Cette autobiographie, mi-fictive, mi-réelle, en tout cas très poétique, est le récit d’un double éveil, l’éveil concomitant de la sensualité et de l’imagination, l’un et l’autre s’avivant, et se fortifiant mutuellement. À cet éveil, participent plusieurs personnages du livre, qui sont autant de maîtres destinés à apprendre au jeune garçon ce qu’est et ce que sera sa vie, et d’abord le père, personnage capital, sur lequel s’ouvre et se ferme le livre, le père, parce qu’il « a vu le premier cette sensualité qui me faisait toucher un mur et imaginer le grain de pore d’une peau ». Si d’emblée l’accent est ici mis sur le résultat d’un contact qui transforme une matière sans vie, un mur, dans le grain vivant d’une peau, c’est que le mur sera dans tout le roman le véhicule du rêve, et assurera la liaison de la sensualité et de l’imagination se développant l’une l’autre à partir de ce support à deux dimensions, qui fait face au futur écrivain.
Cette sensualité naissante décelée chez le fils décidera le père à l’envoyer, pendant ce passage de l’enfance à l’adolescence, loin de Manosque et de ses maisons humides et grises, dans un petit village où il vivra avec les paysans au rythme des saisons et de la vie même de la nature. Là il apprendra les grandes forces à l’œuvre dans le monde, l’amour d’abord et son corollaire, la mort. Giono raconte les événements pleins de violence et d’amour qui se passent dans ce petit village de Corbières à travers la grille de l’Iliade qu’un étrange « homme noir » lui lit, lui faisant découvrir en même temps la nature de la poésie.
Cet épisode champêtre sépare nettement le récit en deux parties, un avant, où l’enfant ne connaît ni l’amour ni la mort, et un après, où l’enfant est devenu un jeune adulte et le futur écrivain, « en selle pour le grand voyage dans les terres imaginaires ».
Or ce qui permet d’une façon particulièrement nette d’appréhender la naissance de l’écrivain c’est l’évolution de ce double thème qu’on trouve de part et d’autre de Corbières : le thème du mur et celui d’un visage qui prend forme sur ce mur : un des intérêts du livre est de montrer l’arrivée à la vie d’une forme suscitée par l’imagination, et de montrer par conséquent la genèse d’un personnage.
La première apparition de ce thème se fait par l’intermédiaire d’un maçon anarchiste. Poursuivi par la police, il se réfugie chez le père du héros, avant de repartir combattre pour la liberté. C’est un maçon qui « garde autour des ongles, dans la rainure de la chair, la collerette blanche des gâcheurs de plâtre ». Ce maçon, doué d’une « main propre à façonner les rêves » ne cherche pas cependant à agir sur le réel : sur le mur qu’il bâtit, il est juste capable d’apposer « deux branches de chêne » à coups de pouce, un dessin rudimentaire, qui reproduit, maladroitement, ce qu’il connaît, et qui signale son incapacité imaginative. Et quand l’ivresse de l’imagination vient, comme un oiseau, s’emparer de son âme, au lieu de rester entre « les quatre murs » de la maison qu’il construit, il s’empresse de mettre la clé sous la porte pour tenter d’aller inscrire dans la réalité du monde son rêve de liberté. (On verra plus loin que son double symétrique à la fin du roman, le poète F. Odripano, agira à l’inverse.) L’Anarchiste épris de liberté n’a pas compris que cette liberté doit d’abord exister à l’intérieur de soi-même, dans « le seul territoire où nul ne peut être traqué, le territoire au-delà de l’air où pour les grands amoureux de la liberté, la liberté seule est possible ».
Le livre sera donc la recherche de la liberté par l’intermédiaire de « constructions », nées de l’imagination du poète qui, comme les maçons, est doué d’une main aussi « fertile et de bonne volonté ».
La seconde apparition du thème se situe un peu plus loin, dans la première partie : le jeune garçon voit, dans la tâche de moisissure d’un des murs du grenier, le visage d’une dame. Car il n’en faut pas plus à l’enfant qu’un mur lépreux et verdâtre, qui laisse voir de temps à autre la brique à nu, pour qu’il discerne le rouge charnu des lèvres d’une femme ressortant sur ce fonds vert. La création est encore absente, le poète n’est pas encore né qui sera capable de faire apparaître aux autres, par la seule magie de sa voix, une forme vivante sur un mur blanc, comme le fera Odripano. L’enfant ici se borne à lire ce qui a déjà été tracé « au grand pouce du maçon de la vie ». Mais ce qu’il voit est motivé par sa sensualité naissante, qui anime le mur pour faire prendre vie au visage : « J’appelais de toutes mes forces pour qu’il ne soit plus moisissure de pierres… et je désirais tant qu’il se construisît charnellement dans l’air, qu’au bout de longs moments de silence et d’attente, une forme éblouissait mes yeux. » Sur ce mur animé par l’imagination de l’enfant, la moisissure s’est transfigurée dans une femme, « au visage ovale, un peu gras » ; elle « était verte, mais, le plus vert, c’était sans ses yeux, et toute la couleur de sa peau ne devait être qu’un reflet, un suintement lumineux de son regard », une femme capable de sourire, de pleurer, et même de parler : « Il avait plu pendant toute la nuit. Le mur était humide. Une petite goutte d’eau perlait dans les deux yeux verts… J’entendis le chant d’une flûte. Il me sembla que la bouche parlait ». Instant capital, car ce mur sera le lieu de la première initiation sexuelle du héros : « Je tendis la main dans l’ombre, et la Dame prit ma main…». Dans la manifestation de sa virilité naissante le héros communique alors avec les grandes forces cosmiques de l’univers, avec cet Éros primordial où s’associent désir et création : « Je ne sais si cela commença vraiment d’un commencement que l’on puisse marquer. Cela devait être vivant au fond des choses. La naissance ne fut qu’un soulèvement de la nature, comme une vague qui se dresse dans la mer ». Le mur s’est animé, et l’enfant n’est plus un enfant. Le Père ne s’y trompe pas, et il envoie l’enfant à Corbières pour que cette sensualité naissante s’épanouisse dans les conditions les plus naturelles possibles.
Si cet épisode est fondamental dans le livre, il l’est encore plus au regard du thème que nous suivons : notons le progrès par rapport au premier épisode de l’anarchiste : le mur n’a plus besoin de recevoir l’empreinte d’un pouce pour qu’y soit figurée une branche de chêne, mais il est vu tel quel, par les yeux de l’imagination qui découvre à sa surface, un objet rêvé. Cependant la Dame restera dans le grenier, prisonnière de son mur, et du regard de l’enfant, simple figure sans passé ni avenir, capable seulement d’animer cette paroi de sa présence anonyme et muette. « La dame aux yeux verts » se contentera de sourire à l’enfant quand il reviendra de Corbières : « Elle savait » dit Giono, voulant dire par là qu’elle partage avec le héros le secret de sa sexualité, mais aussi qu’elle incarne, comme il le sait depuis son retour de Corbières, le lien naturel entre la vie (ces yeux verts qui s’animent et révèlent à l’enfant sa sexualité) et la mort (la moisissure qui donne naissance au visage).
Avant son départ pour Corbières, le héros n’est encore qu’un enfant, ignorant justement la présence simultanée de ces deux grandes forces qui animent le monde ; sur le chemin de la création, il ne peut cependant arracher du mur la forme qu’a créée son imagination. D’ailleurs, quand il tombe malade, - c’est pour guérir qu’il quittera Manosque et ira à Corbières -, il se met à délirer, le mur s’ouvre, se creuse : « de petits couloirs dorés s’ouvraient dans les murs de ma chambre, ils s’en allaient au fond du monde », et il voit apparaître des anges « frappant avec l’os de leur poing » sur une cloche, comme pour faire entendre un message à l’enfant. Mais ils constatent que l’enfant « ne comprend pas ». Nous apprendrons bien plus tard par le retour de l’image ce que ces « sombres annonciateurs » cherchaient à lui faire comprendre.
Le thème du mur, lié aux maisons de Manosque, n’apparaît plus dans l’épisode central à Corbières, où l’imagination peut prendre sans entrave son essor dans la contemplation de l’immensité de la nature : le côté malsain de ce qui se passait à Manosque autour de cette cour humide qui regorge de misère, où les moutons s’entassent avant d’aller à l’abattoir, et dans laquelle enfin la sexualité de l’enfant ne peut s’exprimer que dans un grenier plein de moisissures. À Corbières les troupeaux sont pleins de vie, ils se reproduisent selon les lois de la nature, et l’enfant apprend à connaître « la rondeur du monde », cette vie mystérieuse, et « cette sève » qui partout l’irrigue.
Aussi la nouvelle apparition du thème dans la dernière partie du livre sera-t-elle complètement différente : elle se trouve au dernier chapitre, à part des autres, non seulement parce qu’ on y rentre dans la grande Histoire : la guerre, la vie d’adulte (le jeune homme travaille dans une banque), la fin des illusions (avec le beau commentaire du tableau de Breughel sur la chute d’Icare), mais aussi parce qu’à l’inverse, on s’enfonce dans le romanesque : le chapitre comporte, parmi ses sous-titres, un sous-titre différent de tous ceux du roman : après le nom propre Francesch Odripano, un autre sous-titre « le poète est comme le teinturier, d’un blanc il fait le rouge », qui décrit l’activité imaginaire de F. Odripano : effectivement dans ce chapitre sur l’écran blanc du mur de sa chambre, Odripano, « le poète » comme l’appelle le père du narrateur, va faire apparaître, par la magie de sa voix, une fresque d’amour, de sang et de mort : le dernier maître du poète J. Giono, et son avatar décisif sera ce poète capable « de faire parler les murs » : dans une chambre nue, aux murs blancs, Odripano raconte une histoire : « tout se peuplait de voix diverses, d’échos coupés et réfléchis, de sons en retard qui revenaient après avoir fait la balle contre les quatre murs ; c’était alors une conversation avec les habitants du mystère et l’histoire criait autour d’Odripano comme un grand vol d’oiseaux. »
Le début de l’épisode s’inscrit dans le droit fil de l’épisode du délire : à nouveau une chambre (celle qui sera celle d’Odripano), des murs qui disparaissent, non qu’ils se creusent, mais ils sont dissimulés par une ombre épaisse : « j’avais essayé de regarder sans entrer. On ne pouvait pas. L’ombre s’était durcie là-dedans depuis des années et des années ». Pour retrouver le mur, support de l’imaginaire, il faut que le soleil rentre, par le volet fermé, « à l’endroit où un nœud de bois avait sauté », et par cet œil du bois, le mur va apparaître, un mur habité « par des mondes et des mondes d’araignées ». Il va falloir donc, sur le chemin de la création, retrouver un mur neuf, vierge de toute impureté. Alors Odripano, qui est ce nouveau voisin venu s’installer là demande à une vieille femme prénommée « la Truie » de « reconstruire le mur », c’est-à-dire d’aller vider dans les ordures un seau plein d’araignées. Puis Odripano s’empresse d’assainir la chambre en badigeonnant les murs de chaux vive, en mettant de l’esprit de sel sur le parquet : le sel de l’esprit sur le blanc de la page… Et les rêves (ou l’histoire réelle d’Odripano, on ne le saura jamais) vont s’inscrire sur ces murs tout neufs, dans une pièce dont tout le mobilier consiste en une table de bois blanc (manger, écrire) et un coussin en cuir de Venise (rêver, dormir). En faut-il plus pour un écrivain ? Et c’est peut-être ce seul nom de Venise qui suffit à déclencher l’histoire d’Odripano, qu’il raconte, ou imagine d’une façon presque onirique, son enfance dans cette ville « où les palais plongent dans la mer ». Ultime avatar du maçon du début du livre, mais maçon de l’imaginaire, Odripano va inscrire, sur le mur, encore une femme et un autre mur, car dans l’histoire qu’il raconte, se trouvent réunis une dernière fois ces deux éléments récurrents : la sensualité (la femme) fécondant l’imagination par l’intermédiaire d’un mur.
La femme est présentée comme la mère d’Odripano. Cette femme semble être la réplique, enfin vivante, de la Dame verte de la moisissure, car ici on la voit vivre, parler, agir : elle est enfin sortie du mur : elle se met en effet du vert sur les joues, pour faire la morte (elle s’amuse à effrayer son fils qui la regarde et « une goutte de sang perle à ses lèvres ») : moisissure et couleur rouge reviennent, mais ici à l’inverse, car le rouge n’est plus le signe de la vie dans la moisissure, mais celui du mal qui ronge la mère : « Je suis déjà verte et mon sang se pourrit sur mes lèvres ». Car, dans ce palais où elle est comme prisonnière, (le maître les achetés, son fils et elle, et elle abhorre cette famille étrange dont la seule occupation consiste à fabriquer des verrous, ceux surtout de la prison dont elle rêve de s’échapper). Sa seule activité est de se maquiller : « elle maçonne le visage de son choix », et une fois que c’est fini, « elle efface tout et recommence » : avec les mêmes gestes du maçon, elle construit un « mur » qui devient son visage : « Elle maçonne une peau impassible en marbre rose. Elle prépare un enduit, s’assure qu’il est sec, choisit un petit ciment, un enduit plus souple… »
Cette abondance du lexique de la maçonnerie nous montre comment le texte se creuse, comme le mur avec ses couloirs qui pouvaient mener au fonds des choses, chaque personnage étant à la fois une création de Giono, mais représentant son propre travail de création. Ainsi dans le théâtre de son imagination, l’écrivain représente sa création à un triple niveau : il crée son personnage (F. Odripano) dont le nom, les gestes s’inscrivent sur la page que nous lisons. Au deuxième niveau Odripano, comme l’enfant de la première partie du livre, imagine une femme qu’il appelle sa mère, sur le mur de la chambre : de ce mur tout blanc, le personnage va se détacher, prendre une existence autonome, dans une histoire onirique où même le pain peut se révéler mortel, une histoire marquée par le double signe de l’amour et de la mort, comme la première Dame du mur, et comme l’a annoncé un des sous-titres du chapitre : « le poète comme le teinturier, d’un blanc il fait le rouge » le mur blanc se teintera du sang de la mort racontée : un homme aimé très loin, un autre homme qui torture la femme et les tentatives folles de cette femme pour empoisonner ceux qui la séquestrent ; enfin, dernier niveau, cette créature fictive, fruit de l’imagination d’Odripano / Giono prend vie au point de se livrer elle-même à la même activité en se créant un nouveau visage, qui ressemble à celui de la dame verte. S’affranchissant de son créateur, c’est elle-même qui délibérément, sous les yeux terrorisés de son fils, choisit de rejoindre l’image primordiale de celle qui avait provoqué les premiers émois du jeune garçon sur le mur lépreux du grenier de Manosque. Mais précisément c’est chargée de toute une histoire, d’un passé, comme d’un destin, que revient la dame verte, qui d’embryon de personnage devient alors, et à la fin du livre, qui comme tel peut s’achever, un véritable personnage de roman.
Ce système d’échos qui délègue la création à chacun des personnages s’achève, dans le récit, par les paroles du pâtissier, rapportées à bon escient par Odripano : « Il a fait un château fort avec de la pâte à praline. Il m’a dit : « Maintenant, je vais refondre tout ça et je vais faire le pont de la Durance ». Après le maçon, après le teinturier, voici l’ultime avatar de l’écrivain en petit artisan ; lointaine réplique peut-être du pâtissier d’Yvetot dans Madame Bovary, il se vante de bâtir ce qui lui plaît, de tout détruire, pour tout recommencer, comme dans le roman d’Odripano, cette femme qui se maquille pour se faire un visage qu’elle efface pour en refaire un autre, car ce qui compte, pour ces créateurs, c’est moins le réel, que son reflet au miroir de leur œuvre ; or ce reflet, on peut le modifier à sa guise, en donnant congé à toute la mesquinerie et la pourriture du monde : « Je regarde cette chambre strictement propre et nue. Il a bouché tous les trous de clous sur les murs avant de passer son lait de chaux. Il n’y a autour de lui ni faille ni faiblesse. La table en bois blanc, les deux chaises, le coussin de cuir. C’est tout. Autour de tout ça, la ville qui sent mauvais comme un morceau de viande pourrie…».
Mais l’imbrication du thème du mur et du thème du visage est encore plus étroite quand on s’aperçoit que, de même que le visage de la mère, dans le récit d’Odripano, est façonné comme un mur, le palais vénitien, où elle habite, qui plonge dans la mer et dont toutes les fenêtres sont soigneusement fermées par des volets cloués, constitue une façade aveugle, où les navires viennent s’amarrer, et ce mur à son tour est décrit comme un visage : « En regardant notre mur tout crépi, et en bas, les sourcils d’algues, il me sembla que notre maison était un visage envasé dans la mer, que les vaisseaux attelés à son front allaient le tirer tous ensemble et qu’elle allait enfin émerger, la bouche qui parlerait de notre malheur au monde ». Le mur est encore un visage, dont la bouche, encore immergée, s’ouvrira en quelque sorte par le récit d’Odripano. Car inversement, et de façon similaire, le visage du créateur ressemble à la façade du palais vénitien : « le front de celui que j’aime est tout attelé de voiliers » chante la mère d’Odripano. Le front du palais, c’est le front des poètes, le père lointain d’Odripano, mais aussi Odripano lui-même et Giono, et tous les poètes, dont l’imagination est prête à prendre le large, à désensabler la bouche prisonnière de la réalité, sous la pression des beaux voiliers du désir.
Encore une fois, désir et création sont liés ; il y a, dit le poète Odripano, ce désir de retrouver des âmes sœurs en leur chantant un chant d’amour. Et ses dernières paroles sont un poème qu’il donne au héros. On y voit François d’Assise s’adresser à sainte Claire par-delà les collines pour qu’elle entende la musique qu’il fait « en frappant de l’os de son poing le bronze d’une cloche ». Ainsi la boucle est bouclée, et l’énigme résolue, des « annonciateurs » que l’enfant avait vus dans son délire. Ils annonçaient à l’enfant qu’il fallait, comme Claire dans le poème, ouvrir ses oreilles pour entendre le véritable chant du monde ; et c’est ce que lui aura appris F. Odripano en lui faisant entendre son histoire romancée. À ce titre, Odripano, malgré la précarité de son existence, n’est pas un vaincu de ce roman dans lequel, dit Giono, nombreux sont les « oubliés de Dieu », parce que lui seul « a le souci des murs », lui seul a voulu préserver la pureté de ses murs intérieurs contre les miasmes de la réalité. Lui seul a compris que, plus que le réel, il fallait en préserver le reflet, qui, comme le visage de la mère dans le miroir semble « plus vivant, plus vigoureux ». Dans ces conditions, on peut dire qu’Odripano est le seul personnage libre du livre. Son dénuement, son immatérialité aussi (à l’image des murs vides de sa chambre, il est décrit par Giono comme quelqu’un de déjà mort), montrent qu’il a su s’affranchir de la pesanteur de l’existence, tout à son bonheur de trouver entre quatre murs les échos démultipliés de sa propre voix.
Désormais l’éducation du héros est terminée. La vie, dit-il, ne pourra faire taire cette partie de lui-même qu’il appelle Jean le Bleu (Bleu comme l’innocence, comme les yeux d’Odripano) et qui est précisément ce pouvoir d’être libre, en d’autres termes, ce pouvoir de faire parler une page blanche.