La guerre de Corinthe III : le redressement d’Athènes

NOTES

  1. Voir infra son rôle stratégique lors de la guerre des Alliés.
  2. Celle de 446.
  3. Voir Eschine, Ambassade, 70.
  4. Ne pas confondre avec Oropos, la cité aux limites de l’Attique et de la Béotie.
  5. En Thessalie.
  6. Voir, supra, la charte de fondation de la seconde Confédération athénienne.
  7. Xénophon, Helléniques, V, 4, 61.
  8. Voir Xénophon, Helléniques, V, 4, 60.
  9. Voir aussi Plutarque, Phocion, VI, 3 et Polyen, III, 11, 2.
  10. Voir supra. La bataille a eu lieu en 394. Conon était le stratège athénien qui avait le commandement.
  11. Leurs noms furent ajouter sur la stèle de marbre au fur et à mesure de leurs adhésions.
  12. Voir infra texte d’Isocrate.
  13. Son nom figure en effet sur la charte, après les Pronnoi. Voir supra.
  14. Note Talbot : Celui dont Cornélius Nepos a écrit la biographie.
  15. Note E. Talbot : Ville d’Acarnanie.
  16. Voir infra son rôle après la bataille de Leuctres.

La seconde confédération athénienne et les rivalités d’alliances

 

378-377. Formation de la seconde Confédération athénienne. La Paix d’Antalcidas a fait des Lacédémoniens les maîtres de la Grèce. Ils se sont, cependant, montrés maladroits et brutaux, en particulier lorsqu’ils s’en prirent à la Confédération béotienne. Ils sont coupables, aux yeux des Grecs, d’hybris, de démesure. Athènes, dont l’organisation des symmories et l’eisphora a été restructurée par Callistratos, peut apparaître alors comme un frein à la puissance des Lacédémoniens que la propagande avait fait passer, lors de la Guerre du Péloponnèse, pour les combattants de la liberté des cités de la Grèce face à l’impérialisme athénien. Les propositions d’Athènes furent bien accueillies : elle promettait de ne pas reconstituer un empire semblable à celui de la Ligue de Délos. Les décrets du synédrion, ou assemblée des alliés, qui disposent chacun d’une voix, sont nécessaires à toute décision prise en commun à l’Ecclésia. Ce conseil a le pouvoir de juger même des Athéniens. Un glissement sémantique, opéré sans doute par Callistratos, est aussi révélateur d’un changement d’attitude dans les relations des Athéniens avec leurs « alliés ». Les leçons du passé semblent, apparemment avoir été comprises. Les syntaxeis ou « contributions » limités strictement à l’effort de guerre ont remplacé le phoros, devenu rapidement un « tribut », imposé durement aux membres de la Ligue de Délos. Les Athéniens affirment, enfin, qu’ils n’installeront pas de nouvelles clérouquies.

Décret d’Aristotélès, charte de fondation de la seconde Confédération athénienne. Inscription sur une grande stèle de marbre, la « stèle commune des alliés ».

« Sous l’archontat de Nausinikos, Callibios fils de Képhisophon de Paiania était secrétaire, alors que la tribu Hippoponthis exerçait la septième prytanie, il a plu au conseil et au peuple, Charimos d’Athmonia était président, Aristotélès a fait la proposition ; à la bonne fortune d’Athènes et des alliés des Athéniens ; afin que les Lacédémoniens laissent les Grecs vivre tranquilles, libres et autonomes et se voient garantir la propriété de tout le territoire qui leur appartient, afin que dure à jamais la paix commune qu’ont jurée les Grecs et le Roi, le peuple a décrété : si l’un des grecs ou des barbares du continent ou des îles, qui n’appartiennent pas au Roi, veut être l’allié des Athéniens et de leurs alliés, qu’il puisse le faire en conservant sa liberté et son autonomie, en se gouvernant selon les règles de la constitution qu’il voudra, sans devoir accueillir de garnison ou recevoir un gouverneur, sans avoir à payer de tribut, cela dans les mêmes conditions que les Chiotes, les Thébains ou les autres alliés ; à ceux qui feront alliance avec les Athéniens et leurs alliés, le peuple rendra toutes les propriétés qui se trouvent appartenir à des Athéniens à titre privé ou à titre public, sur le territoire de ceux qui auront fait l’alliance, et il se porte garant de cette restitution ; s’il se trouve à Athènes des stèles désagréables pour l’une des cités qui font alliance avec les Athéniens, le conseil en fonction aura pouvoir de les détruire ; à partir de l’archontat de Nausinikos, il ne sera plus permis aux Athéniens, ni à titre privé, ni à titre public, d’acquérir aucune propriété sur le territoire des alliés, ni maison, ni terre, ni par achat, ni par l’effet d’une mise en gage, ni d’aucune autre façon ; si une propriété est achetée, ou acquise, ou prise en gage, de quelque façon que s’en fasse l’appropriation, n’importe lequel des alliés pourra déposer une plainte devant l’assemblée des alliés et celle-ci procédera à la vente du bien, remettra la moitié de la somme au dénonciateur et l’autre moitié sera la propriété commune des alliés ; si quelqu’un attaque l’un des participants à l’alliance, soit par terre, soit par mer, les Athéniens et leurs alliés iront à son secours avec toutes leurs forces, autant que faire se pourra ; si quelqu’un, magistrat ou simple particulier, propose et met aux voix un décret contraire à celui-ci ou tentant de faire disparaître une des clauses de ce décret, qu’il soit privé de ses droits politiques, que ses biens soient confisqués et que la dîme en soit remise à la déesse, qu’il soit mis en accusation devant les Athéniens et leurs alliés pour avoir rompu l’alliance, qu’il soit passible de mort et d’un bannissement étendu à l’ensemble des territoires dont sont maîtres les Athéniens et leurs alliés ; s’il est condamné à mort, qu’il ne reçoive pas de sépulture, ni en Attique, ni dans le territoire des alliés ; que le secrétaire du conseil fasse transcrire ce décret sur une stèle de pierre qui sera placée près de la statue de Zeus Libérateur ; les trésoriers de la déesse prendront sur les dix talents soixante drachmes pour la gravure, sur la stèle on inscrira le nom des cités qui sont actuellement des alliés et de toutes celles qui le deviendront ; telle sera l’inscription ; et le peuple élira trois ambassadeurs qui iront à Thèbes persuader les Thébains d’agir au mieux. Ont été choisis Aristotélès de Marathon, Pyrrandros d’Anaphlyonte, Thrasybule de Kollyté.

Voici quelles sont les cités alliées d’Athènes : Chios, Ténédos, Mytilène, Méthymna, Rhodes, Poiessa, Byzance, Périnthe, Péparéthos, Sciathos, Marônée, Diôn, Paros, [Thas]os, Athéna Diadès, P[…] Thèbes, Chalcis, Érétrie, Aréthuse, Carystos, Icos, Pallène (?)

[Sur la tranche de la stèle] le peuple des Corcyréens, Abdère, […], la Chalcidique de Thrace, Ainos, Samothrace, Dicaia, l’Arcanie, Céphallénie, Pronnoi, Alcétas, Néoptolème, Jason, Andros1, Ténos, Histiée, Myconos, Antissa, Érésos, Astraia, Céos, Ioulis, Carthaia, Corésia, Élaionte, Amorgos, Sélymbria, Siphnos, Sikinos, Diôn de Thrace, Néopolis, le peuple des Zacynthiens installés à Nellos, Aristotélès a fait la proposition, attendu que d’abord […] volontairement se joignent. […] les décrets du peuple […] des îles dans l’alliance […] des décrets […]. »

Inscription historique grecque.

[1] πολλαὶ μὲν οὖν καὶ τῶν ἄλλων πόλεων διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν προεκλήθησαν πρὸς τοὺς Ἀθηναίους ἀποκλῖναι, πρῶται δὲ καὶ προθυμότατα συνεμάχησαν αἱ κατὰ τὴν Εὔβοιαν οἰκοῦσαι χωρὶς Ἑστιαίας : αὕτη γὰρ εὐηργετημένη μὲν ὑπὸ Λακεδαιμονίων μεγάλα, πεπολεμημένη δὲ δεινῶς ὑπὸ Ἀθηναίων, εὐλόγως πρὸς μὲν Ἀθηναίους ἀδιάλυτον ἐφύλαττε τὴν ἔχθραν, πρὸς δὲ τοὺς Σπαρτιάτας βεβαίαν τὴν πίστιν διεφύλαττεν. [2] οὐ μὴν ἀλλὰ τοῖς Ἀθηναίοις εἰς συμμαχίαν συνέβησαν ἑβδομήκοντα πόλεις καὶ μετέσχον ἐπ᾽ ἴσης τοῦ κοινοῦ συνεδρίου : διὸ καὶ τοῖς Ἀθηναίοις αἰεὶ μᾶλλον τῆς δυνάμεως αὐξομένης, τοῖς δὲ Λακεδαιμονίοις ταπεινουμένης, ἐφάμιλλον τὴν ἰσχὺν τῶν πόλεων συνέβαινε γίνεσθαι. οἱ δ᾽ Ἀθηναῖοι, τῶν πραγμάτων αὐτοῖς κατὰ νοῦν προχωρούντων, δύναμιν ἐξέπεμψαν εἰς τὴν Εὔβοιαν τὴν παραφυλάξουσαν μὲν τοὺς συμμάχους, καταπολεμήσουσαν δὲ τοὺς ἐναντίους. [3] κατὰ δὲ τὴν Εὔβοιαν βραχὺ μὲν πρὸ τούτων τῶν χρόνων Νεογένης τις ὄνομα μετ᾽ Ἰάσονος τοῦ Φεραίου συλλέξας στρατιώτας κατελάβετο τήν τε ἀκρόπολιν τῶν Ἑστιαιέων, καὶ τύραννον ἑαυτὸν ἀπέδειξε ταύτης τῆς χώρας καὶ τῆς τῶν Ὠρειτῶν πόλεως. ἄρχοντος δ᾽ αὐτοῦ βιαίως καὶ ὑπερηφάνως Λακεδαιμόνιοι Θηριπίδην ἀπέστειλαν ἐπ᾽ αὐτόν. [4] ὁ δὲ τὸ μὲν πρῶτον ἐπεχείρει λόγοις τὸν τύραννον ἐκχωρεῖν ἐκ τῆς ἀκροπόλεως : ὡς δ᾽ οὐ προσεῖχε, παρακαλέσας τοὺς ἐγχωρίους πρὸς τὴν ἐλευθερίαν ἐξεπολιόρκησε τὸ χωρίον καὶ τοῖς Ὠρείταις τὴν ἐλευθερίαν ἀποκατέστησεν, δι᾽ ἣν αἰτίαν οἱ τὴν Ἑστιαιέων καλουμένην χώραν οἰκοῦντες οἰκείως διετέθησαν πρὸς τοὺς Σπαρτιάτας, καὶ βεβαίως ἐτήρουν τὴν φιλίαν. [5] τῆς δ᾽ ὑπὸ τῶν Ἀθηναίων ἐκπεμφθείσης δυνάμεως ἡγούμενος Χαβρίας ἐπόρθησε τὴν Ἑστιαιῶτιν χώραν, καὶ τὴν καλουμένην μὲν Μητρόπολιν, κειμένην δ᾽ ἐπί τινος ἐρυμνοῦ λόφου, τειχίσας, ἀπέλιπεν ἐν αὐτῇ φρουράν, αὐτὸς δὲ ταῖς Κυκλάσι νήσοις ἐπιπλέων προσηγάγετο Πεπάρηθον καὶ Σκίαθον καί τινας ἄλλας τεταγμένας ὑπὸ Λακεδαιμονίοις.

[1] Ils s’acquirent par des lois si sages et si désintéressées la bienveillance de toute la Grèce et se procurèrent à eux-mêmes une autorité beaucoup plus grande et beaucoup plus sûre. Entre toutes les villes qui s’attachèrent alors aux Athéniens, les premières et les plus zélées furent celles de l’Eubée, si l’on en excepte pourtant Histiaia. Cette dernière avait reçu de grandes faveurs des Lacédémoniens et les Athéniens au contraire lui avaient fait une sanglante guerre2. Ainsi il ne faut pas s’étonner que gardant son animosité contre ceux-ci, elle conservât de la reconnaissance pour les premiers. [2] Mais à cela près les Athéniens eurent pour eux soixante et dix villes3, qui toutes avaient entrée sur le même pied et aux mêmes conditions dans le Conseil général. Il arriva de là que la puissance des Athéniens ayant gagné à proportion de ce que celle des Lacédémoniens avait perdu ; ces deux villes furent en état de combattre à forces égales. Cette compensation qui était actuellement favorable aux Athéniens les fit passer en armes dans l’Eubée, pour soutenir leurs alliés et pour combattre leurs adversaires. [3] Un peu avant ce temps-ci un certain Neogènès aidé par Jason de Phères avait amassé des troupes, par le moyen desquelles s’étant rendu maître dans l’Eubée de la citadelle d’Histiaia, il avait subjugué tous les environs, y compris la cité d’Oropè4. Comme il usait de hauteur et de violence envers ceux qu’il venait de soumettre, les Lacédémoniens députèrent vers lui Théripidès. [4] Celui-ci employa d’abord des raisons et des exhortations pour persuader à Néogènès d’abandonner la citadelle d’Oropè. Mais n’ayant rien obtenu par cette voie, il excita lui-même les habitants des environs à recouvrer leur liberté. Il se servit d’eux pour former le siège d’Oropè, et il en déposséda en effet l’usurpateur. Cette assistance des Lacédémoniens gagna tous les habitants d’Histiaia et les engagea à demeurer fermes dans leur alliance. [5] C’est ce qui fut cause que le général athénien Chabrias ravagea l’Hestiaitide; après quoi il assiégea et prit leur citadelle Métropolis, située sur une hauteur avantageuse et y laissa une garnison. Passant de là aux îles Cyclades, il attira au parti des Athéniens Péparéthos, Scyathos6 et quelques autres qui étaient auparavant dans l’alliance des Spartiates.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 30, 1-5, trad. abbé Jean Terrasson

Les Athéniens sont bien les maîtres de cette symmachie. Les Lacédémoniens se sentent, de ce fait, menacés sur deux fronts : d’un côté les Athéniens, de l’autre la Confédération béotienne reconstituée par Thèbes et qui, depuis le coup de Sphodrias, se trouve par la force des choses l’alliée d’Athènes.

[4] ἐτάχθη δ᾽ ἀπὸ τῆς κοινῆς γνώμης τὸ μὲν συνέδριον ἐν ταῖς Ἀθήναις συνεδρεύειν, πόλιν δὲ ἐπ᾽ ἴσης καὶ μεγάλην καὶ μικρὰν μιᾶς ψήφου κυρίαν εἶναι, πάσας δ᾽ ὑπάρχειν αὐτονόμους, ἡγεμόσι χρωμένας Ἀθηναίοις. οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι τὴν ὁρμὴν τῶν πόλεων ὁρῶντες ἀκατάσχετον οὖσαν πρὸς τὴν ἀπόστασιν, ὅμως πρεσβείαις καὶ λόγοις φιλανθρώποις, ἔτι δ᾽ ἐπαγγελίαις εὐεργετικαῖς ἐφιλοτιμοῦντο διορθοῦσθαι τὰς ἀλλοτριότητας τῶν ἀνθρώπων. [5] ὁμοίως δὲ καὶ τῆς εἰς τὸν πόλεμον παρασκευῆς ἐποιοῦντο πολλὴν φροντίδα, προσδοκῶντες μέγαν καὶ πολυχρόνιον αὑτοῖς ἔσεσθαι τὸν Βοιωτικὸν πόλεμον, συμμαχούντων τοῖς Θηβαίοις τῶν Ἀθηναίων καὶ τῶν ἄλλων Ἑλλήνων τῶν κοινωνούντων τοῦ συνεδρίου.

[4] Elles convinrent unanimement que ce Conseil se tiendrait dans Athènes et que chaque ville grande ou petite, y aurait une voix, ni plus ni moins, dans les délibérations ; qu’elles se gouverneraient toutes par elles-mêmes ; mais que la présidence appartiendrait aux Athéniens. Les Spartiates qui ne voyaient aucun remède contre cette défection universelle, ne laissèrent pas d’employer des ambassades en forme à des promesses flatteuses pour calmer le soulèvement de tant de peuples ; [5] et d’un autre côté ils faisaient tous les préparatifs d’une guerre qu’ils jugeaient devoir être aussi longue et aussi difficile que le fut en effet pour eux la guerre béotique, où les Thébains étaient soutenus par les Athéniens et par tous les Grecs qui avaient entrée dans le Conseil général.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 28, 4-5, trad. abbé Jean Terrasson

La situation politique est aussi, pour Athènes, extrêmement complexe. Pour Callistratos, comme on l’a vu, le véritable danger est Thèbes. Pour Timothée, au contraire, le seul obstacle à une hégémonie athénienne qu’il veut élargir est encore et toujours Sparte, la rivale par excellence.

La percée du blocus lacédémonien

Carte 3 - La fragilisation de l'hégémonie de Sparte

 

376. Chabrias triomphe des Lacédémoniens à Naxos : « ce combat contre Pollis, avec Chabrias comme chef, leur donna la victoire navale que l’on sait »7. Elle permet de briser le blocus lacédémonien visant à affamer Athènes8. L’origine et les circonstances de la bataille sont racontées avec précision par Diodore9.

[3] […] τῶν δὲ ναυτικῶν κατὰ τοὺς αὐτοὺς καιροὺς ἐγένετο μεγάλη ναυμαχία μεταξὺ Νάξου καὶ Πάρου διὰ τοιαύτας αἰτίας. Πόλλις ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος, πυθόμενος σίτου πλῆθος ἐν ὁλκάσι παρακομίζεσθαι τοῖς Ἀθηναίοις, ἐφήδρευε καὶ παρετήρει τὸν κατάπλουν τῆς κομιζομένης ἀγορᾶς, διανοούμενος ἐπιθέσθαι ταῖς ὁλκάσιν. ἃ δὴ πυθόμενος ὁ δῆμος τῶν Ἀθηναίων ἐξέπεμψε στόλον παραφυλάξοντα τὴν σιτοπομπίαν, ὃς καὶ διέπεμψεν εἰς τὸν Πειραιέα τὴν κομιζομένην ἀγοράν. [4] μετὰ δὲ ταῦτα Χαβρίας μὲν ὁ τῶν Ἀθηναίων ναύαρχος μετὰ τοῦ στόλου παντὸς πλεύσας ἐπὶ τὴν Νάξον συνεστήσατο πολιορκίαν. προσαγαγὼν δὲ τοῖς τείχεσι μηχανάς, καὶ διὰ τούτων σαλεύσας τὰ τείχη, σπουδὴν εἰσεφέρετο βίᾳ κρατῆσαι τῆς πόλεως. ἅμα δὲ τούτοις πραττομένοις Πόλλις ὁ τῶν Λακεδαιμονίων ναύαρχος κατέπλευσε βοηθήσων τοῖς Ναξίοις. γενομένης δὲ φιλοτιμίας ἀμφότεροι συγκατέβησαν εἰς ναυμαχίαν, καὶ τὰς ναῦς διατάξαντες ἐπέπλεον ἀλλήλοις. [5] εἶχε δὲ τριήρεις ὁ μὲν Πόλλις ἑξήκοντα καὶ πέντε, ὁ δὲ Χαβρίας ὀγδοήκοντα καὶ τρεῖς. ἐπιπλεουσῶν δὲ τῶν νεῶν ἀλλήλαις, Πόλλις μὲν ἡγούμενος τοῦ δεξιοῦ κέρως πρῶτος ἐνέβαλε ταῖς ἀντιτεταγμέναις τριήρεσιν ἐπὶ τοῦ λαιοῦ κέρατος, ὧν ἡγεῖτο Κήδων ὁ Ἀθηναῖος : ἀγωνισάμενος δὲ λαμπρῶς αὐτόν τε τὸν Κήδωνα διέφθειρε καὶ τὴν ναῦν κατεβύθισεν : ὁμοίως δὲ καὶ ταῖς ἄλλαις συμβαλὼν καὶ τοῖς ἐμβόλοις ἀναρρήττων, ἃς μὲν διέφθειρεν, ἃς δὲ φυγεῖν ἠνάγκασεν. ἃ δὴ κατιδὼν ὁ Χαβρίας, καὶ μέρος τῶν περὶ αὐτὸν νεῶν ἐκπέμψας, ἐβοήθησε τοῖς πιεζομένοις καὶ τὴν ἧτταν τῶν ἰδίων διωρθώσατο, αὐτὸς δ᾽ ἔχων τὸ κράτιστον τοῦ στόλου καὶ γενναίως ἀγωνισάμενος πολλὰς μὲν τριήρεις διέφθειρεν, οὐκ ὀλίγας δ᾽ αἰχμαλώτους ἔλαβεν. 35. γενόμενος δ᾽ ἐπὶ τοῦ προτερήματος, καὶ πάσας τὰς τῶν πολεμίων ναῦς φυγεῖν ἀναγκάσας, ἀπέσχετο παντελῶς τοῦ διωγμοῦ : ἀναμνησθεὶς γὰρ τῆς ἐν Ἀργινούσαις ναυμαχίας, ἐν ᾗ τοὺς νικήσαντας στρατηγοὺς ὁ δῆμος ἀντὶ μεγάλης εὐεργεσίας θανάτῳ περιέβαλεν, αἰτιασάμενος ὅτι τοὺς τετελευτηκότας κατὰ τὴν ναυμαχίαν οὐκ ἔθαψαν, εὐλαβήθη μήποτε τῆς περιστάσεως ὁμοίας γενομένης κινδυνεύσῃ παθεῖν παραπλήσια. διόπερ ἀποστὰς τοῦ διώκειν ἀνελέγετο τῶν πολιτῶν τοὺς διανηχομένους, καὶ τοὺς μὲν ἔτι ζῶντας διέσωσε, τοὺς δὲ τετελευτηκότας ἔθαψεν. εἰ δὲ μὴ περὶ ταύτην ἐγένετο τὴν ἐπιμέλειαν, ῥᾳδίως ἂν ἅπαντα τὸν τῶν πολεμίων στόλον διέφθειρε. [2] κατὰ δὲ τὴν ναυμαχίαν τῶν μὲν Ἀθηναίων διεφθάρησαν τριήρεις ὀκτωκαίδεκα, τῶν δὲ Λακεδαιμονίων διεφθάρησαν μὲν εἴκοσι καὶ τέτταρες, αὔτανδροι δ᾽ ἐλήφθησαν ὀκτώ. Χαβρίας μὲν οὖν ἐπιφανῆ ναυμαχίαν νικήσας κατέπλευσε μετὰ πολλῶν λαφύρων εἰς τὸν Πειραιέα, καὶ μεγάλης ἀποδοχῆς ἔτυχε παρὰ τοῖς πολίταις. μετὰ γὰρ τὸν Πελοποννησιακὸν πόλεμον Ἀθηναῖοι ταύτην πρώτην ναυμαχίαν ἐνίκησαν : τὴν γὰρ περὶ Κνίδον οὐκ ἰδίᾳ διηγωνίσαντο, τῷ δὲ βασιλικῷ στόλῳ χρησάμενοι προετέρησαν.

[3] […] À l’égard des flottes ennemies, elles se rencontrèrent à peu près en ce même temps entre les îles de Naxos et de Paros. Pollis qui commandait celles des Lacédémoniens ayant su qu’un grand nombre de vaisseaux de charge portait du blé aux Athéniens, se disposa à les épier dans l’espérance de s’en saisir. La ville avertie de ce dessein, chargea sa flotte d’escorter ses provisions et de les amener dans le Pirée. [4] Sur cet ordre le général Chabrias s’avança jusqu’à l’île de Naxos où il forma le siège de la place ; il se hâtait de l’emporter par le jeu continuel des machines, lorsque le Spartiate Pollis instruit de cette entreprise se hâta de son côté d’aller au secours des Naxiens. Les deux flottes à la vue l’une de l’autre se sentirent piquer d’honneur et s’étant mises en ordre de bataille, on en vint à un combat réglé. [5] Pollis avait soixante-cinq vaisseaux et Chabrias quatre-vingt-trois. Pollis qui conduisait son aile droite tomba le premier sur l’aile gauche des Athéniens commandée par Cédon ; il l’attaqua avec tant de vigueur qu’il tua Cédon lui-même et coula son vaisseau à fond. Se jetant ensuite sur les autres vaisseaux qui l’environnaient, il brisa les uns de son éperon et mit en fuite les autres. À cet aspect Chabrias envoie des vaisseaux de son aile au secours de l’aile maltraitée de sorte qu’en effet il la soutint et la rétablit : pendant que commandant lui-même la plus forte partie de sa flotte, il fit périr la plupart des vaisseaux ennemis et se rendit maître d’un grand nombre. 35 Mais après avoir gagné la bataille et mis en fuite tout ce qui restait de la flotte Lacédémonienne, il s’abstint exactement de toute poursuite par le souvenir de la bataille navale des Arginuses au retour de laquelle le peuple d’Athènes, au lieu des mémorables actions de grâces qu’il devait à ceux qui l’avaient gagnée, les condamna à la mort sur le prétexte qu’ils n’avaient pas enseveli les corps de ceux qui avaient péri dans le combat. Chabrias qui craignait le même sort pour lui-même, au lieu de poursuivre les ennemis s’occupa à recueillir tous les corps de ses compatriotes qu’on apercevait sur la surface de l’eau : il sauva ceux en qui on trouva encore un reste de vie et il fit ensevelir les autres. Mais il est constant que s’il ne se sut pas détourné par cette occupation religieuse, il aurait exterminé l’armée ennemie : [2] les Athéniens perdirent dans cette bataille huit vaisseaux et les Lacédémoniens vingt-quatre mais de plus il en fut pris huit à ces derniers avec tout l’équipage qui les montait. Chabrias au retour d’une si grande victoire entra dans le port du Pirée chargé de superbes dépouilles et accueilli des plus grandes sollicitations de la part de ses concitoyens. C’était la première victoire qu’ils eussent remportée sur mer depuis la guerre du Péloponnèse. Car ils n’avaient pas gagné par eux-mêmes la bataille de Cnide10 ; et c’étaient les vaisseaux du Roi de Perse qui leur procurèrent l’avantage qu’ils eurent alors sur leurs ennemis.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 34,3-5 […] 35, 2, trad. abbé Jean Terrasson

Grâce à cette victoire, la Confédération s’enrichit de nouveaux membres11 et s’en trouve consolidée.

Le texte suivant, inscrit sur une stèle trouvée encore sur l’acropole d’Athènes, montre de quelle manière les nouveaux alliés (ici Corcyre, l’Acarnanie et la Céphallénie) entraient au sein de la Confédération, la référence étant la stèle du décret d’Aristotélès.

« Philoclès […] étant secrétaire. Sous l’archontat d’Hippodamas, durant la prytanie de la tribu Antiochis, qui était la deuxième, pour qui Phylacos d’Oinoé était secrétaire, il a plu au conseil et au peuple, Critios a fait la proposition : pour répondre à ce qu’ont proposé devant le conseil les ambassadeurs des Corcyréens, des Acarnaniens et des Céphalléniens qui se conduisent en hommes de bien à l’égard du peuple des Athéniens et des alliés, aujourd’hui comme ils l’ont fait dans le passé ; pour que soit fait ce qu’ils demandent, qu’ils soient introduits devant le peuple, et que soit présenté l’avis du conseil selon lequel il convient au conseil que le secrétaire du conseil inscrive sur la stèle commune des alliés les noms des cités d’où sont venus les ambassadeurs et que le conseil, les stratèges et les cavaliers prêtent serment aux cités d’où les ambassadeurs sont venus ; que les alliés aussi prêtent serment ; ceci fait, que le peuple choisisse comme il conviendra à la communauté des alliés des hommes qui iront recevoir les serments des cités, qui seront inscrits sur la stèle commune où sont inscrits les noms des alliés ; que chaque cité envoie des représentants à l’assemblée des alliés en accord avec les décrets des alliés et des Athéniens ; au sujet des Acarnaniens, que l’on voie en commun avec Aischylos, Euarchos, Euru[…], […], Rusiadès […]. »

Inscription historique grecque.

Athènes impose de nouveau sa domination maritime

 

375. La seconde Confédération devient une force imposante. Les flottes athéniennes croisent en mer Égée et en Adriatique. Timothée contourne le Péloponnèse. Il s’empare de Corcyre pour y soutenir le parti des démocrates. La position stratégique de cette cité, à proximité du Péloponnèse, est particulièrement importante pour les Athéniens12. Il défait ensuite les Lacédémoniens à Alyzeia.

[5] Τιμόθεος δὲ παραλαβὼν τὴν ναυαρχίαν καὶ πλεύσας εἰς τὴν Κεφαληνίαν, τάς τ’ ἐν αὐτῇ πόλεις προσηγάγετο καὶ τὰς κατὰ τὴν ᾿Ακαρνανίαν ὁμοίως ἔπεισεν ἀποκλῖναι πρὸς ᾿Αθηναίους. ᾿Αλκέταν τε τὸν Μολοττῶν βασιλέα φίλον κατασκευάσας, καὶ καθόλου τὰς χώρας τὰς τῶν περὶ τοὺς τόπους ἐκείνους πόλεων ἐξιδιοποιησάμενος, ἐνίκησε ναυμαχίᾳ τοὺς Λακεδαιμονίους περὶ Λευκάδα.

[5] En ce temps-là Timothée qui lui succéda au commandement de la flotte, se présenta à la vue de l’île et de la ville de Céphallénie et se montrant aussi sur les côtes de l’Acarnanie, il attira toutes ces provinces au parti des Athéniens. Il gagna aussi Alcétas roi des Molosses13. En un mot, s’étant assuré la bienveillance de toutes les villes de ces cantons, il remporta une victoire sur mer contre les Lacédémoniens auprès de Leucade.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 36, 5, trad. abbé Jean Terrasson

Voici la version de Xénophon.

[63] καὶ οἱ Ἀθηναῖοι μέντοι ὀργιζόμενοι τοῖς Λακεδαιμονίοις διὰ τὸ Σφοδρία ἔργον, προθύμως ἐξέπεμψαν περὶ τὴν Πελοπόννησον ναῦς τε ἑξήκοντα πληρώσαντες καὶ στρατηγὸν αὐτῶν Τιμόθεον ἑλόμενοι. ἅτε δὲ εἰς τὰς Θήβας οὐκ ἐμβεβληκότων τῶν πολεμίων οὔτ᾽ ἐν ᾧ Κλεόμβροτος ἦγε τὴν στρατιὰν ἔτει οὔτ᾽ ἐν ᾧ Τιμόθεος περιέπλευσε, θρασέως δὴ ἐστρατεύοντο οἱ Θηβαῖοι ἐπὶ τὰς περιοικίδας πόλεις καὶ πάλιν αὐτὰς ἀνελάμβανον. [64] ὁ μέντοι Τιμόθεος περιπλεύσας Κέρκυραν μὲν εὐθὺς ὑφ᾽ ἑαυτῷ ἐποιήσατο : οὐ μέντοι ἠνδραποδίσατο οὐδὲ ἄνδρας ἐφυγάδευσεν οὐδὲ νόμους μετέστησεν : ἐξ ὧν τὰς περὶ ἐκεῖνα πόλεις πάσας εὐμενεστέρας ἔσχεν. [65] ἀντεπλήρωσαν δὲ καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι ναυτικόν, καὶ Νικόλοχον ναύαρχον, μάλα θρασὺν ἄνδρα, ἐξέπεμψαν : ὃς ἐπειδὴ εἶδε τὰς μετὰ Τιμοθέου ναῦς, οὐκ ἐμέλλησε, καίπερ ἓξ νεῶν αὐτῷ ἀπουσῶν τῶν Ἀμβρακιωτίδων, ἀλλὰ πέντε καὶ πεντήκοντα ἔχων ναῦς ἑξήκοντα οὔσαις ταῖς μετὰ Τιμοθέου ἐναυμάχησε. καὶ τότε μὲν ἡττήθη, καὶ τροπαῖον ὁ Τιμόθεος ἔστησεν ἐν Ἀλυζείᾳ. [66] ὁ δὲ ἀνειλκυσμένων τῶν Τιμοθέου νεῶν καὶ ἐπισκευαζομένων, ἐπεὶ παρεγένοντο αὐτῷ αἱ Ἀμβρακιώτιδες ἓξ τριήρεις, ἐπὶ τὴν Ἀλύζειαν ἔπλευσεν, ἔνθα ἦν ὁ Τιμόθεος. ὡς δὲ οὐκ ἀντανῆγε, τροπαῖον αὖ κἀκεῖνος ἐστήσατο ἐν ταῖς ἐγγυτάτω νήσοις. ὁ δὲ Τιμόθεος ἐπεὶ ἅς τε εἶχεν ἐπεσκεύασε καὶ ἐκ Κερκύρας ἄλλας προσεπληρώσατο, γενομένων αὐτῷ τῶν πασῶν πλέον ἑβδομήκοντα, πολὺ δὴ ὑπερεῖχε ναυτικῷ : χρήματα μέντοι μετεπέμπετο Ἀθήνηθεν : πολλῶν γὰρ ἐδεῖτο, ἅτε πολλὰς ναῦς ἔχων.

[63] Les Athéniens, irrités d’ailleurs contre les Lacédémoniens, à cause de l’affaire de Sphodrias, sont pleins d’ardeur à envoyer autour du Péloponnèse soixante vaisseaux, avec Timothée14 pour stratège. Thèbes se trouvant délivrée de l’invasion des ennemis pour toute la saison où Cléombrote commande les troupes et où Timothée est en croisière, les Thébains marchent hardiment contre les villes voisines et les font rentrer sous leur domination. Cependant Timothée, dans ses courses maritimes, soumet en peu de temps Corcyre, mais il n’en réduit point les habitants en esclavage, il n’exile personne et ne change point les lois ; conduite qui lui vaut les dispositions les meilleures de la part de toutes les villes. [65] Cependant les Lacédémoniens équipent une flotte de leur côté et prennent pour navarque Nicolochos, homme tout à fait déterminé. Dès qu’il est en vue des vaisseaux de Timothée, il n’hésite point, bien qu’il lui manque six vaisseaux d’Ambracie, mais il attaque avec ses cinquante-cinq vaisseaux les soixante de Timothée. Il est vaincu, et Timothée élève un trophée à Alyzeia15. [66] Timothée tire ensuite ses vaisseaux à terre pour les radouber, et Nicolochos, renforcé des six trirèmes d’Ambracie, cingle vers Alyzeia, où se trouve Timothée. Celui-ci ne se mettant point en ligne, Nicolochos, à son tour, élève un trophée dans les îles les plus voisines. Mais Timothée, après avoir radoubé les vaisseaux qu’il avait déjà, et en avoir reçu d’autres de Corcyre, ce qui lui fait en tout une flotte de plus de soixante-dix voiles, a décidément la supériorité navale : il fait demander de l’argent à Athènes ; il lui en fallait beaucoup, ayant beaucoup de vaisseaux.

Xénophon, Helléniques, V, 4, 63-66, trad. Eugène Talbot, 1859

Expansion de la seconde confédération athénienne

 

Ce nouveau succès athénien est capital : de nouveaux membres entrent encore dans la seconde Confédération. Quant aux Thébains, ils évitent l’affrontement direct avec Sparte, ménageant habilement leurs forces. Ils n’auront d’ailleurs jamais les moyens économiques d’une guerre totale et d’une politique impérialiste à grande échelle. Le rôle joué dans l’hégémonie thébaine par les stratèges Épaminondas et Pélopidas est d’autant plus remarquable.

[37] ἅμα δὲ τούτοις πραττομένοις Θηβαῖοι μὲν ἐστράτευσαν ἐπ᾽ Ὀρχομενὸν ἐπιλέκτοις ἀνδράσι πεντακοσίοις, καὶ συνετέλεσαν πρᾶξιν ἀξίαν μνήμης : φρουρούντων γὰρ τὸν Ὀρχομενὸν Λακεδαιμονίων πολλοῖς στρατιώταις, καὶ τοῖς Θηβαίοις ἀντιταξαμένων, ἐγενήθη μάχη καρτερά, καθ᾽ ἣν οἱ Θηβαῖοι πρὸς διπλασίους συμβαλόντες ἐνίκησαν τοὺς Λακεδαιμονίους. οὐδέποτε γὰρ τοῦτο συνέβη γενέσθαι κατὰ τοὺς ἐπάνω χρόνους, ἀλλ᾽ ἀγαπητὸν ὑπάρχειν ἐδόκει τὸ πολλοὺς ὀλίγους νικῆσαι. [2] διὸ καὶ φρονήματος ἐπίμπλαντο Θηβαῖοι, καὶ τὴν ἀνδρείαν εἶχον μᾶλλον περιβόητον, καὶ φανεροὶ καθειστήκεισαν ἀμφισβητήσοντες τῆς τῶν Ἑλλήνων ἡγεμονίας.

[37] Mais dans ce même temps les Thébains au nombre de cinq cents hommes d’élite allèrent investir Orchomène, où ils firent une action digne de mémoire. Les Lacédémoniens avaient dans cette place une forte garnison qui en sortit pour faire tête aux Thébains qui s’avançaient contre elle. Il se donna là un rude combat où les Thébains défirent les Lacédémoniens qui les sur passaient du double. Il n’était jamais arrivé rien de semblable et les Spartiates avaient toujours cru que le seul avantage qu’il fût possible à leurs ennemis d’avoir sur eux était de les faire céder au grand nombre. [2] Cet événement remplit les Thébains de confiance pour l’avenir et leur inspira ce courage invincible qui les mit à portée d’espérer la supériorité de la réputation et l’honneur du commandement sur toute la Grèce.

Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XV, 37, 1-2, trad. abbé Jean Terrasso

Une paix favorable à Athènes

 

375-374. Les Lacédémoniens et leurs alliés, demandent la paix. Les Athéniens qui sentent la menace thébaine et dont les difficultés financières pèsent, comme on l’a vu, sur les opérations militaires et leur politique d’expansion, acceptent les propositions lacédémoniennes.

οἱ μὲν γὰρ Λακεδαιμόνιοι καὶ οἱ σύμμαχοι συνελέγοντο εἰς τοὺς Φωκέας, οἱ δὲ Θηβαῖοι ἀναχωρήσαντες εἰς τὴν ἑαυτῶν ἐφύλαττον τὰς εἰσβολάς. οἱ δ᾽ Ἀθηναῖοι, αὐξανομένους μὲν ὁρῶντες διὰ σφᾶς τοὺς Θηβαίους, χρήματά τε οὐ συμβαλλομένους εἰς τὸ ναυτικόν, αὐτοὶ δὲ ἀποκναιόμενοι καὶ χρημάτων εἰσφοραῖς καὶ λῃστείαις ἐξ Αἰγίνης καὶ φυλακαῖς τῆς χώρας, ἐπεθύμησαν παύσασθαι τοῦ πολέμου, καὶ πέμψαντες πρέσβεις εἰς Λακεδαίμονα εἰρήνην ἐποιήσαντο.

[1] Les Lacédémoniens et leurs alliés se rassemblaient en Phocide, et les Thébains s’étaient retirés sur leurs terres, dont ils gardaient les passages. Les Athéniens cependant, voyant que, grâce à eux, la puissance des Thébains s’augmentait, sans que ceux-ci fournissent aucuns fonds pour l’entretien de la flotte, tandis qu’ils étaient eux-mêmes épuisés par les contributions d’argent, les brigandages des Éginètes et l’entretien des gardes de la contrée, désirent faire cesser la guerre, et envoient à Lacédémone des députés qui concluent la paix.

Xénophon, Helléniques, VI, 2, 1, trad. Eugène Talbot, 1859

Il s’agit d’un renouvellement de la « paix du Roi ». Mais cette fois-ci elle devait reconnaître l’existence officielle de la seconde Confédération athénienne et donc le retour de la puissance et de l’expansion d’Athènes. C’est sans doute la raison pour laquelle Isocrate la trouve juste et avantageuse.

[16] Φημὶ δ’ οὖν χρῆναι ποιεῖσθαι τὴν εἰρήνην μὴ μόνον πρὸς Χίους καὶ Ῥοδίους καὶ Βυζαντίους καὶ Κῴους ἀλλὰ πρὸς ἅπαντας ἀνθρώπους, καὶ χρῆσθαι ταῖς συνθήκαις μὴ ταύταις αἷς νῦν τινὲς γεγράφασιν, ἀλλὰ ταῖς γενομέναις μὲν πρὸς βασιλέα καὶ Λακεδαιμονίους, προσταττούσαις δὲ τοὺς Ἕλληνας αὐτονόμους εἶναι καὶ τὰς φρουρὰς ἐκ τῶν ἀλλοτρίων πόλεων ἐξιέναι καὶ τὴν αὑτῶν ἔχειν ἑκάστους. Τούτων γὰρ οὔτε δικαιοτέρας εὑρήσομεν οὔτε μᾶλλον τῇ πόλει συμφερούσας.

[16] Je dis donc qu’il faut faire la paix, non seulement avec Chios, Rhodes et Byzance, mais avec tous les peuples, et ne pas établir pour conditions celles que l’on vient de vous proposer, mais celles qui se trouvent inscrites dans le traité conclu avec le Roi et les Lacédémoniens, traité qui porte que les Grecs se gouverneront par leurs lois, que les garnisons placées dans les villes étrangères en sortiront, et que chaque peuple restera maître de qui lui appartient. Jamais nous ne trouverons de conditions plus justes, plus utiles à notre pays.

Isocrate, Sur la paix, 16, trad. Le Duc de Clermont-Tonnerre, Paris, Firmin Didot, 1863

374. Jason de Phères tagos de Thessalie. Il a succédé à Lycophron (son père ou son oncle) vers 380. Ses ambitions sur la Grèce annoncent, d’une certaine manière, celles de Philippe de Macédoine.

NOTES

  1. Voir infra son rôle stratégique lors de la guerre des Alliés.
  2. Celle de 446.
  3. Voir Eschine, Ambassade, 70.
  4. Ne pas confondre avec Oropos, la cité aux limites de l’Attique et de la Béotie.
  5. En Thessalie.
  6. Voir, supra, la charte de fondation de la seconde Confédération athénienne.
  7. Xénophon, Helléniques, V, 4, 61.
  8. Voir Xénophon, Helléniques, V, 4, 60.
  9. Voir aussi Plutarque, Phocion, VI, 3 et Polyen, III, 11, 2.
  10. Voir supra. La bataille a eu lieu en 394. Conon était le stratège athénien qui avait le commandement.
  11. Leurs noms furent ajouter sur la stèle de marbre au fur et à mesure de leurs adhésions.
  12. Voir infra texte d’Isocrate.
  13. Son nom figure en effet sur la charte, après les Pronnoi. Voir supra.
  14. Note Talbot : Celui dont Cornélius Nepos a écrit la biographie.
  15. Note E. Talbot : Ville d’Acarnanie.
  16. Voir infra son rôle après la bataille de Leuctres.
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