- Les thermes sont à la fois :
- un lieu d'hygiène (propreté, soins du corps, exercices physiques) ;
- un lieu de convivialité ;
- un lieu de culture.
- La ville de Pompéi est l'exemple le plus ancien de thermes romains. Toutes les villes importantes du bassin méditerranéen possèdent des bains, fruit de la romanisation. Citons par exemple :
- À Rome, les thermes de Caracalla sur l'Aventin.
- À Paris, les thermes de Cluny.
- Les thermes de Bath au Sud-Ouest de l'Angleterre.
- Les thermes d'Hadrien à Leptis Magna.
- En Grèce, le lieu où les hommes soignent leur corps et cultivent l'art de la conversation en société est le gymnase.
- L'évergétisme du grec εὐεργετέω « faire du bien » désigne les dons qu'un individu fait volontairement à l'ensemble de la communauté.
Les riches Romains, amateurs de fontaines et de bassins, possèdent des bains dans leur maison privée. Les premiers thermes publics sont construits pour l'usage d'une population modeste puis se développent pour devenir un élément essentiel de l'urbanisme romain, symbole de puissance et de richesse. Ils illustrent le modèle de vie du citoyen, attentif aux soins du corps et avide d'échanges sociaux et amicaux. S'y accomplit un "rite de socialité" (P. Veyne, Le Pain et le cirque, Sociologie historique d'un pluralisme politique, Paris, Seuil, 1976) qui participe à la diffusion de la culture romaine dans l'empire.
La multiplication des thermes dépend du développement du réseau hydraulique. En 19 avant J.-C., les premiers thermes de taille monumentale sont édifiés par Agrippa, édile puis curateur des eaux. Ils nécessitent la construction d'un nouvel aqueduc, l'Aqua Virgo, et d'un système d'évacuation performant. En 11 avant J.-C., un sénatus-consulte accorde la gratuité de l'eau aux propriétaires des thermes et en garantit ainsi l'accès aux citoyens les plus pauvres. Sous l'empire, l'entrée des thermes coûte un quadrans soit un quart d'as, une somme dérisoire.
L'hypocauste (16) est perfectionné pour s'adapter aux vastes constructions publiques. Le principe est le suivant : un four (14) chauffe de l'air qui circule par des tuyaux (12) sous le plancher surélevé (13). Au contact de l'eau, il produit un bain de vapeur et porte l'eau à température.
- piscina, la piscine
- porticus, le portique
- palaestra, la palestre
- frigidarium, le bain froid
- apodyterium, le vestiaire
- destrictarium, où l'on se frotte avec la strigile
- unctor alipilus, esclave qui frotte d'huile, épile
- strigilis, le strigile, racloir pour ôter l'huile de la peau
- tepidarium, le bain tiède
- caldarium, le bain chaud
- sudatorium laconicum, l'étuve, salle pour suer
- tubulus, le tuyau
- suspensura, le pavement d'une voûte
- praefurnium, la chambre de chauffe
- pilae, les piliers
- hypocaustum, l'hypocauste (système de chauffage par le sol)
Sous l'Empire, tout Romain se rend aux bains quotidiennement. Il passe aux vestiaires (5), s'adonne aux activités physiques de son choix (1, 3), prend un bain froid (4) suivi d'un bain tiède puis chaud (9, 10). À la manière des Grecs, les Romains s'enduisent d'huile et raclent leur peau pour la nettoyer à l'aide d'un strigile (6). La première phase du parcours s'achève par un séjour dans l'étuve (11) pour suer et purifier le corps. Un masseur et un épilateur offrent leurs services (8, 7). Lors d'une seconde phase, le Romain effectue le parcours inverse jusqu'au bain froid où le pores de la peau se resserrent pour fortifier le corps.
Les thermes ne sont pas mixtes mais les femmes accèdent aux bains par des salles réservées en périphérie du bâtiment central. Par contre, les citoyens de tout rang social s'y côtoient de manière indifférenciée.
Amis ou simples citoyens conversent, suivent des conférences à moins qu'ils ne préfèrent lire dans la bibliothèque ou se promener sous les portiques (2) et dans les jardins attenants. Peu à peu, les thermes s'ornent d'œuvres d'art, de mosaïques, de tableaux, de statues pour le plaisir des yeux. La magnificence des thermes fait partie des actes d'évergétisme les plus populaires.
Ce qu'écrit Sénèque :
Supra ipsum balneum habito. Propone nunc tibi omnia genera vocum quae in odium possunt aures adducere : cum fortiores exercentur et manus plumbo graves jactant, cum aut laborant, aut laborantem imitantur, gemitus audio, quotiens retentum spiritum remiserunt, sibilos et acerbissimas respirationes ; cum in aliquem inertem et hac plebeia unctione contentum incidi, audio crepitum illisae manus umeris, quae prout plana pervenit aut concava, ita sonum mutat. Si vero pilicrepus supervenerit et numerare coepit pilas, actum est. (...) Adjice nunc eos qui in piscinam cum ingenti impulsae aquae sono saliunt. (...) Alipilum cogita tenuem et stridulam vocem quo sit notabilior subinde exprimentem nec umquam tacentem nisi dum vellit alas et alium pro se clamare cogit.
J’habite juste au-dessus d’un bain. Imagine tout ce que le gosier humain peut produite de sons antipathiques à l’oreille : quand des forts du gymnase s’escriment et battent l’air de leurs bras chargés de plomb, qu’ils soient ou qu’ils feignent d’être à bout de forces, je les entends geindre ; et chaque fois que leur souffle longtemps retenu s’échappe, c’est une respiration sifflante et saccadée, du mode le plus aigu. Quand le hasard m’envoie un de ces garçons maladroits qui se bornent à frictionner, vaille que vaille, les petites gens, j’entends claquer une lourde main sur des épaules ; et selon que le creux ou le plat a porté, le son est différent. Mais qu’un joueur de paume survienne et se mette à compter les points, c’en est fait. (...) Ajoute encore ceux qui font rejaillir avec fracas l’eau du bassin où ils s’élancent. (...) Figure-toi l’épileur qui, pour mieux provoquer l’attention, pousse par intervalles son glapissement grêle, sans jamais se taire que quand il épile des aisselles et fait crier un patient à sa place.
Sénèque, Lettres à Lucilius, LVI, traduction par Joseph Baillard 1914