Bibliographie
- CALAME, Claude, Thésée et l'imaginaire athénien, Légende et culte en Grèce antique, Payot Lausanne, 1996
- DECHARME, Mythologie de la Grèce antique, Artémis, Paris, Garnier, 1929
Le premier "combat" contre les Amazones
Il existe plusieurs versions du premier combat de Thésée contre les Amazones. Très vite les Athéniens imposent la version selon laquelle Thésée accompagne Héraclès qui doit effectuer son neuvième travail ; s'emparer de la ceinture d'Antoine, reine des Amazones. Ils font de Thésée le véritable conquérant de la ceinture que celui-ci peut ensuite donner à Héraclès qui, en remerciement, lui offre Antiope.
Selon d''autres versions c'est plus tardivement que Thésée mène une expédition avec son ami Pirithoos chez les Amazones. Les Amazones sont alors charmées par ces jeunes guerriers et c'est à cette occasion que Thésée enlève « sans violence » la belle Antiope.
Le rapt d'Antiope
Le « rapt » violent est rarement considéré comme tel par les Athéniens. Dans de nombreux récits, c'est volontairement que l'Amazone se rend sur le navire de Thésée et ce sont les Amazones qui interprètent ce départ comme un « rapt ».
Parfois le mythographe se contente de noter qu'Antiope devient l'épouse fidèle de Thésée. La naissance de leur fils Hippolyte renvoie alors Antiope au rôle que les Athéniens assignaient aux femmes : un rôle de mère que l'Amazone accepte volontiers.
Les Amazones à Athènes
Nul doute que cette partie de la légende se soit fortement développée du fait que les Athéniens aient voulu glorifier leur cité et leur fondateur.
Le développement littéraire se conjugue avec le développement iconographique. Les plus grands monuments vont se parer de scènes présentées en parallèle, selon des variations qui renvoient aux trois mêmes épisodes :
- combat contre les Centaures ;
- combat contre les Amazones ;
- travaux d'Héraclès.
Le récit de Plutarque est ici le plus important : il donne en effet nombre de détails sur cette guerre qui se conclut par la fin des Amazones et la mort d'Antiope. Selon les auteurs, on trouve des divergences :
- sur la cause de cette invasion : pour les uns, il s'agit d'une simple vengeance pour l'enlèvement d'Antiope ; pour d'autres, c'est parce qu'Antiope est répudiée par Thésée lorsqu'il épouse Phèdre que les Amazones entendent venger leur soeur ;
- sur les circonstances de la mort d'Antiope : tantôt elle tombe aux côtés de Thésée, tantôt elle est tuée par Thésée lui-même.
Hippolyte
Le personnage d'Hippolyte, fils de Thésée et Antiope joue un rôle central. Il est effet lui-même sans cesse nommé « le fils de l'Amazone » : il est alors considéré comme étranger au monde grec. Cela se traduit dans son comportement, par une dévotion exclusive à la déesse chasseresse, Artémis, ce qui suscite la jalousie d'Aphrodite. Injustement accusé par Phèdre, Hippolyte, maudit par son père, trouve une mort cruelle.
Cette pureté morale de la religion d'Artémis s'exprime surtout dans le beau mythe d'Hippolyte, tel que nous le trouvons développé chez Euripide. Le fils de l'Amazone Antiope est un jeune homme chaste, qu'aucune beauté mortelle ne peut toucher, insensible à tout autre sentiment qu'à celui d'un respectueux amour pour la divinité qui le protège. Il vit avec elle, d'une vie sauvage, au sein des montagnes et des forêts au retour de la chasse, il se prosterne devant son image et lui offre une couronne tressée avec les fleurs de la prairie sacrée. Sourd aux séductions et aux prières de Phèdre, il meurt victime de sa chasteté ; mais, en mourant, il reçoit les consolations de la déesse, qui adoucit l'amertume de ses derniers moments en lui annonçant les honneurs qui doivent perpétuer le souvenir de sa vertu. La vie sévère d'Hippolyte, son innocence, sa noble pudeur auront leur récompense. Il recevra à Trézène des honneurs divins et pendant de longs siècles, les jeunes vierges, avant leurs noces, couperont leur chevelure en son honneur, lui offriront le tribut de leurs larmes, et l'auront pour éternel sujet de leurs plaintives chansons.
(P. Decharme, Mythologie de la Grèce antique, Garnier, 1929)