La fondation mythologique de la cité
Selon L’Énéide de Virgile, la fondation de Buthrotos est due aux Troyens en fuite après la prise de Troie par les Grecs. À leur arrivée sur les côtes de l’Épire, pour honorer les Dieux, ils sacrifient un bœuf, qui, blessé, continue cependant à courir et crier avant de tomber mort sur la presqu’île : y voyant un présage favorable, les Troyens décident de nommer la cité Βουθρωτός (Bouthrotos) à partir des mots grecs βοῦς (bous, le bœuf) et θροέω (throeô, pousser un cri).
En effet, après la mort de son mari Hector, tué par Achille, et de son fils Astyanax, tué par Pyrrhos / Néoptolème, Andromaque, l’héroïne troyenne, est enlevée par Pyrrhos qui l’épouse et qui a, avec elle, trois enfants (Molossos, Pielos et Pergamos). Après l’assassinat de son deuxième mari par Oreste, elle épouse Hélénos, frère de Priam et captif de Pyrrhos, avec qui elle a un enfant, Cestrinos.
Quand Énée débarque à Bouthrotos, il découvre qu’Hélénos règne sur la ville. Il rencontre ensuite Andromaque par hasard, dans une forêt, alors qu’elle célèbre des rites funéraires sur le cénotaphe de son premier mari décédé, auquel elle est restée fidèle. C’est alors qu’Énée compare les portes la cité qu’il découvre à celle de Troie. Grâce à Hélénos qui interroge Apollon, Énée reçoit une prédiction favorable pour poursuivre son voyage jusqu’en Italie : la cité de Bouthrotos est donc une étape sur le chemin de la fondation de Rome.
Plutôt que l’explication hasardeuse concernant le « bœuf blessé qui crie », la fabrication de ce mythe troyen tient certainement dans la présence de vieilles ruines situées sur une colline près de Bouthrotos : en effet, ce promontoire était appelé troje, mot albanais signifiant « les ruines ».
L’histoire de la cité
Le nom de la cité, Buthrotum en Latin / Βουθρωτός Bouthrotos ou Buthrotos en Grec est dérivé d’un mot illyrien qui est traduit par Βοῦθος, bouthos en Grec et est lié à l’albanais moderne buzë, signifiant « le rivage ».
Effectivement, le site est occupé par des pêcheurs dès la fin de l’âge du Bronze, au IXe siècle avant J.-C. Au milieu du VIIe siècle, arrivent les colons grecs, les Χάονες (Khaones ou Chaoniens), qui doivent leur nom à Chaon, compagnon de guerre d’Hélénos qui l’a suivi chez Pyrrhos. Ce peuple fonde Buthrotos, construisant une πόλις (polis, cité) au sommet d’une colline. Mais, pendant les époques classique et hellénistique, les Chaoniens doivent faire face aux peuples indigènes, les Illyriens qui occupent les régions côtières ainsi que la partie Nord de l'intérieur de l'Épire. En effet, le site de Buthrotos est un lieu de pouvoir stratégique et commercial essentiel : il permet le contrôle du détroit entre l’Épire et Corcyre (actuelle Corfou) et est situé sur la route commerciale maritime entre la Grèce et l’Italie.
On sait peu de choses sur cette première période. Au Ve siècle avant J.-C., la cité doit être d’une certaine importance car elle est mentionnée comme un emporium (comptoir commercial) important dans la description des côtes européennes par Hécatée de Milet.
Les Chaoniens doivent s’imposer face aux habitants de Corcyre et face aux Athéniens lors de la guerre d’Archidamie, de 431 à 421 avant J.-C., la première étape de la Guerre du Péloponnèse d’où Athènes sort vainqueur. Au cours des combats, les Chaoniens perdent tellement d’hommes que leur pouvoir politique en Épire est brisé. Vers 380 avant J.-C., la ville est entourée d’un nouveau mur qui contient une cité d’environ quatre hectares ; l’ancien fort est utilisé comme acropole. Ce sont alors les Molossiens, les descendants de Molossos fils d’Andromaque, qui prennent la tête de l’Épire. Les Chaoniens rejoignent alors la Ligue épirote vers 325-320 avant J.-C. unissant leurs territoires avec ceux du reste des Épirotes dans un État fédéral qui devient une puissance majeure dans la région jusqu'à la conquête romaine en 170 avant J.-C.
Depuis le règne de Pyrrhos, de 297 à 272 avant J.-C. jusqu’à la chute des Éacides en 232 avant J.-C., la cité connaît une relative stabilité sur le plan géopolitique.
Les premiers bouleversements interviennent vers 230 avant J.-C. : la disparition de la dynastie des rois molosses en 232 avant J.-C. marque la ruine de la Grande Épire fondée par Pyrrhos. D’une part, la pression de l’Étolie au Sud réduit le territoire épirote ; d’autre part, l'intervention romaine, pour la première fois à l'Est de la mer Adriatique, lors de la première guerre d'Illyrie (de 229 à 228 avant J.-C.), modifie radicalement les données politiques dans cette zone : Rome expulse les garnisons illyriennes d'un certain nombre de villes grecques et y établit à la place un protectorat romain.
La seconde période de modifications territoriales et politiques en Épire est celle de la troisième guerre de Macédoine : la pression des Romains, qui s’interposent entre les Épirotes et les Macédoniens, entraîne l'éclatement de la κοινόν (koinon, confédération) des Épirotes, en 170 avant J.-C. Rome impose une réorganisation de ce pays et son intervention fragilise les cités les plus anciennes comme Bouthrotos.
L'événement important, dans cette région, est la naissance d'un nouvel État, le koinon autonome de la tribu des Prasaiboi en 164-163 avant J.-C. De dimensions limitées, il crée cependant une alliance entre les tribus des Molosses, des Thesprôtes et des Chaones, une sorte de copie du koinon des Épirotes, en modèle réduit. En 167 avant J.-C., Buthrotos est la capitale du koinon, née sous l’égide des Romains, se regroupant autour du sanctuaire d’Esculape, dieu de la médecine vénéré de longue date par les Illyriens.
À la fin de la République, le statut de la cité change encore : elle devient colonie romaine. Étant une plateforme économique non négligeable et un lieu chargé de mythologie, César, celui qui se considère comme le descendant d’Énée, décide d’y établir un lieu de retraite pour les 3000 vétérans de ses armées. Il taxe la cité d’un impôt qu’elle ne parvient pas à payer et saisit une partie du territoire pour y établir la colonie. Intervient alors le riche banquier Atticus – ami avec lequel Cicéron a longtemps correspondu – qui rembourse les dettes de la cité pour ne pas mettre en péril sa fortune personnelle. Grâce aux tractations de Cicéron et d’Atticus avec César, ce dernier publie un édit annulant la création de la colonie mais César se fait assassiner et l’édit n’est pas appliqué : ainsi la colonie est fondée. Malgré les tractations diplomatiques de Cicéron avec Marc-Antoine après la mort de César pour revenir en arrière, aucune tentative n’aboutit. La colonie romaine se développe considérablement sur des zones marécageuses asséchées, principalement vers le Sud.
En 31 avant J.-C., en raison de sa prétendue ascendance troyenne, Auguste octroie à la ville de nombreux privilèges et la rebaptise de son nom : colonia Augusta Buthrotum. C’est le début d’une croissance économique et sociale impressionnante. La cité est à son expansion maximale : la presqu’ile de Buthrotos mais aussi la plaine de Vrina lui faisant face sont densément peuplées ; un aqueduc-pont permet de relier les deux parties de la cité.
À la chute de l’Empire Romain, alors que beaucoup de cités disparaissent, affaiblies par les invasions barbares, le site de Buthrote est toujours occupé. Au Ve siècle après J.-C., la cité devient le siège d’un évêché : des fortifications et d’importantes structures chrétiennes (basilique, baptistère, par exemple) sont édifiées. Après une période d’abandon, elle est reconstruite au IXe siècle après J.-C., sous la domination de Byzance et connaît une époque de prospérité. Après une brève occupation vénitienne au XIVe siècle, la ville est abandonnée à la fin du Moyen-Âge à cause de la présence des marécages voisins.
L’architecture de la cité antique
Plan du site archéologique de Butrint
Le site de Buthrotum est situé au Sud de l’Albanie à environ deux kilomètres de la rive orientale du détroit qui sépare Corcyre du continent. La péninsule, de cinq kilomètres de long, qui s’étend au Nord de la ville s’appelait autrefois Poseidium, en l’honneur du dieu de la mer, et touche le continent à Dema. Le site est composé de plusieurs strates historiques : nous observerons successivement les monuments d’époque illyrienne, les monuments d’époque hellénistique et les monuments d’époque romaine.
Les monuments d’époque illyrienne : les fortifications grecques et les portes de la ville
La pointe Nord de la péninsule est protégée par d’imposantes fortifications cyclopéennes de 870 mètres de long datant du IVe siècle après J.-C. et percées de sept portes. Ces fortifications furent restaurées à de nombreuses reprises, à commencer par les Romains au VIe siècle avant J.-C.
À l’Ouest, l'un des murs constitué de massives pierres taillées comporte une étroite ouverture surnommée la "porte Scée". Selon Virgile, elle rappelle les Σκαιαί πύλαι (skaiai pulai, portes Scées ou portes occidentales), doubles portes de Troie, par lesquelles passèrent les soldats grecs cachés dans le cheval de Troie pour pénétrer dans la ville.
Au Nord, la Porte du Lion doit son nom à son linteau en pierre orné d'une sculpture représentant un lion attaquant un bœuf. Cette pierre rectangulaire a été ajoutée au Ve siècle avant J.-C. pour abaisser le niveau de la porte et renforcer son aspect défensif. Elle provient d'un autre bâtiment non identifié – peut-être un temple ? – qui pourrait dater du VIe siècle avant J.-C.
À l’Est des fortifications, se trouve la porte principale de la cité qui était défendue par deux tours (l'une ronde, l'autre triangulaire) datant du IIIe siècle avant J.-C. Aujourd'hui disparues, elles étaient reliées entre elles par une arche.
Les monuments d’époque hellénistique
Tous ces monuments sont entourés d’un διατείχισμα (diateichisma), mur fortifié, symbolisant leur aspect sacré.
- Le théâtre
Édifié au IIIe siècle avant J.-C., il pouvait accueillir environ 2500 spectateurs. Il a été reconstruit sous l’occupation romaine au IIe siècle avant J.-C. et agrémenté d’un mur de scène orné de six niches qui abritaient des statues de marbre : les têtes de Livie, d’Auguste et d’Agrippa ainsi que d’autres statues : la fameuse « déesse de Butrint » identifiée par certains archéologues comme une tête d’Apollon, la tête d’Asclépios, des guerriers, des têtes et torses masculins et féminins et des fragments de la statue de Mercure.
L’extension de la cavea (gradins) inférieure était limitée à l’Ouest par le sanctuaire d’Asklépios et à l’Est par une structure rectangulaire considérée aujourd’hui comme une στοά (stoa, galerie) grecque. La cavea, divisée en six parties, l’ὀρχήστρα (orchestra, orchestre), les πάροδοι (parodoi, entrées latérales) et la σκηνή (skénè, scène) sont bien conservés. Les sièges des notables, au premier rang, sont sculptés de pattes de lion. Sur la deuxième rangée de sièges, une inscription célèbre la construction du théâtre en remerciant les προστάτης (prostates, chefs) des Chaones et le prêtre d’Asklépios qui a utilisé les revenus tirés du culte du dieu.
Sur le côté gauche de la scène, des inscriptions grecques sont gravées dans la pierre : il s'agit de décrets de manumissio, manumission ou actes d'affranchissement d'esclaves datés du IIIe et IIe siècles avant J.-C.
- Le prytanée
Datant du IIIe siècle avant J.-C. et situé à côté du théâtre, il contient en son sein le feu sacré qui ne s’éteint jamais. Il est dédié à Hestia, déesse du foyer, de la maison et de la famille. C’est le cœur symbolique et politique de la cité : c’est là où siègent les magistrats, où l’on reçoit les honneurs publics, où l’on fonde les colonies, où l’on fait les sacrifices et offrandes aux dieux de la cité.
- L’agora
À l’Est du théâtre, se situe l’ἀγορά (agora). Cette place publique, mesurant 20 mètres de large et 52 mètres de long, date du IIIe siècle avant J.-C. Elle est le cœur religieux, économique, politique et social de la cité grecque ; elle était ornée de statues de marbre.
- Le sanctuaire d’Asklépios
Le culte d’Asklépios, dieu guérisseur, est installé à Bouthrotos dès le IVe siècle avant J.-C. par la tribu illyro-grecque des Chaones. On se rendait donc sur ce sanctuaire pour se purifier à la source sacrée et pour organiser des cérémonies où les esclaves étaient affranchis, comme à Delphes : plus de 400 esclaves y furent libérés contre 1400 à Delphes.
Modifié au cours des IIIe et IIe siècles avant J.-C., le sanctuaire se compose du temple d’Asklépios contenant une pièce fermée où était enfermé le trésor, d’une stoa (galerie) menant à un péristyle destiné à l’hébergement des pèlerins – appelé « maison à atrium » à l’époque romaine – et d’un accès au canal et au théâtre. À côté, se trouve le puits sacré où les pèlerins se purifiaient avant les cérémonies religieuses.
- Le temple de Pan (?)
D’après une dédicace au dieu Pan récemment retrouvée par les archéologues à Butrint, on suppose que le culte de Pan τελετάρχης (télétarquès, c'est-à-dire celui qui préside aux mystères, qui dirige les initiés) était particulièrement présent dans l’Illyrie antique, notamment à Bouthrotos. La prédominance de ce culte est relayée au IIe siècle après J.-C. par le traité de Plutarque intitulé Sur la disparition des oracles, qui relate la mort de Pan en ce lieu et par l’importance qu’y accordera l’Empereur Tibère qui s’identifie à Pan. On ne peut cependant pas dire avec précision où se situait le temple construit en son honneur.
Les monuments d’époque romaine
- Le temple de Minerve Augusta appelé aussi Capitole
Situé sur l’Acropole, il s’agit probablement d’un temple d’origine grecque dédié à Athéna Polias dont la première phase de construction date du IIIe siècle avant J.-C. Il a été reconstruit sous Auguste, comme en témoigne l’inscription dédiée à Minerve retrouvée en son sein et a probablement servi de Capitolium (Capitole), réplique symbolique du temple homonyme dédié à Jupiter, à Rome.
- Le sacellum d’Apollon
Derrière le temple de Minerve, se trouve un petit sanctuaire (son nom dérive de l’adjectif latin sacer agrémenté d’un suffixe diminutif) construit en forme de grotte. Dans une niche intérieure, on a trouvé un nymphée et une colonne votive contenant des inscriptions en l’honneur d’Apollon.
- Le forum
Il se développe à l’emplacement de l’agora grecque et subit des aménagements nécessaires à la mise en valeur de la cité sous Auguste.
- La basilique du forum
Elle est constituée de quatre rangées de colonnes intérieures, mesure 30 par 12 mètres et est reliée au forum par une large porte de 3,4 mètres. Le sol de l’édifice était recouvert d’un mortier hydrofuge recouvert de pierre ou de marbre à l’origine.
- Les thermes
En face du théâtre, au Sud, se situe un grand complexe thermal construit à l’époque où Auguste embellit la cité. Ces thermes étaient alimentés par un aqueduc, aujourd’hui disparu, reliant la plaine de Vrina à l’autre rive du canal. L’entrée de la ville était marquée par deux fontaines monumentales dont l’une est en partie conservée : il s’agit d’un νυμφαῖον (numphaion), lieu consacré aux nymphes qui fut creusé dans la roche, où l’on venait puiser l’eau, comme l’attestent les traces des cordes laissées dans la pierre. Les pierres du nymphée portent encore l’inscription mentionnant une femme éminente et riche : Ἰουνία Ῥουφεῖνα Νυμφῶν φίλη (Jounia Roufina amie des nymphes).
- Le palais du Triconque
C’est une ancienne villa romaine agrandie et transformée en palais à l’époque byzantine, en 425 après J.-C. Le bâtiment doit son nom à son triclinium, vaste salle à manger triangulaire composée de trois absides (ou conques). Cet édifice est abandonné au VIe siècle après J.-C. lors de la montée des eaux.
- Le baptistère
Mesurant 14,5 mètres de diamètre, construit sur un ancien complexe thermal romain (public ou privé ?), il est composé de deux cercles concentriques délimités par huit colonnes de granit (le chiffre huit symbolise le salut des âmes dans la tradition chrétienne). On lui ajoute, au Ve siècle après J.-C., une piscine baptismale en forme de croix grecque, alimentée en eau chaude grâce à l’ancien caldarium romain : on y pratiquait le baptême par immersion. Le sol du baptistère est recouvert de riches mosaïques polychromes représentant des motifs géométriques, des végétaux, des animaux et des symboles chrétiens. Le mur du baptistère est creusé d’une petite fontaine, face à l’entrée, symbolisant la fontaine de vie, représentation chrétienne associée au baptême.
- La domus d’Atticus
On sait, grâce à Cicéron, que son ami Atticus était venu s’installer à Athènes après la mort de son père en 86 avant J.-C. et qu’il possédait une propriété en Épire, à Buthrotos depuis 68 avant J.-C. probablement. La localisation de cette domus ne doit pas être confondue avec celle – encore hypothétique – de la somptueuse villa ayant appartenu à Atticus et appelée l’Amaltheum / Ἀμαλθεῖον (amaltheion). Dans une lettre à Atticus datée de 59 avant J.-C. , Cicéron évoque une domus située à Buthrote, appartenant à son ami : cette maison ne faisait vraisemblablement pas partie de la même propriété que l’Amaltheum, sans doute aménagée sur le fleuve Thyamis et donc située plus au Sud de Buthrote. Il apparaît donc qu’Atticus possédait certainement plusieurs propriétés en Épire : l’une à Buthrote même (qui n’est pas encore géographiquement située avec précision), l’autre près du Thyamis, comme le confirme d’ailleurs un texte de Cornélius Népos, au Ier siècle avant J.-C., lorsqu’il parle des Epiroticae possessiones (les propriétés épirotes) d’Atticus. On peut noter que le nom de la villa, l’Amaltheum, fait référence à la chèvre Amalthée, nourricière de Zeus, et donc à la prospérité agricole, domaine pour lequel Atticus était particulièrement connu.
Butrint aujourd’hui ?
La découverte de Butrint est due à l’archéologue Luigi Maria Ugolini au début du XXe siècle. Le site archéologique de Butrint a été inscrit sur la liste du patrimoine national des monuments protégés par l’UNESCO en 1992.
Dans sa pièce de théâtre Andromaque, Racine, qui s’est inspiré de la pièce homonyme d’Euripide, indique en ouverture, dans les didascalies, que la scène se situe à Buthrote, ville d’Épire, dans une salle du palais de Pyrrhus.
Ce qu’en dit Virgile :
Protinus aerias Phaeacum abscondimus arces,
litoraque Epiri legimus portuque subimus
Chaonio, et celsam Buthroti accedimus urbem.
Hic incredibilis rerum fama occupat auris,
Priamiden Helenum Graias regnare per urbes,
coniugio Aeacidae Pyrrhi sceptrisque potitum,
et patrio Andromachen iterum cessisse marito.
Bientôt, nous ne voyons plus les hautes citadelles des Phéaciens ; nous longeons le rivage de l'Épire, entrons dans le port des Chaoniens et nous accédons à la ville de Buthrote haut perchée. Là, un récit incroyable parvient aussitôt à nos oreilles : Hélénus, le fils de Priam, règne sur des villes grecques, il possède et l'épouse et le trône de Pyrrhus l’Éacide ; Andromaque une seconde fois est échue à un époux de son pays.
Virgile, Éneide, III, 291-297, traduit par Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet, 2009