- Le Colisée est un amphithéâtre romain de forme ovoïde, bâti sous le règne de l’empereur Vespasien, à partir de 72 après J.-C., et consacré par Titus son fils en 80.
- Le mot « Colisée », coliseum, vient du latin colossus, du grec ϰολοσσὸς, colosse ; ce nom fait référence à l’immensité de l’amphithéâtre, mais aussi à la statue colossale de Néron, aujourd’hui disparue, qui était érigée à côté de la bâtisse. Il est situé à l’emplacement du lac artificiel de Domus Aurea de Néron.
- Avant de s’appeler Colisée à partir du Moyen-Âge, il portait le nom d’« amphithéâtre Flavien », en l’honneur de la dynastie des empereurs qui avaient ordonné sa construction et qui l’avaient achevé : Vespasien, Titus et Domitien. Aujourd’hui, le colisée est un nom commun désignant un amphithéâtre. Il existe donc d’autres colisées, mais plus petits et bien moins connus.
- Le Colisée pouvait accueillir jusqu’à 80 000 spectateurs. Il a accueilli des spectacles pendant 500 ans environ.
- L’état de conservation du Colisée est aujourd’hui extraordinaire. Presque 2 000 après sa construction, ayant fait face à l’usure du temps mais aussi aux dégradations naturelles et humaines, il est une des bâtisses les mieux conservées de la Rome antique, jouxtant un forum beaucoup plus abimé.
Les origines du Colisée
Rome était friande des spectacles, notamment des combats de gladiateurs. Sous le règne d’Auguste fut construit à Rome un premier amphithéâtre en pierre. Le règne de l’empereur Néron (54-68 après J.-C.) fut particulièrement destructeur pour la ville. De nombreux incendies survenaient régulièrement à Rome, mais celui de 64 détruisit de nombreux quartiers, et notamment l’amphithéâtre. Après l’incendie, Néron s’attribua des terrains dévastés et priva le peuple romain de jardins et de terres au centre de la ville. Quelques années plus tard, l’empereur Vespasien entendit redonner au peuple ce qui lui avait été retiré. Il fut alors question de faire de gros travaux d’aménagement et de bâtir le plus beau et le plus grand amphithéâtre de tout l’Empire. Il s’agissait d’un signe politique fort pour le peuple. La construction de l’amphithéâtre engendra aussi du travail pour de nombreux romains. Durant huit années, de 72 à 80, des milliers d’hommes participèrent à la construction du plus fameux des amphithéâtres, qui fut inauguré en 80 alors même qu’il n’était pas complètement achevé.
La façade du Colisée
Il est d’abord à noter qu’une dizaine d’années suffirent à construire cet amphithéâtre, ce qui atteste déjà du génie des Romains. Construit sur des terres asséchées et stables, les fondations ont été faites sur un terrain d’argile ; très profondes et volumineuses, elles ont assuré à l’édifice une base solide. Les matériaux utilisés participèrent aussi de la qualité de l’amphithéâtre : pierre de travertin, très présente en Italie, pour les piliers, briques ou tuf pour les murs, béton romain pour les voûtes, marbre pour les décorations. Comme pour beaucoup d’édifices, de nombreuses pierres étaient des réemplois, c’est-à-dire des pierres issues d’autres bâtisses détruites précédemment.
Le Colisée est composé de quatre niveaux distincts, encore visibles aujourd’hui sur la partie Nord de l’édifice, mais incomplets sur la partie Sud. Sa forme est une ellipse de 189 m de longueur sur 156 m de largeur. Sa hauteur est de 48 m sur les parties encore bien conservées.
Sur la façade extérieure du Colisée, on observe trois niveaux d’arches respectivement décorés de colonnes toscanes, ioniques et corinthiennes de bas en haut ; le niveau supérieur est un attique, c’est-à-dire un étage plus étroit au sommet, percé de fenêtres. Ces différents niveaux ont été montés et liés entre eux avec des attaches en fer, fondues dans des trous percés pour les accueillir. On ne compte pas moins de 240 arches, tout autour, sur les trois niveaux, toutes identiques. Pour leur construction, des milliers d'ouvriers travaillèrent alors en même temps sur différentes parties du chantier, ce qui permet d’expliquer en partie le temps de construction relativement rapide. Les arches étaient ornées de statues aujourd’hui disparues, figurant probablement des divinités et des personnages de la mythologie. Sur la façade, on peut encore apercevoir aujourd’hui de nombreux trous : il s’agit des emplacements des agrafes de fer, récupérées et fondues au Moyen-Âge.
Une place pour chacun à l’intérieur du Colisée
À l’intérieur de l’amphithéâtre, on peut distinguer quatre parties :
- L'arène (arena : le sable) est cet immense terrain central, formé d’un plancher de bois, recouvert de sable. C’était là qu’animaux et gladiateurs se donnaient en spectacle, à la vue de tous les spectateurs. Cette arène est entourée d’un mur d’environ quatre mètres qui permet la séparation avec le premier rang des spectateurs.
- Invisible, sous l’arena, l’hypogée (ὑπόγειον), un réseau souterrain de tunnels et de cages avait été pensé pour accueillir, avant les spectacles, les animaux et les hommes qui allaient se battre. Ces souterrains, sur deux étages, étaient notamment reliés à une caserne de gladiateurs située non loin du Colisée. De véritables machineries étaient mises en place pour faire surgir les combattants sur l’arena par des monte-charges ou des plans inclinés. Aujourd’hui, on aperçoit une partie de ce réseau complexe, puisqu’il est à ciel ouvert.
- Les gradins en pierre (cavea) étaient organisés de sorte à accueillir les spectateurs selon leur classe sociale. Ainsi, des loges spéciales étaient réservées à l’empereur et à ses proches ; non loin de celles-ci, des places étaient réservées aux sénateurs, encore matérialisées par leurs noms gravés sur des tablettes en pierre. Les étages supérieurs étaient dédiés aux simples citoyens. Chacun pouvait apporter un coussin pour plus de confort sur ces sièges de pierre.
Lors de son inauguration, le Colisée n’était pas achevé. Un autre niveau fut ajouté au sommet sous le règne de Domitien pour les pauvres, les esclaves ou les femmes, avec des places debout.
Un vaste auvent (velum ou velarium) abritait les spectateurs du soleil et de la pluie. Il tenait grâce à 240 mâts et du cordage solide, manœuvrés par des marins, basés dans une proche caserne.
Enfin, à chaque étage, de vastes espaces de circulation permettaient l’accès aux gradins. On accédait à ces galeries abritées par des escaliers, selon des dispositifs assez proches de ceux que l’on peut connaître dans les stades aujourd’hui. Quatre-vingts entrées numérotées s'ouvraient sur l'extérieur. Une entrée principale, située au Nord, était réservée à l’empereur. L’accès au Colisée était gratuit mais les spectateurs recevaient tout de même des billets sous forme de fragments de poterie numérotés qui leur désignaient une place bien précise, à laquelle ils accédaient par des vomitoires (vomitoria) s’ouvrant sur les gradins. L'évacuation de l’édifice ne prenait que quelques minutes. Les architectes contemporains reconnaissent aujourd’hui encore des idées de génie dans la conception du bâtiment : « Le Colisée avait des systèmes de sécurité très modernes. Il était facile de remplir et de vider le stade très rapidement. La technique est très simple : rendre très visible les sorties et les issues de secours où que l'on soit dans le stade, mais aussi à l'extérieur. » selon Gino Zavanella, architecte spécialisé dans la construction de stades.
L’histoire du Colisée
L’empereur Vespasien est mort avant l’inauguration de son amphithéâtre. C’est donc sous le règne de son fils Titus qu’ont été organisées les somptueuses cérémonies d’inauguration de l’édifice qui durèrent 100 jours selon ce que rapporte notamment Suétone, avec des combats d’animaux par milliers, des spectacles de gladiateurs et même une naumachie, c’est-à-dire une reconstitution de bataille navale, rendue possible par une inondation des souterrains sous l’arène alors que l’hypogée n’était pas encore construite.
L’histoire du Colisée est celle d’un amphithéâtre qui accueillit de nombreux spectacles ; tous les trois jours, on pouvait assister à des jeux : des venationes (chasse de bêtes sauvages), des hoplomachies (combats de gladiateurs), des naumachies (spectacles nautiques et combats navals).
Mais c’est aussi l’histoire d’un amphithéâtre en perpétuels travaux de réfections, d’améliorations pour créer de nouveaux espaces, pour réparer aussi les dégâts causés par les incendies.
Le Colisée perdit de son intérêt et de sa superbe au cours du Ve siècle : le dernier spectacle de gladiateurs s’y déroula en 523 après J.-C. sous Théodoric, malgré l’interdiction de ce type de spectacles par les Chrétiens. L’Empire romain, séparé en deux (Orient et Occident), et affaibli, n’a plus les moyens d’organiser des fêtes onéreuses, qui, de surcroît, n’étaient plus autant appréciées des Romains. Dans les siècles qui suivirent, il fut successivement pillé pour réemployer ses matériaux, puis aménagé pour y construire des maisons, ou encore détruit partiellement à cause de tremblements de terre. L’attrait de Rome chuta, la ville se dépeupla, le Colisée abrita de manière diversifiée des repères de bandits, des assemblées de citoyens, des confréries religieuses, le Sénat romain, une chapelle. Il fut même un bâtiment géré par l’Église. C’est d’ailleurs toutes ces transformations internes qui permirent son excellent état de conservation. Pour se le représenter, des gravures médiévales attestent des différentes nouvelles fonctions du Colisée.
À partir du XVe siècle, Rome doit se reconstruire. C’est à cette reconstruction que l’on doit la démolition partielle de la façade du Colisée dont nombre de pierres ont alors servi à l’édification d’autres bâtisses. Mais paradoxalement, on commence aussi à prendre conscience de l’intérêt patrimonial du Colisée. C’est seulement au XVIIIe siècle que l’on cessa de piller ses pierres. À partir du XIXe siècle, de nombreux travaux font resurgir certaines parties de l’amphithéâtre complètement enfouies. Les restaurations se succédèrent jusqu’à aujourd’hui. Depuis 1980, le site est classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
Ce qu'en dit Suétone :
" Fecit et noua opera templum Pacis foro proximum, Diuique Claudii in Caelio monte coeptum quidem ab Agrippina, sed a Nerone prope funditus destructum ; item amphitheatrum urbe media, ut destinasse compererat Augustum. "
" Il entreprit aussi des constructions nouvelles : le temple de la Paix, près du Forum ; celui de Claude sur le mont Caelius, commencé par Agrippine et presque détruit par Néron ; un amphithéâtre au milieu de la ville, fait sur les plans d'Auguste. "
Suétone, Vie de Vespasien, IX, Traduction de M. Cabaret-Dupaty