Psyché, l’amante d’Éros et l’âme-papillon

Sic ignara Psyche sponte in Amoris incidit amorem.
"Ainsi, sans le savoir, Psyché tomba d'elle-même dans l’amour de l’Amour."

 

Apulée, Métamorphoses, livre V, 23, 3

En grec, le premier sens du nom féminin ψυχή (psuchè) est "souffle", du verbe ψύχω (psuchô), "faire passer un souffle sur". Il désigne le souffle de la vie, d’où l’âme, par opposition au corps. Le philosophe Aristote (384-322 avant J.-C.) mentionne qu’il signifie aussi "papillon" (Histoire des animaux, livre V, 17, 5 – 551b).
Dans l’art antique, à partir du IVe siècle avant J.-C., le personnage nommé Psyché est une belle jeune fille aux ailes de papillon, souvent associée à Éros, le dieu de l’amour, fils d’Aphrodite, lui-même représenté avec des ailes d’oiseau.
En littérature, c’est l’auteur latin Apulée (env. 125-170) qui raconte les aventures de Psyché, aujourd’hui très connues, dans un récit enchâssé dans ses Métamorphoses (voir Apulée "En deux mots").
L’histoire d’Éros et Psyché peut se lire comme une allégorie de l’âme partagée entre l’amour charnel et l’amour divin ; purifiée par les épreuves et les souffrances, elle parvient au bonheur éternel. Le récit d’Apulée, qui connut un grand succès à Rome, se transmit aux siècles suivants dans la culture populaire. On retrouve plusieurs de ses ingrédients dans des contes très connus : La Belle au bois dormant, La Belle et la Bête, Cendrillon, Blanche Neige, entre autres.

Voici un résumé du récit d’Apulée :


Il était une fois, dans un royaume lointain, un roi et une reine qui avaient trois filles aussi belles que gracieuses. La plus jeune était d’une beauté si extraordinaire, si merveilleuse, qu’il n’y avait pas de mots pour l’exprimer. Les hommes subjugués par la jeune Psyché en oubliaient le culte de Vénus, déesse de l’amour et de la beauté. Celle-ci fait alors appel à son fils Cupidon pour se venger de l’affront. Mais le dieu lui-même succombe au charme de l’innocente princesse : s’est-il blessé par mégarde avec l’une de ses propres flèches ou la pureté d’âme de Psyché a-t-elle triomphé ?
Toujours est-il qu’au lieu de livrer la princesse en mariage au plus misérable des mortels, comme le lui a ordonné sa mère Vénus, Cupidon fait enlever Psyché dans les airs et l’installe dans son palais enchanté, où tout n’est qu’or, luxe et volupté. Des voix impalpables sont à l’écoute des moindres envies de la jeune fille ; chaque nuit, son mystérieux époux la comble de bonheur. Elle se trouve rapidement enceinte. Mais sa famille lui manque. Elle obtient de revoir ses parents et de faire venir ses sœurs, à condition de ne jamais chercher à voir le visage de son mari.
Bien sûr, ses sœurs envient tout de suite sa vie digne d’une déesse. Elles insinuent que son époux n’est qu’un monstre, si épouvantable qu’il craint d’être vu. Psyché, torturée par le doute, veut en avoir le cœur net. Munie d’une lampe à huile pour éclairer la bête et d’un poignard pour la tuer, elle surprend Cupidon dans le premier sommeil après l’amour. Et c’est l’éblouissement ! Mais une goutte d’huile tombe de la lampe et le dieu blessé disparaît pour toujours.
Suivent de longues errances pour Psyché éplorée : elle cherche du secours auprès de Junon, puis de Cérès, et finalement se livre à Vénus. Elle devient l’esclave de sa "belle-mère" qui la fait fouetter et la soumet à des épreuves dignes des exploits d’Hercule : après avoir trié des montagnes de graines et rapporté la laine d’or de brebis anthropophages, elle doit recueillir les eaux du Styx, le fleuve infernal, à sa source. Pour finir, il lui faut encore descendre aux Enfers demander à Proserpine, l’épouse de Pluton, souverain du royaume souterrain, le secret de sa beauté, enfermé dans une boîte donnée par Vénus.
Belle et aimable comme elle est toujours, Psyché ne manque pas d’aides : des fourmis, des arbres et rivières, une tour et même l’aigle de Jupiter lui offrent spontanément leurs services. Cependant, la princesse cède à la légendaire curiosité féminine, bien connue depuis Pandore, et ouvre la boîte de Proserpine : elle libère ainsi des vapeurs mortelles qui la plongent dans un profond sommeil, mais Cupidon vient la ranimer en la touchant de la pointe d’une de ses flèches. Le jeune dieu amoureux obtient de Jupiter que son épouse soit accueillie à la table des dieux sur l’Olympe. Psyché y consomme nectar et ambroisie qui la rendent immortelle : elle jouit désormais d’une félicité éternelle aux côtés de son dieu.

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