Texte à traduire : Néron et la comète
Après avoir expliqué comment Néron fit périr ses femmes Octavie et Poppée, ainsi que certains de ses proches (son précepteur Sénèque, entre autres), Suétone montre comment l'empereur parvint à détourner à des fins politiques l'interprétation d’un phénomène céleste qui se produisit durant son règne, l'apparition d'une comète. Ce genre d'événement était considéré à Rome comme un prodige, c'est-à-dire un phénomène inhabituel auquel on attribuait une cause surnaturelle (colère divine, présage de catastrophes futures…) et qui suscitait généralement l'inquiétude.
Nec minore saevitia foris et in exteros grassatus est. Stella crinita, quae summis potestatibus exitium portendere vulgo putatur, per continuas noctes oriri coeperat. Anxius ea re, ut ex Balbillo astrologo didicit solere reges talia ostenta caede aliqua illustri expiare atque a semet in capita procerum depellere, nobilissimo cuique exitium destinavit ; enimvero < destinavit > multo magis et quasi per justam causam duabus conjurationibus provulgatis, quarum prior majorque Pisoniana1 Romae, posterior Viniciana2 Beneventi conflata atque detecta est. Conjurati e vinculis triplicium catenarum dixere causam, cum quidam ultro crimen faterentur, nonnulli etiam imputarent, tamquam aliter illi non possent nisi morte succurrere dedecorato flagitiis omnibus. Damnatorum liberi urbe pulsi enectique < sunt > veneno aut fame ; constat quosdam cum paedagogis et capsariis uno prandio pariter necatos < esse >, alios diurnum victum prohibitos < esse > quaerere.
Caius Suetonius Tranquillus, De vita duodecim Caesarum libri, VI (Vita Neronis), chap. 36
1. Pison (Gaius Calpurnius Piso, mort en 65) : exilé sous Caligula, puis consul sous Claude, grand orateur, il dirigea une conspiration qui échoua à assassiner Néron, en 65.
2. Vinicius : nom d'un autre conspirateur.
Exemple d'introduction :
- Présentation de l'auteur, du contexte et de l’œuvre
- Situation de l'extrait et résumé ; mise en perspective par rapport au thème du chapitre (« Interrogations scientifiques – L'interprétation des phénomènes célestes »)
- Annonce du plan qui sera suivi dans le développement
Suétone est un écrivain de la fin du Ier siècle et du début du IIe siècle après J.-C., auquel on doit de nombreux ouvrages de grammaire, de littérature et d'histoire, dont la Vie des Douze Césars, ensemble de biographies consacrées aux empereurs romains, de Jules César à Domitien. Le sixième livre de la Vie des Douze Césars porte sur la vie de Néron, devenu empereur à l'age de dix-sept ans, en 54. Les premières années de son règne, grâce à l'influence de son précepteur Sénèque, se caractérisent par une bonne administration de l'empire ; par la suite, les actes de Néron seront marqués par la démesure et la violence passionnelle. Au chapitre 36, Suétone montre comment l'empereur, en 66, parvint à détourner à des fins politiques l'inquiétude causée par le passage de la comète de Halley et à justifier ainsi des actes d'une cruauté extrême commis à l'encontre de ses opposants. Comme toujours chez Suétone, la chronique du règne de Néron apparaît au premier abord comme objective ; mais l'analyse des procédés révèle, sous-jacentes, les intentions moralisatrices et satiriques du biographe.
Exemple de développement :
I. Un récit en apparence objectif et neutre :
Le texte de Suétone a toutes les apparences d'un récit objectif, dans lequel le biographe se contenterait de faire un simple rapport, d'allure presque « policière », documentaire, voire scientifique, sans intervenir dans son récit et sans porter de jugement explicite sur les faits rapportés.
1) Un simple rapport de faits :
Suétone se contente, en apparence, de rapporter des faits indiscutables ou des paroles prononcées par d'autres :
- Le texte se présente comme un récit de faits : les temps utilisés sont ceux d'un récit au passé : le temps dominant est le parfait (grassatus est ; didicit ; destinavit ; conflata atque detecta est ; dixere…) ; pour l'antériorité, Suétone utilise le plus-que-parfait (coeperat). Suétone introduit des détails qui visent à montrer son souci d'exactitude : il cite notamment les lieux exacts où furent fomentées et découvertes les deux conjurations (Romae, Beneventi), le nom de leurs instigateurs (Pisoniana… Vinicia) ainsi que l'ordre dans lesquelles elles se produisirent (prior… posterior) et leur importance (major… Pisoniana).
- Il n'intervient pas dans le récit : on note l'absence totale de marques de l'énonciation (1ère personne, verbes d'opinion, de jugement, etc.). Le récit est écrit à la 3e personne, et on remarque que les sujets des verbes sont en nombre limité :
* soit Néron lui-même (grassatus est, destinavit) ;
* soit des choses (la comète : stella crinata… coeperat) ;
* soit les victimes mêmes de Néron : conjurati… dixere ; damnatorum liberi… ; il est notable qu'en dehors des adjectifs Pisoniana et Viniciana, qui désignent explicitement les instigateurs des deux conjurations, les autres membres du complot ne sont jamais nommés, et que l'auteur a recours, pour les désigner, à des pronoms indéfinis, très vagues : quidam, nonnulli, quosdam, alios ;
* soit un sujet impersonnel, dans la tournure constat + proposition infinitive.
- Il se contente généralement, dans ce passage, de rapporter les opinions ou les propos d'autres personnes, souvent de manière assez vague, sans les attribuer, généralement, à une personne précise :
* le seul verbe de pensée du texte est au passif et rapporte une opinion commune à propos des comètes : quae… vulgo putatur
* une grande partie du texte est consacrée à rapporter les propos des différents protagonistes, sous la forme de paroles narrativisées, ce qui confère au texte une apparence d'objectivité et lui donne l'allure d'un rapport de police : ex Balbillo astrologo didicit solere reges… ; conjurati… dixere causam ; quidam… faterentur ; nonnulli… imputarent ; tamquam + prop. au subjonctif ; constat (tournure impersonnelle) + prop. inf.
Le discours narrativisé (ou récit de paroles) consiste à rapporter les paroles d'une personne en les résumant. Il fait partie des différentes sortes de discours rapportés, parmi lesquelles figurent aussi le discours direct, le discours indirect et le discours indirect libre.
2) La « justification » scientifique :
De plus, c'est une donnée indiscutable, scientifique, qui est présentée comme étant à l'origine des faits rapportés : l'apparition dans le ciel nocturne d'une comète.
- Après une phrase de transition (l. 1) qui lui permet de passer du cercle restreint de la famille et des proches au monde extérieur (foris et in exteros), Suétone, dès la deuxième phrase, semble appuyer son récit sur un fait scientifique : l'apparition d'une comète dans le ciel (il s'agissait, en l'occurrence, de la comète qui fut dénommée comète de Halley après sa découverte, en 1705, par l'astronome anglais Edmond Halley) ; le champ lexical de l'astronomie présent dans cette phrase (stella crinata ; per continuas noctes ; oriri (« naître », ici employé dans le sens de « se lever ») ; astrologo1) montre l'importance de cette donnée, qui se trouve donc à l'origine de la décision du massacre des nobles, puisque les comètes étaient considérées comme des prodiges (talia ostenta) annonciateurs de catastrophes (Suétone utilise d'ailleurs un présent de vérité générale : stella crinata… putatur, qui souligne le caractère objectif, indiscutable de cette donnée scientifique, de même que l'adverbe vulgo : « par tout le monde »).
- Or, dans l'Antiquité, science astronomique et politique sont étroitement liées, en raison de la croyance selon laquelle il était possible de prévenir l'avenir – et en particulier les événements politiques – par l'astrologie. On note donc la présence, dans la même phrase, du champ lexical de la politique, étroitement lié à celui de l'astrologie (puisqu'il s'agit des paroles rapportées de l'astrologue Tiberius Claudius Balbillus, qui fut le conseiller des empereurs Claude, Néron et Vespasien) : summis potestatibus, reges, illustri, procerum, nobilissimo cuique, conjurationibus. La mention de l'astrologue Balbillus et des reges (rois) se présente ici comme un argument d'autorité pour justifier une réponse (le massacre des nobles) à un phénomène céleste : le vocabulaire employé est emprunté au droit et à la religion (ostenta, expiare, depellere), puisque les comètes sont des prodiges et que l'apparition d'un prodige donnait lieu à un certains nombre de rites religieux ou d'actions politiques visant à calmer la colère des dieux ou à la détourner (expiare = détourner par des cérémonies religieuses ; depellere = chasser, détourner).
Argument d'autorité : l'argument d'autorité est un procédé rhétorique qui consiste à citer quelqu'un qui fait autorité pour faire valider une proposition (on accorde donc davantage de valeur à l'origine du propos qu'à son contenu réel). Il peut renforcer un argument ou faire office d'argument.
II. Une satire morale et politique de Néron :
Cependant, derrière l'objectivité apparente de ce récit, le lecteur perçoit l'intention moralisatrice et satirique de Suétone : c'est un texte narratif qui a une visée argumentative.
1) Les dérives du prince :
- Il s'agit tout d'abord, pour Suétone, de dénoncer l'exploitation politique d'un phénomène astronomique par Néron, qui souhaitait tout simplement se débarrasser des membres de la noblesse qui s'opposaient à sa politique. Cette dénonciation se dévoile à travers certains procédés du texte :
* La responsabilité individuelle de Néron est mise en évidence par le fait que l'empereur est bien le sujet sous-entendu du verbe destinavit, il s'agit de sa propre décision ; son intention politique (se débarrasser de tous les membres de la noblesse qui lui paraissaient gênants) se révèle à travers le passage d'une victime unique (caede aliqua illustri : expression au singulier) évoquée par l'astrologue, à un massacre général (nobilissimo cuique exitium : « la mort de chacun des citoyens les plus nobles »). D'autre part, il est intéressant de noter que l'astrologue, d'après ce que nous dit Suétone, ne donne pas véritablement un ordre ou un conseil à Néron, mais se contente de l'informer d'une habitude prise par les rois (reges solere expiare… : « que les rois avaient l'habitude de conjurer ; or Néron n'est pas un roi).
* Le passage de la comète s'apparente davantage à un simple prétexte qu'à la cause réelle de la décision de tuer les nobles. Malgré une certaine inquiétude provoquée par le phénomène (anxius ea re), on voit par l'organisation de la phrase que c'est, en fait, l'astrologue Balbillus qui lui apprend la signification du prodige (Suétone utilise la conjonction ut, qui indique ici le temps, et le parfait didicit, que l'on peut traduire par un passé antérieur : « quand il eut appris »), lui fournissant ainsi un prétexte ainsi qu'une justification – quasi religieuse – à un massacre des nobles. D'autre part, il y a peut-être une intention satirique, de la part de Suétone, dans le fait qu'il nomme explicitement l'astrologue Balbillus, car, même s'il s'agissait d'un personnage influent et d'un savant, certains astrologues célèbres ont été accusés de charlatanisme, à tel point que le mot astrologus a pu acquérir une valeur péjorative. On accusait notamment les astrologues de manipuler les puissants en s'appuyant sur leur crédulité et sur leur superstition.
* Un autre prétexte lui est fourni, au même moment, par la découverte de deux conjurations : ces conjurations paraissent réaliser le présage annoncé par la comète (stella crinata quae summis potestatibus exitium portendere vulgo putatur : « Une comète, astre dont on pense, généralement, qu'il prédit la ruine aux puissances souveraines ») et Néron trouve là un second prétexte justifiant sa décision (le rôle de ce second prétexte est souligné, dans le texte, par l'adverbe enimvero et par l'expression quasi per justam causam où l'adverbe quasi montre bien la prise de distance de Suétone vis-à-vis de cette justification).
→ Suétone, subtilement, parvient donc à montrer que les superstitions relatives aux comètes ont été mises au service des intentions politiques et meurtrières de Néron, qui a détourné l'interprétation d'un phénomène céleste et exploité la crédulité de son entourage (ou du peuple tout entier) à ses propres fins.
- L'auteur veut aussi dénoncer la cruauté de Néron : ce récit lui fournit l'occasion d'entrer dans le détail des raffinements de cruauté de l'empereur (on relève dans le texte les champs lexicaux de la mort et de la souffrance infligées à autrui : saevitia, caede, exitium, damnatorum, pulsi enectique, veneno, fame, necatos, prohibitos). Au-delà même du nombre très important des victimes (nobilissimo cuique exitium), ce sont les méthodes de Néron que Suétone dénonce, comme le montrent la présence de certains détails choisis pour leur caractère révélateur (sous couvert d'exactitude, d'exhaustivité) :
* les triples chaînes dans lesquelles les conjurés durent plaider leur cause (e vinculis triplicium catenarum), qui souligne la volonté de Néron, d'ailleurs ridicule, d'humilier ses victimes ;
* la présence d'enfants parmi les victimes (damnatorum liberi) et même des esclaves qui les accompagnaient à l'école (cum paedagogis et capsariis) : en rapportant ce fait froidement (sans jugement apparent), Suétone accentue encore l'accusation de lâcheté qu'il adresse implicitement à Néron ; il précise encore uno prandio, détail qui sert à la fois à montrer la cruauté bestiale de Néron et à « faire vrai » (il joue le rôle du « petit fait vrai » – expression de Stendhal – , c'est-à-dire d'une anecdote qu'on n'a pu inventer, et qui rend le propos véridique).
* enfin, le type de sévices choisis par Néron, particulièrement lâches et cruels (il empoisonne ou affame ses victimes ; cette dernière méthode laissant supposer une mort lente, douloureuse) : veneno aut fame ; alios diurnum victum prohibitos quaerere.
2) La révélation d'une opposition au pouvoir de Néron :
Enfin, à travers ce texte qui se contente en apparence de rapporter des faits exacts, Suétone révèle la présence d'une opposition au pouvoir du prince par la mention de deux conjurations, menées à l'instigation de Pison (Caius Calpurnius Piso, un aristocrate, organisa en 65 une tentative d'assassinat – cf. aliter… nisi morte – contre Néron, dans laquelle furent impliqués Sénèque et le poète Lucain) et d'un certain Vinicius.
- Suétone nous révèle, dans ce texte, que de nombreux membres de la noblesse romaine s'opposaient au pouvoir de Néron et à ses dérives (à partir de 65, Néron, qui faisait face à des difficultés financières dues notamment à la reconstruction de Rome après l'incendie de 64, procède à des confiscations de biens au sein de la noblesse). En effet, le fait que l'empereur ait souhaité la mort de tous les nobles (nobilissimo cuique exitium) témoigne, indirectement, de l'ampleur de la contestation.
- L'auteur fait même parler – toujours sous couvert de rapporter exactement et objectivement des faits – ces conjurés ; ces paroles rapportées sont encore un moyen détourné de mettre en évidence les crimes de Néron et de démontrer leur réalité, puisque des nobles étaient prêts à se mettre en danger, à risquer la mort, pour l'empêcher de nuire. En effet, Suétone affirme, tout en prenant prudemment ses distances par l'emploi du subjonctif (cum quidam… faterentur… nonnulli etiam imputarent ; tamquam… non possent) que les conjurés admettaient le complot (quidam ultro crimen faterentur), que certains même le revendiquaient (etiam imputarent) en raison des turpitudes de Néron (flagitiis omnibus). Le terme flagitium (« honte », « ignominie ») est un terme très fort, très péjoratif, d'autant plus que Suétone lui adjoint l'adjectif omnes (« toutes ») et le participe dedecorato (« souillé ») ; il révèle par là que de nombreuses personnes étaient scandalisées par la politique et par la personnalité même de l'empereur.
- Enfin, l'anecdote qui rapporte la mise à mort des enfants des condamnés montre, indirectement, quelle était l'ampleur de la contestation au pouvoir : il voulait éradiquer toutes les sources possibles d'un nouveau complot en privant les conjurés de leur descendance. En tuant également leurs esclaves (cum paedagogis et capsariis), il supprime des témoins et de possibles relais pour une autre conspiration (les esclaves « pédagogues », qui jouaient auprès de leurs jeunes maîtres le rôle de précepteurs, étaient cultivés et donc dangereux).
Exemple de conclusion :
- Bilan des idées et procédés principaux
- Exemples d’ouvertures possibles (sur d’autres œuvres : textes, peintures, films, etc.)
C'est donc très habilement, comme toujours, que Suétone dénonce les crimes commis par Néron sous le prétexte fallacieux de conjurer l'apparition d'une comète : derrière l'objectivité et la simplicité apparentes du récit, qui tourne parfois à l'anecdote, c'est une critique féroce du pouvoir de Néron qu'il nous donne à lire. Cette satire, rédigée longtemps après les faits – Suétone, est né vers 70, après le règne de Néron, dernier représentant de la dynastie des Julio-Claudiens – est en fait un avertissement discret sur les dérives possibles du pouvoir, adressé aux empereurs de son temps, les Flaviens et les Antonins (Suétone a vécu sous Vespasien, Titus, Domitien, puis sous Nerva, Trajan, et Hadrien). Ce texte montre aussi le rôle joué par les phénomènes célestes, encore mal connus, dans la vie politique romaine ; une comète, par exemple, pouvait tout aussi bien servir, comme nous le rapporte Suétone, à justifier des crimes politiques qu'à les dénoncer : c'est ce que nous apprend Virgile, qui, dans un passage du chant I des Géorgiques, rapporte les différents prodiges astronomiques consécutifs à l'assassinat de Jules César en 44 avant J.-C.
Prolongements (texte complémentaire, question et corrigé ; archéologie)
Texte complémentaire : Suétone, Vie de Néron, chap. 31
Suétone, au chapitre 31 de la Vie de Néron, aborde le sujet de ses dépenses, notamment celles qu’il engagea pour la construction de Domus Aurea :
Non in alia re tamen damnosior quam in aedificando domum a Palatio Esquilias usque fecit, quam primo transitoriam, mox incendio absumptam restitutamque auream nominavit. […] Vestibulum ejus fuit, in quo colossus CXX pedum staret ipsius effigie […] In ceteris partibus cuncta auro lita, distincta gemmis unionumque conchis erant ; cenationes laqueatae tabulis eburneis versatilibus, ut flores, fistulatis, ut unguenta desuper spargerentur ; praecipua cenationum rotunda, quae perpetuo diebus ac noctibus vice mundi circumageretur. Praeterea incohabat piscinam a Miseno ad Avernum lacum contectam porticibusque conclusam […].
Caius Suetonius Tranquillus, De vita duodecim Caesarum libri, VI (Vita Neronis), chap. 31
Ce fut surtout dans ses constructions qu'il se montra dissipateur. Il étendit son palais depuis le mont Palatin jusqu'aux Esquilies. Il l'appela d'abord « le Passage ». Mais, le feu l'ayant consumé, il le rebâtit, et l'appela « la Maison dorée ». […] Il y avait un vestibule, où une statue colossale de Néron s'élevait à cent vingt pieds de haut […]. Dans les autres parties de l'édifice, tout était doré et enrichi de pierreries et de coquillages à grosses perles. Les salles à manger avaient pour plafonds des tablettes d'ivoire mobiles, qui, par différents tuyaux, répandaient sur les convives des parfums et des fleurs. La principale pièce était ronde, et jour et nuit elle tournait sans relâche pour imiter le mouvement du monde. […] En outre, il voulut construire une piscine couverte et enclose de portiques, qui devait s'étendre de Misène jusqu'au lac Averne […] .
Suétone, Vie de Néron, chap. 31
En quoi cet extrait de Suétone témoigne-t-il de la fascination qu’éprouvaient les Anciens pour les phénomènes célestes ?
Le texte témoigne de la fascination pour le ciel et les astres chez les Romains, car on voit que Néron s’était fait construire, dans sa Domus Aurea, une salle à manger tournante reproduisant les mouvements célestes : la pièce, dit Suétone, tournait sur elle-même comme la sphère céleste, et le plafond était probablement orné de peintures représentant les constellations, peut-être représentées sous la forme de personnages de la mythologie et d’animaux.