Thermes d'Agrippa
Il existait sous la République de nombreux petits établissements de bain dispersés à travers la ville, mais ils étaient souvent petits et malcommodes. En construisant vers 25 avant J.-C. les premiers thermes publics monumentaux, Agrippa, ami et gendre d'Auguste, comble une attente de la Plèbe. Mais il cherche aussi à la séduire, en lui offrant, pour une somme modique, l'accès à un cadre de vie digne des grandes propriétés aristocratiques. Ces thermes, ornés d'œuvres d'art, sont situés près d'un vaste plan d'eau artificiel, au milieu de grands jardins qui occupent le nord du Champ de Mars. Ce bâtiment appartient à un vaste ensemble destiné à impressionner les Romains et qui comprend le Mausolée, le Panthéon et l'Horologium.
Bien qu'on ne dispose pas du plan complet du bâtiment, celui-ci est estimé à 120 m de long sur près de 100 m de large. Le seul vestige visible est une vasque en granit égyptien utilisée aujourd'hui comme fontaine et qui a été découverte récemment sur la zone où se situaient les thermes.
Théâtre de Marcellus et le Portique d'Octavie
Près du Tibre, dans un secteur du Champ de Mars traditionnellement consacré aux monuments triomphaux des généraux de la fin de la République, Auguste réalise un ensemble monumental.
Le choix de ce lieu exprime le désir de suprématie de l'Empereur qui associe ici des bâtiments antérieurs, qu'il restaure, aux bâtiments nouveaux. Cet ensemble dédié aux membres de la famille du prince souligne l'importance dynastique de son pouvoir. Les cérémonies (lecture de poèmes, sacrifices...) qui s'y déroulent font de l'Empereur un personnage quasi-divin.
On y trouve :
- un temple à Apollon, restauré par un contemporain d'Auguste, Caius Sosius, et qui fait écho à celui du Palatin ;
- un théâtre, construit en l'honneur de Marcellus, le neveu et premier successeur désigné d'Auguste, qui reprend un projet que César n'avait pas eu le temps d'achever ;
- un portique offert au peuple romain par Octavie, soeur du prince - mais en réalité financé par Auguste. Ce portique, qui reprend un bâtiment antérieur, est une cour bordée de quatre galeries. Aux temples à Junon et à Jupiter, qui se trouvent au centre du portique, Auguste ajoute une bibliothèque.
Sont ainsi associés dans un même lieu des édifices religieux et culturels. Les fragments du décor qui ont été retrouvés mettent en scène les thèmes du nouveau régime, en particulier l'âge d'or.
Théâtre de Marcellus Entrée du portique d'Octavie
Le théâtre de Balbus
Deux théâtres permanents en pierre existent déjà à Rome. Le plus grand, qui date de la fin de la République (55 avant J.-C.), a été construit par Pompée. Le théâtre de Marcellus est le deuxième. Celui de Lucius Cornelius Balbus est dédié en 13 avant J.-C. à la suite de ses victoires en Afrique (en 19 av. J.-C.).
Comme la construction d'édifices publics représente un enjeu politique, car elle permet de s'attirer les faveurs du peuple, Auguste fait tout ce qu'il peut pour avoir le monopole des constructions monumentales à Rome. Cependant, il autorise cet Espagnol, qui n'est pas de grande famille, non seulement à célébrer un triomphe à la suite de ses victoires, mais aussi à construire ce théâtre avec l'argent du butin. Ce général ne représente en effet pas un concurrent sérieux pour Auguste, qui peut donner ainsi l'image d'un prince libéral qui accepte que d'autres connaissent la gloire à côté de lui.
Le Panthéon
Le Panthéon que nous connaissons aujourd'hui ne date pas d'Auguste mais de l'Empereur Hadrien qui, reconstruisant le premier temple, conserva le souvenir de son constructeur, Marcus Agrippa, en reproduisant l'inscription sur le fronton : M. Agrippa cos. tertium fecit Marcus (Aggripa consul pour la troisième fois a fait édifier ce monument).
Le bâtiment d'origine, réalisé entre 27 et 25 avant J.-C. , était orienté différemment et n'avait pas la même forme. Rectangulaire, s'ouvrant sur un de ses longs côtés, il donnait sur une place dallée et faisait face à une basilique, dite de Neptune. Sur le côté Est de cette place, courait un portique appelé "Portique des Argonautes". Tous ces bâtiments sont dus à Agrippa qui, par ces noms, soulignait l'importance de la victoire navale d'Actium.
Ce temple a été conçu à l'imitation des sanctuaires de la période hellénistique (période qui va, en Grèce et en Orient, de la mort d'Alexandre à la conquête romaine), consacrés aux douze grands dieux de l'Olympe, et où l'on honorait le souverain comme un dieu vivant. Le Panthéon devait accueillir les statues d'Agrippa et d'Auguste. Cependant, pour ne pas froisser l'opinion, celles-ci ne furent pas placées dans le temple, mais devant sa porte. Le Panthéon, comme le Mausolée, cherchent à souligner la nature divine de l'Empereur, de son vivant (Panthéon) et après sa mort (Mausolée), dans un cadre grandiose faisant songer à l'Alexandrie des Ptolémées.
Le Forum d'Auguste
Conçu en 42 avant J.-C, ce forum est une place close, entourée de portiques, de 125 mètres sur 118. Octave-Auguste met en avant le désir d'offrir aux Romains un nouvel espace, le forum romanum et le forum de César, voisins, étant devenus trop petits. La dédicace aura lieu en 2 avant J.-C.
Mais l'ensemble prend vite un caractère triomphal et dynastique très marqué, et célèbre de fait la gloire d'Auguste. Au centre de la place, figure un quadrige dédié à Auguste Pater Patriae (Père de la Patrie). La construction du temple de Mars Vengeur (Mars Ultor), qui se dresse au fond de la place, est décidée pour accomplir le voeu d'Octave avant la bataille décisive de Philippes contre les meurtriers de César, Brutus et Cassius. Au moment de la dédicace en 2 avant J.-C., le contexte politique ayant changé, le terme d'Ultor concerne désormais les adversaires du peuple romain. Le temple accueille les statues de Mars, de Vénus et de César.
Les portiques sont ornés de statues, placées dans des niches, des grands hommes de l'histoire romaine. Celles de Romulus et d'Énée sont particulièrement mises en valeur dans deux exèdres. Cette disposition manifeste que l'histoire de la famille d'Auguste est étroitement liée à celle de Rome ; ce n'est pas par hasard que la statue d'Auguste est située au centre de la place: l'empereur est l'héritier de toute une lignée et l'histoire de Rome conduit jusqu'à lui.
La maison d'Auguste : une maison privée, un lieu officiel
Auguste n'a pas de véritable palais au Palatin. Il ne peut pas apparaître comme un roi. Au contraire, il s'efforce de donner, à travers sa résidence, l'image d'un magistrat pieux et modeste.
Dès 40 avant J.-C., il s'empare plus ou moins légalement de tout un ensemble de maisons, qu'il réaménage. C'est dans l'une d'entre elles que, dès 36 avant J.-C., il fait construire un temple dédié à Apollon - son dieu protecteur -, un portique et des bibliothèques. La décoration de cet ensemble rappelle la victoire d'Actium. Il ajoute dès 12 avant J.-C. un petit sanctuaire dédié à la déesse Vesta. Devenu alors Grand Pontife, il peut ainsi continuer à résider chez lui, sans être obligé de s'installer dans la domus publica réservée à ce prêtre et qui se trouve près du Forum, non loin du temple républicain de Vesta. En transformant ainsi sa maison, il en fait l'équivalent d'un sanctuaire et se manifeste en même temps comme un personnage sacré.
Soucieux d'apparaître comme un nouveau Romulus, Auguste est très attaché à la zone du Palatin où il décide de résider. Là, se trouvent la cabane de Romulus, l'autel rappelant la fondation de la Roma quadrata primitive et d'autres lieux entourés d'un prestige légendaire lié aux origines de Rome.
D'autre part, Auguste s'inspire de modèles hérités du monde hellénistique (c'est-à-dire des rois qui ont succédé à Alexandre en Grèce et au Moyen-Orient). En installant le sanctuaire d'Apollon à mi-pente du Palatin, c'est-à-dire bien visible depuis les collines environnantes, il théâtralise sa demeure, crée une mise en scène digne de certains palais hellénistiques. Toutefois, les apparences sont sauves : il s'agit avant tout d'un sanctuaire consacré à Apollon, plutôt qu'un lieu en l'honneur du pouvoir personnel d'Auguste.
Le Portique de Livie
Construit entre 15 et 7 avant J-C, le portique de Livie est situé sur l'Esquilin, dans un quartier populaire et mal famé : Subure. Pour l'édifier, Auguste a fait démolir la très grande et somptueuse demeure (8000 m²) que lui lègue à sa mort un affranchi fort riche nommé Védius Polion.
Il s'agit d'une vaste promenade publique rectangulaire (115m x 75m) entourée d'un portique : fontaines, arbustes, fleurs, statues en font l'agrément.
Au centre, se trouve un petit temple dédié à la Concordia Augusta. À l'intérieur, sont placées des statues d'Auguste et de Livie, représentés sous les traits de Mars et de Vénus.
Le petit temple présente le couple impérial comme un modèle de l'entente qui doit régner dans l'état romain ainsi que dans les foyers. Les jeunes mariés romains ont pour habitude de venir au portique de Livie afin d'accomplir un sacrifice à la Concordia, traduisant ainsi la prégnance du modèle politique dans la vie privée.
