L’histoire romaine peut se diviser en trois grandes époques successives :
- La Royauté : de 753 à 509 avant J.-C.
- La République : de 509 à 27 avant J.-C.
- L’Empire constitué du Bas et du Haut-Empire : de 27 avant J.-C. à 476 après J.-C.
Bien sûr, ces dates sont subjectives dans la mesure où elles correspondent aux témoignages des textes anciens. Cette fiche ne concerne que les deux premières époques. Il faudra se référer à une deuxième fiche pour l’époque de l’Empire.
Les deux bornes de la chronologie romaine sont marquées par :
- La fondation de Rome qui, selon la mythologie, date de 753 avant J.-C. ; cette époque a été récemment confirmée par les recherches archéologiques mais la date exacte reste incertaine.
- La fin de l’Empire romain d’Occident à la suite des invasions barbares du Vè siècle après J.-C.
- Le mot « histoire » est issu du Grec ἱστορία (historia) et signifie « recherche, information », « résultat d'une information, connaissance », d’où « récit ». L’Histoire est donc une véritable enquête, au sens scientifique, dont l’objectif doit être la vérité. Il est cependant utile de préciser que la notion d’Histoire a énormément évolué depuis l’Antiquité puisque les auteurs que nous avons cités s’appuient tous, plus ou moins, sur des anecdotes, des faits rapportés pour présenter leur vision, souvent subjective, de l’Histoire. Dresser une chronologie de l’Histoire romaine revient donc à croiser les sources, en s’appuyant tout particulièrement sur l’archéologie, pour s’approcher au plus près de la réalité historique.
- Le mot « romain »est un substantif ou un adjectif qui, depuis 1100, désigne un « habitant de Rome », en particulier depuis le XIIIè siècle, un habitant de la Rome antique. Il a souvent une connotation de difficulté, de pénibilité, d’effort que l’on retrouve dans l’expression « un travail de Romain », ou en imprimerie dans les lettres rondes et droites que l’on nomme « romaines », ou enfin dans les chiffres droits dits « romains » par opposition aux chiffres « arabes », plus arrondis. Il prend aussi un sens moral, en particulier à partir du XVIIè siècle dans le théâtre classique pour désigner un homme mû par de grands sentiments de probité et par son amour pour la patrie. Notons d’ailleurs que le mot « roumain » est dérivé de « romain » car, pendant longtemps, la Roumanie actuelle, tout comme la Moldavie et les régions adjacentes, appartenait à l’Empire Dace, sous domination romaine.
Les sources que nous possédons pour retracer l’Histoire romaine sont multiples mais certaines sont à relativiser :
- Les textes des « historiens » (notion qui a évolué, comme nous l’avons mentionné) romanistes que ceux de Cicéron (106 - 43), Caton l’Ancien (234 - 149), Salluste (86 - 35), César (101 - 44), Tite-Live (59 - 17 après J.-C.), Tacite (v. 54 - v. 120), Suétone (v. 70 - v. 122), pour ne citer que les plus connus. En recoupant leurs témoignages, nous pouvons approcher la vérité historique.
- Les fouilles archéologiques qui sont les témoignages les plus précieux car les plus fiables.
I. La Royauté : de 753 à 509 avant J.-C.
1. La fondation légendaire et historique de Rome :
Pour comprendre la fondation légendaire de Rome, il faut remonter à la guerre de Troie et à Énée, héros troyen qui subit sept ans de pérégrinations.
Lors de la prise de Troie par les Grecs, Énée, est poussé à quitter la ville par sa mère Aphrodite avec l'ordre de fonder une nouvelle cité en Italie. Il part alors avec son père, Anchise et son fils, Ascagne. Après de nombreuses années de mer, il finit par arriver au large de la Sicile.
C’est alors qu’Héra, poursuivant de sa vengeance les Troyens, déclenche une gigantesque tempête qui repousse la flotte d'Énée sur les côtes d'Afrique du Nord où il est accueilli par la fondatrice légendaire de Carthage, la reine Didon.
Celle-ci s'éprend de lui et veut l'épouser, mais Énée, sur l'ordre de sa mère, quitte secrètement Carthage pour voguer vers une terre susceptible d'accueillir son royaume. On raconte que Didon, après l'avoir maudit, se jette dans un bûcher avant de se poignarder au milieu des flammes.
Un jour, Énée et ses compagnons ayant accosté sur un rivage inconnu, décide de s'y établir et envoie des éclaireurs en reconnaissance : ceux-là lui apprennent que, sur ces terres, vit le roi Latinus, seigneur de cette région ainsi que sa fille Lavinia qui, selon une prédiction, ne doit être mariée qu'à un prince étranger. Latinus, voyant en Énée l'étranger, lui promet la main de sa fille.
Mais Turnus, un prince voisin promis à Lavinia, déclare la guerre à Énée et à Latinus. Turnus, protégé par Héra, semble intouchable. Mais le vent tourne et Énée sort vainqueur du combat, épouse Lavinia et s’établit au Latium où il fonde la ville de Lavinium. Le jeune Troyen se trouve ainsi à l’origine d’une lignée d’où naîtra, quatre siècles plus tard, Romulus, fondateur de Rome.
Longtemps après la mort d’Enée, la ville d’Albe-la-Longue, au Sud-Est de Rome, est gouvernée par un de ses descendants, Numitor. Mais ce roi est détrôné par son cadet, Amulius, et exilé à la campagne. Pour garder le pouvoir, Amulius empêche son frère de transmettre le pouvoir à sa fille, Rhéa Silvia, et la pousse à devenir Vestale pour qu’elle n’ait pas d’enfants. Cependant le dieu Marslui rend visite, elle attend des jumeaux, Romulus et Rémus ! Furieux, Amulius ordonne de tuer la mère et d’abandonner les enfants aux bêtes sauvages mais ils sont recueillis par une louve puis par un berger, Faustulus et sa femme Acca Larentia. Les années passent et les deux frères, faits prisonniers par des soldats d’Amulius, rétablissent Numitor sur le trône et deviennent princes. Ils décident de fonder leur propre ville mais ils ne sont pas d’accord et se querellent. Romulus tue alors Rémus et fonde Rome en 753 avant J.-C.
Pour peupler la ville, Romulus décide d’organiser des grands jeux avec ses voisins, les Sabins. Lors des festivités, les Romains enlèvent les femmes des Sabins pour pouvoir ensuite repeupler Rome. C’est le début d’une longue lutte entre les deux peuples. Mais, lors d’une bataille, les femmes s’interposent entre leurs pères et leurs frères, sabins, et leurs maris, romains : Romains et Sabins se réconcilient pour ne former qu’un seul peuple, gouverné par Romulus et Titus Tatius, roi des Sabins.
L’archéologie vient confirmer cette légende. En effet, il y a des milliers d'années, le peuple Ligure s'établit en Italie septentrionale. Des centaines d'années plus tard, vers 1 000 avant J.-C., des peuples venant de Sicile et de Sardaigne occupent les régions méridionales, tandis que d'autres, originaires sans doute d'Asie, traversent les Alpes. Ainsi s'installent Ombriens, Sabins, Èques, Volsques, Samnites, Osques et Latins. Deux siècles plus tard, les Grecs colonisent le sud de l'Italie. Pendant ce temps, les Étrusques, venant d'Asie Mineure, s’installent en Toscane et les Latins s’établissent dans le Latium, dont la ville principale est Albe-la-Longue.
2. Sept rois pour faire Rome
Pendant deux siècles et demi, se succèdent donc à la tête de Rome sept rois, tour à tour latins et sabins, conformément à l'alliance nouée entre les deux peuples, puis des rois d'origine étrusque. Chacun apporte sa pierre à l'édifice de la nouvelle cité.
Romulus (753-715) : petit-fils du roi d'Albe, il fonde Rome et organise l’enlèvement des Sabines, agrandissant ainsi son territoire sur le Quirinal, colline appartenant à l’origine aux Sabins.
Numa Pompilius (715-672) : roi d’origine sabine, pacifique et religieux, il crée le collège des Pontifes, fait construire le temple de Janus et fixe les fêtes religieuses dans un calendrier de douze mois.
Tullus Hostilius (672-640) : roi romain, guerrier, il organise l’armée, détruit Albe-la-Longue et conquiert tout le Latium.
Ancus Marcius (640-616) : roi sabin, petit-fils de Numa Pompilius, il est pacifique et religieux. C’est un bâtisseur : Rome ayant intégré les peuples latins, il fait construire un mur et un pont sur le Tibre, fait fonder Ostie et favorise l’essor du commerce.
Tarquin l'Ancien (616-578) : roi étrusque, tuteur des enfants d'Ancus Marcius, il est un grand bâtisseur : il embellit Rome en agrandissant ses murailles, en créant le forum ; il fait commencer la construction du Capitole, équipe la Ville de la Cloaca Maxima, grand égout qui traverse Rome, et du Circus Maximus, le grand Cirque. Il est cependant assassiné car il veut transmettre son pouvoir à l’un de ses protégés, Servius Tullius, alors que les descendants d’Ancus Martius revendiquent sa succession.
Servius Tullius (578-534) : roi étrusque, c’est un grand administrateur. Il divise le peuple en quatre tribus territoriales et en sept classes en fonction de leur fortune, le cens. Il organise l'armée en centuries et fait construire la muraille de Rome, dite « de Servius Tullius ». Il crée aussi la première Constitution romaine. Il est cependant assassiné par sa propre fille et son gendre.
Tarquin le Superbe (534-509) : roi étrusque, fils de Tarquin l’Ancien, il achève l'œuvre de son père en poursuivant sa politique de grands travaux, fait bâtir le temple de Jupiter. Il est cependant guerrier et, son fils étant impliqué dans le viol de Lucrèce, la femme de Tarquin Collatin (neveu du roi), il est renversé, à cause de ses violences, par le peuple. Après vingt-cinq ans de règne, il est exilé et remplacé par deux consuls : Tarquin Collatin et Brutus, l’un de ses proches.
II. La République : de 509 à 27 avant J.-C.
1. La conquête de l’Italie de 509 à 272 avant J.-C.
De 509 à 493 avant J.-C., la République tâtonne et s’organise peu à peu. Le Sénat et deux magistrats possèdent le pouvoir suprême : il s’agit d’une oligarchie qui profite à une nouvelle élite : le patriciat.
Pendant les dix premières années, les guerres se succèdent, et la première confrontation entre les patriciens (l’aristocratie) et les plébéiens (le peuple) a lieu en 495 avant J.-C. autour de problèmes de dettes : les créanciers, issus de la classe patricienne, ont le droit d'enchaîner, de vendre comme esclave ou de mettre à mort leurs débiteurs.
En parallèle, une nouvelle guerre contre les Volsques est imminente mais la plèbe refuse de se mobiliser pour faire face à la menace. Cependant, à la suite de la promesse faite par un consul d’annuler toute dette pour un plébéien qui s’engagerait dans cette guerre, la plèbe s'enrôle en masse dans l’armée pour échapper à ses créanciers et remporte plusieurs victoires : contre les Volsques, les Èques, les Sabins et les Aurunces. Mais, après les batailles, les consuls ne tiennent pas tous parole et la plèbe est toujours dans une situation précaire ; elle se retire alors en armes sur le Mont Sacré en 494 avant J.-C. Cette première sécession de la plèbe se termine par la création, en 493 avant J.-C., des tribuns de la plèbe, magistrature interdite aux patriciens et dont les décisions sont inviolables.
De 493 à 350 avant J.-C., Rome lutte contre ses voisins, en particulier les Volsques, les Èques, les Sabins et surtout les Étrusques. En 395, c’est la prise de Véies, l’une des douze plus importantes cités étrusques, notamment car elle domine le rive droite du Tibre et possède des salines à son embouchure. En 390, Rome est prise par les Gaulois, mise à sac et pillée. Caere, ancienne ville étrusque à l’Ouest de Rome, accueille alors les Vestales et les objets sacrés de Rome durant l'invasion gauloise : ils forment une alliance étroite.
Ces conflits externes sont intimement liés à des conflits internes entre les différentes classes sociales romaines. Entre 451 et 449, sont rédigées les Lois des Douze Tables qui établissent l’égalité devant la loi entre patriciens et plébéiens, mais interdit les mariages mixtes, ce qui sera modifié en 445.
De 389 à 350, Rome agrandit ses territoires dans le Latium, se reconstruit et subit de nombreuses crises internes. De 350 à 272 avant J.-C., elle conquiert tout le reste de l’Italie.
De 343 à 290, Rome entre en guerre à trois reprises contre les Samnites :
- Lors de la première guerre samnite (343-338), Rome intervient en faveur des Latins et des Campaniens contre les Samnites, ce qui provoque la "guerre latine".
- Lors de la deuxième guerre samnite (326-304), Étrusques, Gaulois et Samnites se liguent contre Rome, qui subit en 321 la défaite des Fourches Caudines où les Romains sont pris en étau. La ville étrusque de Volsinies reste imprenable.
- Lors de la troisième guerre samnite (298-290), les Samnites subissent en 296 une première défaite. Rome se tourne alors vers le Nord. En 295, c’est la bataille de Sentinum où sont écrasés les Samnites et les Gaulois. Enfin, en 290, les Samnites demandent la paix. De 293 à 273, toute l’Étrurie est conquise. En 272, Rome est maîtresse de presque toute l'Italie, à l'exception de la Grande Grèce (Italie du Sud).
2. La conquête du bassin méditerranéen de 264 à 112 avant J.-C.
De 264 à 146 avant J.-C., les Guerres puniques (contre les carthaginois)constituent une série de trois conflits qui opposent Rome, dont l’armée est surtout habile sur terre, à Carthage (actuelle Tunis), dont l’armée est surtout habile sur mer ; l’enjeu principal est la Sicile, idéalement située au centre de la Méditerranée et en partie contrôlée par les Carthaginois. Elles aboutissent à la conquête par Rome de la Sicile et de l’Afrique du Nord à la suite de la destruction de Carthage en 146 avant J.-C.
- La première Guerre punique se déroule de 264 à 241 avant J.-C. Son objectif est de soumettre la Sicile. Les Carthaginois prennent d’abord la ville de Messine, point stratégique de liaison avec l’Italie du Sud, occupée par les Grecs. La population, poussée par les propriétaires terriens de Campanie qui veulent contrôler le passage maritime entre la Sicile et l’Italie, demande à Rome d’intervenir. Carthage regroupe alors ses troupes à Agrigente, mais les Romains prennent les villes de Ségeste et d’Agrigente après un siège de sept mois. Il s’ensuit vingt ans de guerres faites de revirements divers, au rythme des alliances ou mésalliances avec les Grecs de Sicile. C’est une bataille navale au large d’une citadelle carthaginoise en Sicile qui est décisive : Hamilcar Barca, chef des armées carthaginoises de Sicile, propose la paix à Rome avec l’accord du gouvernement carthaginois. La fin de cette première guerre marque donc le déclin naval de Carthage qui n’est plus maîtresse des mers, au contraire de Rome, même si c’est au prix de lourdes pertes. À Carthage, c’est la guerre civile entre les partisans et les opposants d’Hamilcar qui réussit toutefois à rétablir militairement et socialement la situation. Rome, s’inquiétant de l’influence grandissante d’Hamilcar sur le gouvernement carthaginois, s’empare de la Sardaigne et de la Corse. Carthage, alors faible, ne réagit pas mais fonde dans le Sud de l’Hispanie la ville de la Nouvelle Carthage (actuelle Carthagène) et y exploite des mines, redonnant à Carthage sa puissance économique et commerciale. Mais Hamilcar meurt dans un combat contre les Ibères, renforçant les positions puniques dans le sud de l’Espagne et espérant une revanche future sur Rome en recréant la puissance militaire carthaginoise.
- La deuxième Guerre punique se déroule de 218 à 201 avant J.-C. Le général carthaginois Hannibal Barca, fils d’Hamilcar, allié à certaines troupes gauloises et grecques, traverse les Alpes, avec ses éléphants de guerre mais renonce finalement à entrer dans Rome. Le prétexte de cette guerre est le siège par les Carthaginois de la ville de Sagonte en Espagne qui, selon le traité de 241 avant J.-C., devait rester province romaine d’Ibérie. C’est alors qu’intervient en Hispanie le général Scipion, reprenant une à une les positions carthaginoises, détruisant les renforts venus de Carthage ou d’Hispanie avant qu’ils n’arrivent à Hannibal. Ce dernier est alors progressivement cantonné dans une région du Sud de l’Italie. En parallèle, des troupes romaines débarquent en Afrique du Nord ; Hannibal est alors appelé au secours mais les Romains sont victorieux et réussissent à s’allier aux Numides de Carthage. L’affrontement entre Scipion et Hannibal tourne à l’avantage de Scipion qui prend alors le surnom d’Africain lors de la bataille de Zama en 202 avant J.-C. La défaite carthaginoise entraîne la perte définitive de l’Hispanie, la destruction de la flotte carthaginoise, l’interdiction de toute action militaire sans accord romain et le paiement d’une indemnité de guerre. Cependant, malgré la rigueur du traité de paix, la cité punique retrouve sa puissance économique. Prétextant la violation du traité de paix de 202 (Carthage a levé une armée pour repousser les incursions numides), le Sénat romain décide de lancer une offensive en Afrique dans le but de détruire la ville rivale.
- La troisième Guerre punique se déroule de 149 à 146 avant J.-C. Elle consiste pour les Romains en une courte campagne destinée à faire le siège de Carthage. La victoire est remportée par Scipion Émilien, alors surnommé pour cela « le second Africain ». Le siège s’achève en 146 avant J.-C. par la destruction complète de la ville, dont le sol est déclaré sacer, c’est-à-dire maudit.
De 146 à 112 avant J.-C., Rome fait la conquête du pourtour de la Méditerranée, notamment du royaume de Pergame (actuelle Turquie) qui devient province d’Asie en 129 avant J.-C. La Grèce, l’Afrique du Nord, l’Ibérie deviennent aussi provinces romaines.
3. Les guerres civiles de 133 à 27 avant J.-C.
À partir de 133 avant J.-C., on assiste à un conflit entre le parti populaire, les populares et le parti aristocratique, les optimates. Malgré quelques apparences démocratiques, c'est une oligarchie très stricte qui se met en place à Rome. La République est en crise :
- sur le plan politique :
- les plus pauvres n'ont jamais l'occasion de voter,
- l'initiative des lois revient au Sénat qui peut dissoudre les comices (= assemblées),
- la multiplication des tribunaux sénatoriaux pratiquant la torture, les quaestiones, privent le peuple de tout pouvoir judiciaire,
- les pouvoirs des consuls sont limités par le Sénat.
- sur le plan économique :
- les Guerres puniques ont brutalement fait chuter la population et provoqué un exode rural énorme,
- les paysans, ruinés et endettés, achètent à bas prix des latifundia, immenses propriétés.
S’appuyant sur les modèles de leurs ancêtres Scipion l’Africain (235-183) et Scipion Émilien (185-129), les frères Gracques, Tiberius et Caius Gracchus, deux tribuns de la plèbe, tentent de redistribuer les terres et le blé. Mais ces projets effrayent la noblesse romaine et ils se font assassiner, l’un en 133, l’autre en 121.
De 91 à 88 avant J.-C., se déroule une guerre sociale où les alliés de Rome, les socii, réclament et obtiennent de Rome le droit à la citoyenneté romaine.
De 88 à 27 avant J.-C., se succèdent trois guerres civiles qui opposent des personnages ambitieux :
- Marius et Sylla (de 88 à 87 et de 83 à 82) : Marius, partisan de la plèbe, s’oppose à Sylla, partisan des patriciens. Marius vieillissant est jaloux du jeune Sylla qui lui a fait de l’ombre lors de la guerre de Jugurtha (112-105) et qui accumule les conquêtes, notamment en Orient contre Mithridate VI, roi du Pont. Sylla, victorieux, établit des listes de proscriptions qui autorisent la mise à mort des opposants et la confiscation de leurs biens.
- Pompée et César (de 49 à 44) : après la conquête de la Gaule par César (58 à 52), la guerre civile entre les deux ex-alliés se poursuit et se solde par la mort de Pompée en 48 avant J.-C. puis l’assassinat de César en 44 avant J.-C.
- Marc-Antoine et Octave (de 44 à 31) : dans un contexte troublé où sont poursuivis les assassins de César, la lutte entre les deux personnages est sans merci. Elle se solde par la bataille d’Actium en 31 avant J.-C. où meurent Marc-Antoine et Cléopâtre ainsi que par la conquête de l’Égypte en 30 avant J.-C.
En 27 avant J.-C., Octave est nommé Auguste, premier empereur de Rome ; c’est la fin de la République.
Ce qu’en dit Tite-Live :
Facturusne operae pretium sim, si a primordio urbis res populi Romani perscripserim, nec satis satio ; nec si sciam, dicere ausim : quippe qui, quum veterem, tum vulgatum esse rem, videam, dum novi semper scriptores, aut in rebus certius aliquid allaturos se, aut scribendi arte rudem vetustatem superaturos, credunt. Utcunque erit, juvabit tamen, rerum gestarum memoriae principis terrarum populi pro virili parte et me ipsum consuluisse ; et si in tanta scriptorum turba mea fama in obscuro sit, nobilitate ac magnitudine eorum, meo qui nomini officient, me consoler.
Aurai-je fait œuvre utile en rédigeant l'histoire complète du peuple romain depuis les origines de notre ville ? Je n'en sais trop rien et, si je le savais, je n'oserais l'affirmer, car, je le vois bien, ce sujet n'est que trop connu du public depuis longtemps : sans cesse, de nouveaux auteurs croient apporter l'une ou l'autre précision sur le fond ou bien susciter par la qualité de leur écriture plus d'intérêt que les récits maladroitement élaborés d'autrefois. Mais, quoi que me réserve l'avenir, je serai heureux d'avoir, à ma façon, contribué à perpétuer la mémoire des hauts faits du premier peuple au monde et, même si, parmi tant d'auteurs, ma réputation ne devait pas briller, la célébrité et la grandeur de ceux qui occulteraient ma renommée me consoleraient.
Ab Urbe Conditalibri, Tite-Live, Préface, trad. Danielle De Clercq, 2001.