Pline le Jeune, remarquable témoin de son temps

 

  • Né à Côme en Italie du Nord vers 61-62, Caius Caecilius Secundus est adopté par son oncle maternel Pline l’Ancien, auteur romain, notamment connu pour avoir observé et vécu l’éruption du Vésuve avant de mourir dans la catastrophe. Il prend alors le nom de Caius Plinius Caecilius Secundus, que nous appelons aujourd’hui Pline le Jeune.
  • Pline le Jeune fit des études de rhétorique à Rome, sous la direction de Quintilien, célèbre spécialiste de rhétorique, et fut également un élève du philosophe stoïcien Musonius.
  • Il mena une carrière oratoire, gravit les échelons du cursus honorum et occupa des postes politiques à Rome ou dans des provinces impériales.
  • Issu d’une famille aisée, Pline a toujours vécu dans les hautes sphères de la société romaine. Il avait de nombreuses propriétés qu’il administrait efficacement. Il fut un mécène généreux, en particulier pour sa ville d’origine. Il avait des qualités humaines remarquables, notamment envers ses esclaves.
  • Grand ami de l’historien Tacite, il vécut à une période de paix et de prospérité. S’il écrit beaucoup, seuls Le Panégyrique de Trajan ainsi que ses Lettres nous sont parvenus. Ces dernières sont des témoignages précieux de son époque, d’autant plus qu’il fut proche des empereurs dès son plus jeune âge : son oncle était le conseiller personnel de Vespasien ; Trajan était son ami.

La carrière politique

Pline passe son enfance à Côme, dans le Nord de l’Italie, dans un milieu favorisé et présente des qualités d’écrivain dès son plus son âge puisqu’on rapporte qu’il a écrit une tragédie grecque à l’âge de quinze ans ! Son oncle l’adopte à la mort de son père et devient pour lui un maître et un guide. Il l’accompagne partout et suit de très près les travaux du naturaliste. À la mort de ce dernier, après de brillantes études, il devient avocat et se distingue dans de nombreux procès.

 

De multiples fonctions politiques

C’est assez naturellement qu’il accomplit les premières étapes du cursus honorum, tout en ayant rempli ses devoirs militaires : tribun militaire, questeur, prêteur et tribun de la plèbe sous Domitien ; préfet du trésor public, consul, curateur du Tibre (fonctionnaire en charge de l’assainissement des rives du Tibre) à Rome, gouverneur de Bithynie et Pont sous Trajan ; il est aussi augure, dignité sacerdotale à vie.

Il honore particulièrement son poste de gouverneur romain de la province de Bithynie et Pont, située au Nord-Ouest de l’Asie mineure, en Turquie actuelle. Un gouverneur de province est en charge de l’administration d’une région plus ou moins éloignée de Rome. La tâche est alors immense et difficile car la région a connu des gouverneurs médiocres, des dysfonctionnements dans son administration et les finances locales ne sont pas bonnes. Mais on doit à Pline notamment l’embellissement des villes de cette province, l’édification d’un théâtre, des constructions d’aqueducs et de bains publics, l’administration de la police et de la justice… Trajan est conquis par ses vertus de magistrat. Ils entretiennent une correspondance dans laquelle Pline exprime ses difficultés et lui demande conseil.

Pline meurt entre 113 et 115, alors qu’il occupe encore son poste en Bithynie.

 

Le panégyrique de Trajan

Pline n’a jamais délaissé l’écriture durant sa carrière politique. Nommé consul en 100, il écrit, comme le voulait la tradition, un discours de remerciement à l’Empereur Trajan. Il fait alors l’éloge de celui qui est au pouvoir. En 113, Pline retravaille, enrichit son discours pour en publier une version remaniée, qui nous est parvenue. Trajan est encensé par son ami qui gouverne alors la province de Bithynie et Pont. Il est pour lui un modèle de justice et de paix, surtout après le règne de Domitien. « Nourri dans le goût de la gloire militaire, vous aimez la paix. On ne vous voit pas, plein du triomphe de votre père, et fier d’avoir été adopté le jour même que l ‘on consacrait vos lauriers à Jupiter, chercher sans cesse les occasions de triompher. Vous ne craignez ni ne provoquez la guerre. » Panégyrique de Trajan, Pline Le jeune, XVI.

 

L’homme de lettres

Pline a donc mené une carrière politique dense avec de nombreuses responsabilités. Mais tout le loisir qu’il avait était consacré à l’étude et à l’écriture. Il est aussi resté très célèbre pour la correspondance qu’il a laissée, à la frontière entre ses relations privées et sa vie publique.

 

Une correspondance privée ?

Après la chute de la République, les publications de correspondances privées se sont multipliées, avec l’idée que la vie et le travail des écrivains pouvaient être dignes d’intérêt. Se pose alors la question de l’aspect artificiel des lettres publiées : les correspondances ont-elles été entretenues avec un caractère privé ou bien dans le but d’être publiées ? En ce qui concerne Pline le Jeune, il est fort probable que les lettres que nous lisons, soient des reproductions plus ou moins travaillées de véritables écrits envoyés à ses proches. Ses Epistulae sont qualifiées d’epistutale curiosius scriptae par S. Lilja, c’est-à-dire des sortes de « lettres d’art » comme nous le laisse entendre également Pline lui-même au début de son recueil : « Vous m’avez souvent engagé à recueillir les lettres auxquelles j’aurais donné un peu plus de soin, et à les publier. Je les ai recueillies, non d’après l’ordre chronologique (car ce n’est pas une histoire que je compose), mais au hasard de la rencontre. » (Pline le Jeune, Lettres, I, 1)

 

La composition du recueil

Les lettres de Pline sont organisées en dix livres : neuf livres savamment composés de lettres variées par leurs thèmes, leurs longueurs et leurs destinataires. Le livre X, publié de façon posthume, est exclusivement consacré à la correspondance qu’il a entretenue avec l’empereur Trajan. La correspondance arrangée de Pline se caractérise par des lettres qui traitent pour chacune d’un seul sujet, qui recherchent un seul effet. L’aspect foisonnant et désordonné que peut revêtir un échange par lettres n’est pas du tout présent. On trouve chez l’écrivain la volonté de s’inscrire dans le sillon des épistoliers qui l’ont précédé (Cicéron, Sénèque…), avec des lieux communs tels que des recommandations et conseils donnés à des amis, des descriptions de villas, des invitations à dîner… tout en évoquant également des événements culturels ou encore des réflexions philosophiques. Les événements relatés couvrent la période de 97 à 109. La lettre la plus célèbre est sans doute le récit de l’éruption du Vésuve, relatée à son ami Tacite, dans le livre VI. En effet, son témoignage est capital car c’est le seul écrit que nous ayons, décrivant l’événement au moment même de l'éruption.

 

Les destinataires des lettres

Pline écrit à ses proches et à ses amis. On ne trouve pas dans sa correspondance des épanchements intimes, souvent présents dans des échanges privés, et quand il échange des propos élogieux ou des remerciements, il faut y voir une façon de mettre en avant ses relations et le milieu dans lequel il vit. Les réseaux, les amicitiae, sont très importants. Son amitié avec Tacite est manifeste ; vouant une admiration profonde à son éloquence, Pline relit et corrige ses écrits historiques.

Sa correspondance avec l’empereur Trajan est une mine d’informations sur l’administration d’une province sous l’Empire. Les réponses de l’Empereur présentent Pline comme un gouverneur honnête et vertueux.

 

Les lettres de Pline sont agréables à lire, par la diversité des thèmes évoqués et des styles employés. Elles dégagent également une certaine fluidité,  voire une simplicité de ton. Pline était fier de son écriture et était également très attaché à ce qu’on pouvait penser de lui, comme l’atteste l’extrait ci-dessous.

Ce que dit Pline le Jeune au sujet de lui-même…

 

Exprimere non possum, quam sit iucundum mihi quod nomina nostra quasi litterarum propria, non hominum, litteris redduntur, quod uterque nostrum his etiam e studiis notus, quibus aliter ignotus est. Accidit aliud ante pauculos dies simile. Recumbebat mecum uir egregius, Fadius Rufinus, super eum municeps ipsius, qui illo die primum uenerat in urbem ; cui Rufinus demonstrans me : ‘Vides hunc ?’ Multa deinde de studiis nostris ; et ille ‘Plinius est’ inquit. Verum fatebor, capio magnum laboris mei fructum.

Pline le Jeune, Lettres, lettre à Maxime, IX, 23.

 

« Je ne puis vous exprimer combien je suis touché que les belles-lettres rappellent le souvenir de son nom (Tacite) et du mien, comme si ce n’étaient pas des noms d’hommes, mais les noms des belles-lettres mêmes… J’étais à table auprès de Fabius Rufinus, très distingué par son mérite. Au-dessus de lui était un de ses compatriotes, qui venait d’arriver à Rome pour la première fois. Rufinus, me montrant du doigt, lui dit : Voyez-vous cet homme ? Et ensuite il l’entretint de mon attachement aux belles-lettres. À quoi l’autre répondit : Serait-ce Pline ? J’avoue que je trouve en cela une grande récompense de mes travaux. »

Traduction de M. Nisard

 

  • Né à Côme en Italie du Nord vers 61-62, Caius Caecilius Secundus est adopté par son oncle maternel Pline l’Ancien, auteur romain, notamment connu pour avoir observé et vécu l’éruption du Vésuve avant de mourir dans la catastrophe. Il prend alors le nom de Caius Plinius Caecilius Secundus, que nous appelons aujourd’hui Pline le Jeune.
  • Pline le Jeune fit des études de rhétorique à Rome, sous la direction de Quintilien, célèbre spécialiste de rhétorique, et fut également un élève du philosophe stoïcien Musonius.
  • Il mena une carrière oratoire, gravit les échelons du cursus honorum et occupa des postes politiques à Rome ou dans des provinces impériales.
  • Issu d’une famille aisée, Pline a toujours vécu dans les hautes sphères de la société romaine. Il avait de nombreuses propriétés qu’il administrait efficacement. Il fut un mécène généreux, en particulier pour sa ville d’origine. Il avait des qualités humaines remarquables, notamment envers ses esclaves.
  • Grand ami de l’historien Tacite, il vécut à une période de paix et de prospérité. S’il écrit beaucoup, seuls Le Panégyrique de Trajan ainsi que ses Lettres nous sont parvenus. Ces dernières sont des témoignages précieux de son époque, d’autant plus qu’il fut proche des empereurs dès son plus jeune âge : son oncle était le conseiller personnel de Vespasien ; Trajan était son ami.

Pistes pour aller plus loin :

  • Les correspondances antiques
  • La dynastie des Flaviens et des Antonins
  • L’organisation des provinces sous l’Empire
  • Les empereurs romains
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