Hymne homérique à Déméter, vers 1 à 32 : l’enlèvement de Perséphone. Texte et traduction.

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Dossier élaboré par :

Cécile Daude

Paulette Garret

Sylvie Pédroaréna

Brigitte Planty

sous la direction de Sylvie David

1 Δήμητρ' ἠΰκομον, σεμνὴν θεόν, ἄρχομ' ἀείδειν,

  αὐτὴν ἠδὲ θύγατρα τανύσφυρον, ἣν Ἀϊδωνεὺς

  ἥρπαξεν, δῶκεν δὲ βαρύκτυπος εὐρυόπα Ζεύς,

  νόσφιν Δήμητρος χρυσαόρου ἀγλαοκάρπου

5 παίζουσαν κούρῃσι σὺν Ὠκεανοῦ βαθυκόλποις

  ἄνθεά τ' αἰνυμένην, ῥόδα καὶ κρόκον ἠδ' ἴα καλά,

  λειμῶν' ἂμ μαλακόν, καὶ ἀγαλλίδας ἠδ' ὑάκινθον,

  νάρκισσόν θ', ὃν φῦσε δόλον καλυκώπιδι κούρῃ

  Γαῖα Διὸς βουλῇσι χαριζομένη Πολυδέκτῃ,

10 θαυμαστὸν γανόωντα· σέβας τότε πᾶσιν ἰδέσθαι

  ἀθανάτοις τε θεοῖς ἠδὲ θνητοῖς ἀνθρώποις·

  τοῦ καὶ ἀπὸ ῥίζης ἑκατὸν κάρα ἐξεπεφύκει,

  κωδείας δ' ὀδμῇ πᾶς τ' οὐρανὸς εὐρὺς ὕπερθε

  γαῖά τε πᾶσ' ἐγέλασσε καὶ ἁλμυρὸν οἶδμα θαλάσσης.

15 Ἡ δ' ἄρα θαμβήσασ' ὠρέξατο χερσὶν ἅμ' ἄμφω

  καλὸν ἄθυρμα λαβεῖν· χάνε δὲ χθὼν εὐρυάγυια

  Νύσιον ἂμ πεδίον, τῇ ὄρουσεν ἄναξ Πολυδέγμων

  ἵπποις ἀθανάτοισι, Κρόνου πολυώνυμος υἱός.

  Ἁρπάξας δ' ἀέκουσαν ἐπὶ χρυσέοισιν ὄχοισιν

20 ἦγ' ὀλοφυρομένην, ἰάχησε δ' ἄρ' ὄρθια φωνῇ

  κεκλομένη πατέρα Κρονίδην ὕπατον καὶ ἄριστον.

  Oὐδέ τις ἀθανάτων οὐδὲ θνητῶν ἀνθρώπων

  ἤκουσεν φωνῆς, οὐδ' ἀγλαόκαρποι Ἐλαῖαι,

  εἰ μὴ Περσαίου θυγάτηρ ἀταλὰ φρονέουσα

25 ἄϊεν ἐξ ἄντρου, Ἑκάτη λιπαροκρήδεμνος,

  Ἠέλιός τε ἄναξ, Ὑπερίονος ἀγλαὸς υἱός,

  κούρης κεκλομένης πατέρα Κρονίδην· ὁ δὲ νόσφιν

  ἧστο θεῶν ἀπάνευθε πολυλλίστῳ ἐνὶ νηῷ

  δέγμενος ἱερὰ καλὰ παρὰ θνητῶν ἀνθρώπων.

30 Tὴν δ' ἀεκαζομένην ἦγεν Διὸς ἐννεσίῃσι

  πατροκασίγνητος, Πολυσημάντωρ, Πολυδέγμων,

  ἵπποις ἀθανάτοισι, Κρόνου πολυώνυμος υἱός.

 

(texte établi par Jean Humbert, CUF, 1936)

Je commence par  chanter Déméter à la belle chevelure, la déesse vénérable, elle et sa fille aux longues chevilles qui fut jadis enlevée par Aïdôneus – du consentement de Zeus celui qui frappe lourdement, à la voix résonnante – tandis que, loin de Déméter au glaive d’or qui fait mûrir les récoltes brillantes, elle jouait avec les jeunes Océanides aux seins profonds et cueillait des fleurs, – les roses, les crocus et les belles violettes –, dans une tendre prairie, – les iris, la jacinthe, et aussi le narcisse que, par ruse, Terre fit pousser pour tromper la jeune fille au teint frais comme une corolle, par la volonté de Zeus, afin de plaire à Celui qui reçoit bien des hôtes. Ce narcisse brillait d’un éclat merveilleux, et frappa d’admiration tous ceux qui le virent alors, dieux immortels ainsi qu’hommes mortels. De sa racine avaient poussé cent têtes et, du parfum de cette boule de fleurs, tout le vaste Ciel d’en haut sourit, et toute la terre, et les vagues de la mer salée. Saisie d’admiration, la jeune fille tendit à la fois ses deux mains pour prendre le beau jouet : mais la terre aux vastes chemins s’ouvrit dans la plaine nysienne, d’où surgit, avec ses chevaux immortels, le Seigneur de tant d’hôtes, le Cronide invoqué sous tant de noms. Il l’enleva et, malgré sa résistance, la porta en pleurs sur son char d’or ; alors elle poussa des cris aigus pour appeler le Cronide, le Père suprême et très puissant. Mais personne, parmi les Immortels ni les hommes mortels, n’entendit ses cris, non plus que les nymphes des oliviers aux beaux fruits : seule, dans sa bienveillance, la fille de Persée, Hécate au bandeau brillant l’entendit, du fond de son antre – et le Seigneur Soleil, fils radieux d’Hypérion –, entendit aussi la jeune fille implorer Zeus le père ; mais il siégeait alors loin des dieux dans un temple plein de prières, et recevait des hommes mortels de belles offrandes. Malgré elle, le frère de son père, le Maître de tant d’êtres, le Seigneur de tant d’hôtes, le Cronide invoqué sous tant de noms l’emportait sur ses chevaux immortels, par la volonté de Zeus.

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Brigitte Planty

sous la direction de Sylvie David

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