Leptis Magna - Une ville carthaginoise devenue romaine

L’histoire de la cité

Leptis Magna est une cité aux influences multiples : d’abord carthaginoise puis autonome après la Troisième Guerre Punique, et ensuite romaine, elle connaît un premier grand développement urbain sous Auguste, comme l’attestent ses nombreux monuments : amphithéâtre, aqueduc, arcs de triomphe, basiliques, cirque, curie, forum, marché, nymphée, palestre, port artificiel, temples, théâtre, thermes…

Devenue colonie romaine, elle compte une population de près de 100 000 habitants. La cité s’enrichit grâce au commerce de l'huile, du blé et des richesses provenant du Sahara par les voies caravanières : or, ivoire, esclaves, bêtes sauvages destinées aux jeux du cirque. La cité est à son apogée et se développe à l’image de Rome sous l'empereur Septime Sévère (145-211).

À l’époque carthaginoise

À l’origine, Leptis Magna n'était qu’une escale maritime pour les Phéniciens (peuple du Liban actuel) puis un comptoir temporaire fondé par les Carthaginois, à l'embouchure de l'oued Lebda, à 120 km à l'Est de Tripoli, servant au commerce avec les tribus locales. Prenant conscience de sa position géographique stratégique, les Carthaginois transforment le comptoir en ville permanente vers 500 avant J.-C. afin d'éviter que les Grecs, ne s'en emparent.

À l’époque romaine

Vers 200 avant J.-C., la cité devient d’abord autonome. Puis, après la destruction de Carthage en 146 avant J.-C., à l’issue de la Troisième Guerre Punique, elle passe sous autorité romaine : en 111 avant J.-C., un traité d’alliance est conclu avec Rome.

Pendant la guerre civile entre César et Pompée, elle choisit le camp du second, ce qui lui coûtera cher car César, victorieux en 48 avant J.-C., impose à la ville une taxe annuelle de trois millions de livres d'huile d'olive pour son erreur de jugement. La cité est ensuite incorporée dans la province d’Afrique par l’Empereur Tibère et devient un important centre de commerce.

En 74 après J.-C., grâce à l’Empereur Vespasien, elle devient municipaux (municipe), ce qui permet la promotion de la ville d'origine indigène à l'intérieur de la cité romaine et lui laisse une importante autonomie, à l’inverse d’une colonie.

En 110 après J.-C., sous Trajan, elle prend le statut de colonia (colonie) romaine.

C’est en 193 après J.-C. que la cité connaît sa plus grande période de prospérité grâce à l’Empereur Septime Sévère, natif de Leptis Magna et qui a à cœur de faire rivaliser sa ville natale avec Carthage et Alexandrie en mettant en place un programme de rénovation urbaine et en facilitant l’accès des élites de la cité au Sénat romain. L’Empereur se rend d’ailleurs, en 203, à Leptis Magna, avec son épouse et ses deux fils, Caracalla et Géta, où il est reçu avec faste.

Épargnée par les différentes crises que Rome a traversées à cette époque, la cité est choisie comme capitale de la Tripolitaine, province romaine constituée vers 303 après J.-C..

Et ensuite…

Dès le IIIè siècle après J.-C., la cité de Leptis Magna doit affronter plusieurs obstacles : le comblement de son port, les rivalités avec les tribus berbères alentour ainsi que de violents tremblements de terre de 306 à 310 puis en 365 ; la ville est alors en partie laissée à l’abandon.

Sous le règne de Théodose Ier, de 379 à 395, la cité tente de se redresser. Mais, en 439, après avoir pris Carthage, les Vandales conquièrent la ville. Pour éviter toute rébellion, ils ordonnent de raser les murs de la cité, ce qui permet aux Berbères de mettre la ville à sac en 523.

En 533, avec la conquête byzantine, Leptis Magna perd son statut de première ville de Tripolitaine et se dépeuple, à l'exception d'une garnison byzantine.

Au fil des siècles, le site, oublié, est enseveli sous le sable jusqu'au XVIIè siècle où il est exploité pour ses matériaux, notamment ses colonnes de marbre. C’est ainsi que, pour combattre les pirates en Méditerranée, Louis XIV exige le paiement d'une forte rançon : le pacha de Tripoli propose de payer avec les colonnes de marbre des ruines qui sont acheminées à Paris et réemployées pour diverses constructions ou débitées pour faire des placages. D’autres éléments sont ensuite subtilisés pour être envoyés à Rouen ou à Londres.

Il faut attendre 1911 pour que les archéologues italiens sauvegardent ce patrimoine jusqu’à son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982.

L’architecture de la cité

Plan

Plan de Leptis Magna, © Wikipédia Commons 

Le port antique

De l’ancien port, très bien conservé, il subsiste les quais, de 1200 m de long, les bases du sémaphore et du phare ainsi que des entrepôts face au débarcadère. Le bassin interne du port mesure environ 102 000 m2 et possède une largeur maximale de 390 m et une profondeur de 410 m au maximum.Il est situé à l’embouchure d’un petit cours d'eau, l’oued Lebda, et a sans doute été ensablé lors de l'édification de ses quais et entrepôts par les crues de l'oued.

Autrefois, sur ses quais et son dispositif d'amarrage, les bateaux chargés de marbres grecs, de granit d'Assouan et de cèdres du Liban destinés au nouveau centre-ville déchargeaient leur précieuse marchandise : c’était l'un des plus importants du monde romain. Une avenue monumentale bordée de 250 colonnes et de boutiques de luxe permettait de rejoindre le cœur de la cité, le forum.

À côté du port, l’ancien forum

Le vieux forum est construit sous le règne d'Auguste à l'emplacement du marché carthaginois. C’est là que l’on trouve les bâtiments officiels des Ier et IIè siècles : au Sud, la basilique et la curie ; au Nord, les principaux sanctuaires de la ville, dédiés aux dieu et héros protecteurs de la cité : temples de Liber Pater (ou Bacchus) ou, selon une autre interprétation, Capitole dédié à la triade romaine Jupiter/Junon/Minerve – cela reste incertain – temple d’Hercule, temples de Rome et Auguste, de Magna Mater (ou Cybèle), et temple de Trajan.

Plus au Sud, le théâtre, le marché et le chalcidicum

À l'ouest du cardo, axe Nord-Sud de la ville, on peut voir un deuxième ensemble regroupant le théâtre, le macellum (marché) et le chalcidicum.

Le théâtre de Leptis Magna est le premier théâtre romain construit en terre africaine, face à la mer. Bâti sur la nécropole punique, il est construit sous Auguste, selon les principes d’architecture établis par Vitreuse puis il est agrandi au IIè siècle après J.-C. Il est large d'environ 87,60 mètres, pourvu d'une vaste cavea. Il comprend un mur de scène d'une hauteur de trois étages, décoré de colonnes corinthiennes, comportant trois portes, servant à l’entrée des acteurs et derrière lesquelles se trouvent les coulisses et les réserves. Au-dessus des deux vomitoria (passages voûtés dans la cavea permettant la circulation des spectateurs), se trouve une inscription, en latin, mentionnant la générosité d’un citoyen, Annobal Rufus, « ornateur de sa patrie et amateur de la concorde », qui fit don de ce théâtre à sa cité en I ou II après J.-C.

Rufus est également à l'origine du macellum (marché) de Leptis Magna, comme le confirme une inscription dédicatoire. C’est un rectangle d'environ 100 m de long. Au centre, deux kiosques circulaires, posés sur une plateforme octogonale, surélevée grâce à des marches d’escalier, sont entourés de colonnes ioniques. Des boutiques ont été adjointes à trois des portiques périphériques. Entre les deux pavillons, il subsiste des tables de mesure de capacité et de longueur. Le marché est en partie reconstruit et embelli en 200 ap. JC, sous Septime Sévère.

Le chalcidicum est un édifice financé par un riche citoyen d'origine punique, Iddibal Caphada Aemilius. Il doit son nom à un petit temple dédié à Vénus Chalcidica et il est d’architecture chalcidique, c’est-à-dire, selon la définition de Vitruve, architecte d’Auguste, contenant des colonnes assumant la triple fonction de façade, de clôture et d'entrée. Des archéologues italiens ont établi que le chalcidicum contenait portiques et magasins : en plus de servir au commerce de denrées luxueuse, il contenait probablement un marché aux esclaves, qui était décoré d’une Vénus Chalcidica à son d'entrée. Il a été consacré en 12 à la divinité Auguste.

A l’intersection du cardo et du decumanus, l'arc de Septime Sévère

Les deux axes structurant les cités romaines sont le cardo (Nord-Sud) et le decumanus (Est-Ouest). A leur intersection, se dresse un monument prestigieux : l'arc de Septime Sévère. Erigé en 203 à l'occasion d'une visite de l'empereur Septime Sévère dans sa ville natale, cet arc de triomphe quadrifons, percé de quatre portes de 20 m de haut, mesure 40 m × 40 m et possède trois étages. Surélevé de trois marches, il ne permettait pas le passage des chars qui devaient le contourner.

Il est construit entièrement en calcaire, recouvert de plaques de marbre sculpté représentant des frises de vigne, des victoires ailées, des scènes de sacrifice, de bataille et une cérémonie triomphale en l’honneur de Septime Sévère et ses fils, à côté de Jupiter et Junon représentés sous les traits de l’Empereur et de sa femme Julia Domna. Ces décorations célèbrent les vertus de la famille impériale – paix, concorde, piété – et ont une visée de propagande.

C’est le plus grand et le plus impressionnant des arcs de la cité, à côté de ceux d’Antonin le Pieux ou de Marc-Aurèle sur le decumanus et de Trajan ou de Tibère sur le cardo.

À l’Est de l’arc de Septime Sévère, les thermes d'Hadrien et le nymphée

À côté de la palaestra (palestre), cour entourée d’un portique où l’on se livre aux exercices physiques, on peut voir les thermes d'Hadrien, aussi imposants que les thermes de Constantin à Rome. Ils furent inaugurés en 126-127 sous l’Empereur Hadrien puis rénovés sous les Empereurs Commode (161-192) puis Septime Sévère (146-211).

En entrant, on peut voir une piscina ou natatio, piscine à ciel ouvert entourée de trois côtés par un portique corinthien en marbre rose. Ensuite, on traverse le frigidarium, vaste salle froide bordée d’immenses colonnes corinthiennes, au sol dallé, aux murs recouverts de marbre et dont le plafond était certainement peint de couleurs vives. Aux deux extrémités de cette salle, sont situées deux piscines avec plongeoir. On pénètre ensuite dans le tepidarium, salle tiède entourée de deux colonnes de marbre gris. Puis on entre dans le caldarium, salle chaude chauffée au sol grâce au principe classique de l’hypocaustum, hypocauste. Deux salles de sudation, laconica, ont été ajoutées ultérieurement. Les thermes sont aussi dotés de latrines (toilettes) et de vestiaires, apodyterium.

Les peintures, sculptures et plaquages de marbre, mettent en évidence le luxe de la cité, qui maîtrise l’usage de l’eau mais aussi les techniques architecturales complexes.

Autre symbole de luxe à proximité : le nymphée. Il a été construit pour compléter l’ensemble thermal monumental. Comme les thermes, il se situe à côté de l’oued Lebda pour être facilement approvisionné en eau ; il est aussi placé à l’endroit où la rue des Colonnes change de direction, masquant, par sa forme semi-circulaire, l'angle créé. Il est constitué d’un bassin réservoir pourvu d'une balustrade. Cette immense fontaine était ornée de revêtements précieux, de colonnes de granit rose et de cipolin (marbre vert) ainsi que de niches contenant des statuettes de marbre blanc, d’où coulait l’eau.

Derrière le nymphée, en direction du Nord, se trouve la rue des Colonnes. C’est une avenue de 20,5 m de large, de 420 m de long, reliant les thermes d’Hadrien au port. Elle était bordée de 125 portiques à colonnes en cipolin, posées sur piédestal et décorées de chapiteaux corinthiens en marbre blanc ou de fleurs de lotus, motif plus oriental.

Entre les thermes d’Hadrien et le port, le forum sévérien

C'est un espace fermé, dominé par le temple de la famille impériale élevé sur un podium : il a pour vocation de faire de la propagande impériale. Datant du IIIè siècle, il est inauguré lors de la visite de l'Empereur Septime Sévère dans sa ville natale.

Il mesure 100 m de long sur 60 m de large et est entouré d'un haut mur de pierre de taille. Le péristyle, pavé de marbre blanc, était décoré de pierres de différentes couleurs : arcades en cipolin et colonnes de granit rose. Les architraves des arcades sont décorées par des médaillons sculptés de textes de Méduses et de Néréides, toutes deux protectrices de la ville. Sur le forum, deux statues monumentales représentant le gouverneur Flavius Archontius Nilus ainsi que des inscriptions honorifiques datant du IVè siècle après J.-C. ont été retrouvées : il s’agit certainement d’un hommage à un magistrat, Flavien Nicomaque, grand pontife (prêtre) romain qui s’opposa au christianisme et qui fut accusé à tort de corruption puis réhabilité après sa mort par la cité de Leptis Magna, qui lui offrit des statues, à titre de dédommagement.

De l'autre côté du forum, se trouve la basilique de Septime Sévère, bordée de boutiques et de tavernes. Construite sous Septime Sévère, elle est terminée sous le règne de Caracalla. Quatre cours de justice pouvaient siéger dans cette grande halle de 92 × 42 m, composée de deux absides et de trois nefs séparées par deux rangées de colonnes corinthiennes en granit rose, la nef centrale étant plus élevée pour laisser entrer la lumière. La basilique comportait deux étages au-dessus desquels s'élevaient probablement des galeries en bois. Les niches des deux absides à l'extrémité de la nef centrale abritaient des statues. Chaque abside comporte deux pilastres sculptés de motifs illustrant les deux patrons de la ville : au Nord, Dionysos et, au Sud, Hercule exécutant ses travaux.

À l’extérieur de la cité, thermes, amphithéâtre et cirque

À l’Ouest, en périphérie de la cité, sont situés les thermes de la chasse. Ils datent probablement du IIè siècle après J.-C. et ont été particulièrement bien conservés sous le sable : à l’intérieur, ils sont richement décorés, notamment, dans le frigidarium, où l’on peut voir une fresque représentant une scène de chasse. Le tepidarium et le caldarium, situés à côté, sont équipé de tubuli, conduits en tuiles creuses situés dans les murs et amenant l'air chaud depuis la chaufferie.

À l’Est, à un kilomètre de la cité environ, se situe l'amphithéâtre. Il est construit en 56 après J.-C., sous Néron, sur l’emplacement d'une ancienne carrière.

On peut se demander pourquoi l’amphithéâtre et l’hippodrome sont situés à l’extérieur des murailles de la ville. Cela s’explique tout d’abord par le fait qu’à la suite des tremblements de terre du IVè siècle après J.-C., la cité s’équipe d’une muraille protectrice, laissant en-dehors ces deux monuments. De plus, cette localisation en bord de ville facilitait l'arrivée et la dispersion de la foule des spectateurs venant de la ville et des campagnes environnantes.

Sur des inscriptions retrouvées sur place, sont mentionnés les spectacles donnés dans l'amphithéâtre : combats de gladiateurs à l'occasion des élections quinquennales, ou, en d'autres occasions, fourniture de bêtes sauvages.

L’amphithéâtre mesure 121 m par 111 m et contient une arène intérieure de 57,2 m sur 47,3 m. La caractéristique architecturale la plus surprenante de cet édifice est sa forme peu courante, non elliptique : il comprend deux extrémités semi-circulaires raccordées par de courtes parties rectilignes, comme si deux théâtres avaient été accolés par leurs bâtiments de scène. Cela s’expliquerait par la vocation nouvelle de l’édifice, impulsée par l’Empereur Néron : celle d’un monument polyvalent propre au déroulement de spectacles mêlant concours musicaux, compétitions athlétiques et équestres, aux classiques chasses et combats de gladiateurs. En effet, les extrémités en demi-cercle de l'édifice offrent une meilleure acoustique pour les spectacles musicaux. L’hypothèse expliquant cette architecture originale est à chercher à Rome, dans un amphithéâtre d’une architecture similaire : construit par Néron, en bois, sur le Champ de Mars, après le grand incendie de Rome en 64 après J.-C., il n’en reste aucun vestige.

Les spectateurs gagnaient l'amphithéâtre par des tranchées d'accès creusées dans la colline, dont la principale était bordée de monumentales colonnes ioniques. Les gradins étaient desservis par des galeries intérieures, les vomitoria. Le nombre de places disponibles dans l'amphithéâtre est estimé, selon différentes sources, de 12 000 à 16 000 places. Les gradins sont divisés en trois niveaux. Le plus bas comporte trois gradins, desservis par un couloir derrière le troisième gradin et s'ouvrant par huit portes. Ces gradins sont réservés aux notables et comportent deux tribunes d'honneur situées aux extrémités du petit axe, places centrales qui offrent la meilleure acoustique et la meilleure vue : la loge de l'organisateur des jeux (editoris tribunal) et en face, du côté sud, la loge impériale (pulvinar), face à la mer. Ces loges sont entourées par les sièges réservés aux notables, repérés par des inscriptions. Les gradins intermédiaires et supérieurs sont au nombre de onze chacun, et sont séparés par un mur bordant le couloir d'accès.

Le sous-sol de l'amphithéâtre est aménagé de couloirs transversaux et de trappes, permettant l’accès à l’arène. Les gladiateurs entraient dans l'arène par deux grandes entrées sous une arche, aux extrémités du grand axe, tandis que dix ouvertures plus petites, reliées par une galerie de service, permettaient d'envoyer les fauves dans l'arène. À ce jour, le sous-sol n'a toujours pas été fouillé.

Un mur de 2,85 m de haut entoure l’amphithéâtre. À son sommet, on observe des pierres blanches espacées de 2,4 m et percées de trous : elles devaient supporter des poteaux entre lesquels on tendait un filet pour protéger les spectateurs d'éventuels bonds des animaux.

En 1912, les archéologues italiens découvrent, à proximité de l’amphithéâtre, une statue représentant Artémis d’Ephèse, déesse de l’Abondance, symbole de la Tripolitaine. On ne sait pas si cette statue servait à décorer la colonnade de l’amphithéâtre ou appartenait à un petit temple situé à proximité et dédié à Némésis, déesse tutélaire des amphithéâtres.

L’amphithéâtre est séparé du rivage maritime par le cirque, auquel il est relié par un tunnel de circulation. Emporté par les vagues, le cirque n'a pas résisté. Seule la spina, épine dorsale autour de laquelle tournaient les équipages, et l'emplacement des gradins, capables d'accueillir 23 000 spectateurs, sont encore visibles.

Et aujourd’hui ?

En juin 2005, des archéologues allemands ont découvert une mosaïque très colorée de neuf mètres de long, parmi cinq mosaïques des Ier et IIè siècles. On y voit un guerrier combattant un cerf, quatre jeunes hommes luttant avec un taureau au sol, et un gladiateur fatigué fixant son ennemi vaincu. On suppose que ces mosaïques décoraient le frigidarium des thermes d’une riche villa romaine située le long de l’oued Lebda. Ces mosaïques d’exception ont été mise à l’abri au musée de Leptis Magna car, aujourd’hui, le site est en proie aux pillards et est menacé de destruction.

Ce qu’en dit Pline l’Ancien :

Africam Graeci Libyam appellavere, et mare ante eam Libycum : Aegypto finitur. Nec alia pars terrarum pauciores recipit sinus, longe ab occidente littorum obliquo spatio. Populorum ejus, oppidorumque nomina, vel maxime sunt ineffabilia praeterquam ipsorum linguis, et alias castella ferme inhabitant.

 

L'Afrique a été appelée Libye par les Grecs, et la mer qui la baigne, mer Libyque ; elle a l'Égypte pour limite. Aucune région ne présente moins de golfes ; les côtes s'étendent obliquement sur une ligne prolongée à partir de l'occident. Les noms de ses peuples et de ses villes sont, plus peut-être que ceux d'aucun autre pays, impossibles à prononcer pour les étrangers ; et d'ailleurs les indigènes n'habitent guère que des châteaux.

Pline l’Ancien, Histoire naturelle, V, 1,1, texte traduit par E. Littré

  • L’origine du nom de la cité Leptis Magna est incertaine. Dans les textes classiques, deux formes apparaissent en concurrence : Leptis Magna et Lepcis Magna, la première étant plus usitée. La transformation de Leptis en Lepcis, peut être due soit à un besoin euphonique gréco-latin, soit à l'influence d'une étymologie populaire, soit à ces deux causes réunies. D’après la numismatique (étude des pièces de monnaie), la seconde forme dérive probablement du nom phénicien (peuple de Carthage, Tunis actuel) de la ville : LPQY ou LBQY. On peut également trouver les noms de Lepcis Megali (« Leptis la grande ») et Νεάπολις (Neapolis, la nouvelle ville) dans les sources grecques. L’épithète Magna a été ajouté par les Romains pour la différencier de Leptis Minor (« Leptis la petite ») qui fut fondée également par les Phéniciens et qui appartient à la Byzacène, territoire issu de la division de la province romaine d’Afrique faite par l’empereur Dioclétien en 303 et correspondant à une partie de l'actuelle Tunisie.
  • L’étymologie du nom Leptis Magna ou Lepcis magna est multiple. Plusieurs hypothèses sont possibles :
    • Ce nom pourrait venir d’une vieille tribu libyenne : Luatha, nom transformé en Libate ou Libade.Une autre interprétation la ferait remonter au phénicien Libadah composé de la préposition Li (près de) et du nom Bada (désert), ce qui serait en lien avec la situation géographique de la ville, aux portes du désert.
    • Enfin, le nom de la ville pourrait avoir la même origine que le mot « Libye » qui serait dérivé du nom d’une ancienne tribu libyenne : Lebu (Rebu), mentionnée dans les annales égyptiennes de la fin du IIe millénaire avant J.-C.
  • Leptis Magna était l’une des trois cités célèbres dont les Grecs parlaient sous le nom de « Trepolis » (les trois cités). Les deux autres étaient Sabratha, située à environ 67 kilomètres à l’ouest de Tripoli, et Œa, aujourd’hui Tripoli (Trablus ou Trablis), qui a donné son nom à l’ensemble de la région de la Tripolitaine.
  • Septime Sévère est le premier Empereur de la dynastie des Sévères ; il est né à Leptis Magna en 146 après J.-C. Il est issu par son père d’une famille libyenne : il est donc à la fois de culture berbère et punique. Il obtient la citoyenneté romaine et règne de 193 à 211.
  • Classée au patrimoine mondial de l’UNECO depuis 1982 et classée cité en péril en 2016, Leptis Magna est aujourd’hui, avec Pompéi, la ville la mieux conservée du Bassin Méditerranéen. La liste des cités en péril a été conçue par l’UNESCO pour informer la communauté internationale des conditions menaçant les caractéristiques mêmes qui ont permis l'inscription d'un bien sur la Liste du patrimoine mondial et pour encourager des mesures correctives.

Voir aussi sur Odysseum :

En deux mots : 

Le forum romanum

Bilinguisme et multilinguisme dans l'Empire romain

Pistes de recherche : 

  • La romanisation
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