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Lucrèce, De rerum natura, livre V, v. 509-533

Dans cet extrait, Lucrèce (Ier siècle avant J.-C.), poète et philosophe épicurien, décrit les mouvements célestes et envisage les différentes causes possibles de ces mouvements :

Motibus astrorum nunc quae sit causa canamus.
Principio magnus caeli si uortitur orbis,
ex utraque polum parti premere aera nobis
dicendum est extraque tenere et claudere utrimque ;
inde alium supra fluere atque intendere eodem
quo uoluenda micant aeterni sidera mundi ;
aut alium supter, contra qui subuehat orbem,
ut fluuios uersare rotas atque austra uidemus.
Est etiam quoque uti possit caelum omne manere
in statione, tamen cum lucida signa ferantur,
siue quod inclusi rapidi sunt aetheris aestus
quaerentesque uiam circum uersantur et ignes
passim per caeli uoluunt summania templa,
siue aliunde fluens alicunde extrinsecus aer
uersat agens ignis, siue ipsi serpere possunt,
quo cuiusque cibus uocat atque inuitat euntis,
flammea per caelum pascentis corpora passim.
nam quid in hoc mundo sit eorum ponere certum
difficilest ; sed quid possit fiatque per omne
in uariis mundis uaria ratione creatis,
id doceo plurisque sequor disponere causas,
motibus astrorum quae possint esse per omne ;
e quibus una tamen sit et haec quoque causa necessest,
quae uegeat motum signis ; sed quae sit earum
praecipere haud quaquamst pedetemptim progredientis.

Titus Lucretius Carus, De Rerum natura, Livre V, v. 509-533.

Chantons maintenant les mouvements des astres et leurs causes. Tout d’abord, si c’est la vaste sphère céleste qui tourne, il faut admettre qu’aux deux extrémités de son axe, chaque pôle se trouve pressé par une masse d’air qui le maintient de l’extérieur et l’enferme de chaque côté ; ensuite qu’un autre courant d’air, poussant le ciel par en haut, l’entraîne dans le sens où roulent les astres éclatants de l’éternel univers; ou bien qu’un autre courant inférieur, soufflant en sens contraire, fait mouvoir la sphère par sa partie inférieure, à la manière des roues à auges que le courant des fleuves fait tourner sous nos yeux.

Il se peut encore que le ciel tout entier demeure immobile, tandis que cependant les astres lumineux poursuivent leur course, soit que les feux rapides de l’éther soient contenus dans le ciel et, que, tournant sans cesse à la recherche d’une issue, ils emmènent dans leur orbite les feux qui constellent la voûte nocturne du ciel ; soit qu’un courant d’air extérieur, venu de quelque part du dehors, entraîne et fasse tourner ces feux du ciel ; soit enfin qu’ils puissent glisser d’eux-mêmes partout où leur nourriture les appelle et dirige leur marche, lorsqu’ils vont repaître dans toute l’étendue du ciel leurs corps enflammés. Déterminer exactement celle de ces causes qui agit dans notre monde est chose difficile ; mais indiquer ce qui est possible et ce qui s’accomplit dans le grand tout parmi ces divers mondes créés si diversement, voilà ce que j’enseigne ; et je m’attache à exposer tour à tour les multiples causes qui, à travers le grand tout, peuvent être à l’origine du mouvement des astres ; entre toutes il ne peut y en avoir qu’une, en ce monde comme ailleurs, qui fasse mouvoir nos étoiles : mais laquelle ? L’enseigner n’est pas donné à notre science, qui n’avance que pas à pas.

Lucrèce, De la Nature, Livre V, vers 509-533, traduction d’A. Ernout, 1929.

À quel genre littéraire appartient ce texte ? Justifiez votre réponse en observant la forme, le vocabulaire et certains des procédés d’écriture employés.

Ce texte de Lucrèce appartient au genre poétique, comme l’indiquent sa forme (ce sont des vers, des hexamètres dactyliques) et le verbe « chanter » employé au v. 1 (canamus). Il s’agit d’un poème didactique, qui vise à enseigner. D’autre part, dans l’extrait étudié, on note la présence de termes poétiques, tels que polus employé au sens de « ciel », ou encore aes et aether utilisés dans leur acception poétique. Enfin, le texte regorge d’images poétiques : celle des astres brillants qui roulent dans l’univers (v. 6), la métaphore filée de l’eau, qui assimile le ciel à un fleuve agité, et la personnification des astres que le poète imagine en fuite, à la recherche d’une issue ou de nourriture. L’ensemble de l’extrait donne l’image d’un ciel vivant, agité, tourmenté sous l’effet de forces gigantesques.

Quelles passages témoignent de la volonté de Lucrèce d’adopter une attitude scientifique ?

L’objectif de Lucrèce est d’exposer l’origine (causa) du mouvement des astres (cf. v. 1, 21 et 23) et de l’enseigner (doceo, v. 21) ; il se propose donc d’utiliser la raison pour évoquer ces phénomènes : sa démarche se veut scientifique. On note la présence du champ lexical de l’astronomie : orbis (« cercle », « sphère », v. 2 et v. 7) ; polum (« pôle », v. 3) ; aera (« air », v. 3, v. 14) ; aether (« air », v. 11), etc. La volonté de faire œuvre scientifique est perceptible également dans l’évocation du mouvement des astres, qui implique une observation du ciel, et dans le fait que Lucrèce évoque et développe plusieurs hypothèses, comme le montrent le verbe posse, « pouvoir » (v. 9, v. 15, v. 19) et plusieurs expressions exprimant une hypothèse (si... dicendum est, « si... il faut admettre », v. 2-4 ; est etiam quoque ut possit, « il se peut », v. 9 ; sive... sive... : « soit... soit... », v. 11-14). On note enfin que de nombreux adverbes et connecteurs logiques structurent l’exposé : principio (v. 2), inde (v. 5), aut alium (v. 7), est etiam quoque (v. 9), etc.

On peut parler de démarche scientifique également dans la mesure où Lucrèce fait preuve d’humilité : il avoue être incapable de répondre de manière certaine à la question, en raison de l’état encore embryonnaire de la science astronomique : les expressions, difficilest (v. 19) et les derniers vers sed quae sit earum / praecipere haud quaquamst pedetemptim progredientis (v. 26) introduisent en effet des réserves.

Comment Lucrèce explique-t-il l’origine des comètes ?

Selon Lucrèce, le mouvement des astres, et, par conséquent, l’origine des comètes, seraient dus aux mouvements de la sphère céleste. Il évoque plusieurs possibilités : soit il s’agit d’un courant d’air et des mouvements causés par celui-ci sur les astres, soit il s’agit de la conséquence des mouvements des astres, qui entraînerait à son tour celui des constellations.

4Quelle image Lucrèce donne-t-il de l’être humain confronté à l’observation de tous ces phénomènes physiques ?

Cet extrait est aussi une leçon de sagesse : l’être humain doit faire preuve d’humilité, de modestie et de prudence dans son étude des phénomènes célestes, comme le montre par exemple ce passage : nam quid in hoc mundo sit eorum ponere certum difficilest, « Déterminer exactement celle de ces causes qui agit dans notre monde est chose difficile » (v. 18-19). Lucrèce avoue la difficulté de sa tâche et l’incapacité des hommes à énoncer des certitudes ; ces réserves sont exprimées, dans le texte latin, par l’utilisation de la conjonction si, par l’emploi répété du subjonctif, par les phrases interrogatives indirectes, ou par les différentes formes du verbe posse (« pouvoir »). Le poète insiste aussi sur le rôle de l’enseignement et de la recherche scientifique dans le domaine de l’astronomie, comme le montre la présence du champ lexical de l’étude. L’allitération en -p du v. 25 peut suggérer l’effort et la patience nécessaires à l’homme dans l’étude des phénomènes célestes.

Sénèque, Questions naturelles, livre VII (« Des comètes »)

Dans ses Quaestiones naturales, le philosophe Sénèque (Ier siècle après J.-C.) mène une enquête sur les phénomènes naturels. Le livre VII de cette œuvre est entièrement consacré aux comètes :

Il en est de même pour les comètes. S'il apparaît de ces corps de flamme d'une forme rare et insolite, chacun veut savoir ce que c'est ; on oublie tout le reste, on ne parle que du nouveau venu. On ne sait s'il faut admirer ou trembler ; car alors il ne manque pas de gens qui effraient le peuple, et lui présentent ce phénomène comme un présage funeste. Aussi l'on s'informe, l'on veut savoir si c'est un prodige1, ou seulement un astre. [...] Il est bon, pour avancer dans cette recherche, de nous demander si les comètes sont de même nature que les astres. Elles ont des points de ressemblance avec eux, elles se lèvent, elles se couchent ; sauf la diffusion et la longueur, elles en ont l'aspect, le feu, la splendeur. [...] Il faudrait de plus avoir le tableau de toutes les comètes qui ont apparu anciennement, car leur rareté empêche de saisir la loi de leur course, et de dire avec certitude s'il y a périodicité et régularité dans leurs révolutions. Or, l'observation de ces corps célestes est de date récente, et ne s'est introduite que depuis peu dans la Grèce. Démocrite, le plus pénétrant des philosophes anciens, soupçonne, dit-il, que les planètes sont plus nombreuses qu'on ne le croit ; mais il n'en a ni donné le nom ni fixé le nombre. [...] Avant de les exposer, cependant, remarquons que les comètes ne se font pas voir dans une seule région du ciel, ni dans le cercle du zodiaque exclusivement : elles brillent tantôt à l'est, tantôt à l'ouest et le plus souvent au nord. Leurs formes diffèrent ; mais quoique les Grecs les aient distinguées, les unes par l'espèce de barbe enflammée qui pend devant elles, les autres par la chevelure quelles laissent traîner dans les airs, enfin d'autres par des flammes qui se projettent en cône ; toutes, cependant, sont de la même nature, et portent, à juste titre, le nom de comètes. Les longs intervalles de temps qui séparent leurs apparitions rendent la comparaison de ces astres difficile. Souvent, à l'instant même où elles paraissent, les spectateurs ne sont point d'accord sur leurs caractères. Chacun, selon qu'il a la vue plus perçante ou plus faible, déclare la comète plus brillante, ou plus rouge ; sa chevelure plus ramassée dans l'intérieur, ou plus saillante en dehors. Mais, quelles que soient ces différences, il faut nécessairement que toutes les comètes soient produites par les mêmes causes. Un fait invariable et qui seul les caractérise, c'est que leur apparition est insolite, leur forme étrange, et qu'elles traînent autour d'elles une flamme échevelée. Quelques philosophes anciens expliquaient ainsi le phénomène : quand deux planètes se rencontrent, leurs lumières, confondues en une seule, doivent présenter l'aspect d'un astre allongé : cette apparence a lieu non seulement après le contact, mais par la simple approche des deux planètes ; car alors l'intervalle qui les sépare, étant illuminé et enflammé par toutes deux, doit former une longue traînée de lumière. A cela nous répondrons que le nombre des planètes est fixe, qu'on voit, au même instant, et toutes ces planètes et la comète nouvelle ; ce qui prouve que la comète a son indépendance et son existence propre. Souvent aussi on voit une planète passer sous une autre plus élevée : par exemple, Jupiter sous Saturne, Vénus ou Mercure sous Mars, qui est alors perpendiculairement au-dessus. Cependant, ces rapprochements ne donnent point naissance à une comète : sans cela, on en verrait tous les ans, puisque, tous les ans, on voit quelques planètes dans le même signe du zodiaque.

Sénèque, Questions naturelles, Livre VII, 1-3 et 11-12

Notes : 

1. Le terme employé dans le texte latin est prodigium.

 

Quelle est l’étymologie du terme cometa ? En quoi les descriptions de Sénèque correspondent- elles à cette étymologie ?

Cometa et cometes sont des termes que les Romains ont emprunté au grec ὀ κομήτης / « ο komêtês », qui signifie « astre chevelu », ce terme étant lui-même dérivé du mot grec κόμη / « komè » signifiant « chevelure ». Les descriptions de Sénèque correspondent bien à cette étymologie, puisqu’il évoque ainsi les différentes formes de comètes : « mais quoique les Grecs les aient distinguées, les unes par l'espèce de barbe enflammée qui pend devant elles, les autres par la chevelure quelles laissent traîner dans les airs, enfin d'autres par des flammes qui se projettent en cône ; toutes, cependant, sont de la même nature, et portent, à juste titre, le nom de comètes ». Le mot « chevelure » apparaît encore.

Qu’est-ce qu’un prodige (prodigium) ? Recherchez les différents sens de ce terme dans un dictionnaire, et notamment le sens qu’il prend dans le texte de Sénèque 

Un prodigium est un événement inhabituel, attribué à une cause surnaturelle ; cet événement peut être positif ou négatif : prodigium désigne soit un miracle soit un fléau. Dans le texte de Sénèque, le terme prodigium (traduit par « prodige ») est employé au sens de « phénomène surnaturel inquiétant, révélant aux hommes la volonté ou la colère d’une divinité ». Au début du texte, Sénèque parle des comètes comme de phénomènes suscitant la peur, l’inquiétude, ou des réactions superstitieuses.

Quels éléments du texte relèvent d’une démarche scientifique ?

Pour Sénèque, l’étude du ciel est nécessaire pour les hommes car elle les éloigne de certaines croyances infondées ou superstitions ; cette attitude rationnelle est la preuve d’une démarche scientifique. On voit que Sénèque tente d’appréhender de manière rationnelle les mouvements célestes, par exemple à travers les passages suivants :

  1. Sénèque raisonne par analogie, en établissant des rapprochements avec des phénomènes déjà étudiés : les astres (« Il est bon, pour avancer dans cette recherche, de nous demander si les comètes sont de même nature que les astres » ; comme les astres, les comètes ont des levers et des couchers, et elles présentent le même aspect (« elles ont des points de ressemblance avec eux, elles se lèvent, elles se couchent ; sauf la diffusion et la longueur, elles en ont l'aspect, le feu, la splendeur »).
  2. Sénèque évoque la nécessité de mettre les observations en perspective avec celles qui ont déjà été réalisées, pour permettre à la science d’avancer : « Il faudrait de plus avoir le tableau de toutes les comètes qui ont apparu anciennement, car leur rareté empêche de saisir la loi de leur course, et de dire avec certitude s'il y a périodicité et régularité dans leurs révolutions. »
  3. Sénèque adopte une attitude scientifique en faisant la liste des différentes régions du ciel où apparaissent les comètes ;
  4. Sénèque décrit les diverses catégories de comètes
  5. Sénèque tente d’examiner les causes des phénomènes (« Mais, quelles que soient ces différences, il faut nécessairement que toutes les comètes soient produites par les mêmes causes »). Plus loin, il examine une hypothèse (« Quelques philosophes anciens expliquaient ainsi le phénomène... ») puis la réfute (A cela nous répondrons que... »).

À quoi voit-on que Sénèque cherche aussi à faire réfléchir son lecteur sur la condition humaine et ses limites ?

Sénèque garde à l’esprit la mesure de l’être humain et les limites de ses connaissances. Il demande à son lecteur d’adopter la même attitude. Il pointe, notamment, les défauts et l’inexactitude des moyens d’observation, tels que la vue humaine, très limitée et subjective. Sénèque précise que la science de l’astronomie n’en est encore qu’à ses balbutiements (« Or, l'observation de ces corps célestes est de date récente, et ne s'est introduite que depuis peu dans la Grèce »).

Virgile, Géorgiques, I, v. 204-226

Praeterea tam sunt Arcturi sidera nobis
Haedorumque dies servandi et lucidus Anguis,
quam quibus in patriam ventosa per aequora vectis
Pontus et ostriferi fauces temptantur Abydi.
Libra die somnique pares ubi fecerit horas
et medium luci atque umbris jam dividit orbem,
exercete, viri, tauros, serite hordea campis
usque sub extremum brumae intractabilis imbrem.
Nec non et lini segetem et Cereale papaver
tempus humo tegere et jamdudum incumbere aratris,
dum sicca tellure licet, dum nubila pendent.
Vere fabis satio ; tum te quoque, medica, putres
accipiunt sulci, et milio venit annua cura,
candidus auratis aperit cum cornibus annum
Taurus et averso cedens Canis occidit astro.
At si triticeam in messem robustaque farra
exercebis humum solisque instabis aristis,
ante tibi Eoae Atlantides abscondantur
Gnosiaque ardentis decedat stella Coronae,
debita quam sulcis committas semina quamque
invitae properes anni spem credere terrae.
Multi ante occasum Maiae coepere ; sed illos
exspectata seges vanis elusit avenis.

Publius Vergilius Maro, Georgica, I, v. 204-226.

 

En outre, il nous faut observer et la constellation d'Arcture, et l'époque des Chevreaux, et l'apparition du Serpent étincelant avec autant de soin que ceux qui, regagnant leur patrie à travers les mers orageuses, se risquent sur le Pont-Euxin et dans les passes d'Abydos qui produit des huîtres. Quand la Balance aura rendu égales les heures du jour et celles du sommeil et qu’elle partage déjà le monde entre la lumière et les ombres, laboureurs, mettez à l’œuvre vos taureaux, semez l’orge dans les plaines, jusqu’aux pluies de l’intraitable hiver, limite extrême. C’est aussi le moment de recouvrir de terre la graine du lin à récolter ainsi que le pavot consacré à Cérès et, sans perdre un moment, de peser sur vos araires, tandis que le permet le sol encore sec, et que les nuées demeurent en suspens.

Au printemps, on sème les fèves ; c’est aussi le moment, herbe de Médie, où t’accueillent les sillons ameublis, et où se place la culture annuelle du millet ; c’est le temps où le Taureau éclatant de lumière ouvre l’année de ses cornes dorées, et où se couche le Chien devant l’astre qui lui fait face.

Mais si c’est uniquement en vue d’une moisson de froment ou de robuste épeautre que tu travailles la terre, si tu ne t’attaches qu’aux seuls épis, laisse les filles d’Atlas se cacher à l’aurore et la constellation de Gnosse se retirer avec son ardente couronne, avant de confier aux sillons le grain qui leur est dû et de donner hâtivement à la terre et malgré elle l’espérance de l’année. Bien des gens se mettent à l’ouvrage avant le coucher de Maia ; mais leur attente est déçue par un rendement de folle avoine.

Virgile, Géorgiques, I, v. 204-226 (traduction H. Goelzer).

 

Recherchez le sens des termes soulignés.

- Arcturi sidera (« la constellation d'Arcture », v. 1) : l'Arcture est l'étoile du Bouvier ; elle se lève au début de septembre.

- Haedorum dies (« l'époque des Chevreaux », v. 2) : les Chevreaux sont deux étoiles dont le lever correspond aux équinoxes.

- lucidus Anguis (« le Serpent étincelant », v. 2) : le Serpent est une constellation qui, dans l'antiquité, était associée aux tempêtes.

- Libra (« la Balance », v. 5) : la Balance correspond à l'équinoxe d'automne.

- Taurus (« le Taureau », avec ses « cornes dorées », auratis cornibus, v. 14-15) : le soleil entrait dans la constellation du Taureau le 17 avril. Une étoile se trouve sur chacune des cornes du Taureau, d'où l'expression cornibus auratis.

- Canis (« le Chien », v. 15) : le Chien se couche à l'époque où le Taureau se lève.

- Eoae Atlantides (« les Atlantides de l'Aurore », v. 18) : les Atlantides (c’est-à-dire les « filles d'Atlas » ; Altas est le titan qui, dans la mythologie, porte le ciel sur ses épaules) sont les Pléiades, groupe de sept étoiles. Leur coucher (début novembre), chez les Anciens, marquait le début des labours et des semailles. L'une d'entre elles se nommait Maïa (cf. v. 22).

- Gnosiae stella ardentis Coronae (« l'étoile de Gnosse à l'ardente couronne », v. 18) : selon la croyance, cette constellation était la couronne d'Ariane, fille de Minos, que Bacchus avait placée dans le ciel.

Quels sont les deux principaux champs lexicaux présents dans le texte ? À quel registre rattachez- vous cet extrait ? Justifiez votre réponse et précisez quel est l’objectif de Virgile.

Le texte contient de nombreux termes appartenant au champ lexical de l’agriculture, et concernant tantôt le sol, tantôt les céréales, tantôt les techniques agricoles (semailles, labour, etc.). Ce champ lexical est mêlé à celui de l’astronomie (nom des constellations ; termes désignant des moments de l’année, par exemple bruma, v. 8) et de la météorologie.

Ce poème appartient au registre didactique, dans la mesure où il apporte des connaissances scientifiques ; mais c’est aussi un texte poétique, lyrique et philosophique : il prend l’aspect d’un hymne à une nature vivante, animée par l’esprit divin ; on perçoit l’idée d’une harmonie universelle qui depuis toujours règne entre les différents éléments, entre le ciel et la terre, entre les hommes et l’univers, entre les hommes et la divinité.

L’objectif du poète est d’enseigner aux hommes à cultiver le sol en accord avec la nature, et notamment avec les astres et les constellations ; l’observation des astres et de la météorologie, la prise en compte des différents climats, permettent en effet de trouver la meilleure période pour labourer, pour semer et pour récolter. Virgile a également voulu célébrer la nature et le travail humain.

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