir toujours dans un jugement sans nuances. Il en rajoute en paroles par rapport à ce qu’i voit (pour la dévotion comme pour la scélératesse). Le rythme montre son indignation : la césure dans ces vers est moins importante que les coupes : le premier vers est coupé 2/10 (avec une coupe lyrique après le « e » muet de « Traître » (c’est-à-dire qu’on s’arrête après ce « e »), ensuite dans le second vers, la coupe est 3/3/ 6. Remarquer aussi le redoublement « traître / trait » dans le même vers, le verbe « expédier » qui veut dire « me dépouiller de tout » et la forme elliptique avec « Et voilà + infinitif » (Orgon ne peut plus faire de phrases) (= voilà qu’il couronne toutes tes perfidies).

La réponse de Tartuffe est drôle en réalité, car s’il avait abandonné le masque de dévot pour celui de serviteur du Prince, il est obligé de fouiller dans ses accessoires de dévotion pour trouver un semblant de réponse. Donc après s’être caché derrière le Prince, il va s’abriter derrière le Ciel. Noter le vouvoiement par rapport au « tu » d’Orgon, Tartuffe prend le masque de celui qui supporte l’offense afin de mieux gagner le paradis (+ le mot « injures » qui sous-entend qu’Orgon a tort). Le « Pour le ciel » placé à la césure et avant le verbe souffrir dont il dépend est habilement mis en valeur aussi.  Donc ce passage du ton triomphant au ton patenôtre fait rire.

Cléante :  « La modération est grande, je l’avoue… » Il prononce ce vers de façon humoristique, constatant le changement de ton et commentant le masque remis devant  Orgon : « j’avoue que vous vous retenez beaucoup »( = que vous mentez beaucoup). Cléante continue à parler comme un homme du monde.

Damis, lui, interprète le comportement de Tartuffe avec plus d’emportement, conformément à son caractère : « Comme du Ciel l’infâme impudemment se joue ! » Le tour exclamatif, les mots très forts (l’infâme, impudemment, se jouer du Ciel), l’antéposition  du complément de « se joue » en début de vers, la place du mot « infâme » à côté de « Ciel », tout montre non seulement l’indignation mais le tempérament de Damis. Noter que ni Cléante ni Damis ne s’adressent à Tartuffe. Ils commentent le rôle. Là encore, ils se constituent en spectateurs, sauf qu’ici, c’est pour voir comme Tartuffe joue mal, parce qu’il est dans un rôle qui ne correspond plus à sa situation.

Tartuffe entend ces remarques et s’adresse à Damis qu’il hait, et dont il relève les « emportements » C’est vrai que c’est la caractéristique de Damis, cf. le « vos » emportements = vos emportements habituels, et il revient à l’idée du service du Prince : « Et je n’y songe à rien qu’à faire mon devoir » (noter la formule « rien que » censée montrer l’entier dévouement de Tartuffe à son Prince).

Mariane, comme à son habitude parle de façon plus douce, mais ironique (elle prend toujours la vérité de biais, par timidité) : « vous avez grande gloire… un emploi fort honnête », les intensifs (grande, fort) montrent l’ironie, et le terme d’Emploi souligne le caractère artificiel du rôle choisi.

Tartuffe réplique sur les mots de Mariane, en continuant à jouer le service du Prince et de se défausser  sur le Prince « Un emploi ne saurait être que glorieux/Quand il part du pouvoir qui m’envoie en ces lieux… ». Ainsi, alors qu’il est l’artisan de la ruine d’Orgon, il se déclare simple instrument entre les mains du Prince : le faux dévot est de toute façon un hypocrite.

Les accusations

Orgon et Cléante vont alors chacun selon son tempérament lui montrer qu’ils ne sont pas dupes en lui citant des faits qui dévoilent sa scélératesse loin de l’honnêteté qu’il prétend incarner en « faisant son devoir ».

Sur le même ton indigné, Orgon l’accuse d’ingratitude :

Mais t’es-tu souvenu que ma main charitable
Ingrat, t’a retiré d’un état misérable ?

Il évoque sa « charité » grande vertu chrétienne, qu’il oppose à l’ingratitude et à l’absence de pitié d’un homme qui s’était pourtant déclaré si pieux. Et quand il fait état de « l’état misérable » où était Tartuffe, il oublie tout ce qu’il avait dit de son origine, et il le voit enfin tel qu’il est. Remarquer la rime qui oppose l’attitude de l’un et de l’autre : charitable / misérable, et le terme d’ingrat qui, comme le « traître » au-dessus sonne d’autant mieux qu’il est en début de vers. Voilà un schéma commun à la farce et à la tragédie, le bienfaiteur dupé : Il somme par cette interrogation Tartuffe à répondre. Il ne supporte plus que Tartuffe garde le masque (parce qu’il avait lui-même contribué à sa création)

Tartuffe lui répond, un seul vers, qui a l’allure d’une concession (« Oui je sais quel secours…) mais sur laquelle il passe vite, et embraye sur cinq (!) vers pour justifier sa « trahison ». Il reprend toujours le même argument : « Mais l’intérêt du Prince est mon premier devoir » (argument renforcé par les assonances : Prince / Premier), et le vers d’après enchaîne sur le mot « devoir » : « Ce devoir sacré… ». Et il bâtit un véritable syllogisme : Vous me dites que je suis ingrat / Or l’intérêt du Prince est un devoir sacré / Donc je le fais passer avant toute reconnaissance. En gros, il se sacrifie : sa reconnaissance est « étouffée » par le respect de ce devoir ; il sacrifie tout pour ce devoir ! (la seule erreur du syllogisme, ce n’est pas l’intérêt du Prince, mais le sien propre). Ce « catéchisme » qu’il a l’air de réciter ensuite « Et je sacrifierais… / amis, femmes parents et moi-même avec eux » rappelle  le mot d’Orgon qui pour obtenir le Ciel était prêt à tout sacrifier (vers 278 sq. « Et je verrai mourir frère, etc. ») C’est la leçon de Tartuffe qu’Orgon récitait, sauf que dans le cas d’Orgon il s’agissait du Ciel, et ici du Prince. Noter la fin « et moi-même avec eux » ce qui est le comble pour un Tartuffe !

Elmire prend alors la parole pour dire à juste titre « l’imposteur » ce qui est juste (c’est le sous-titre de la pièce) parce que le mot implique qui joue le rôle de quelqu’un d’autre.

Dorine réagit quant à elle avec les mots concrets qu’elle emploie toujours ; il faut opposer « imposteur » à l’expression « se faire un beau manteau », qui caractérise bien le comportement de Tartuffe : les valeurs révérées sont un beau manteau qui cachent ce que l’on est vraiment, ici, il s’agit de la tenue de l’honnête homme.

Cléante le raisonneur va vouloir lui montrer les contradictions de son comportement (« Admettons que… alors, pourquoi ?) Deux vers qui formulent l’hypothèse d’une conduite dévouée au Prince : « si l’on admet ce zèle dont vous vous parez » (cf. le manteau de Dorine, ce zèle n’est qu’un manteau), pourquoi ne l’avez-vous pas montré plus tôt, mais pourquoi avoir attendu qu’on vous surprenne avec Elmire, qu’on vous chasse… etc. ». Cléante marque précisément la contradiction entre cette pétition de principe : devoir sacré envers le Prince, qui n’aurait pas dû attendre, et le moment précisément choisi pour aller dénoncer Orgon. Noter le « attendre que » repris par le « ne songez… ». La conclusion du raisonnement s’impose : ce n’est pas pour le prince, mais pour vous sauver vous-même que vous avez agi.

Enfin les quatre derniers vers sont sous forme de prétérition une nouvelle accusation : il vous avait fait don de son bien (ce qui aurait dû  suffire à vous empêcher de l’accuser ), pourquoi, dans ces conditions, si vous deviez le traiter en coupable, avoir pris quelque chose de lui ? Là encore, Cléante fait éclater les contradictions de Tartuffe.

Tartuffe n’a rien à répondre. L’hypocrite a définitivement renoncé à son rôle. Le spectacle et terminé. Et de fait, l’exempt, dont la présence a posteriori en fait un spectateur assistant à une comédie, n’a plus qu’à l’arrêter. Noter le terme de « criailleries » qui réduit ces accusations à de simples jérémiades.

L’exempt prend la parole en enchaînant sur le vers de Tartuffe (Daignez accomplir votre ordre / Oui… à l’accomplir…). Et c’est le retournement final, cette prison où Tartuffe voulait conduire Orgon, c’est lui qui va y être conduit (« prison… pour demeure » reprend le vers de Tartuffe à Orgon (« vous n’irez pas si loin pour trouver votre gîte »). L’univers de la comédie, où tout est réversible a repris ses droits. Le dupeur est dupé et son triomphe est suivi de sa chute.

On conçoit alors l’étonnement de Tartuffe (Qui ? Moi ?) L’exempt ne veut même pas lui répondre. Tartuffe est définitivement hors-jeu. Le parasite est renvoyé, comme le comédien d’un lieu où toute comédie précisément doit être exclue. C’est le triomphe de l’être sur l’apparence dans une comédie qui a montré qu’il s’en fallait de peu pour que l’apparence l’emporte sur l’être.

Conclusion

Une scène où Molière fait durer la « représentation » à cause du silence de l’exempt, qui permet l’ultime spectacle de la comédie de Tartuffe, avant sa mise hors-jeu définitive. Le drame bourgeois a pris un certain temps la place de la comédie, bien que Tartuffe n’ait pas consenti à quitter son masque d’hypocrite. Et c’est cette distorsion, d’un bandit qui prétend agir pour la cause commune du Prince et du Ciel, qui, au sein du drame, fait rire les spectateurs parce que précisément dans cette scène, Tartuffe doit être maladroit (l’acteur doit jouer l’hypocrite avec maladresse). Sinon, la comédie virerait au mélodrame, et le spectateur serait aussi indigné que les personnages, alors qu’il doit garder le sourire.

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