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- Ulysse invoque les morts — Homère, Odyssée, chant XI
Ulysse s'adresse à Circé.
« Circé, lui dis-je, daigne accomplir la promesse que tu m'as faite : renvoie-moi dans mes foyers. Tel est mon seul désir et celui de mes braves compagnons, qui sans cesse déchirent mon cœur par leurs gémissements quand tu t'éloignes de nous ! »
La plus noble des déesses me répond aussitôt :
« Généreux fils de Laërte, ingénieux Ulysse, toi et tes guerriers vous ne resterez point malgré vous dans ma demeure. Mais vous avez encore un autre voyage à faire. Il faut que vous descendiez dans les sombres demeures d'Hadès et de la terrible Perséphone pour y consulter l'âme du Thébain Tirésias, de ce devin aveugle dont l'intelligence est encore dans toute sa force. Perséphone accorde seul à Tirésias (quoiqu'il soit mort) un esprit pour tout connaître. (...)
Tu sacrifieras, en outre, au seul Tirésias un bélier entièrement noir, celui qui l'emportera sur tous ceux de tes troupeaux. Quand tu auras adressé tes prières à la foule célèbre des morts, immole en ces lieux mêmes un agneau et une brebis noire, en tournant leur têtes du côté de l'Érèbe ; puis détourne tes regards et dirige-toi vers le courant du fleuve : c'est là que les âmes des morts arriveront en foule. Commande à tes compagnons de dépouiller et de brûler les victimes immolées par l'airain cruel, et d'implorer le formidable Hadès et la terrible Perséphone. Toi, tire le glaive aigu que tu portes à la hanche, et ne permets pas que les ombres des morts approchent du sang avant que tu n'aies consulté Tirésias. Dès que ce devin sera venu, ô Ulysse, il t'indiquera ta route, te dira la longueur du voyage, et comment tu reviendras dans ta patrie à travers la mer poissonneuse. »