Les révolutions oligarchiques et multiplication des tensions politiques à Athènes sous la domination lacédémonienne

Notes

  1. Isocrate, Panégyrique, 113, trad. G. Mathieu, É. Brémond.
  2. Beaucoup d’Athéniens avaient dû en effet, devant les exactions des Trente, se réfugier à Thèbes, à Mégare ou à Chalcis.
  3. En effet, après la victoire d’Aigos-Potamos, Lysandre, qui croisait au large des côtes d’Asie mineure, avait détaché une partie de sa flotte vers Samos qui résistait encore. Il vient ensuite mouiller devant le Pirée.
  4. Dracontidès, citoyen d’Athènes, fut lui-même un des membres du conseil dont il avait donné le projet, car il était du nombre des trente tyrans.
  5. Voir Diodore, XIV, 3, 4-7.
  6. Xénophon, Helléniques, II, 4, 29.
  7. Celui de l’amnistie générale à l’exception des trente. Voir supra Aristote, Constitution d’Athènes, XXXIX.
  8. Voir O. Battistini, Platon, République, livre I, F. Nathan, 1992.
  9. Socrate coupable d’impiété envers les dieux (asébéia) ? Voir Xénophon, Mémorables, I, 1 et Apologie de Socrate, 10-11 ; Platon, Apologie de Socrate, 26 b- 27 e.
  10. Lysias, Contre Ératosthène, 89. C’est sans doute la raison pour laquelle il a pu rester à Athènes après la chute des Trente.
  11. Les oligarques.
  12. Les démocrates.
  13. La garnison spartiate installée en sentinelles sur l’Acropole.

[23] μετὰ δὲ ταῦτα Λύσανδρός τε κατέπλει εἰς τὸν Πειραιᾶ καὶ οἱ φυγάδες κατῇσαν καὶ τὰ τείχη κατέσκαπτον ὑπ᾽ αὐλητρίδων πολλῇ προθυμίᾳ, νομίζοντες ἐκείνην τὴν ἡμέραν τῇ Ἑλλάδι ἄρχειν τῆς ἐλευθερίας.

 

[23] Alors Lysandre aborde au Pirée ; les exilés rentrent, les murs sont abattus au son des flûtes avec une grande ardeur, et l’on regarde ce jour pour la Grèce comme l’avènement de la liberté.

 

Xénophon, Helléniques, II, 23, trad. Eugène Talbot, 1859.

413-403 — Les révolutions oligarchiques à Athènes encouragées par la politique lacédémonienne

 

Le régime des Quatre-Cents issu de la guerre du Péloponnèse

 

Les revers de la fin de la guerre du Péloponnèse eurent des conséquences sur la politique inté­rieure athénienne : entre 413 et 403 le parti oligarchique s’empare deux fois du pouvoir. Le premier mou­vement révolutionnaire a été causé par le désastre de l’expédition de Sicile. Les oligarques s’établirent alors par surprise. Mais la flotte stationnée à Samos se déclara contre eux et ils se divisèrent quant à l’attitude à adopter à l’égard des Lacédémoniens. Ainsi Antiphon, Phrynichos, Pisandre et Callaischros voulaient maintenir le régime même au prix d’une alliance avec Sparte. D’autres, au contraire, comme Théramène et Aristocratès, secrètement soutenus par Alcibiade qui préparaient son retour, s’opposaient à toute interven­tion étrangère. Les Quatre-Cents furent renversés. Leur domination avait duré de mai à septembre 411.

Le régime des Trente et l’abolition de la démocratie à Athènes : un régime contesté

 

Le parti oligarchique se trouve, maintenant, en 404, renforcé par la victoire des Lacédémoniens. Les bannis ren­trés à la faveur du traité étaient, pour la plupart, des anciens membres du gouvernement des Quatre-Cents. Les hétai­ries se reforment avec à leur tête cinq éphores, parmi lesquels on compte Critias et Ératosthène. Le régime démocra­tique est aboli. Dracontidès propose une nouvelle constitution : le pou­voir passe aux mains de trente citoyens. Le conseil des Cinq-Cents est réorganisé à leur profit, onze hommes sont placés pour s’occuper des affaires de police avec à leur tête Satyros. Un conseil de dix membres est chargé d’administrer le Pirée. Mais bien vite les modérés conduits par Théramène s’opposent aux extrémistes menés par Critias. Ce dernier, revendiquant pour les Trente la possibilité de prononcer une sentence sans l’approbation du Conseil, condamne Théramène à mort. De pareilles vio­lences – les Trente « en trois mois ont tué sans jugement plus de personnes que notre ville n’en a jugé pendant toute sa domination1 – ne peu­vent manquer de provoquer des réactions. À Sparte même la politique brutale de Lysandre dont l’ambition personnelle est de plus en plus évidente et qui installe des oligarques extré­mistes, connaît une vive oppo­sition. Pourtant la politique de celui que Plutarque appelle le « stratège des Grecs » est en accord avec la lo­gique impérialiste lacédémonienne. Mais, son pouvoir, par le biais des hé­tairies qu’il a mises en place, le rend de plus en plus indépendant de Sparte. Ses adversaires, à partir de la fin 404, vont s’attacher à limiter ses moyens d’ac­tion. On comprend alors que le coup de main de Thrasybule, à la tête d’une troupe d’exilés ras­semblés à Thèbes, soit un succès.

[70] οὕτως δὲ ἐνετεθύμητο ὡς χρὴ μικρὰν καὶ ἀσθενῆ γενέσθαι τὴν πόλιν, ὥστε περὶ ὧν οὐδεὶς πώποτε οὔτε τῶν πολεμίων ἐμνήσθη οὔτε τῶν πολιτῶν ἤλπισε, ταῦθ᾽ ὑμᾶς ἔπεισε πρᾶξαι, οὐχ ὑπὸ Λακεδαιμονίων ἀναγκαζόμενος, ἀλλ᾽ αὐτὸς ἐκείνοις ἐπαγγελλόμενος, τοῦ τε Πειραιῶς τὰ τείχη περιελεῖν καὶ τὴν ὑπάρχουσαν πολιτείαν καταλῦσαι, εὖ εἰδὼς ὅτι, εἰ μὴ πασῶν τῶν ἐλπίδων ἀποστερηθήσεσθε, ταχεῖαν παρ᾽ αὐτοῦ τὴν τιμωρίαν κομιεῖσθε. [71] καὶ τὸ τελευταῖον, ὦ ἄνδρες δικασταί, οὐ πρότερον εἴασε τὴν ἐκκλησίαν γενέσθαι, ἕως ὁ λεγόμενος ὑπ᾽ ἐκείνων καιρὸς ἐπιμελῶς ὑπ᾽ αὐτοῦ ἐτηρήθη, καὶ μετεπέμψατο μὲν τὰς μετὰ Λυσάνδρου ναῦς ἐκ Σάμου, ἐπεδήμησε δὲ τὸ τῶν πολεμίων στρατόπεδον. [72] τότε δὲ τούτων ὑπαρχόντων, καὶ παρόντος Λυσάνδρου καὶ Φιλοχάρους καὶ Μιλτιάδου, περὶ τῆς πολιτείας τὴν ἐκκλησίαν ἐποίουν, ἵνα μήτε ῥήτωρ αὐτοῖς μηδεὶς ἐναντιοῖτο μηδὲ διαπειλοῖτο ὑμεῖς τε μὴ τὰ τῆ πόλει συμφέροντα ἕλοισθε, ἀλλὰ τἀκείνοις δοκοῦντα ψηφίσαισθε. [73] ἀναστὰς δὲ Θηραμένης ἐκέλευσεν ὑμᾶς τριάκοντα ἀνδράσιν ἐπιτρέψαι τὴν πόλιν καὶ τῇ πολιτεία χρῆσθαι ἣν Δρακοντίδης ἀπέφαινεν. ὑμεῖς δ᾽ ὅμως καὶ οὕτω διακείμενοι ἐθορυβεῖτε ὡς οὐ ποιήσοντες ταῦτα : ἐγιγνώσκετε γὰρ ὅτι περὶ δουλείας καὶ ἐλευθερίας ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρα ἠκκλησιάζετε. [74] θηραμένης δέ, ὦ ἄνδρες δικασταί,(καὶ τούτων ὑμᾶς αὐτοὺς μαρτυρας παρέξομαι)εἶπεν ὅτι οὐδὲν αὐτῷ μέλοι τοῦ ὑμετέρου θορύβου, ἐπειδὴ πολλοὺς μὲν Ἀθηναίων εἰδείη τοὺς τὰ ὅμοια πράττοντας αὑτῷ, δοκοῦντα δὲ Λυσάνδρῳ καὶ Λακεδαιμονίοις λέγοι. μετ᾽ ἐκεῖνον δὲ Λύσανδρος ἀναστὰς ἄλλα τε πολλὰ εἶπε καὶ ὅτι παρασπόνδους ὑμᾶς ἔχοι, καὶ ὅτι οὐ περὶ πολιτείας ὑμῖν ἔσται ἀλλὰ περὶ σωτηρίας, εἰ μὴ ποιήσεθ᾽ ἃ Θηραμένης κελεύει. [75] τῶν δ᾽ ἐν τῇ ἐκκλησία ὅσοι ἄνδρες ἀγαθοὶ ἦσαν, γνόντες τὴν παρασκευὴν καὶ τὴν ἀνάγκην, οἱ μὲν αὐτοῦ μένοντες ἡσυχίαν ἦγον, οἱ δὲ ᾤχοντο ἀπιόντες, τοῦτο γοῦν σφίσιν αὐτοῖς συνειδότες, ὅτι οὐδὲν κακὸν τῇ πόλει ἐψηφίσαντο : ὀλίγοι δέ τινες καὶ πονηροὶ καὶ κακῶς βουλευόμενοι τὰ προσταχθέντα ἐχειροτόνησαν. [76] παρήγγελτο γὰρ αὐτοῖς δέκα μὲν οὓς Θηραμένης ἀπέδειξε χειροτονῆσαι, δέκα δὲ οὓς οἱ καθεστηκότες ἔφοροι κελεύοιεν, δέκα δ᾽ ἐκ τῶν παρόντων : οὕτω γὰρ τὴν ὑμετέραν ἀσθένειαν ἑώρων καὶ τὴν αὑτῶν δύναμιν ἠπίσταντο, ὥστε πρότερον ᾔδεσαν τὰ μέλλοντα ἐν τῇ ἐκκλησία πραχθήσεσθαι.

[70] Loin de remplir ses engagements, déterminé à détruire la gloire et la puissance d’Athènes, ce traître [Théramène] vous fit prendre un parti qu’aucun des ennemis n’eût osé espérer, que n’attendait aucun des citoyens, sans être forcé par Lacédémone, et uniquement parce qu’il lui avait promis ce service. Il fit renverser les murs du Pirée, et détruire l’autorité du peuple, trop assuré que, s’il ne parvenait à vous ôter tout espoir, vous ne tarderiez pas à le punir. [71] En dernier lieu, il empêcha qu’on ne tînt avant le temps qu’il avait prescrit, l’assemblée dont ses intrigues ménagèrent le délai jusqu’au moment où il eut fait venir de Samos3 Lysandre avec des vaisseaux, et où l’armée ennemie fut entrée sur nos terres. [72] Lors donc que les choses furent ainsi disposées, on convoque une assemblée en présence de Lysandre, de Philocharès et de Miltiade, pour délibérer sur le gouvernement. On voulait fermer la bouche à vos orateurs, et vous contraindre de délibérer non pour l’avantage de l’état, mais pour la satisfaction de vos ennemis. [73] Théramène alors se lève, il vous conseille d’abandonner la république à trente hommes, et de prendre la forme d’administration que prescrivait Dracontidès4. Malgré le triste état où vous étiez réduits, vous vous récriâtes en tumulte, et vous vous opposâtes avec la plus grande force à ce qu’on demandait de vous ; car vous étiez convaincus qu’il s’agissait en ce jour pour les Athéniens d’être ou libres ou esclaves. [74] C’est à votre témoignage que j’en appelle de la vérité de ces faits ; vous entendîtes alors Théramène s’expliquer clairement, et dire qu’il s’embarrassait peu de vos oppositions, qu’un grand nombre dans la ville étaient de sou avis, qu’il parlait d’après le sentiment de Lysandre et des Lacédémoniens. Lysandre se lève après lui, et entre autres traits d’arrogance, il vous reproche d’être infracteurs des traités ; il ajoute que, si vous refusiez de suivre les conseils de Théramène, il ne serait plus question du gouvernement, mais du salut de votre ville. [75] Tous les bons patriotes présents à l’assemblée, s’aperçurent de la manœuvre et de la violence, les uns restèrent et gardèrent le silence ; les autres se retirèrent, pouvant du moins se rendre le témoignage qu’ils n’avaient pas voté pour la ruine de la république. Quelques-uns, mais en petit nombre, citoyens lâches et pervers, décides d’avance pour le mauvais parti, donnèrent leurs suffrages conformément aux vues de Lacédémone. [76] Il leur était prescrit de nommer dix hommes que désignait Théramène, dix qui seraient marqués par les inspecteurs qu’on venait d’établir, et dix parmi ceux qui étaient présents. Trop convaincus de votre faiblesse et de leur puissance, vos ennemis, avant la tenue de l’assemblée, en avaient arrêté les résolutions. 

Lysias, Contre Ératosthène, XII, 70-76, trad. abbé Auger

La leçon d’Aristote, si l’on reprend la chronologie des événements, est différente. Il en ressort que la nouvelle constitution fut bien votée sous la pres­sion des Lacédémoniens. Mais il apparaît que le rôle de Théramène est diffé­rent de celui que lui attribue Lysias. Il fut, cependant, par la suite membre des Trente. Il est intéressant de suivre par la suite la contre-révolution menée par Thrasybule et comment les idées d’apaisement l’emportèrent en 401-400.

[34] Τούτους μὲν οὖν ἀφείλετο τὴν πολιτείαν ὁ δῆμος διὰ τάχους. ἔτει δ´ ἕκτῳ μετὰ τὴν τῶν τετρακοσίων κατάλυσιν, ἐπὶ Καλλίου τοῦ Ἀγγελῆθεν ἄρχοντος, γενομένης τῆς ἐν Ἀργινούσσαις ναυμαχίας, πρῶτον μὲν τοὺς δέκα στρατηγοὺς τοὺς τῇ ναυμαχίᾳ νικῶντας συνέβη κριθῆναι μιᾷ χειροτονίᾳ πάντας, τοὺς μὲν οὐδὲ συνναυμαχήσαντας, τοὺς δ´ ἐπ´ ἀλλοτρίας νεὼς σωθέντας, ἐξαπατηθέντος τοῦ δήμου διὰ τοὺς παροργίσαντας· ἔπειτα βουλομένων Λακεδαιμονίων ἐκ Δεκελείας ἀπιέναι καὶ ἐφ´ οἷς ἔχουσιν ἑκάτεροι εἰρήνην ἄγειν, ἔνιοι μὲν ἐσπούδαζον, τὸ δὲ πλῆθος οὐχ ὑπήκουσεν ἐξαπατηθέντες ὑπὸ Κλεοφῶντος, ὃς ἐκώλυσε γενέσθαι τὴν εἰρήνην, ἐλθὼν εἰς τὴν ἐκκλησίαν μεθύων καὶ θώρακα ἐνδεδυκώς, οὐ φάσκων ἐπιτρέψειν ἐὰν μὴ πάσας ἀφῶσι Λακεδαιμόνιοι τὰς πόλεις. οὐ χρησάμενοι δὲ καλῶς τότε τοῖς πράγμασι, μετ´ οὐ πολὺν χρόνον ἔγνωσαν τὴν ἁμαρτίαν. τῷ γὰρ ὕστερον ἔτει, ἐπ´ Ἀλεξίου ἄρχοντος, ἠτύχησαν τὴν ἐν Αἰγὸς ποταμοῖς ναυμαχίαν, ἐξ ἧς συνέβη κύριον γενόμενον τῆς πόλεως Λύσανδρον καταστῆσαι τοὺς τριάκοντα τρόπῳ τοιῷδε. τῆς εἰρήνης γενομένης αὐτοῖς ἐφ´ ᾧ τε πολιτεύσονται τὴν πάτριον πολιτείαν, οἱ μὲν δημοτικοὶ διασῴζειν ἐπειρῶντο τὸν δῆμον, τῶν δὲ γνωρίμων οἱ μὲν ἐν ταῖς ἑταιρείαις ὄντες, καὶ τῶν φυγάδων οἱ μετὰ τὴν εἰρήνην κατελθόντες ὀλιγαρχίας ἐπεθύμουν, οἱ δ´ ἐν ἑταιρείᾳ μὲν οὐδεμιᾷ συγκαθεστῶτες, ἄλλως δὲ δοκοῦντες οὐδενὸς ἐπιλείπεσθαι τῶν πολιτῶν, τὴν πάτριον πολιτείαν ἐζήτουν· ὧν ἦν μὲν καὶ Ἀρχῖνος καὶ Ἄνυτος καὶ Κλειτοφῶν καὶ Φορμίσιος καὶ ἕτεροι πολλοί, προειστήκει δὲ μάλιστα Θηραμένης. Λυσάνδρου δὲ προσθεμένου τοῖς ὀλιγαρχικοῖς, καταπλαγεὶς ὁ δῆμος ἠναγκάσθη χειροτονεῖν τὴν ὀλιγαρχίαν. ἔγραψε δὲ τὸ ψήφισμα Δρακοντίδης Ἀφιδναῖος.

[34] Le peuple leur enleva bien vite le pouvoir. Six ans après le renversement des Quatre Cents, sous l’archontat de Callias [406 a. C. n.] d’Anghélé, trompé par ses conseillers qui l’égarèrent, il commit la faute, après la bataille des Arginuses, de condamner par un seul vote les dix stratèges vainqueurs : il en était dans le nombre qui n’avaient pas même pris part à la bataille, et d’autres avaient dû se sauver sur des épaves de vaisseaux ennemis. Quand, à la suite de cette défaite, Sparte voulut évacuer Décélie et proposa la paix à condition que chaque puissance garderait ses positions, quelques citoyens s’entremirent avec ardeur, mais la multitude n’en voulut pas entendre parler. Elle se laissa tromper par Cléophon, le véritable auteur du rejet de la paix : il parut à l’assemblée, ivre, affublé d’une cuirasse, et déclara qu’il ne consentirait point à la paix avant que les Lacédémoniens eussent rendu toutes les villes. Ils n’avaient point su profiter de l’occasion, et bientôt reconnurent leur faute. L’année d’après, sous l’archontat d’Alexias, [405 a. C. n.] ils essuyèrent le désastre d’Aegos-Potamos, à la suite duquel Lysandre, devenu maître d’Athènes, établit le gouvernement des Trente de la façon suivante. La paix avait été conclue à la condition que les Athéniens garderaient les institutions politiques de leurs pères. Les partisans de la démocratie cherchaient à sauver le régime démocratique : parmi les aristocrates, ceux qui s’étaient organisés en associations, avec ceux des exilés que la paix avait ramenés à Athènes, désiraient l’oligarchie ; les autres, - ceux qui, sans faire partie d’aucune association, ne s’estimaient inférieurs à aucun citoyen, - s’attachaient à la constitution de leurs pères. Parmi ces derniers étaient Archinos, Anytos, Cleitophon, Phormisios, et beaucoup d’autres : leur principal chef était Théramène. Mais Lysandre appuya les oligarques, et le peuple, effrayé fut contraint de voter le régime oligarchique. L’auteur du décret fut Dracontidès d’Aphidna.

Aristote, Constitution d’Athènes, XXXIV, trad. Barthélémy Saint-Hilaire, Paris, A. Durand, 1862

 

Une domination lacédémonienne autoritaire et militaire

 

La garnison lacédémonienne établie par Lysandre5 à la demande de Critias et de ses amis permet à ces derniers d’im­poser leur domination et leur politique par la violence.

[35] […] ἐπεὶ δὲ τὴν πόλιν ἐγκρατέστερον ἔσχον, οὐδενὸς ἀπείχοντο τῶν πολιτῶν, ἀλλ´ ἀπέκτειναν τοὺς καὶ ταῖς οὐσίαις καὶ τῷ γένει καὶ τοῖς ἀξιώμασιν προέχοντας, ὑπεξαιρούμενοί τε τὸν φόβον καὶ βουλόμενοι τὰς οὐσίας διαρπάζειν. καὶ χρόνου διαπεσόντος βραχέος, οὐκ ἐλάττους ἀνῃρήκεσαν ἢ χιλίους πεντακοσίους.

[35] […] Mais quand ils sentirent leur pouvoir plus assuré dans la ville, ils n’eurent d’égard pour aucun citoyen et massacrèrent tous ceux que leur fortune, leur naissance ou leurs titres mettaient en évidence, autant pour s’enlever tout sujet de crainte que pour mettre la main sur leurs biens. On compte qu’en peu de temps ils n’exécutèrent pas moins de quinze cents personnes.

Aristote, Constitution d’Athènes, XXXV, trad. J. Barthélémy Saint-Hilaire, Paris, A. Durand, 186

 

Le retour de la démocratie et l’épineuse question de l’amnistie

 

Même si, en 403, Lysandre est nommé harmoste à Athènes où il tente de combattre les démocrates qui viennent de chasser les Trente, le roi Pausanias est envoyé à Athènes : « […] Lysandre pourrait, s’il réussissait dans cette en­treprise, y acquérir de la gloire et faire d’Athènes sa chose »6. L’intervention ha­bile du roi spartiate Pausanias, qui prend le contre-pied de la politique de Lysandre, est à l’origine d’un ac­commodement.

[39] […] τῶν δὲ παρεληλυθότων μηδενὶ πρὸς μηδένα μνησικακεῖν ἐξεῖναι, πλὴν πρὸς τοὺς τριάκοντα καὶ τοὺς δέκα καὶ τοὺς ἕνδεκα καὶ τοὺς τοῦ Πειραιέως ἄρξαντας, μηδὲ πρὸς τούτους, ἐὰν διδῶσιν εὐθύνας. εὐθύνας δὲ δοῦναι τοὺς μὲν ἐν Πειραιεῖ ἄρξαντας ἐν τοῖς ἐν Πειραιεῖ, τοὺς δ´ ἐν τῷ ἄστει ἐν τοῖς τὰ τιμήματα παρεχομένοις. εἶθ´ οὕτως ἐξοικεῖν τοὺς ἐθέλοντας. τὰ δὲ χρήματα ἃ ἐδανείσαντο εἰς τὸν πόλεμον ἑκατέρους ἀποδοῦναι χωρίς.

[39] […] Pour ce qui concerne le passé, toutes les haines mutuelles devront être oubliées, excepté à l’égard des Trente, des Dix, des Onze et des magistrats du Pirée : encore l’exception ne sera-t-elle plus maintenue contre ces hommes, s’ils rendent leurs comptes. Les magistrats du Pirée rendront, leurs comptes devant les gens du Pirée, les magistrats d’Athènes devant les gens d’Athènes, et les juges fixeront l’amende. Après avoir ainsi réglé leur situation, ils pourront, s’ils le veulent, s’établir à Éleusis. Quant aux sommes qui ont été empruntées par les deux partis pour la guerre, l’un et l’autre devront les restituer séparément.

Aristote, Constitution d’Athènes, XXXIX, trad. J. Barthélémy Saint-Hilaire, Paris, A. Durand, 1862

Fragments d’une stèle dont la face postérieure indique le nom et le métier de ceux qui ont reçu la ci­toyenneté athénienne pour leur rôle dans le retour de la démocratie à Athènes.

« Lysiadès était secrétaire, Xénainétos était archonte. Il a plu au conseil et au peuple, la tribu Hippoponthis exerçait la prytanie, Lysiadès était se­crétaire, Démophilos était président, Thrasybule a fait la proposition : pour que soient remerciés dignement les étrangers qui participèrent au retour depuis Phylè et ont aidé à la prise du Pirée, que les Athéniens décident qu’ils recevront la citoyenneté, eux et leurs enfants, et qu’ils seront répar­tis en dix tribus, ils auront même droit que les autres Athéniens pour ce qui est des magis­tratures ; ceux qui ont rejoint ensuite et ont participé au combat de Mounychie, ceux qui ont aidé à conser­ver le Pirée, ceux qui étaient aux côtés du peuple au Pirée quand la trêve est intervenue, et qui ont fait ce qu’on leur demandait, se voient garantir le droit de résider à Athènes en y jouissant du ré­gime fiscal des citoyens ; ceux qui […]. »

Inscription historique grecque.

 

Des inégalités sociales renforcées à Athènes par la perte de l’empire

 

Thrasybule, au moment de l’amnistie et de la réconciliation générale, dans son discours mis en scène par Xénophon, laisse deviner, à travers l’opposition entre les riches et les pauvres, les énormes difficultés sociales aux­quelles devra faire face Athènes privée d’empire.

[40] ὑμῖν, ἔφη, ὦ ἐκ τοῦ ἄστεως ἄνδρες, συμβουλεύω ἐγὼ γνῶναι ὑμᾶς αὐτούς. μάλιστα δ᾽ ἂν γνοίητε, εἰ ἀναλογίσαισθε ἐπὶ τίνι ὑμῖν μέγα φρονητέον ἐστίν, ὥστε ἡμῶν ἄρχειν ἐπιχειρεῖν. πότερον δικαιότεροί ἐστε; ἀλλ᾽ ὁ μὲν δῆμος πενέστερος ὑμῶν ὢν οὐδὲν πώποτε ἕνεκα χρημάτων ὑμᾶς ἠδίκηκεν : ὑμεῖς δὲ πλουσιώτεροι πάντων ὄντες πολλὰ καὶ αἰσχρὰ ἕνεκα κερδέων πεποιήκατε. ἐπεὶ δὲ δικαιοσύνης οὐδὲν ὑμῖν προσήκει, σκέψασθε εἰ ἄρα ἐπ᾽ ἀνδρείᾳ ὑμῖν μέγα φρονητέον. [41] καὶ τίς ἂν καλλίων κρίσις τούτου γένοιτο ἢ ὡς ἐπολεμήσαμεν πρὸς ἀλλήλους; ἀλλὰ γνώμῃ φαίητ᾽ ἂν προέχειν, οἳ ἔχοντες καὶ τεῖχος καὶ ὅπλα καὶ χρήματα καὶ συμμάχους Πελοποννησίους ὑπὸ τῶν οὐδὲν τούτων ἐχόντων περιείληφθε; ἀλλ᾽ ἐπὶ Λακεδαιμονίοις δὴ οἴεσθε μέγα φρονητέον εἶναι; πῶς, οἵγε ὥσπερ τοὺς δάκνοντας κύνας κλοιῷ δήσαντες παραδιδόασιν, οὕτω κἀκεῖνοι ὑμᾶς παραδόντες τῷ ἠδικημένῳ τούτῳ δήμῳ οἴχονται ἀπιόντες; [42] οὐ μέντοι γε ὑμᾶς, ὦ ἄνδρες, ἀξιῶ ἐγὼ ὧν ὀμωμόκατε παραβῆναι οὐδέν, ἀλλὰ καὶ τοῦτο πρὸς τοῖς ἄλλοις καλοῖς ἐπιδεῖξαι, ὅτι καὶ εὔορκοι καὶ ὅσιοί ἐστε. εἰπὼν δὲ ταῦτα καὶ ἄλλα τοιαῦτα, καὶ ὅτι οὐδὲν δέοι ταράττεσθαι, ἀλλὰ τοῖς νόμοις τοῖς ἀρχαίοις χρῆσθαι, ἀνέστησε τὴν ἐκκλησίαν.

[40] « Hommes de la ville, dit-il, je vous conseille de vous connaître vous-mêmes ; et le meilleur moyen de vous connaître, c’est d’examiner sur quoi vous fondez vos prétentions à dominer sur nous. Êtes-vous les plus justes ? Mais le peuple, quoique plus pauvre que vous, ne vous a jamais fait de tort à cause de vos richesses ; et vous, qui êtes les plus riches de tous, vous avez fait, pour le gain, mille actions honteuses. Puisque la justice n’est pas de votre côté, examinez si votre courage justifie vos prétentions. [41] Qu’est-ce qui peut le mieux décider cette question que la manière dont nous avons combattu les uns contre les autres ? Direz-vous que vous l’emportez en intelligence, vous qui, ayant un mur, des armes, des richesses, et les Péloponnésiens pour alliés, avez cédé à des gens qui n’avaient rien de cela ? Sont-ce donc les Lacédémoniens qui vous rendent fiers ? Comment ? de même qu’on livre muselés les chiens qui mordent, n’ont-ils pas commencé par vous livrer au peuple victime de vos injustices ? Et puis ils sont partis. [42] Cependant, citoyens, j’espère que vous ne manquerez point à ce que vous avez juré7, mais que vous ajouterez à vos autres vertus de demeurer fidèles à la religion du serment. » II ajoute d’autres exhortations pareilles, pour montrer que tout doit se passer sans trouble, et qu’il faut obéir aux vieilles lois : puis il congédie l’assemblée.

Xénophon, Helléniques, II, 4, 40-42, trad. Eugène Talbot, 1859

 

L’aporie du mauvais gouvernement : le sentiment d’un désordre politique persistant

 

Même Platon, l’adversaire radical de la démocratie8, regrette les anciennes institutions, malgré l’exé­cution de son maître Socrate9, en 399, par les démocrates revenus au pouvoir.

νέος ἐγώ ποτε ὢν πολλοῖς δὴ ταὐτὸν ἔπαθον : ᾠήθην, εἰ θᾶττον ἐμαυτοῦ γενοίμην κύριος, ἐπὶ τὰ κοινὰ τῆς πόλεως [324ξ] εὐθὺς ἰέναι. καί μοι τύχαι τινὲς τῶν τῆς πόλεως πραγμάτων τοιαίδε παρέπεσον. ὑπὸ πολλῶν γὰρ τῆς τότε πολιτείας λοιδορουμένης μεταβολὴ γίγνεται, καὶ τῆς μεταβολῆς εἷς καὶ πεντήκοντά τινες ἄνδρες προύστησαν ἄρχοντες, ἕνδεκα μὲν ἐν ἄστει, δέκα δ᾽ ἐν Πειραεῖ – περί τε ἀγορὰν ἑκάτεροι τούτων ὅσα τ᾽ ἐν τοῖς ἄστεσι διοικεῖν ἔδει – τριάκοντα δὲ πάντων [324δ] ἄρχοντες κατέστησαν αὐτοκράτορες. τούτων δή τινες οἰκεῖοί τε ὄντες καὶ γνώριμοι ἐτύγχανον ἐμοί, καὶ δὴ καὶ παρεκάλουν εὐθὺς ὡς ἐπὶ προσήκοντα πράγματά με. καὶ ἐγὼ θαυμαστὸν οὐδὲν ἔπαθον ὑπὸ νεότητος : ᾠήθην γὰρ αὐτοὺς ἔκ τινος ἀδίκου βίου ἐπὶ δίκαιον τρόπον ἄγοντας διοικήσειν δὴ τὴν πόλιν, ὥστε αὐτοῖς σφόδρα προσεῖχον τὸν νοῦν, τί πράξοιεν. καὶ ὁρῶν δήπου τοὺς ἄνδρας ἐν χρόνῳ ὀλίγῳ χρυσὸν ἀποδείξαντας τὴν ἔμπροσθεν πολιτείαν – τά τε ἄλλα καὶ φίλον [324ε] ἄνδρα ἐμοὶ πρεσβύτερον Σωκράτη, ὃν ἐγὼ σχεδὸν οὐκ ἂν αἰσχυνοίμην εἰπὼν δικαιότατον εἶναι τῶν τότε, ἐπί τινα τῶν πολιτῶν μεθ᾽ ἑτέρων ἔπεμπον, βίᾳ ἄξοντα ὡς ἀποθανούμενον, [325α] ἵνα δὴ μετέχοι τῶν πραγμάτων αὐτοῖς, εἴτε βούλοιτο εἴτε μή : ὁ δ᾽ οὐκ ἐπείθετο, πᾶν δὲ παρεκινδύνευσεν παθεῖν πρὶν ἀνοσίων αὐτοῖς ἔργων γενέσθαι κοινωνός – ἃ δὴ πάντα καθορῶν καὶ εἴ τιν᾽ ἄλλα τοιαῦτα οὐ σμικρά, ἐδυσχέρανά τε καὶ ἐμαυτὸν ἐπανήγαγον ἀπὸ τῶν τότε κακῶν. χρόνῳ δὲ οὐ πολλῷ μετέπεσε τὰ τῶν τριάκοντά τε καὶ πᾶσα ἡ τότε πολιτεία : πάλιν δὲ βραδύτερον μέν, εἷλκεν δέ με ὅμως ἡ [325β] περὶ τὸ πράττειν τὰ κοινὰ καὶ πολιτικὰ ἐπιθυμία. ἦν οὖν καὶ ἐν ἐκείνοις ἅτε τεταραγμένοις πολλὰ γιγνόμενα ἅ τις ἂν δυσχεράνειεν, καὶ οὐδέν τι θαυμαστὸν ἦν τιμωρίας ἐχθρῶν γίγνεσθαί τινών τισιν μείζους ἐν μεταβολαῖς : καίτοι πολλῇ γε ἐχρήσαντο οἱ τότε κατελθόντες ἐπιεικείᾳ. κατὰ δέ τινα τύχην αὖ τὸν ἑταῖρον ἡμῶν Σωκράτη τοῦτον δυναστεύοντές τινες εἰσάγουσιν εἰς δικαστήριον, ἀνοσιωτάτην αἰτίαν ἐπιβαλόντες [325ξ] καὶ πάντων ἥκιστα Σωκράτει προσήκουσαν : ὡς ἀσεβῆ γὰρ οἱ μὲν εἰσήγαγον, οἱ δὲ κατεψηφίσαντο καὶ ἀπέκτειναν τὸν τότε τῆς ἀνοσίου ἀγωγῆς οὐκ ἐθελήσαντα μετασχεῖν περὶ ἕνα τῶν τότε φευγόντων φίλων, ὅτε φεύγοντες ἐδυστύχουν αὐτοί. σκοποῦντι δή μοι ταῦτά τε καὶ τοὺς ἀνθρώπους τοὺς πράττοντας τὰ πολιτικά, καὶ τοὺς νόμους γε καὶ ἔθη, ὅσῳ μᾶλλον διεσκόπουν ἡλικίας τε εἰς τὸ πρόσθε προύβαινον, τοσούτῳ χαλεπώτερον ἐφαίνετο ὀρθῶς εἶναί μοι τὰ πολιτικὰ [325δ] διοικεῖν : οὔτε γὰρ ἄνευ φίλων ἀνδρῶν καὶ ἑταίρων πιστῶν οἷόν τ᾽ εἶναι πράττειν – οὓς οὔθ᾽ ὑπάρχοντας ἦν εὑρεῖν εὐπετές, οὐ γὰρ ἔτι ἐν τοῖς τῶν πατέρων ἤθεσιν καὶ ἐπιτηδεύμασιν ἡ πόλις ἡμῶν διῳκεῖτο, καινούς τε ἄλλους ἀδύνατον ἦν κτᾶσθαι μετά τινος ῥᾳστώνης – τά τε τῶν νόμων γράμματα καὶ ἔθη διεφθείρετο καὶ ἐπεδίδου θαυμαστὸν ὅσον, ὥστε με, [325ε] τὸ πρῶτον πολλῆς μεστὸν ὄντα ὁρμῆς ἐπὶ τὸ πράττειν τὰ κοινά, βλέποντα εἰς ταῦτα καὶ φερόμενα ὁρῶντα πάντῃ πάντως, τελευτῶντα ἰλιγγιᾶν, καὶ τοῦ μὲν σκοπεῖν μὴ ἀποστῆναι μή ποτε ἄμεινον ἂν γίγνοιτο περί τε αὐτὰ ταῦτα καὶ [326α] δὴ καὶ περὶ τὴν πᾶσαν πολιτείαν, τοῦ δὲ πράττειν αὖ περιμένειν ἀεὶ καιρούς, τελευτῶντα δὲ νοῆσαι περὶ πασῶν τῶν νῦν πόλεων ὅτι κακῶς σύμπασαι πολιτεύονται – τὰ γὰρ τῶν νόμων αὐταῖς σχεδὸν ἀνιάτως ἔχοντά ἐστιν ἄνευ παρασκευῆς θαυμαστῆς τινος μετὰ τύχης – λέγειν τε ἠναγκάσθην, ἐπαινῶν τὴν ὀρθὴν φιλοσοφίαν, ὡς ἐκ ταύτης ἔστιν τά τε πολιτικὰ δίκαια καὶ τὰ τῶν ἰδιωτῶν πάντα κατιδεῖν : κακῶν οὖν οὐ [326β] λήξειν τὰ ἀνθρώπινα γένη, πρὶν ἂν ἢ τὸ τῶν φιλοσοφούντων ὀρθῶς γε καὶ ἀληθῶς γένος εἰς ἀρχὰς ἔλθῃ τὰς πολιτικὰς ἢ τὸ τῶν δυναστευόντων ἐν ταῖς πόλεσιν ἔκ τινος μοίρας θείας ὄντως φιλοσοφήσῃ.

Dans ma jeunesse, il m’est arrivé ce qui arrive à tant d’autres : je me promis, dès que je serais mon maître, de me jeter dans les affaires [324c] publiques ; et, à ce moment, voici dans quelle situation je les trouvai. Comme il y avait un grand nombre de mécontents, un changement était devenu nécessaire : cinquante et un magistrats se mirent à la tête de cette révolution ; onze dans la ville, dix au Pirée, pour la direction des affaires de la place publique et l’administration civile ; les trente autres [324d] demeurèrent souverains maîtres. Quelques-uns de mes parents et de mes amis faisaient partie de ces derniers, et m’appelèrent bientôt à des emplois qu’ils croyaient me convenir. Ma jeunesse empêche que ce qui m’arriva doive vous étonner. Je m’imaginais qu’ils allaient faire sortir la république de la voie criminelle où elle s’était engagée pour la replacer dans la route de la justice, et j’étais attentif à toutes leurs démarches ; mais je vis bientôt qu’ils n’eurent pas besoin de demeurer longtemps au pouvoir pour faire regretter le temps passé comme l’âge d’or. Entre autres violences qu’ils commirent, ils ordonnèrent à [324e] Socrate, mon vieil ami, l’homme que je n’hésite pas à proclamer le plus juste de notre siècle, d’aller, avec quelques autres, arrêter et traîner à la mort un citoyen qu’ils avaient condamné. [325a] Ils voulaient ainsi le rendre, de gré ou de force, complice de leur conduite. Mais Socrate refusa de leur obéir et aima mieux s’exposer à tous les dangers que de s’associer à leurs desseins impies. Témoin d’un tel crime et d’autres non moins odieux, je m’éloignai avec indignation du théâtre de ces malheurs. Peu de temps après les trente tombèrent et la république changea de face. J’éprouvai de nouveau, [325b] quoiqu’avec moins d’ardeur, le désir de me mêler des affaires et de l’administration de l’État ; mais à cette époque, comme dans tous les temps de révolution, il se passa bien des choses déplorables, et il ne faut pas trop s’étonner si, au milieu de ces désordres, l’esprit de parti pousse quelquefois à de trop violentes vengeances. Pourtant il faut avouer que ceux qui revinrent à Athènes montrèrent pour la plupart beaucoup de modération ; mais par une nouvelle fatalité, des hommes alors puissants traînèrent Socrate, mon ami, devant un tribunal sous le poids de l’accusation la plus odieuse [325c] et la plus étrangère à son caractère. Quelques-uns de ses ennemis le dénoncèrent comme impie, et les autres après l’avoir condamné le livrèrent à la mort, lui qui, pour ne pas commettre une impiété, avait refusé de prendre part à l’arrestation d’un de leurs amis, quand ils gémissaient eux-mêmes dans les malheurs de l’exil. Quand je vis ces crimes, quand je connus les hommes qui nous gouvernaient, nos lois et nos mœurs, plus je me sentis avancer en âge et plus je fus effrayé de la difficulté de bien gouverner [325d] un État. On n’aurait pu l’entreprendre sans des amis fidèles et des compagnons dévoués ; et il n’était pas aisé d’en découvrir, s’il y en avait, car nous ne vivions plus suivant les institutions et les mœurs de nos pères ; d’un autre côté on ne pouvait en former de nouveaux qu’avec les plus grandes difficultés. Les lois et les coutumes étaient corrompues et tombées dans le dernier mépris ; de sorte que moi, [325e] naguère si plein de zèle et d’ardeur pour l’intérêt public, devant le spectacle de ce profond et universel désordre, je me sentis saisi de vertige. Cependant je ne cessai pas d’observer l’état des choses [326a] et la politique en général, en attendant que quelque heureux changement me donnât l’occasion d’agir. Mais je finis par me convaincre que tous les états de notre temps sont mal gouvernés, et que leurs lois sont tellement vicieuses qu’elles ne subsistent que par une sorte de prodige. Je tirai alors cette conséquence honorable pour la vraie, philosophie, qu’elle seule peut tracer les limites du juste et de l’injuste, soit par rapport aux particuliers, soit par rapport aux gouvernements, et qu’on ne peut [326b] espérer de voir la fin des misères humaines avant que les vrais philosophes n’arrivent à la tête des gouvernements ou que, par une providence toute divine, ceux qui ont le pouvoir dans les États ne deviennent eux-mêmes philosophes.

Platon, Lettre VII, trad. Victor Cousin, 1840

 

Le procès d’Eratosthène, symptomatique d’une réconciliation houleuse entre les partis politiques d’Athènes

 

Le Contre Ératosthène de Lysias est révélateur des conflits politiques qui accompagnent la période de réconcilia­tion. Cette dernière est l’œuvre, non des démocrates dans leur ensemble, comme on a tendance à le croire, mais plu­tôt des modérés des deux partis, celui du Pirée et celui de la ville. Le risque, pour la démocratie radicale, est de voir revenir au pouvoir les éléments « modérés » des Trente dont Théramène avait été le chef. La reddition des comptes d’Ératosthène – qui nous est connu que par Lysias et une préci­sion de Xénophon – est un moyen pour les démo­crates d’intervenir. En effet, si les deux partis avaient fait le serment d’oublier le passé, l’amnistie générale ne concer­nait pas les Trente, les Dix, les Onze et ceux qui avaient gouverné le Pirée. On leur laissait cependant le droit de rendre leur compte. L’acquittement d’Ératosthène consacrerait donc définitivement la victoire des modérés des deux camps. La poursuite de Lysias lors de la reddition des comptes d’Ératosthène se transforme vite en un procès poli­tique d’une extrême violence. Il faut donc, pour le triomphe des démocrates, condamner Ératosthène qui avait été pourtant, Lysias est obligé de le reconnaître, le plus modéré des Trente10.

[92] βούλομαι δὲ ὀλίγα ἑκατέρους ἀναμνήσας καταβαίνειν, τούς τε ἐξ ἄστεως καὶ τοὺς ἐκ Πειραιῶς, ἵνα τὰς ὑμῖν τούτων γεγενημένας συμφορὰς παραδείγματα ἔχοντες τὴν ψῆφον φέρητε. καὶ πρῶτον μὲν ὅσοι ἐξ ἄστεώς ἐστε, σκέψασθε ὅτι ὑπὸ τούτων οὕτω σφόδρα ἤρχεσθε, ὥστε ἀδελφοῖς καὶ ὑέσι καὶ πολίταις ἠναγκάζεσθε πολεμεῖν τοιοῦτον πόλεμον, ἐν ᾧ ἡττηθέντες μὲν τοῖς νικήσασι τὸ ἴσον ἔχετε, νικήσαντες δ᾽ ἄν τούτοις ἐδουλεύετε. [93] καὶ τοὺς ἰδίους οἴκους οὗτοι μὲν ἂν ἐκ τῶν πραγμάτων μεγάλους ἐκτήσαντο, ὑμεῖς δὲ διὰ τὸν πρὸς ἀλλήλους πόλεμον ἐλάττους ἔχετε : συνωφελεῖσθαι μὲν γὰρ ὑμᾶς οὐκ ἠξίουν, συνδιαβάλλεσθαι δ᾽ ἠνάγκαζον, εἰς τοσοῦτον ὑπεροψίας ἐλθόντες ὥστε οὐ τῶν ἀγαθῶν κοινούμενοι πιστοὺς ὑμᾶς ἐκτῶντο, ἀλλὰ τῶν ὀνειδῶν μεταδιδόντες εὔνους ὤοντο εἶναι. [94] ἀνθ᾽ ὧν ὑμεῖς νῦν ἐν τῷ θαρραλέῳ ὄντες, καθ᾽ ὅσον δύνασθε, καὶ ὑπὲρ ὑμῶν αὐτῶν καὶ ὑπὲρ τῶν ἐκ Πειραιῶς τιμωρήσασθε, ἐνθυμηθέντες μὲν ὅτι ὑπὸ τούτων πονηροτάτων ὄντων ἤρχεσθε, ἐνθυμηθέντες δὲ ὅτι μετ᾽ ἀνδρῶν νῦν ἀρίστων πολιτεύεσθε καὶ τοῖς πολεμίοις μάχεσθε καὶ περὶ τῆς πόλεως βουλεύεσθε, ἀναμνησθέντες δὲ τῶν ἐπικούρων, οὓς οὗτοι φύλακας τῆς σφετέρας ἀρχῆς καὶ τῆς ὑμετέρας δουλείας εἰς τὴν ἀκρόπολιν κατέστησαν. [95] καὶ πρὸς ὑμᾶς μὲν ἔτι πολλῶν ὄντων εἰπεῖν τοσαῦτα λέγω. ὅσοι δ᾽ ἐκ Πειραιῶς ἐστε, πρῶτον μὲν τῶν ὅπλων ἀναμνήσθητε, ὅτι πολλὰς μάχας ἐν τῇ ἀλλοτρίᾳ μαχεσάμενοι οὐχ ὑπὸ τῶν πολεμίων ἀλλ᾽ ὑπὸ τούτων εἰρήνης οὔσης ἀφῃρέθητε τὰ ὅπλα, ἔπειθ᾽ ὅτι ἐξεκηρύχθητε μὲν ἐκ τῆς πόλεως, ἣν ὑμῖν οἱ πατέρες παρέδοσαν, φεύγοντας δὲ ὑμᾶς ἐκ τῶν πόλεων ἐξῃτοῦντο. [96] ἀνθ᾽ ὧν ὀργίσθητε μὲν ὥσπερ ὅτ᾽ ἐφεύγετε, ἀναμνήσθητε δὲ καὶ τῶν ἄλλων κακῶν ἃ πεπόνθατε ὑπ᾽ αὐτῶν, οἳ τοὺς μὲν ἐκ τῆς ἀγορᾶς τοὺς δ᾽ ἐκ τῶν ἱερῶν συναρπάζοντες βιαίως ἀπέκτειναν, τοὺς δὲ ἀπὸ τέκνων καὶ γονέων καὶ γυναικῶν ἀφέλκοντες76 φονέας αὑτῶν ἠνάγκασαν γενέσθαι καὶ οὐδὲ ταφῆς τῆς νομιζομένης εἴασαν τυχεῖν, ἡγούμενοι τὴν αὑτῶν ἀρχὴν βεβαιοτέραν εἶναι τῆς παρὰ τῶν θεῶν τιμωρίας. ὅσοι δὲ τὸν θάνατον διέφυγον, [97] πολλαχοῦ κινδυνεύσαντες καὶ εἰς πολλὰς πόλεις πλανηθέντες καὶ πανταχόθεν ἐκκηρυττόμενοι, ἐνδεεῖς ὄντες τῶν ἐπιτηδείων, οἱ μὲν ἐν πολεμίᾳ τῇ πατρίδι τοὺς παῖδας καταλιπόντες, οἱ δ᾽ ἐν ξένῃ γῇ, πολλῶν ἐναντιουμένων ἤλθετε εἰς τὸν Πειραιᾶ. πολλῶν δὲ καὶ μεγάλων κινδύνων ὑπαρξάντων ἄνδρες ἀγαθοὶ γενόμενοι τοὺς μὲν ἠλευθερώσατε, τοὺς δ᾽ εἰς τὴν πατρίδα κατηγάγετε. [98] εἰ δὲ ἐδυστυχήσατε καὶ τούτων ἡμάρτετε, αὐτοὶ μὲν ἂν δείσαντες ἐφεύγετε μὴ πάθητε τοιαῦτα οἷα καὶ πρότερον, καὶ οὔτ᾽ ἂν ἱερὰ οὔτε βωμοὶ ὑμᾶς ἀδικουμένους διὰ τοὺς τούτων τρόπους ὠφέλησαν, ἃ καὶ τοῖς ἀδικοῦσι σωτήρια γίγνεται : οἱ δὲ παῖδες ὑμῶν, ὅσοι μὲν ἐνθάδε ἦσαν, ὑπὸ τούτων ἂν ὑβρίζοντο, οἱ δ᾽ ἐπὶ ξένης μικρῶν ἂν ἕνεκα συμβολαίων ἐδούλευον ἐρημίᾳ τῶν ἐπικουρησόντων. [99] ἀλλὰ γὰρ οὐ τὰ μέλλοντα ἔσεσθαι βούλομαι λέγειν, τὰ πραχθέντα ὑπὸ τούτων οὐ δυνάμενος εἰπεῖν. οὐδὲ γὰρ ἑνὸς κατηγόρου οὐδὲ δυοῖν ἔργον ἐστίν, ἀλλὰ πολλῶν. ὅμως δὲ τῆς ἐμῆς προθυμίας οὐδὲν ἐλλέλειπται, ὑπέρ τε τῶν ἱερῶν, ἃ οὗτοι τὰ μὲν ἀπέδοντο τὰ δ᾽ εἰσιόντες ἐμίαινον, ὑπέρ τε τῆς πόλεως, ἣν μικρὰν ἐποίουν, ὑπέρ τε τῶν νεωρίων, ἃ καθεῖλον, καὶ ὑπὲρ τῶν τεθνεώτων, οἷς ὑμεῖς, ἐπειδὴ ζῶσιν ἐπαμῦναι οὐκ ἐδύνασθε, ἀποθανοῦσι βοηθήσατε. [100] οἶμαι δ᾽ αὐτοὺς ἡμῶν τε ἀκροᾶσθαι καὶ ὑμᾶς εἴσεσθαι τὴν ψῆφον φέροντας, ἡγουμένους, ὅσοι μὲν ἂν τούτων ἀποψηφίσησθε, αὐτῶν θάνατον κατεψηφισμένους ἔσεσθαι,80 ὅσοι δ᾽ ἂν παρὰ τούτων δίκην λάβωσιν, ὑπὲρ αὐτῶν τιμωρίας πεποιημένους. παύσομαι κατηγορῶν. ἀκηκόατε, ἑωράκατε, πεπόνθατε, ἔχετε : δικάζετε.

[92] Avant de finir, je vais m’adresser successivement aux citoyens qui étaient restés dans la ville11, et à ceux qui sont venus du Pirée12 ; je rappellerai à leur mémoire quelques-uns des maux qu’ils ont effrayés de la part des Trente, afin que ce souvenir les excite à prononcer actuellement contre eux. Vous donc qui êtes restés dans la ville, considérez qu’ils exerçaient sur vous une tyrannie odieuse ; qu’ils vous forçaient de livrer à vos fils, à vos frères, à vos concitoyens, des combats dans lesquels la défaite ne faisait que vous rendre les égaux des vainqueurs, et où la victoire vous rendait les esclaves des tyrans. [93] C’était par les troubles que s’accroissait la fortune des Trente ; c’était par vos guerres mutuelles que la vôtre s’affaiblissait. Ils refusaient de vous faire participer aux fruits de la tyrannie, et ils vous obligeaient d’en partager les crimes. Oui, ils en sont venus à ce mépris pour vous, de prétendre vous attacher à leur administration en ne vous faisant part que de la honte dont elle les couvrait, sans vous faire joua d’aucun de ses avantages. [94] Aujourd’hui que vous êtes à l’abri de leurs violences, vengez-vous de ces outrages en votre nom et au nom des citoyens venus du Pirée. Songez que, tyrannisés auparavant par les plus pervers des hommes, vous gouvernez maintenant votre patrie avec de vertueux concitoyens, que vous combattez vos ennemis, et que vous délibérez en commun sur les intérêts de votre république. Rappelez-vous ces troupes auxiliaires que les Trente placèrent dans la citadelle13 pour affermir leur tyrannie et assurer votre servitude. [95] J’aurais encore bien des choses à vous dire, mais je me borne dans une matière aussi vaste. Quant aux citoyens revenus du Pirée, qu’ils se ressouviennent qu’après avoir livré plusieurs combats chez l’étranger, ils se virent dépouillés de leurs armes, non par des ennemis, mais, au sein de la paix, par des compatriotes ; qu’ils se ressouviennent que, chassés de la ville que leur avaient laissée leurs ancêtres, ils furent persécutés jusques dans celles où ils avaient cherché un refuge. [96] Animez-vous, généreux citoyens, comme dans les temps de votre exil, animez-vous contre les auteurs de vos maux ; représentez-vous tout ce que vous eûtes à souffrir de ces tyrans farouches. Ils arrêtaient les particuliers dans la place publique, ou les arrachaient des temples pour leur faire subir une mort violente y d’autres qu’ils enlevaient à leurs parents, à leurs femmes, à leurs encans, ils les forçaient de s’ôter la vie de leurs propres mains, ils allaient jusqu’à empêcher qu’on ne leur donnât la sépulture, bravant les dieux, et s’imaginant que leur puissance était à l’abri de la vengeance céleste. [97] Ceux d’entre vous qui échappaient à la mort, ne rencontrant partout que des dangers, errant de villes en villes, chassés de tous les pays, réduits à la plus extrême indigence, contraints de laisser leurs enfants dans une terre étrangère ou dans une patrie ; ennemie, après mille infortunes, malgré mille obstacles, se sont enfin saisis du Pirée. Ce fut alors que vous signalâtes votre courage, et que, triomphant de tous les périls, vous mîtes vos compatriotes en liberté, ou les ramenâtes dans leur patrie. [98] Si une fortune jalouse vous eût fait échouer dans vos entreprises, vous vous seriez vus obligés de prendre la suite de crainte de retomber encore dans les mêmes calamités. Par la violence des Trente, ni les temples ni les autels n’auraient pu vous servir de refuge dans la persécution ; ces temples et ces autels où vos persécuteurs trouvent aujourd’hui un asile. Quant à vos enfants, ceux qui étaient restés à Athènes auraient été outragés par les tyrans, ceux qui étaient en pays étranger, faute de secours, se seraient vus réduits à donner leur service pour un modique salaire. [99] Mais pourquoi rapporter ce qu’auraient pu faire les Trente, lorsque je me vois dans l’impuissance même d’exposer ce qu’ils ont fait ? Un seul accusateur ne suffit pas, il en faudrait plus d’un, il en faudrait sans nombre. Mais enfin j’ai témoigné tout le zèle dont j’étais capable, pour les temples que les tyrans ont livrés aux ennemis ou souillés par leur présence, pour la ville dont ils ont ruiné les forces, pour les arsenaux qu’ils ont détruits, pour les citoyens morts que vous n’avez pu secourir pendant leur vie, et que vous devez venger après leur trépas. [100] Ils entendent, sans doute, ces morts, ils entendent mes discours ; et votre sentence leur sera connue. Ils vous déclarent par ma bouche que laisser vivre de tels coupables, ce serait les condamner eux-mêmes à mourir de nouveau ; et que leur faire subir le supplice qu’ils méritent, c’est leur accorder à eux-mêmes la vengeance qu’ils réclament. Je termine ici mon accusation. Athéniens, vous avez vu, entendu, souffert les excès de la tyrannie ; voilà les tyrans : prononcez.

Lysias, Contre Ératosthène, XII, 92-100, trad. abbé Auger

 

Notes

  1. Isocrate, Panégyrique, 113, trad. G. Mathieu, É. Brémond.
  2. Beaucoup d’Athéniens avaient dû en effet, devant les exactions des Trente, se réfugier à Thèbes, à Mégare ou à Chalcis.
  3. En effet, après la victoire d’Aigos-Potamos, Lysandre, qui croisait au large des côtes d’Asie mineure, avait détaché une partie de sa flotte vers Samos qui résistait encore. Il vient ensuite mouiller devant le Pirée.
  4. Dracontidès, citoyen d’Athènes, fut lui-même un des membres du conseil dont il avait donné le projet, car il était du nombre des trente tyrans.
  5. Voir Diodore, XIV, 3, 4-7.
  6. Xénophon, Helléniques, II, 4, 29.
  7. Celui de l’amnistie générale à l’exception des trente. Voir supra Aristote, Constitution d’Athènes, XXXIX.
  8. Voir O. Battistini, Platon, République, livre I, F. Nathan, 1992.
  9. Socrate coupable d’impiété envers les dieux (asébéia) ? Voir Xénophon, Mémorables, I, 1 et Apologie de Socrate, 10-11 ; Platon, Apologie de Socrate, 26 b- 27 e.
  10. Lysias, Contre Ératosthène, 89. C’est sans doute la raison pour laquelle il a pu rester à Athènes après la chute des Trente.
  11. Les oligarques.
  12. Les démocrates.
  13. La garnison spartiate installée en sentinelles sur l’Acropole.
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