L'agriculture et l'alimentation en Grèce antique

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En ce début de XXIe siècle, nos modes de production et d’alimentation sont de plus en plus remis en question, du fait des défis écologiques que nous rencontrons. Les modèles agricoles comme la permaculture interrogent notre lien avec la terre et s’inspirent de la nature : polyculture, abandon des insecticides et des engrais, optimisation des ressources en eau… Force est de constater que ces préceptes ont beaucoup en commun avec l’agriculture antique, notamment grecque. On retrouve des références explicites aux cultures antiques chez certaines associations, comme pour le mouvement des jardins-hortus qui propose de créer des oasis de vie dans les jardins en valorisant  la biodiversité.

Les défis climatiques et géographiques grecs

La Grèce est connue pour avoir peu de terres fertiles et cultivables. La plupart du territoire est montagneux ou rocheux et les plaines sont rares. L’espace dédié à l’agriculture est réduit, et il faut s’adapter à des terres rocailleuses et sèches, souvent exposées aux vents. Par ailleurs, la Grèce connaît principalement deux saisons, un été sec et chaud, puis un hiver humide et venteux auxquelles les agriculteurs doivent s’adapter. De nombreux auteurs font référence à de longs épisodes de sécheresse. Par exemple, Hérodote dans le livre II de son Histoire, rappelle que, si les dieux ne permettaient pas qu’il pleuve, alors les Grecs mourraient de faim. Les agriculteurs sont à la merci de la météo et une sécheresse trop longue implique une baisse importante des rendements agricoles. Face à ces conditions difficiles, quel était le modèle agricole antique développé pour répondre aux besoins alimentaires de la population ?

Un outillage archaïque

Les techniques agricoles antiques sont bien éloignées des techniques modernes et se caractérisent par leur archaïsme. La charrue n'existe pas encore. Les Grecs utilisent la houe, une sorte de bêche manuelle pour casser les mottes de terre, puis l’araire, tractée par un homme ou un animal pour faire les sillons des semailles. 

Les agriculteurs n’utilisent que peu d’engrais, principalement du fumier. La pratique d’utiliser les déjections des animaux pour la fumure est encore rare car dans les petites exploitations, les animaux d’élevage sont principalement des brebis et des chèvres et rarement des bovidés ou des équidés dont les excréments sont plus faciles à récolter. 

Un réseau de petites exploitations

L’agriculture est la première activité économique des Grecs. La culture de la terre est l'activité de tous. Il n’existe pas d’exploitations agricoles gigantesques à l’image des latifundias romaines, mais un maillage de petites exploitations aux alentours des cités. 

Les terres agricoles étaient partagées en  κλῆρος (kleros), de petites parcelles de terre réparties par tirage au sort entre les citoyens : c’est la clérouquie (en grec ancien κληρουχία / klêroukhía). Ainsi, au Ve siècle avant J.-C., plus des trois quarts des citoyens possèdent un κλῆρος, plus ou moins grand. À cela s’ajoute un petit jardin dans l’ἄστυ (asty, la ville basse). Il arrive que des citoyens, propriétaires, louent d’autres parcelles pour subvenir à leurs besoins. Lorsqu’on loue une parcelle, on loue aussi les plantations qui s’y trouvent. Ainsi, en obtenant des terres, on récupère le type de production qui y pousse : oliviers, arbres fruitiers, céréales…

Pratiques agricoles

En raison des incertitudes liées aux conditions de culture, les Grecs ne se limitent pas à une seule production, on parle de polyculture. Ils s’assuraient ainsi de disposer d’un minimum de produits à consommer ou à échanger sur le marché. On pratique la coltura promiscua, pratique proche de celle des permaculteurs actuels, en plantant les végétaux de manière à ce qu’ils cohabitent. On cultive aussi des céréales ou des légumineuses entre les rangs d’oliviers ou de vignes comme à Rhamnonte. Les légumes côtoient les arbres fruitiers. Cela permet d’utiliser tout l’espace cultivable disponible, et de mettre à profit l’ombre des arbres pour protéger les végétaux les plus fragiles. 

Les Grecs adoptent aussi d'autres pratiques pour rendre leurs terres plus productives. Devant la pauvreté du sol, ils pratiquent l’assolement biennal. Durant la moitié de l’année, les terres sont laissées en jachère entre deux récoltes. On essaye parfois de planter des légumineuses entre deux récoltes de céréales, car les légumineuses rendent les sols plus fertiles. Enfin, afin de mieux gérer la répartition de l’eau, les Grecs pratiquent la culture en terrasse. On trouve encore la présence de rigoles et de canaux qui permettent la distribution de l’eau sur les terres en aval.

Une alimentation locale et de saison

Les citoyens grecs répondent aux besoins de leur famille grâce aux terres qu’ils cultivent et, lorsqu’ils ont un trop plein de production, ils vont l’échanger sur le marché voisin contre des produits de première nécessité comme le fromage, le miel ou le poisson. Il est possible de trouver des denrées alimentaires importées des colonies sur certains grands marchés, néanmoins, les échanges commerciaux se cantonnent souvent à un circuit court, du producteur au consommateur.

On dit souvent que la production agricole grecque repose sur la triade méditerranéenne à savoir la production d’olives, de céréales et de vignes. Si l’olive est cultivée pour la fabrication d’huile et la vigne pour la production de vin, le régime alimentaire grec a surtout pour fondement les céréales, notamment l’orge qui résiste davantage que le blé aux conditions climatiques grecques. Homère parle d’ailleurs de « mangeurs de grain » (σιτοφάγος / sitophagos) dans l’Iliade. L’orge est cuisinée sous forme de gruau ou de pain. À cela s’ajoutent des légumes et légumineuses cultivés dans les petites parcelles : les fèves, les pois chiches, les lentilles, les concombres, les oignons. Ce régime méditerranéen est complété par des fruits comme les figues, les amandes et les grenades, mais aussi des pommes, des poires et des coings. 

Quelques aliments pouvaient être importés des colonies, comme le blé que l’on faisait venir des colonies d’Asie Mineure où les terres sont plus fertiles. Le vin aussi pouvait être importé. Par exemple, les grands crus comme le vin de Cnide ou de Cos étaient salés pour une meilleure conservation. 

Un modèle philosophique

L’idée est partagée que l’agriculture est le premier art de la culture grecque, car il est le plus à même d’assurer à l’homme un mode de vie digne. Xénophon, dans le chapitre 5 de De l’économie (Οἰκονομικός) où il fait l’éloge de l'agriculture, avance que « même les plus heureux des mortels ne peuvent se passer de l'agriculture. En effet, les soins qu'on lui donne, en procurant des plaisirs purs, augmentent l'aisance, fortifient le corps, et mettent en état de remplir tous les devoirs de l'homme libre. »

Les philosophes et auteurs romains reprendront ces idées en développant l’idée d’un âge d’or. Virgile, dans Les Géorgiques chante le bonheur des paysans : « Ô trop heureux les cultivateurs, s’ils connaissaient leur bonheur ! Loin des discordes armées, la terre d’elle-même leur prodigue avec une justice parfaite une nourriture facile. ». On retrouve donc des topoi littéraires dans les oeuvres latines, où une nature prolifique et une agriculture fantasmée sont source d’abondance. 

    Ce qu'en dit Xénophon : 

    « Καλῶς δὲ κἀκεῖνος εἶπεν ὃς ἔφη τὴν γεωργίαν τῶν ἄλλων τεχνῶν μητέρα καὶ τροφὸν εἶναι. Εὖ μὲν γὰρ φερομένης τῆς γεωργίας ἔρρωνται καὶ αἱ ἄλλαι τέχναι ἅπασαι, ὅπου δ᾽ ἂν ἀναγκασθῇ ἡ γῆ χερσεύειν, ἀποσβέννυνται καὶ αἱ ἄλλαι τέχναι σχεδόν τι καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν. »

     

    On a dit une grande vérité, que l’agriculture est la mère et la nourrice des autres arts : dès que l’agriculture va bien, tous les autres arts fleurissent avec elle ; mais partout où la terre est forcée de demeurer en friche, presque tous les autres arts s’éteignent et sur terre et sur mer.


    Xénophon, De l’économie, V. 17

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