Les aspects fondamentaux de la légende et ses développements

Localisation

La plupart des textes anciens indiquent qu'elles habitent à l'embouchure du fleuve Thermodon (Cappadoce) et que leur capitale est Thémiscyra. Quelques textes indiquent cependant :

  • soit qu'elles sont originaires des bords du lac Maetis d'où elles ont été chassées ;
  • soit que, chassées de Thémiscyra, elles sont remontées au Nord dans une région plus proche de la Scythie.

Par ailleurs, lors de leurs expéditions, elles auraient fondé de très nombreuses villes : Éphèse, Cymé, Smyrne, Paphos et Sinope.

Femmes guerrières et belliqueuses

Toutes les traditions s'accordent pour faire de ces femmes des guerrières. Les raisons proposées par les auteurs sont diverses :

  • abandonnées par leurs maris, elles décident de se défendre elles-mêmes ;
  • victimes de la violence des hommes, elles fondent un royaume qui exclut les mâles.

Elles sont expertes dans la guerre à cheval et passent leur temps à s'entraîner. Dès lors, elles refusent d'élever les enfants pour se consacrer à cette seule activité guerrière.

La légende cependant se développe pour en faire un peuple belliqueux qui ne vivrait que pour le plaisir de la guerre et de la conquête.

Les armes

Les Amazones sont représentées avec diverses armes :

  • la lance quand elles sont à cheval ;
  • l'arc ;
  • la hache : c'est elle que les auteurs donnent comme arme caractéristique des Amazones. Le terme est tantôt pelekus (Arrien), tantôt sagaris (Strabon), tantôtlabrys.

La hache : labrys

Ce terme viendrait du lydien ou du carien.

Toutefois, on trouve aussi d'autres noms pour désigner la hache des Amazones, notamment le terme sagaris pour cette arme commune des Perses, des Scythes et des Amazones. C'est le terme employé par Xénophon.
Le terme de pelekus, hache à double tranchant, d'abord réservé aux sacrifices, est aussi utilisé pour la hache de guerre.

Le bouclier : peltè

Il s'agit d'un petit bouclier échancré en forme de croissant : grec -pe/lth.

Une référence "naturelle"...

De la même manière que Xénophon évoque naturellement la "hache des Amazones", Suétone fait référence aux armes de ce peuple guerrier :

« In praeparanda expeditione primam curam habuit deligendi uehicula portandis scaenicis organis concubinasque, quas secum educeret, tondendi ad uirilem modum et securibus peltisque. »

Suétone, Vie de Néron, 44, 1

En préparant cette expédition, son premier soin fut de choisir des voitures pour le transport de ses instruments de musique, de faire couper les cheveux à ses concubines de la même manière qu'aux hommes, et de les emmener avec lui, armées de haches et de boucliers d'amazones. 

Apparence

L'apparence des Amazones est diverse. On peut retenir cependant certains types :

  • le type scythe : les Amazones portent alors un vêtement collant qui couvre entièrement le corps. Les représentations figurées les montrent avec un pantalon collant. Les taches ou les zébrures indiquent que ces vêtements sont faits de peaux de bêtes. Sur ce vase du Louvre, la tenue paraît composite : plusieurs éléments scythes caractéristiques apparaissent, notamment le collant porté sous une tunique ornée. On remarquera que les bras semblent aussi recouverts d'un habit semblable. L'armement est étranger. La tunique, elle, est proche de celle de la Spartiate qui court, mais elle ne laisse pas apparaître le sein... Les coiffes varient : tantôt bonnet phrygien, tantôt mitre ou diadème, ou  casque ou encore bonnet de fourrure.
  • le type dorien : les Amazones sont alors vêtues comme des jeunes filles spartiates, avec une tunique courte (chlamyde), rattachée sur l'épaule gauche et qui laisse apparaître le sein droit.
  • un type où elles ne se distinguent en rien des guerriers grecs : elles portent l'équipement guerrier grec; on voit cependant à leur visage (ou à leur peau blanche) que ce sont des femmes.

Moeurs particulières

Comme dans toute création d'une "utopie", les écrivains ont brodé à partir de quelques éléments fondamentaux. C'est surtout le rapport  des Amazones à la maternité qui est mis en avant :

  • dans la mesure où elles font sans cesse la guerre, elle refusent de s'occuper des enfants comme le font les femmes grecques : elles n'allaitent pas, elles rejettent ou mettent en esclavage les enfants mâles. Chez plusieurs auteurs, elles valorisent la virginité ;
  • dès lors se pose aux mythographes le problème de la survie  de leur société. L'essentiel est de refuser l'idée de "famille" qui donne la prédominance aux hommes ; la plupart des auteurs ont développé des légendes selon lesquelles elles s'unissent « au hasard ».

Il semble bien que se développe alors une image de « contre-modèle » grec : les moeurs des Amazones révèlent par un système d'inversion, ce qu'est l'être civilisé.

Il s'agit d'une société matriarcale, où le pouvoir est détenu uniquement par les femmes : elle représente aux yeux des grecs le contraire de la société grecque idéale car elles sont à la fois féminines et barbares.

Une femme grecque s'accomplit dans la maternité

Valorisation de la virginité

La femme s'occupe des enfants : elle les allaite et les éduque Les Amazones refuse d'allaiter
La société grecque valorise les enfants mâles Les Amazones ne gardent que les filles
La femme grecque s'occupe de son foyer Les Amazones font la guerre
Une femme honorable ne doit pas franchir le seuil de sa maison Les Amazones partent en expédition

On a souvent souligné que les grands héros civilisateurs (Héraclès, et, à un moindre degré, Bellérophon et Thésée) avaient dû affronter ces femmes, soit pour les renvoyer dans leur espace propre - hors de la Grèce - , soit pour les éliminer...

musagora

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