- Vesunna est le nom d’une divinité gauloise sur laquelle nous n’avons que peu d’informations. Elle donne son nom à la cité, Vésone. Au IVe siècle, on la connaît sous le nom de civitas Petrucorium (la cité de Pétrucores).
- Lors du siège d’Alésia, Vercingétorix compte dans son armée 5000 Pétrocores (ou Pétrucores).
- La domus a été découverte à l'occasion de la construction d'un ensemble de bâtiments HLM immédiatement stoppée devant la richesse du site.
- Dès 1963, la domus est classée monument historique.
- L'architecte Jean Nouvel a bâti le musée gallo-romain de Périgueux pour protéger et conserver la domus de Vésone. Le musée recouvre le site ; les visiteurs peuvent en avoir une vue d'ensemble surplombante depuis la mezzanine.
Au Ier siècle avant J.-C., l’Empereur Auguste crée la province d’Aquitaine. Vesunna, appelée plus tard Vésone, aujourd’hui Périgueux, se développe dans un méandre de l’Isle et se pare de monuments richement décorés, propres au style de vie romain. Ces monuments emblématiques de la prospérité de la ville, tels le temple de Vésone et l’amphithéâtre, sont démontés pierre par pierre à la fin du IIIe siècle pour servir de rempart aux invasions extérieures. Au IVe siècle, la ville se replie sur elle-même. Elle se réduit et passe d’une surface de 80 hectares à 6,5 hectares. Les remparts, hauts de 10 mètres et larges de 8 mètres, courent sur 950 mètres, incluant l’amphithéâtre. Ils délimitent la ville médiévale de Périgueux.
La tour de Vésone
La tour est le dernier vestige d’un temple datant de la fin du Ier siècle, situé au nord du forum. Ce temple faisait partie d’un sanctuaire de près de 2 hectares situé à l’emplacement d’un ancien quartier de la ville. Le temenos - l’aire sacrée - mesure 141 m sur 122 m. Il était entièrement ceint d’un portique, excepté de chaque côté de l’entrée est où furent construites deux salles pour accueillir les voyageurs. Le temple, de forme ronde, est dédié à la déesse Tutelle des Pétrucores (Tutela Vesunna). Une colonnade en faisait le tour. On y accédait par un grand escalier. La cella où se trouvait la statue de la déesse est encore débout : une tour haute de 24,5 m et d’un diamètre de 17,10 m, possiblement ouverte en son sommet. Des plaques de marbre recouvraient la structure en pierre. La porte se trouvait à l’emplacement de la brèche par laquelle on pénètre dans la tour aujourd’hui.
Aucune représentation de la déesse Vesunna ne nous est parvenue. Comme souvent dans le monde gaulois, Vesunna est peut-être une divinité des sources ou de l’Isle, le cours d’eau qui baigne la ville, et permet les échanges de marchandises.
L’amphithéâtre
Vésone possédait l’un des plus grands amphithéâtres connus en Gaule (140 m x 116 m). La riche famille des Pompeii a financé sa construction commencée sous le règne de Tibère (14-37 après J.-C.) puis achevée à la fin du Ier siècle. D’une hauteur de 30 m sur deux étages, il pouvait accueillir 18 000 spectateurs sur quatre étages de gradins. Son plan était en ellipse. On accédait à l’arène par deux portes monumentales, au Nord et au Sud. Contrairement au Colisée de Rome, l’amphithéâtre ne disposait pas d’un sous-sol.
Au Moyen-Âge, le comte de Périgord construit sa forteresse à cet emplacement. Aujourd’hui, le jardin des arènes épouse le tracé de l’ancien amphithéâtre.
La domus de Vésone
Une première demeure est construite sous l'empereur Claude (41-54 av. J.-C.) suivant le plan de la domus traditionnelle romaine. Pendant trois siècles, elle ne cesse de s'agrandir et de s'embellir. Quand les habitants de la ville se retranchent derrière les murailles à la fin du IIIe siècle, la domus n'est plus habitée.
Elle possède toutes les caractéristiques d'une riche habitation : de multiples pièces privées et de réception, une cuisine avec un système efficace d'évacuation des fumées, un chauffage par hypocauste, des thermes privés avec ses trois pièces de températures différentes (frigidarium, tepidarium, caldarium), une pompe capable de produire 60 litres d'eau par minute, décrite par Vitruve dans le De architectura. Le site de Périgueux a livré de nombreux objets de la vie quotidienne des gallo-romains exposé dans le musée de la domus : des amphores de tailles multiples adaptées aux usages (huile d'olive, garum...), de la vaisselle (poterie et verre), des outils (planche de boulanger, matériel de couture, de forgeron...), des jeux (dés...), des bijoux, des instruments de médecine.
La domus de Vésone est également remarquable par les fresques qui ornaient les murs de la maison dans sa première phase d'habitation. À l'occasion des travaux de réaménagement, les propriétaires ont abattu les murs pour surélever la maison. Les gravas ont servi de remblais et ont ainsi protégé la base des anciens murs, préservant ainsi les peintures qui s'y trouvaient. Grâce aux motifs de ces fresques, on identifie précisément la fonction de certaines pièces comme la petite salle à manger et la grande salle de réception.
En extérieur, il est aussi possible de reconstituer la décoration du bassin, au centre du jardin, composée de poissons, d'algues et d'oursins. Un mur du jardin représentait des jeux et des combats de gladiateurs.
Ce qu'écrit Vitruve
Insequitur nunc de Ctesibica machina quae in altitudinal aqua educate monstrare (…) Extrudent inflando pressionibus per fistularum nares aqua in catinum e quo recipient paenula spiritu exprimit per fistulam in altitudinem et ita ex inferiore loco castello convocato ad saliendum aqua subministratur.
J'ai maintenant à parler de la machine de Ctesibius qui fait monter l'eau à une grande hauteur. (…) Alors l'eau est contrainte, par la compression, de se précipiter par les ouvertures des tuyaux, dans le petit bassin d'où l'air qui la pousse contre la chape la fait sortir par la trompe qui est en haut; par ce moyen, l'eau peut être élevée d'un endroit bas dans un réservoir pour y former un jet.
Vitruve, De architectura, X, 7, 1-3, traduction CH.-L. Maufras, 1847