Iconographie des plantes liée au texte de Virgile sur le rameau d’or Images provenant d’ouvrages de la Bibliothèque municipale de Besançon

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Dossier élaboré par :

Cécile Daude

Paulette Garret

Sylvie Pédroaréna

Brigitte Planty

sous la direction de Sylvie David

Introduction : interrogations sur le caractère scientifique de l’illustration botanique

 

Réticences exprimées par Pline l’Ancien à l’égard de l’illustration botanique : (XXV, 8, trad. J. André, CUF) 

Verum et pictura fallax est coloribus tam numerosis, praesertim in aemulationem naturae, multumque degenerat transcribentium fors varia. Praeterea parum est singulas earum aetates pingi, cum quadripertitis varietatibus anni faciem mutent.

« Mais la peinture même est trompeuse, tant les couleurs sont nombreuses, surtout si on veut rivaliser avec la nature, et elle est fort altérée par les divers hasards de la copie. De plus, il ne suffit pas de peindre chacune des plantes dans une période unique de sa vie, puisqu’elles changent d’aspect avec les quatre saisons de l’année. »

Éloge de l’illustration botanique par Georges Cuvier :

« Aujourd’hui des ouvrages nombreux et magnifiques ont multiplié à l’infini des images aussi reconnaissables que les originaux eux-mêmes. Les Redouté, les Huet, les Barraband, ont multiplié le Muséum d’histoire naturelle ; ils ont fourni en quelque sorte au monde entier des cabinets complets et portatifs ; et, nous pouvons en convenir sans honte, ce secours nouveau a contribué, autant que les travaux d’aucun de nous, à fixer la prééminence de notre pays dans les sciences naturelles » (Discours prononcé aux funérailles de Van Spaendonck, dans Éloges historiques des membres de l’Académie Royale des Sciences, tome 3 : « Recueil des éloges historiques lus dans les séances publiques de l’Institut de France par Georges Cuvier », Paris, Levrault, 1827, p. 439)

 

A. Incunables : herbiers médiévaux

Définition :

incunables = premiers livres imprimés (« bébés » de l’imprimerie puisque “incunable” vient du latin incunabula, orum, « langes », d’où « origine », « commencement »), correspondant à une date comprise entre 1450 environ et 1500. Dans le monde, les premiers livres imprimés remontent à une période plus ancienne : le viiie siècle et proviennent d’Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon) ; ils étaient destinés à rester dans les cercles du pouvoir, ce qui est très différent des premiers livres imprimés en Europe destinés à être diffusés.

 

a. Herbarius (1484, avec légendes en latin et allemand, Mayence, Peter Schöffer) :

Présentation de l’ouvrage :

Cet ouvrage est le premier herbier imprimé en Allemagne ; il s’agit d’une compilation d'ouvrages du Moyen âge et d'auteurs classiques et arabes (nomenclature des plantes en latin et en allemand). Il concerne 150 plantes.

Ce type d’ouvrage relève des livres populaires disposant d’une clientèle assurée : lettrés, scientifiques, naturalistes, médecins, apothicaires et herboristes.

Les dessins ne manquent pas de charme mais les plantes sont représentées de façon plutôt schématique.

Le frêne

frêne

 

Fraxinus, le frêne © Bibliothèque municipale de Besançon, Inc. 1026 [ill. n°LCIIII]

 

b. Hortus sanitatis (1491, Mainz, Jacob Meydenbach) : Tractatus de herbis

Présentation de l’ouvrage :

Extrait du site : https://www.unicaen.fr/puc/sources/depiscibus/accueil

À propos d’Hortus sanitatis : Livre IV, Les Poissons

Édité par Catherine Jacquemard, Brigitte Gauvin et Marie-Agnès Lucas-Avenel,
avec la collaboration de Caroline Février et Françoise Lecocq.

« L’Hortus sanitatis (Le Jardin de santé) est une œuvre majeure de la fin du xve siècle, bien connue à la fois des bibliophiles et des historiens des sciences ou du livre. Cette œuvre est au croisement du beau livre et de l’encyclopédie et a connu, notamment grâce à ses illustrations, un grand succès de librairie que prouvent ses nombreuses rééditions et traductions entre 1491 et 1547. À la fois guide de santé et encyclopédie, il constitue le dernier maillon de la science médiévale et le premier livre imprimé de sciences naturelles. »

L’ouvrage comporte 4 parties, consacrées respectivement aux herbes, aux animaux, aux poissons et aux pierres.

Analyse de l’image : tendance à la schématisation

Philippe Glardon, « La relation du texte à l’image dans l’Hortus sanitatis et les traités du milieu du xvie siècle : quelques points de comparaison », Kentron, 29, 2013, p. 227-254 : article en ligne.

  • Rôle de l’image médiévale, botanique en particulier, avant tout mnémotechnique : « l’illustrateur met l’accent sur un ou deux caractères typiques de la plante, qui suffisent à son identification, [...] ou encore sur un rappel des vertus curatives ».
  • L’existence d’écoles stylistiques : au sein de ces écoles les modèles ont pu perdurer et empêcher, au moins en partie, les innovations figuratives.
  • Valeur théologique de l’image : « la matière peut devenir le signe de l’invisible par le biais de la représentation. Le passage du matériel au spirituel passe par un travail symbolique d’épuration de l’image pour en éliminer l’accidentel, consubstantiel de la matière. » 

Les images « rendent accessibles une information et, dans le même temps, représentent l’harmonie de la Création en tant que langage métaphorique intelligible ». 

glands

 

Les glands du chêne © Bibliothèque municipale de Besançon, Inc. 324, folio C5r°

 

Le peintre a mis en évidence les attributs caractéristiques de l’essence : la forme des feuilles et la présence de glands. La rubrique Operationes a trait aux usages de la plante.

 

B. Histoire des Plantes avec les noms grecs, latins et français, Leonhart Fuchs (1549) :   

Présentation :

Médecin et botaniste allemand, Leonhart Fuchs (1501-1566) est l’auteur de l’ouvrage De Historia Stirpium, une histoire des plantes médicinales, qui fut publié en 1542 et qui connut un vif succès, comme en témoignent les multiples rééditions auxquelles il donna lieu.

Les descriptions de plantes sont pour la plupart tirées de Dioscoride. La valeur de l’ouvrage tient surtout aux illustrations : il comprend en effet plus de cinq cents figures de plantes gravées sur bois. Celles-ci furent réalisées par trois artistes : Albrecht Meyer pour le dessin des plantes d'après nature, Heinrich Füllmaurer pour la transposition des dessins sur le bois et Veit Rudolf Speckle pour la gravure proprement dite. Fuchs tint à insérer à la fin de l’ouvrage leur portrait, en reconnaissance de leur travail.

Dans son épître préliminaire, Fuchs précise à propos des illustrations :

« Nous avons à dessein et délibérément évité la déformation de la forme naturelle des plantes en évitant les ombres et autres procédés encore moins nécessaires par lesquels les dessinateurs tentent parfois de conquérir une gloire artistique… » (texte cité par Anne-Marie Bogaert-Damin et Jacques Piron dans Livres de fleurs du xvie au xxe siècle, Presses universitaires de Namur, 2018, p. 23)

Philippe Glardon, « La relation du texte à l’image dans l’Hortus sanitatis et les traités du milieu du XVIe siècle : quelques points de comparaison », Kentron, 29, 2013, p. 227-254 : article en ligne :

« Fuchs respecte une organisation stricte de la matière, en rubriques claires et systématiques : il décrit “les noms, la forme, le lieu, le temps, le tempérament” et “la vertu” selon les auteurs anciens. » 

Contrairement aux herbiers médiévaux, où le texte et l’image étaient seulement additionnés, juxtaposés, les médecins naturalistes « font appel tant au texte qu’à l’image » « pour l’exécution de leurs descriptions ». « Sous leur plume, “peinture”, “po(u)rtrait”, ou “description” et leurs équivalents latins sont interchangeables, et désignent autant les gravures que le discours écrit. »

« L’idée directrice est de saisir par le trait, mais aussi par le mot la parcelle de perfection, le type idéal qui réside dans l’individu dessiné, pour en faire la démonstration ou “remonstrance », dans le français d’alors. »

On mesure, par rapport aux images des herbiers médiévaux, « l’étendue de l’évolution parcourue dans l’approche de l’illustration : proportions correctes de la plante, illusion du volume, rendu par les hachures et les ombrages subtils, et détails morphologiques soignés ».

 

gui

 

Le gui - Ἰξός - Viscum  © Bibliothèque municipale de Besançon, 232298, p. 187

C. Tractatus medicamentorum simplicium ex regno animali, vegetabili et minerali depromptorum, quorum nomina, descriptiones, virtutes, praeparationes et usus in medicina, descripta et picta, Claude-Nicolas Billerey (1748-1749) : xviiie, l’âge d’or des sciences naturelles

Présentation :

Professeur à la Faculté de médecine de Besançon, Claude-Nicolas Billerey (1666-1758), établit un jardin botanique à l’université (à l’emplacement actuel du théâtre).

Son ouvrage Tractatus medicamentorum simplicium contient 402 figures de plantes peintes à l’aquarelle. Il comprend deux volumes :

- Premier volume : Cephalica. Remedia haec capitis morbis curandis dicata sunt

- Deuxième volume : Diuretica. Remedia sunt quae serum superfluum per urinas evacuant

 

Le gui

 

Le gui (Viscum) © Bibliothèque municipale de Besançon, Ms 470-471, Tomus primus, f. 24

 

chêne

 

Le chêne (Quercus) © Bibliothèque municipale de Besançon, Ms 470-471, Tomus secundus, f. 158

 

chêne liège

 

Le chêne-liège (Suber) © Bibliothèque municipale de Besançon, Ms 470-471, Tomus secundus, f. 106

 

galles du chêne

 

Les galles du chêne (Gallae) ©Bibliothèque municipale de Besançon, Ms 470-471, Tomus secundus, f. 163

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Cécile Daude

Paulette Garret

Sylvie Pédroaréna

Brigitte Planty

sous la direction de Sylvie David

Remerciements à la bibliothèque municipale de Besançon pour son aimable communication des images présentées ici

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