NOTES
- « Si vaste que soit la Méditerranée à la mesure des vitesses de jadis, elle ne s’est jamais enfermée dans sa propre histoire. Elle en a rapidement transgressé les limites. » (F. BRAUDEL, Les Mémoires de la Méditerranée, 2001 (1re éd. 1998), Paris, Le Livre de Poche, p. 45)
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Voir le site officiel des « Sept merveilles d’Ukraine »
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S. REINACH, Les Antiquités du Bosphore cimmérien, Paris, 1854, consultable en ligne sur le site Gallica de la BnF
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C’est l'objet de la thèse d’Anca DAN, « La plus merveilleuse des mers » : recherches sur la représentation de la mer Noire et de ses peuples dans les sources antiques, d'Homère à Eratosthène soutenue en 2009 à l’Université de Reims
Préambule
Depuis le 24 février 2022, l’Ukraine est l’objet d’un grave conflit qui a placé cet État au cœur des préoccupations européennes et mondiales.
Cette guerre peut ainsi être l’occasion de consacrer, en classe de langues et cultures de l’Antiquité, une ou deux séances à cette dramatique actualité, en proposant aux élèves, comme point de départ de réflexion sur la situation actuelle, ce que fut la place de ce pays dans l’Antiquité grecque.
Mêlant apports historique, géographique, archéologique, littéraire et mythologique, la présente ressource propose une documentation propre à construire, au cycle 4 ou au lycée, les contenus de ces séances qui viennent une nouvelle fois confirmer le caractère intrinsèquement interdisciplinaire des langues et cultures de l’Antiquité.
Introduction
Le monde grec ne se limite pas à la Méditerranée1 et il ne faudrait pas oublier trop vite cette autre mer qui semble la prolonger, en direction des immenses steppes eurasiatiques, la mer Noire. Des lieux faisant la une de l’actualité pendant le conflit russo-ukrainien ont porté jadis des noms grecs ou bien se trouvent à proximité de sites antiques grecs : la Crimée ou Chersonèse taurique ; le fleuve Dniepr, c’est-à-dire l’antique Borysthène, àl’embouchure duquel se trouve la colonie milésienne d’Olbia du Pont, à quelques kilomètres de l’un des champs de bataille du conflit, Mykolaïev ; le Pont, justement, c’est-à-dire le Pont-Euxin, le nom grec de la mer Noire.
On pourrait encore citer Chersonèsos, au bout de la Crimée, à proximité de Sébastopol, site archéologique classé en 2007 par les Ukrainiens parmi les Sept merveilles de leur pays2, ou bien encore le site de Panticapée, capitale du royaume du Bosphore cimmérien, sur l’actuel détroit de Kertch reliant la mer Noire à la mer d’Azov. Ces terres ont fait l’objet de fouilles au XIXe siècle dont les découvertes ont suscité l’admiration de toute l’Europe3.
L’hellénisme est donc bien présent sur ces terres qui en gardent la trace. La littérature de l’antiquité grecque regorge de références à ce monde excentré loin de la mer Égée. Sans prétendre pouvoir ne serait-ce que balayer la richesse du sujet, nous nous proposons de franchir le Bosphore qui, selon la mythologie, vit Jason et les Argonautes passer en mer Noire. Questionnant l’origine de l’appellation grecque de cet espace, nous verrons qu’il s’agit moins d’un concept géographique qu’un lointain indéfini aux marges de l’oikouméné méditerranéenne4. En installant colonies et comptoirs, les Grecs se sont peu à peu approprié l’espace pontique dont l’histoire est aussi une histoire culturelle, une histoire de la perception des confins.
Sommaire de cette ressource
Section 1 — La Mer Noire : une mer grecque ?
A. Le Pont-Euxin, nom antique de la mer Noire
- "La plus merveilleuse des mers"
- Onomastique de la mer Noire
B. L'élan colonial vers le Nord du Pont
- Richesse des terres barbares
- L'hellénisme des confins
Section 2 — La rive septentrionale du Pont et la Crimée : un espace géographique et littéraire
A. Le culte pontique d'Achille
- La Crimée avant l'arrivée des Grecs
- Un culte héroïque
B. Les Taures
- Le témoignage d'Hérodote
- Iphigénie en Tauride
En guise de conclusion
Bibliographie