Sur une pierre des Thermopyles, se trouve le distique du poète lyrique grec Simonide de Céos (556 - 467 av. J.C) que cite Hérodote (Histoires, VIII, 228)
« ὦ ξεῖν᾿, ἀγγέλλειν Λακεδαιμονίοις ὅτι τῇδε
κείμεθα, τοῖς κείνων ῥήμασι πειθόμενοι »« Étranger, va dire à Sparte
Que nous gisons ici, ayant obéi à ses lois. »
Il est peu de faits d’armes qui atteignent la puissance légendaire de la bataille des Thermopyles. Par la situation historique critique, par la disproportion des forces, par le cadre géographique contraint, les personnalités en présence, elle symbolise de manière absolue le sacrifice guerrier. Un homme particulièrement incarne ce courage extrême, ce dévouement à une cause commune, la résistance contre l’envahisseur : un Spartiate, le premier d’entre eux, le roi Léonidas.
Né en 540 av. J.-C., Léonidas Ier fut roi de Sparte de 489 à 480, c’est-à-dire à une période des plus difficiles pour la Grèce : celle de la première guerre médique.
Lorsque le Grand Roi perse Darius prépare son expédition contre la Grèce, le roi spartiate en exil Démarate avertit ses concitoyens de cette attaque imminente par un message secret qui exige une interprétation de l’oracle de Delphes :
Pour vous, citoyens de la vaste Sparte,
Votre grande cité glorieuse ou bien sous les coups des Perséides
Tombe, ou bien elle demeure ; mais sur la race d’Héraclès,
Sur un roi défunt alors pleurera la terre de Lacédémon
Son ennemi, la force des taureaux ne l'arrêtera pas ni celle des lions,
Quand il viendra : sa force est celle de Zeus.
Non, je te le dis,
II ne s’arrêtera pas avant d’avoir reçu sa proie, ou l’une ou l’autre.
Hérodote, Histoires, VII, 220
L’alternative est donc simple : soit Sparte est conquise, soit elle demeure libre mais perd son roi.
La ligue hellénique qui réunit les cités grecques place Sparte à sa tête. Celle-ci décide d’envoyer ses forces au-devant des Perses afin de les retenir et de laisser ainsi le temps aux armées grecques de se replier. Les Grecs prennent position au défilé des Thermopyles.
L’historien Hérodote a avancé des chiffres improbables : 6 000 soldats grecs (dont 300 hoplites spartiates) pour arrêter 1,7 million de Perses ! Les historiens contemporains les ont ramenés à une opposition entre 4000 Grecs et 210 000 soldats perses.
Léonidas n’a retenu parmi ses 300 hoplites que ceux ayant déjà eu un fils.
Les Grecs positionnés aux Thermopyles parviennent à repousser les attaques perses pendant plusieurs jours mais, finalement trahis, sont décimés. Léonidas, qui renvoie – et ainsi sauve – la plupart des Grecs, tient à demeurer sur place avec quelques-uns de ses hommes qui combattent jusqu’au dernier. Ils auront accompli leur mission : grâce à leur sacrifice, les Grecs, qui se sont repliés, ont pu concentrer leurs forces et sont prêts désormais à affronter l’armée de Darius.
En 2007, Léonidas et son armée reviennent sur les écrans. Le film 300 du réalisateur Zack Snyder, inspiré du roman graphique de Franck Miller et Lynn Varley rencontre un succès marquant.
Ce qu'écrit Diodore de Sicile:
Ἀπεκρίθη δὲ ὅτι τῷ λόγῳ μὲν ἐπὶ τὴν φυλακὴν ἄγει τῶν παρόδων, τῷ δ᾿ ἔργῳ περὶ τῆς κοινῆς ἐλευθερίας ἀποθανουμένους · ὥστε ἐὰν μὲν οἱ χίλιοι πορευθῶσιν, ἐπιφανεστέραν ἔσεσθαι τὴν Σπάρτην τούτων τελευτησάντων, ἐὰν δὲ πανδημεὶ στρατεύσωσι Λακεδαιμόνιοι, παντελῶς ἀπολεῖσθαι τὴν Λακεδαίμονα · οὐδένα γὰρ αὐτῶν τολμήσειν φεύγειν, ἵνα τύχῃ σωτηρίας.
À cette question, Léonidas répliqua qu’en apparence il partait pour garder les Thermopyles, mais en réalité pour mourir en combattant pour la liberté commune. « La mort de mille soldats, ajoutait-il, rendra Sparte encore plus célèbre ; mais si je conduisais avec moi toute l’armée des Lacédémoniens, Sparte serait complétement ruinée ; car aucun Lacédémonien n’oserait chercher son salut dans la fuite. »
Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XI, 4