L’histoire romaine peut se diviser en trois grandes époques successives :
- La Royauté : de 753 à 509 avant J.-C.
- La République : de 509 à 27 avant J.-C.
- L’Empire constitué du Bas et du Haut-Empire : de 27 avant J.-C. à 476 après J.-C.
Bien sûr, ces dates sont subjectives dans la mesure où elles correspondent aux témoignages des textes anciens. Cette fiche ne concerne que les deux premières époques. Il faudra se référer à une deuxième fiche pour l’époque de l’Empire.
Les deux bornes de la chronologie romaine sont marquées par :
- La fondation de Rome qui, selon la mythologie, date de 753 avant J.-C. ; cette époque a été récemment confirmée par les recherches archéologiques mais la date exacte reste incertaine.
- La fin de l’Empire romain d’Occident à la suite des invasions barbares du Vè siècle après J.-C.
- Le mot « histoire » est issu du Grec ἱστορία (historia) et signifie « recherche, information », « résultat d'une information, connaissance », d’où « récit ». L’Histoire est donc une véritable enquête, au sens scientifique, dont l’objectif doit être la vérité. Il est cependant utile de préciser que la notion d’Histoire a énormément évolué depuis l’Antiquité puisque les auteurs que nous avons cités s’appuient tous, plus ou moins, sur des anecdotes, des faits rapportés pour présenter leur vision, souvent subjective, de l’Histoire. Dresser une chronologie de l’Histoire romaine revient donc à croiser les sources, en s’appuyant tout particulièrement sur l’archéologie, pour s’approcher au plus près de la réalité historique.
- Le mot « romain »est un substantif ou un adjectif qui, depuis 1100, désigne un « habitant de Rome », en particulier depuis le XIIIè siècle, un habitant de la Rome antique. Il a souvent une connotation de difficulté, de pénibilité, d’effort que l’on retrouve dans l’expression « un travail de Romain », ou en imprimerie dans les lettres rondes et droites que l’on nomme « romaines », ou enfin dans les chiffres droits dits « romains » par opposition aux chiffres « arabes », plus arrondis. Il prend aussi un sens moral, en particulier à partir du XVIIè siècle dans le théâtre classique pour désigner un homme mû par de grands sentiments de probité et par son amour pour la patrie. Notons d’ailleurs que le mot « roumain » est dérivé de « romain » car, pendant longtemps, la Roumanie actuelle, tout comme la Moldavie et les régions adjacentes, appartenait à l’Empire Dace, sous domination romaine.
Les sources que nous possédons pour retracer l’Histoire romaine sont multiples mais certaines sont à relativiser :
- Les textes des « historiens » (notion qui a évolué, comme nous l’avons mentionné) romanistes que ceux de Cicéron (106 - 43), Caton l’Ancien (234 - 149), Salluste (86 - 35), César (101 - 44), Tite-Live (59 - 17 après J.-C.), Tacite (v. 54 - v. 120), Suétone (v. 70 - v. 122), pour ne citer que les plus connus. En recoupant leurs témoignages, nous pouvons approcher la vérité historique.
- Les fouilles archéologiques qui sont les témoignages les plus précieux car les plus fiables.
Le Haut-Empire de 27 avant J.-C. à 192 après J.-C.
Il est constitué d’une succession de trois dynasties, interrompues, en 68, par une succession de trois Empereurs.
1. Les Julio-Claudiens : de 27 avant J.-C. à 68 après J.-C.
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De 27 avant J.-C. à 14 après J.-C. : Auguste
En 27 avant J.-C., Octave devient empereur et change de nom pour devenir César Auguste. Son premier nom, « César », indique qu’il s’inscrit dans la lignée de son prédécesseur, qui l’a adopté peu avant sa mort ; le second, « Auguste », signifie qu’il est choisi par les dieux. Par ailleurs, il reçoit le titre de princeps, ce qui lui confère le pouvoir de prendre la parole en premier au Sénat. Il lui faut maintenant montrer qu’il est digne de ces honneurs. Il lutte d’abord contre Sextus Pompée, le fils cadet du grand Pompée, qui a pris le parti des assassins de César. Érigeant son mariage avec Livie en modèle, il fait édicter des lois sur le mariage et l’adultère, dans le but inavoué de réduire le pouvoir sénatorial. Il est élu plusieurs fois consul au long de son règne, reste le gouverneur de toutes les provinces et garde l’imperium militaire. En 23 avant J.-C., il obtient la tribunicia potestas (puissance tribunitienne) à vie : c’est un pouvoir presque absolu.
Ayant cultivé son image divine, il est considéré comme un empereur bâtisseur et pacifiste, acteur de la Pax Romana, ayant remis au goût du jour les valeurs traditionnelles romaines, ayant créé une armée de métier, réformé la justice. À sa mort, en 14 après J.-C., il est divinisé. C’est alors que se pose le problème de sa succession : Tibère, neveu et gendre d’Auguste, adopté par l’empereur avant sa mort, prend le relai, comme empereur de transition en attendant que Germanicus, l’un des neveux d’Auguste et de ses hommes de confiance sur le plan militaire, ne prenne la suite.
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De 14 à 37 après J.-C. : Tibère
Mésestimé par son beau-père Auguste, trompé par son épouse Julie, fille d’Auguste, trahi par ses ministres, manipulé par sa mère Livie, incompris de ses contemporains, Tibère est, un siècle après sa mort, calomnié par Suétone et Tacite. Son tempérament fantasque, têtu, renfermé et rancunier y est certainement pour beaucoup. Ayant appris à combattre auprès d’Auguste, malgré son peu d’appétence en ce domaine, il obtient en 6 avant J.-C., la tribunicia potestas pour cinq ans et est nommé gouverneur des provinces orientales de l'Empire. Un an avant la mort d'Auguste, en 13 après J.-C., les pouvoirs de Tibère sont encore accrus : il obtient la libre disposition de l'armée et des provinces de l'Empire (imperium proconsulare majus). Cependant, à la mort d’Auguste, Livie, la femme de l’empereur, est censée être co-régente du futur empereur, qui a pourtant 57 ans ! Germanicus, qui doit prendre le relai de Tibère, meurt en 19 après J.-C. ; sa veuve, Agrippine l’Aînée, pour assurer à ses fils le trône futur, fait courir le bruit que son mari a été empoisonné par Livie et Tibère. Ce dernier est ensuite trahi par Séjan, le préfet du Prétoire, son bras droit et ami, qui tue, en 23 après J.-C., Drusus, le propre fils de Tibère, parce qu’il a découvert sa duplicité.
En 27 après J.-C., sur les conseils de Séjan, Tibère se retire dans l'île de Capri et Séjan peut envisager de prendre le pouvoir. Mais reste un obstacle à cela : la famille de Germanicus, Agrippine l’Aînée et ses trois fils. Séjan convainc Tibère qu’Agrippine l’Aînée prépare sa mort et demande à Tibère de la faire exécuter avec ses deux fils aînés. Tibère se doute de la conspiration de Séjan contre lui et le fait exécuter, ainsi que sa famille. Mal-aimé de tous, Tibère meurt en 37 après J.-C. Plusieurs successeurs se profilent : Claude, frère de Germanicus, est exclu à cause de ses faiblesses mentales et physiques ; c’est son petit-neveu, Caius dit "Caligula", troisième fils de Germanicus et Agrippine l’Aînée, qui est le favori.
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De 37 à 41 après J.-C. : Caligula
Vivant auprès de son arrière-grand-mère Livie et donc éloigné de sa mère, Agrippine l’Aînée, Caligula a échappé à la répression organisée par Séjan. À la mort d’Agrippine l’Aînée, en 27 après J.-C., Caligula va habiter chez son autre grand-mère, Antonia, descendante de Marc-Antoine et mère de Germanicus, à Capri. La succession de Tibère semble donc évidente.
Les premières années du règne de Caligula sont paisibles. Mais il tombe gravement malade en 37 après J.-C. et devient fou. Au bout de quatre ans de folie, il est assassiné, ainsi que sa famille, par des militaires à son service. Sa femme est soupçonnée, mais sa mort est plutôt à imputer à sa sœur, Agrippine la Jeune, ou au peuple juif contre lequel il a longtemps lutté.
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De 41 à 54 après J.-C. : Claude
Frère de Germanicus, neveu de Tibère, arrière-neveu d'Auguste et arrière-petit-fils d'Antoine, Claude paraît destiné au pouvoir. Cependant, de santé fragile, boiteux, bègue, à l'esprit confus, sans expérience politique car écarté du pouvoir par Tibère, il se réfugie dans les études et échappe aux purges du règne de Tibère. Il se marie, mais ses deux premiers mariages sont un échec.
Lorsque Caligula prend le pouvoir, il devient consul en même temps que lui, à quarante-sept ans. Lors de l’assassinat de Caligula, Claude lui succède et fait exécuter les assassins de son neveu, malgré les suspicions qui pèsent sur lui dans le meurtre.
Conscient de ses lacunes en matière d'administration, de finances et de politique, il s'entoure de ministres choisis parmi les anciens esclaves de la maison impériale, inaugurant ainsi une nouvelle forme de gouvernement. Claude fait œuvre de justice et entreprend une politique de grands travaux, de paix intérieure, de guerre extérieure couronnée de succès avec l'acquisition de la riche province de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle), source de blé, de bétail et de minerais.
Il épouse, en troisièmes noces, Messaline, dont il a deux enfants, Octavie en 39 après J.-C. et Britannicus en 41 après J.-C. Mais Messaline le trompe ; Claude fait ordonner l'exécution des amants et de tous leurs complices.
Claude se marie une dernière fois avec Agrippine la Jeune en 49 après J.-C. Elle a déjà un fils, Lucius (le futur Néron), né d’un premier mariage. En 50, Claude adopte le fils d'Agrippine qui prend le nom de Tiberius Claudius Nero et qui épouse Octavie, en 53, la fille de Claude mais aussi sa sœur légale ! Néron attend que le trône soit libre et Agrippine contrôlant les rouages essentiels de l'État, fait nommer son ami Burrus à la préfecture du Prétoire, ce qui lui garantit, à elle et à son fils, la fidélité des troupes militaires de Rome. Claude songe à rétablir Britannicus, son fils, au pouvoir mais il n’en a pas le temps : Agrippine empoisonne Claude en 54 après J.-C.
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De 54 à 68 après J.-C. : Néron
C’est tout à fait logiquement, en 54, que Néron, à dix-sept ans, prend le pouvoir à la mort de Claude, mais il ne gouverne pas : ce sont sa mère Agrippine, assistée du philosophe Sénèque et du préfet du Prétoire Burrus, qui le font. En 55, Britannicus, potentiel concurrent à l’accession au trône, meurt dans des circonstances mystérieuses : empoisonnement ? crise d’épilepsie ?
En 58, bien que marié à Octavie, Néron a une liaison avec une intrigante, Poppée, le femme d’un de ses amis, Othon ; ce dernier est exilé. En 59, Agrippine la Jeune, en désaccord avec son fils, est mise à mort. En 62, c’est au tour de Burrus de mourir, peut-être empoisonné par Néron, selon Tacite. L’empereur nomme Tigellin au poste de préfet du Prétoire, puis répudie et fait assassiner son épouse Octavie.
En 64, Rome est ravagé par un grand incendie. La culpabilité de Néron (ou des Chrétiens eux-mêmes ?) se discute. En 65, Néron réprime la conjuration de Pison par dix-sept condamnations à mort, sa popularité baisse de plus en plus. La même année, Poppée, enceinte, meurt subitement, tuée, selon Tacite, d’un coup de pied dans le ventre, mais rien n’est moins sûr. En 66, Néron se remarie et part pour la Grèce, gouvernant à distance et cultivant ses talents d’artiste, ce qui ne plaît guère aux Romains. Par ailleurs, il règle des problèmes de politique extérieure en Orient, mais cela coûte cher à Rome.
En 67, il rentre à Rome, honoré par une cérémonie de triomphe. Mais la révolte gronde : Galba, gouverneur d'Espagne et Othon, son ancien ami devenu gouverneur de Lusitanie, s’allient aux Gaulois pour renverser Néron. L’empereur renforce son pouvoir personnel, s’entoure d’une armée d’esclaves affranchis à qui il promet la liberté mais, en 68, la situation devient critique : Galba et Othon continuent d'avancer vers Rome, tandis que les provinces africaines se rebellent, les Prétoriens aussi. Abandonné de tous, Néron cherche à fuir en Orient mais n’y parvient pas. Déclaré "ennemi public" par le Sénat, Néron choisit le suicide.
2. Galba, Othon, Vitellius : de 68 à 69 après J.-C.
Après la mort de Néron, s’ensuit une période très troublée de guerre civile. C’est à ce moment que se succèdent, dans la même année, les trois empereurs Galba, Othon et Vitellius.
Galba, avec ses troupes, soutenu par les Prétoriens, marche sur Rome et fait supprimer tous les partisans de Néron qui ne veulent pas reprendre leur statut d’esclave. Galba, manipulé par son entourage, commet des erreurs et se met à dos la Plèbe, les Patriciens et l’armée à qui il ne paye pas la prime promise. Enfin, Galba adopte Pison, le petit-fils de son homonyme, que Néron a fait exécuter. Il perd ainsi son dernier soutien, Othon qui, avec l’aide des Prétoriens, fait assassiner Galba.
Le même jour, Othon est nommé empereur par le Sénat qui lui est pourtant hostile. De plus, en Germanie, les légions se révoltent et réclament que leur chef Vitellius soit nommé empereur. Othon et Vitellius s’affrontent en Italie du Nord ; Othon est vaincu et se suicide.
C’est donc tout naturellement que Vitellius prend le pouvoir. Il doit faire face à une révolte des légions en Judée qui proclament Vespasien empereur. Vespasien et Vitellius s’affrontent aussi en Italie du Nord ; Vitellius est vaincu, rentre à Rome mais est lapidé par le peuple et jeté dans le Tibre.
3. Les Flaviens : de 69 à 96 après J.-C.
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De 69 à 79 après J.-C. : Vespasien
Le jour de l’assassinat de Vitellius, Vespasien, d’origine paysanne, est nommé empereur par le Sénat et fonde la dynastie des Flaviens. D’abord mal vu des Patriciens, il sait, par sa droiture, se réconcilier avec eux en faisant une brillante carrière militaire sur le Rhin, en Thrace, en Bretagne puis en Judée où il réprime une révolte.
Dès son avènement, Vespasien associe au pouvoir ses fils Titus et Domitien et veut rétablir la paix. Devant achever sa tâche en Orient, il envoie à Rome son fils cadet Domitien et charge Titus de s’emparer de Jérusalem. En Gaule, il écrase la révolte des Bataves. À l’Est, il agrandit les provinces romaines jusqu’à la Grèce, Rhodes et la Pamphylie. Il pacifie la Judée et restaure la paix à Rome en diminuant les cohortes prétoriennes, favorisant la promotion des représentants de l’ordre équestre dans l’administration centrale, en rétablissant les finances publiques, en réformant le Sénat, malgré de nombreuses oppositions, et en remettant de l'ordre dans l'administration, notamment dans le système éducatif. Il commence aussi la construction du Colisée ou "Amphithéâtre Flavien" et fait ériger le Capitole.
En réaction aux dépenses effectuées par Néron, il fait régner une stricte économie. C’est d'ailleurs lui qui crée un impôt sur l'urine, en plaçant des urinoirs payants dans les rues de Rome ; il donne ainsi son nom aux "vespasiennes", les toilettes publiques. Il meurt en 79 après J.-C.
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De 79 à 81 après J.-C. : Titus
Acteur décisif de la guerre de Judée, il revient triomphant à Rome et prend le pouvoir à la mort de son père. Considéré comme un débauché, amoureux de Bérénice, un princesse juive, il exerce cependant le pouvoir avec une modération exemplaire, selon Suétone, pendant deux ans seulement. Les causes de sa mort restent mystérieuse : épidémie de peste ? assassinat exécuté par son frère ?
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De 81 à 96 après J.-C. : Domitien
Prenant la suite de son frère Titus, qui lui a fait de l’ombre, Domitien renforce l’économie en réévaluant la monnaie romaine ; il réorganise les défenses frontalières, entreprend une politique de grands travaux à Rome et divertit le peuple par des jeux. A l’extérieur, il envoie le général Agricola, beau-père de l'historien Tacite, poursuivre la conquête de la Bretagne et poursuit les guerres contre les Germains et les Daces. Il s’attaque aussi aux philosophes considérés comme opposants au régime, notamment les Stoïciens comme Epictète.
Se considérant comme un nouvel Auguste, voulant guider le peuple vers un nouvel Âge d’or, pratiquant une politique de centralisation des pouvoirs, il est vu par le Sénat, selon Tacite, Pline le jeune ou Suétone, comme un tyran cruel qui possède tous les pouvoirs : religieux, militaire et culturel.
Domitien est incapable d'obtenir le soutien des Patriciens. Son règne s'achève en 96, lorsqu’il est assassiné par des membres de son entourage. Le Sénat se réjouit de sa mort et le condamne à la damnatio memoriae, c’est-à-dire à l'oubli. Nerva lui succède le même jour. Il refuse d’abord d’arrêter les responsables de la mort de Domitien puis accepte et remercie la garde prétorienne de son aide ; il sort cependant de cette crise très fragilisé.
4. Les Antonins : de 96 à 192 après J.-C.
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De 96 à 98 après J.-C. : Nerva
De 96 à 98 après J.-C., Nerva, beau-frère d’Othon, d’origine patricienne, ouvre une période de paix et de prospérité qui conduit l’Empire à son apogée. Il devient Empereur à l'âge de 65 ans, après avoir été au service de Néron, en tant que proche conseiller de l'empereur lors de la conjuration de Pison, et des Flaviens, Vespasien et Domitien, qui louent sa loyauté. Après l’assassinat de Domitien, il promet de restaurer un pouvoir démocratique et prend des mesures financières en faveur du peuple et de l’armée.
Cependant, il doit faire face à une situation financière difficile pour Rome et il n’a que peu d’autorité sur l’armée romaine. En 97, les Prétoriens le contraignent à désigner son successeur et à l’associer au pouvoir ; c’est alors qu’il adopte Trajan, jeune général d’Hispanie, populaire, gouverneur de Germanie. Nerva meurt en 98 et Trajan le fait diviniser.
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De 98 à 117 après J.-C. : Trajan
Excellent général, Trajan initie une politique de conquêtes qui enthousiasme le peuple, mais surtout permet de renflouer les caisses de l'État, protéger les routes commerciales intérieures et étendre l'Empire vers l’Orient afin de prendre le contrôle des routes commerciales asiatiques. Trajan conquiert ainsi la Dacie de 101 à 102 puis de 105 à 107, protège la route commerciale qui relie l'Asie Mineure à l'Égypte. Il lance ensuite une vaste campagne contre les Parthes. Il annexe l'Arménie, l'Assyrie, la Mésopotamie. Ces conquêtes portent l'Empire Romain à son extension maximale.
À l'intérieur de l'Empire, Trajan entreprend une politique de grands travaux : Forum de Trajan à Rome, agrandissement du port d'Ostie, assèchement des Marais pontins, aqueducs d'Alcantara et de Ségovie, voie romaine reliant Damas à la Mer Rouge et érection de la Colonne Trajane.
Au moment où il s'apprête à vaincre les Parthes, des révoltes juives éclatent et l'obligent à faire demi-tour. Il s’acharne alors contre les Chrétiens, qu’il fait persécuter car, en leur sein, se trouvent de dangereux activistes qui menacent son pouvoir. En colère et humilié, Trajan meurt d'apoplexie en 117 sans désigner de successeur officiel.
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De 117 à 138 après J.-C. : Hadrien
À la mort de Trajan, avec l’aide de Plotine, la veuve de Trajan, Hadrien, s’impose comme l’héritier potentiel : ils ont les mêmes arrière-grands-parents et Hadrien a épousé Sabine, la petite-nièce de Trajan. De plus, Hadrien, aux côtés de Trajan, a reçu une solide formation militaire aux frontières du Rhin et du Danube, mais aussi dans sa campagne contre les Parthes.
Contrairement à son prédécesseur et malgré sa formation militaire, Hadrien n’aime pas la guerre et renonce à la politique impérialiste et expansionniste de Trajan, ne gardant que la Dacie et l'Arabie et abandonnant les provinces les plus exposées. En revanche, pour délimiter et protéger les frontières de l'Imperium romanum, il renforce le limes (frontière) germanique et fait construire en Bretagne une muraille, le Mur d'Hadrien.
Souhaitant affaiblir le pouvoir du Sénat, il divise l'Italie en quatre districts dont l'administration est confiée à quatre ex-consuls. Il promulgue aussi un Édit perpétuel qui codifie le droit romain.
Grand voyageur, Hadrien effectue de nombreux voyages qui lui permettent aussi de superviser l’Empire : à Lyon vers 121-122 ; à Nîmes, où il édifie une basilique en l'honneur de son ancienne protectrice, l'impératrice Plotine ; en Grèce où il rencontre son favori Antinoüs qu’il fait déifier après son décès en Égypte.
Empereur pragmatique et autoritaire, il réprime durement les rébellions : en Maurétanie, en Bretagne et surtout en Judée, où il interdit totalement la religion juive, fait inédit. Contrôlant strictement le Sénat, centralisant l'Empire, agissant en despote, il n’est guère populaire. Il passe les dernières années de sa vie dans sa Villa Hadriana à Tibur et fait édifier son mausolée impérial qui deviendra le Château Saint-Ange.
Bien que marié à Sabine, il n'a pas d'enfant et adopte en 136 Lucius Ceionius Commodus, qui reçoit alors le nom de Lucius Aelius Verus, qui est de santé fragile, n’a pas fait de carrière politique et a trente-cinq ans. Pour imposer Lucius, Hadrien soudoie les soldats, le peuple et fait exécuter son propre petit-neveu Cnaeus Pedanius Fuscus, le successeur légitime. Mais Lucius, malade, meurt subitement en 138. Hadrien adopte alors Aurelius Antoninus, dit "Antonin le Pieux", général remarqué en 130 pour son administration sur les provinces d’Asie. En raison de l’âge avancé d’Antonin le Pieux (52 ans), il lui faut, pour assurer une succession future, à son tour adopter son gendre, Marc-Aurèle ainsi que le fils du défunt Lucius Aelius Verus qui se nomme alors Lucius Aurelius Verus. Pour sceller le pacte, Antonin marie sa fille Faustina (Faustine la jeune) à Marc-Aurèle. Hadrien, malade, meurt en 138 à Tibur. Hadrien a préparé, avant de mourir, la lignée des Empereurs qui lui succèderont. Son successeur obtient, malgré les oppositions des Sénateurs, l’apothéose d’Hadrien.
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De 138 à 161 après J.-C. : Antonin le Pieux
Au même titre que ses trois prédécesseurs et que son successeur, Antonin le Pieux est considéré comme un bon Empereur. Il montre ses talents d'administrateur comme proconsul d’Asie. D’un premier mariage avec Faustine l’Aînée, mère de Faustine la Jeune, il a quatre enfants dont aucun ne lui survit. Après sa mort, sa femme est divinisée.
Il tire son surnom de sa dévotion et de son respect envers son père, envers le Sénat, les lois et les dieux. Son règne n’est pas celui des conquêtes, mais de la consolidation : vers 143, il fait ériger le mur d’Antonin en Bretagne pour doubler le mur d’Hadrien. II entreprend une politique de grands travaux utilitaires : constructions de routes, aqueducs… Lors du neuf-centième anniversaire de Rome, en 148, il puise dans sa fortune personnelle pour payer les festivités.
Après un long règne, il meurt de maladie et est divinisé par le Sénat immédiatement après sa mort.
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De 161 à 180 après J.-C. : Marc-Aurèle
Gendre et fils adoptif d’Antonin le Pieux, il prend tout naturellement le pouvoir à la mort de son père. Empereur cultivé, philosophe stoïcien et écrivain connu pour son ouvrage, Pensées pour moi-même, son règne est une époque de paix et de stabilité relatives pour l'Empire romain.
En effet, Marc-Aurèle a appris à combattre aux côtés d’Antonin et doit, malgré son peu d’appétence pour le combat, lutter contre les Parthes, l’Arménie, les Germains, ce à quoi il s’attache avec efficacité, avec l’aide de son frère et mari de sa fille Lucille, le coempereur Lucius Aurelius Verus.
Par ailleurs, Rome doit faire face, en 166, à une grande peste qui décime une grande partie de la population.
Marc-Aurèle est très apprécié du Sénat qui lui accorde les titres d'Augustus (couronné par les dieux), Imperator (Empereur) et Pontifex maximus (grand prêtre). Il est aussi très apprécié par le peuple et l’armée.
Mais, en 169, Lucius Aurelius Verus meurt. Marc-Aurèle doit continuer à régner, seul et à lutter en particulier contre la Germanie, les Daces (anciens Roumains), les Sarmates (peuple de la région de l’Iran actuel). En 176, après la mort de sa femme Faustine, il repart en expédition en Orient, en Asie Mineure puis en Grèce où il s’initie aux mystères d’Eleusis.
En 176, Marc-Aurèle décide d’associer son seul fils survivant, Commode, au pouvoir en le nommant Caesar en 166, Augustus en 177, en lui conférant la tribunicia potestas (puissance tribunicienne) et l’imperium (commandement impérial, civil et militaire). De retour à Rome, il se consacre à l'administration de la justice, en essayant de réparer les torts du passé. En 178, il doit de nouveau affronter les Germains mais tombe malade en 180 et meurt. Il est divinisé après sa mort. C’est son fils légitime Commode qui prend la suite de son père.
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De 180 à 192 après J.-C. : Commode
Comme Caligula, Néron ou Domitien, Commode est considéré comme un Empereur cruel et sanguinaire. De plus, il est étranger à la politique et au milieu militaire ; enfin, il a un tempérament égoïste et de graves problèmes psychologiques.
Après quelques campagnes militaires, Commode, encore jeune, rentre à Rome pour légitimer son pouvoir. En 182, on tente de l’assassiner : complot sénatorial, mené avec la complicité de sa sœur, Lucilla, et un préfet du prétoire ? Un climat de méfiance réciproque s'installe et se développe entre les Sénateurs et l’Empereur, qui est critiqué, isolé des Patriciens, présenté comme un tyran irresponsable, cruel et débauché. Plusieurs conspirations contre lui sont déjouées.
Commode est apprécié du peuple car il dépense des sommes considérables en combats de gladiateurs, auxquels il participe lui-même ainsi qu’en distributions de blé pour le peuple et l’armée. Par ailleurs, il signe un traité de paix avec les Germains, qu’il soumet à de lourds tributs.
Son pouvoir devient tyrannique : il modifie peu à peu toutes les institutions, change le nom des mois et même celui de Rome, devenue Colonia Lucia Annia Commodiana. Il organise des purges dans son entourage pour éviter la concurrence et favorise des individus, comme Pertinax, qui profite de la situation instable.
En 192, il est assassiné par l’un de ses esclaves. Après sa mort, il subit la damnatio memoriae. Pour se donner de la légitimité, le futur Empereur, Septime Sévère, qui se revendique comme l’héritier des Antonins, force le Sénat à diviniser Commode.
Ce qu’en dit Tite-Live :
Templa, quamuis sciret etiam proconsulibus decerni solere, in nulla tamen prouincia nisi communi suo Romaeque nomine recepit. Nam in urbe quidem pertinacissime abstinuit hoc honore ; atque etiam argenteas statuas olim sibi positas conflauit omnis exque iis aureas cortinas Apollini Palatino dedicauit. Dictaturam magna ui offerente populo genu nixus deiecta ab umeris toga nudo pectore deprecatus est.
Quoiqu'il sût que l'on décernait des temples même aux proconsuls, il n'en accepta dans aucune Province, à moins que ce ne fût à la fois au nom de Rome et au sien. À Rome il refusa constamment cet honneur. Il fit fondre toutes les statues d'argent qu'on lui avait autrefois érigées, et leur prix fut consacré à des trépieds d'or pour le temple d'Apollon Palatin. Le peuple lui ayant offert la dictature avec beaucoup d'instances, il la refusa, en fléchissant le genou, en abaissant sa toge, et en se découvrant la poitrine.
Vie des douze Césars, Auguste, 52, trad. J. Poucet, 2001.