Les Danaïdes

Pour lire les images
Consulte la méthode : Je lis une image


Petite anthologie


APOLLODORE Livre II, 1, 4-5 [Traduction de E. Clavier, 1805]

Epaphus régna sur l'Egypte ; il y épousa Memphis, fille du Nil. Il bâtit une ville à laquelle il donna le nom de son épouse, et il en eut une fille nommée Libye, qui donna son nom au pays.De Libye et de Neptune naquirent deux fils jumeaux, Agénor et Bélus. Agénor s'étant rendu dans la Phénicie, y régna, et y fut chef d'une nombreuse postérité ; c'est pourquoi je renverrai à un autre endroit ce que j'ai à en dire. Bélus resta en Egypte, et il en fut roi ; il épousa Anchinoé, fille du Nil ; il en eut deux fils jumeaux, Ægyptus et Danaüs, et, suivant Euripides, Céphée et Phinée, Bélus plaça Danaüs en Libye, et Egypte et en Arabie. Ce dernier ayant soumis le pays des Mélampodes, lui donna son nom. Il eut de plusieurs femmes cinquante fils, et Danaüs eut cinquante filles. La guerre s'étant élevée entre eux quelque temps après, au sujet de leurs états, Danaüs craignant les fils d'Ægyptus, construisit, par le conseil de Minerve, le premier vaisseau qui eût été fait ; on le nomma Pentécontore, à cause du nombre de ses filles. Il les y embarqua et s'enfuit avec elles.
Ayant abordé à Rhodes, il y érigea une statue à Minerve la Lindienne ; il se rendit de là à Argos, et Gélanor qui y régnait alors, lui céda la couronne. Danaüs étant ainsi devenu maître du pays, donna aux habitants le nom de Danæns. Neptune ayant desséché toutes les fontaines pour se venger d'Inachus, qui avait rendu témoignage que le pays appartenait à Minerve. Danaüs envoyait ses filles puiser de l'eau : Amymone, l'une d'entre elles « cherchant une fontaine » lança un trait contre un cerf, et atteignit un satyre qui dormait : ce satyre s'éveilla et voulut lui faire violence ; mais Neptune s'étant montré, le satyre s'enfuit; Neptune jouit d'elle, et lui fit connaître les fontaines de Lerne.

§ 5. Les fils d'Ægyptus étant venus ensuite à Argos, cherchèrent à se réconcilier avec Danaüs, et lui demandèrent ses filles en mariage. Danaüs se méfiant de leurs promesses, et voulant en outre se venger de son exil, les leur promit, et les leur distribua au sort. Avant cependant de tirer au sort, il donna Hypermnestre, l'aînée de toutes, à Lyncée, et Gorgophone à Protée. Ils étaient tous les deux fils d'Argyphie, reine, et femme d'Ægyptus ; quant aux autres : Busiris, Encelade, Lycus et Daiphron eurent pour femme Automate, Amymone, Agavé et Scæa, que Danaüs avait eues d'Europe (Gorgophone et Hypermnestre étaient filles d'Eléphantis). Intrus épousa Hippodamie ; Chalcodon, Rhodie ; Agénor, Cléopâtre ; Chaitus, Astérie ; Diocorystès, Philodamie ; Alcis, Glaucé ; Alcménor, Hippoméduse ; Hippothoüs, Gorgé ; Euchénor, Iphi-méduse ; Hippolyte, Rhodé. Les jeunes gens étaient fils d'une femme d'Arabie, et les filles avaient pour mère Atlantée et Phœbé, nymphes hamadryades. Agaptolème obtint au sort Pirène ; Cercestes, Dorie ; Eurydamas, Phare ; Ægius, Mnestra ; Argius, Evippé ; Archelaüs, Anaxibie ; Ménachus, Nélo. Les sept garçons étaient nés d'une femme Phénicienne, et les filles avaient pour mère une Ethiopienne. On donna à cause de la ressemblance des noms, sans tirer au sort, les filles de Memphis, aux fils de Tyria ; Clitus à Clité, Sthénélus à Sthénélé, et Chrysippus à Chrysippé. Les douze fils de la nymphe Caliande tirèrent au sort les douze filles de la Naïade Polyxo. Les fils se nommaient Euryloque, Phantès, Peristhènes, Hermus, Dryas, Potamon, Cissée, Lixus, Imbras, Bromius, Polyctor et Chthonius. Les filles étaient Autonoé, Théano, Electre, Cléopâtre, Eurydice, Glaucippe, Arithélée, Cleodore, Pléxippe, Euroto, Stygné et Brycé. Ceux qu'Ægyptus avait eus des Gorgones, tirèrent au sort les filles que Danaüs avait eues de Piéria. Périphas fut marié à Actée ; Œnée à Podarcé ; Ægyptus à Dioxippe ; Métalcès à Adyte ; Lampus à Ocypèté; Idmon à Pylargue. Les plus jeunes étaient, Idas qui épousa Hippodice ; Daiphron qui épousa Adiante : ces deux filles avaient Hersé pour mère. Pandion épousa Çallidice ; Arbélus, Oimé ; Hyperbius, Celœno ; Hippocorystès, Hypéripte : les garçons étaient fils d'Hephæstine, et les filles avaient Crino pour mère.

Les mariages étant ainsi assortis, Danaüs, au repas de noces, donna à chacune de ses filles un poignard, et elles tuèrent toutes leurs époux, lorsqu'ils furent endormis, à l'exception d'Hypermnestre qui sauva Lyncée, qui lui avait conservé sa virginité ; c'est pourquoi Danaüs la renferma. Les autres enterrèrent les têtes de leurs maris près des fontaines de Lerne, et donnèrent la sépulture à leurs corps devant la ville. Minerve et Mercure les purifièrent de ce meurtre par l'ordre de Jupiter.

 

ESCHYLE Les Suppliantes [Traduction d'Emile Chambry, 1925]

La scène est au bord de la mer près d’Argos. Au fond de l’orchestre, un tertre avec les statues de Zeus, d’Apollon, de Poséidon et d’Hermès.

LE CHOEUR. — Puisse Zeus, protecteur des suppliantes, jeter un regard favorable sur notre troupe, qu’un vaisseau amène ici des bouches au sable fin du Nil. Nous avons quitté la terre de Zeus, qui touche à la Syrie ; nous nous sommes exilées, non pas qu’un vote de la cité nous ait condamnées à être bannies pour avoir tué, mais parce que, dans notre répugnance instinctive pour l’homme, nous repoussons avec horreur l’hymen des enfants d’Égyptos et leur dessein impie. 11 Danaos, notre père, qui inspire nos desseins et guide notre troupe, a pesé les raisons, et il s’est décidé pour le malheur le plus glorieux, qui était de fuir en toute hâte à travers les flots salés et d’aborder à la terre d’Argos, d’où notre race s’honore de tirer son origine ; car elle est née de la génisse harcelée par un taon, au toucher et au souffle de Zeus. En quel pays mieux disposé pour nous pourrions-nous aborder avec ces rameaux de suppliantes ceints de laine qui chargent nos mains ? 23 Puisse la ville, puissent le pays et ses eaux limpides, puissent les dieux du ciel et les mânes ensevelis sous terre qui exercent de lourdes vengeances, Puisse enfin Zeus Sauveur, gardien du foyer des hommes pieux, accueillir cette troupe de femmes suppliantes en ce pays touché de respect pour le malheur, et, avant que cet insolent essaim de mâles, les fils d’Égyptos, ait mis le pied sur ce sol marécageux, rejetez-les à la mer avec leur vaisseau rapide, et que là, parmi la rafale fouettée par l’ouragan, le tonnerre, les éclairs et les vents chargés de pluie, ils se heurtent à une mer sauvage, et périssent avant de mettre la main sur les nièces de leur père et de monter, malgré la loi qui l’interdit, dans des lits qui les repoussent. 40 Maintenant j’appelle au-delà des mers, pour qu’il me protège, le jeune taureau issu de Zeus qui, de son souffle, le fit naître de mon aïeule, la génisse qui paissait les fleurs. Le toucher qui lui valut son nom mit une juste fin au temps marqué par le destin : Io engendra Épaphos.

 

Iconographie

Les Danaïdes, Tony Robert Fleury, 1873,Musée Henri-Martin, Cahors, © Wikimedia Commons
Les Danaïdes

*  *  *  *  *  *  *  *

Cham, Charivari, 1873, Robert FLEURY - Lui voyant tant de bras, les autres Danaïdes lui laissent faire toute la besogne - © Wikimedia Commons
Caricature du Charivari - Danaïdes - 1873

*  *  *  *  *  *  *  *

Cham, Charivari, 1877, M. LEROUX - Les Danaïdes craignant que leur puits n'attire Moyaux de leur côté - © Wikimedia Commons
Caricature du Charivari - Danaïdes - 1877

*  *  *  *  *  *  *  *

Les Danaïdes, Georges William Joy, 1896, © Wikimedia Commons
Les Danaïdes

*  *  *  *  *  *  *  *

Le tonneau des Danaïdes, film de Georges Méliès, 1900, ​​Photogramme extrait du film, © Wikimedia Commons
Les tonneaux des Danaïdes - photogramme de Méliès

*  *  *  *  *  *  *  *

Les Danaïdes, Jean-François de Boever (1872-1949), © Wikimedia Commons
Les Danaïdes -de Boever

*  *  *  *  *  *  *  *

Les Danaïdes, John William Waterhouse, 1903, Collection privée, © Wikimedia Commons
Les Danaïdes de Waterhouse
Besoin d'aide ?
sur