Charon, passeur des Enfers Χάρων

• Les jeux de l’amphithéâtre romain ont perpétué la vision macabre d'un Charon qui préfigure l’image du Diable dans les représentations chrétiennes de l’Enfer. En effet, après chaque combat de gladiateurs, des esclaves déguisés en Charon étrusque, maillet à la main, étaient chargés de vérifier que les vaincus étaient bien morts avant d’évacuer leurs corps en les tirant par des crochets hors de l’arène.

• Charon est le premier personnage rencontré par Dante lorsqu’il découvre l’Enfer, guidé par Virgile.

Caron dimonio, con occhi di bragia
loro accennando, tutte le raccoglie ;

batte col remo qualunque s’adagia.

Charon le démon aux yeux de braise
leur fait signe, les rassemble toutes [les âmes] ;

frappant de sa rame celles qui s’assoient.

(La Divine comédie, 1321, cantique I, « Enfer », chant III, vers 109-111)

Charon est le passeur des Enfers : il a pour fonction de faire traverser l’Achéron (ou le Styx selon certaines légendes) aux âmes de tous ceux qui doivent entrer dans le royaume des morts, ce qui lui vaut d’être souvent désigné par les termes « nautonier » ou « nocher ».

Il partage avec Hermès le qualificatif de « psychopompe », « conducteur des âmes » en grec.

Exécuteur du destin qui régit la vie des humains, Charon n'épargne ni jeunesse, ni beauté, ni vaillance : pour pouvoir monter sur sa barque, chaque défunt doit acquitter son droit de passage, sous forme d’une obole (une pièce de monnaie grecque de faible valeur), d’où la coutume de placer une pièce dans la bouche des morts au moment des funérailles ; faute de quoi, leurs âmes seraient condamnées à errer sans trouver la paix.

Charon n’apparaît ni chez Homère ni chez Hésiode, mais c’est une figure très répandue dès le VIe siècle avant J.-C. aussi bien dans les croyances populaires que dans les arts. On le voit sur de nombreux vases funéraires athéniens la rame en main, le bonnet de marin sur la tête, prêt à recevoir dans son bateau les ombres des morts, qui l’attendent sur la rive du fleuve infernal. La littérature et le théâtre le présentent comme un vieillard barbu et morose, gourmandant les âmes pour les presser à faire la traversée, toujours impitoyable à l’égard de celles qui n’ont pas d’obole pour payer leur passage.

Les Étrusques imaginaient Charon (Charun) comme un démon de la mort, proche d’Orcus, une sorte de bourreau hideux et grimaçant, armé d'un grand marteau pour assommer les mortels récalcitrants. Si son apparence générale reste humaine, il a les oreilles pointues du loup, des ailes, des ongles et un nez crochus, semblables aux serres et au bec d’un oiseau de proie ; sa bouche énorme est ouverte comme la gueule d’un animal dévorant ou rit d’un rire féroce. Charon accompagne Mars sur les champs de bataille, où il assomme et tue les héros destinés à périr de mort violente. Il est aussi la sentinelle qui garde la porte des Enfers ou celle du tombeau, dans les nécropoles étrusques ; parfois le rouleau du destin remplace le maillet entre ses mains.

Ce qu'écrit Virgile :

" Portitor has horrendus aquas et flumina servat

terribili squalore Charon... "

" Un batelier effrayant surveille ces eaux et ces fleuves,

couvert d’une saleté terrible à voir : c’est Charon... "

Virgile, Énéide, livre VI, vers 298 - 299

• Les jeux de l’amphithéâtre romain ont perpétué la vision macabre d'un Charon qui préfigure l’image du Diable dans les représentations chrétiennes de l’Enfer. En effet, après chaque combat de gladiateurs, des esclaves déguisés en Charon étrusque, maillet à la main, étaient chargés de vérifier que les vaincus étaient bien morts avant d’évacuer leurs corps en les tirant par des crochets hors de l’arène.

• Charon est le premier personnage rencontré par Dante lorsqu’il découvre l’Enfer, guidé par Virgile.

Caron dimonio, con occhi di bragia
loro accennando, tutte le raccoglie ;

batte col remo qualunque s’adagia.

Charon le démon aux yeux de braise
leur fait signe, les rassemble toutes [les âmes] ;

frappant de sa rame celles qui s’assoient.

(La Divine comédie, 1321, cantique I, « Enfer », chant III, vers 109-111)

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