À lire sur Odysseum
Les oeuvres d’art consacrées à la légendaire Europe et au continent homonyme remplissent depuis des siècles nos musées : les plus grands noms de la peinture et de la sculpture ont représenté, avec toutes les variations possibles, la belle et le taureau aux différents moments de son enlèvement.
Nous voudrions ici nous intéresser aux statues d'Europe et de l'Europe comme figures monumentales publiques de notre époque contemporaine : c’est que le XXè siècle, devenu celui de l’idée d’une Europe politique, puis de sa construction effective, a à la fois réactivé l’intérêt pour la fable mythologique1 et changé son statut : des circonstances, des dates et des lieux spécifiques ont entraîné la commande officielle de sculptures sur ce thème pour une exposition dans l’espace public, comme acte de foi en l’Europe. Ces oeuvres ne sont pas enfermées dans les musées et réservées à leur seul public, mais offertes à tous au détour d’une rue, au centre d’une place ou dans un jardin public, intégrées au décor de la vie quotidienne.
Certes, l’allégorie de l’Europe géographique et culturelle existait depuis longtemps, souveraine triomphante de l’univers, de la chrétienté et des arts, comme on peut la voir dans les sculptures jusqu’au XIXè siècle2. Mais le renouveau symbolique du XXè siècle, avec cette Europe en paix et unifiée rêvée avant les deux guerres mondiales et réalisée à leur suite, entraîne un regain dans la production artistique, principalement dans les pays européens, mais parfois aussi sur d’autres continents. En ce siècle de l’Art nouveau, puis de l’Art contemporain, nous verrons le style de ces « Enlèvements d’Europe » évoluer de l’académisme le plus classique à l’abstraction la plus épurée, dans les lieux publics, devant les bâtiments officiels, dans les parcs ou au bord des rivages des villes et des capitales locales ou européennes. Une cinquantaine de sculpteurs de nationalités diverses, célèbres localement ou internationalement, ont produit une soixantaine d’oeuvres monumentales, de 1900 à nos jours, qui montrent surtout l’Europe mythologique, comme symbole géopolitique, et plus rarement l’Europe continent. Elles se voient principalement dans les états les plus anciens de la nouvelle entité européenne : les Pays-Bas en particulier, ainsi que les états sièges des institutions européennes (Belgique, Luxembourg, France), mais aussi sur d’autres continents (Amérique) et même dans d’autres cultures (Égypte).
Dans une liste chronologique tendant à l’exhaustivité, nous présentons ces sculptures dans leur succession et dans leur relation éventuelle avec la construction européenne, avant de faire une synthèse à différents points de vue, statistique, géographique et artistique.
CHRONOLOGIE DES SCULPTURES MONUMENTALES PUBLIQUES D'EUROPE ET DE L'EUROPE AUX XXe - XXIe siècles.
La liste qui suit indique la date, le pays, la ville (l’adresse), l’artiste (sa nationalité et ses dates), le titre de l’oeuvre et son sujet (mythe et/ou continent), le style, la matière, les dimensions et autres informations (quand elles sont disponibles).
La mise à jour 2021 comporte une description succincte et ajoute en gras neuf nouvelles œuvres : les numéros 9, 16, 17, 28, 42, 43, 55, 59 et 60, ainsi que des liens Internet et quelques illustrations.
1. 1914 ALLEMAGNE : SYLT, Ludwig MANZEL (Allemand, 1858-1936), « Europa » = le mythe. Style figuratif classique, pierre, 1.80 m x 1.80 m : Europe, regardant vers l’avant, est assise en amazone sur le dos du taureau nageant, dont l’arrière-train se finit en queue de poisson.
Voir http://www.europesname.eu/14_Your_Comments2007_2nd_half.htm
2. 1915-1918 SUISSE : BERN (Rosengarten), Karl HÄNNY (Suisse, 1879-1972), « Europa auf dem Stier (Europe sur le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique, pierre : Europe, regardant vers l’arrière, est assise en amazone sur le dos du taureau couché. Pendant d’une statue de Neptune.
Voir https://app.emaze.com/@AOTOTZOWR#7
3. 1922 ALLEMAGNE : DRESDE (Königsheimplatz), Georg WRBA (Allemand, 1872-1939), fontaine « Europa » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : Europe, regardant vers l’avant, avec les bras pliés au-dessus de la tête, est assise jambes tendues sur le dos du taureau en marche. Original disparu pendant la 2ème Guerre mondiale. En 1995 un sculpteur local, Lothar JANUS, a recréé l’oeuvre.
Voir https://second.wiki/wiki/europabrunnen_dresden
4. 1926 SUÈDE : HALMSTAD (Place Stora Torg), Carl MILLES (Suédois, 1875-1955), fontaine « Europa och tjuren (Europe sur le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : Europe avec un voile flottant dans le dos, regardant vers l’avant, est debout sur le dos du taureau qui offre son mufle à sa caresse. Copies à Lidingö au nord de Stockholm (Millesgarden), Bloomfield Hills, Michigan, USA (Cranbrook Academy of Art), Knoxville, Tennessee, USA (Campus de l’Université du Tennessee, McClung Plaza). Modèles réduits dans plusieurs musées.
Voir https://vanderkrogt.net/statues/object.php?webpage=ST&record=se075 et l’article d’A. Jonsson cité dans la bibliographie.
5. 1931 USA : LOS ANGELES (Hollywood, croisement de Sunset Bd et Vine Bd), Paul Howard MANSHIP (Américain, 1885-1966), « Flight of Europe (Le vol d’Europe) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze, 7.5 x 4.5 m, 900 kg : Europe, jambes croisées, est assise à l’envers sur le dos du taureau en plein galop. Installation refaite en 1968. Modèles réduits de différentes tailles dans une vingtaine de musées américains.
Voir https://en.wikipedia.org/wiki/The_Flight_of_Europa
6. 1939 USA : NEW YORK (World's Fair = Exposition internationale), Gleb W. DERUJINSKY (Russe naturalisé Américain, 1888-1975), fontaine « Europa » = le mythe. Style figuratif moderne, plâtre : Europe, regardant vers l’arrière, accroche ses bras autour d’un taureau colossal, en train de nager.
Voir https://www.1939nyworldsfair.com/worlds_fair/wf_tour/statues/europa.htm
7. 1945 FRANCE : SAINT-GAUDENS (Boulevard des Pyrénées), André ABBAL (Français, 1876-1953), « La femme au taureau », ou « La montagne » = le mythe. Style figuratif classique, granit : Europe, cheveux au vent, est nonchalamment couchée, regardant vers l’arrière, sur le dos du taureau.
Voir https://www.cirkwi.com/fr/point-interet/71640-pyrenees-garonne
8. 1948 CANADA : WINNIPEG (Assiniboine Park : Mol Sculpture Garden), Leo MOL (Ukrainien naturalisé Canadien, 1915- 2009), « Europa » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : une Europe juvénile avec sa frange et sa queue de cheval, est assise à l’envers sur la tête du taureau en train de se relever, et touche sa langue de sa main. Legs de l’artiste à la ville.
Voir https://heritagewinnipeg.com/blogs/famous-sculptor-leo-mol-when-art-forms-history/
1950 DÉCLARATION DU 9 MAI PAR ROBERT SCHUMAN
9. 1954 BELGIQUE : BRUXELLES (Galerie Ravenstein), Olivier STREBELLE (Belge, 1927- 2017), fontaine « L’Enlèvement d’Europe » = le mythe. Style figuratif moderne : Europe, levant les bras au ciel, est assise à califourchon sur le taureau. Oeuvre démontée en 2006 (pour restauration ?)
Voir http://users.skynet.be/fa210920/DSCF0657_25_JPG.html
1957 CRÉATION DE LA COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE EUROPÉENNE
10. 1961 PAYS-BAS : HILVERSUM (Laapersweg, Park), Ernst Arnold Frederik Robert van Zanten (Néerlandais, 1933- ), « Europa en de stier (Europe et le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : Europe est couchée sur le dos du taureau en marche. Reçoit le Prix de la Culture de la ville en 1963.
Voir ci-après le lien en cliquant ICI.
11. 1962 ÉGYPTE : ALEXANDRIE (devant la Bibliothèque Alexandrine), Fathi MAHMOUD (Égyptien, 1918- 1982), « Europe et le taureau », statue populairement surnommée « la fiancée de la mer » (Arous el bahr) = le mythe. Style figuratif moderne, marbre blanc, 3.5 x 4 x 20 m : Europe est couchée à l’intérieur du corps creux du taureau, devant quatre immenses pointes dardées vers le ciel.
Voir http://www.europesname.eu/14_Your_Comments2007_2nd_half.htm
12. 1963 PAYS-BAS : DEVENTER (Rijsterborgherpark), Pieter D'HONT (Néerlandais, 1917-1997), « Europa en de stier (Europe et le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : une juvénile Europe est assise avec une jambe repliée sur l’encolure du taureau, campé sur ses pattes, tête baissée.
Voir ci-après https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Europa_en_de_Stier_Pieter_dHont_Rijsterborgherpark_Deventer.JPG
13. 1964 PAYS-BAS : GRONINGEN (Laan Corpus den Hoorn 102) : Pieter D'HONT (Néerlandais, 1917-1997), « Europa en de stier (Europe et le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique. Pas d’image disponible sur Internet.
14. 1965 PAYS-BAS : CUIJK (Den Oeiep Plantsoen), Gerard BRUNING (Néerlandais, 1930-1987), « Europa op de stier (Europe sur le taureau) » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze. Pas d’image disponible sur Internet.
Voir https://nl.wikipedia.org/wiki/Lijst_van_beelden_in_Cuijk
15. 1965 PAYS-BAS : LA HAYE (au croisement de Finnenburg et Hofzichtlaan), Dirk BUS (Néerlandais, 1907-1978), « Europa » = le mythe. Style figuratif classique, bronze, 1.60 m : Europe, un voile sur les épaules et les jambes de part et d’autre du cou du taureau qui s’élance, tourne la tête en arrière, se tenant d’une main à une corne.
Voir https://standbeelden.vanderkrogt.net/object.php?record=ZH15it
16. 1974 ALLEMAGNE : DORTMUND (Markt), Fred HELLWIG (Allemand, 1919-1992), « Europa und der Stier (Europe et le taureau) ». Sculpture murale en métal sur fond de panneaux en béton : Europe, cheveux au vent, chevauche le taureau au galop en direction d’un globe terrestre montrant le continent européen, de l’autre côté duquel un homme brandit un marteau, symbolisant l’industrie sidérurgique de Dortmund alors d’importance mondiale ; un fil métallique rattache les trois éléments de la composition.
Voir https://www.wikiwand.com/de/Fred_G._Hellwig
et https://www.dortmund.de/de/freizeit_und_kultur/museen/kior/alle_kunstwerke/detail_514480.html
17. 1975 HONGRIE : SZENTENDRE, Kerényi JENÖ (Hongrois, 1908- 1975), « Lopjak Europat (L’enlèvement d’Europe) » = le mythe. Style figuratif primitif, pierre, 4.70 x 2.86 x 2.10 m : une Europe à la poitrine généreuse est à plat ventre sur le dos du taureau, campé sur ses pattes ; la tête de côté, la bouche ouverte, elle semble appeler à l’aide.
Voir https://www.kozterkep.hu/1043/lopjak-europat
18. 1975 / 1992, SLOVÉNIE : LJUBLJANA (devant la façade de l’université, Kongresni trg 12), Tone KRALJ (Autrichien naturalisé Slovène, 1920-1975), fontaine « Europe » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : Europe les bras levés semble danser à côté de la tête du taureau cabré sur un pilier reposant sur un globe. Donation de la veuve de l’artiste en 1992 à l’occasion de la reconnaissance par l’Europe de l’indépendance de la république slovène.
Voir https://statues.vanderkrogt.net/object.php?webpage=ST&record=si114
19. 1975, PAYS-BAS : UTRECHT (Rijnlaan), Gerard VAN DER LEEDEN (Néerlandais, 1935- ), « Europa op de stier (Europe sur le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze, 2 x 2.5 m : le taureau en plein élan tourne la tête pour retenir une Europe à la renverse en train de glisser de son dos.
Voir ci-après https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Europa_op_de_Stier_Gerard_van_der_Leeden_Rivierenwijk_Utrecht.jpg
20. 1978 PAYS-BAS : AERDENHOUT-BLOEMENDAAL (face à la Vondelschool), Ernst Arnold Frederik Robert van Zanten (Néerlandais, 1933- ), « Europa en de stier (Europe et le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : Europe est allongée sur le dos du taureau et s’accroche à son encolure.
Voir https://standbeelden.vanderkrogt.net/object.php?record=NH12aj
21. 1979 PAYS-BAS : ’S-HERTOGENBOSCH (Parade), Marius VAN BEEK (Néerlandais, 1921-2003), « Europa laat zich niet ontvoeren (Europe ne se laisse pas enlever) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze, 1.60 x 1.80 x 1 m : Europe debout, dressée sur la pointe des pieds, s’apprête à planter deux banderilles dans le dos d’un taureau de corrida en train de ruer et dont l’arrière-train est anthropomorphique, montrant la métamorphose de Zeus en cours. Cadeau à la ville du « Casino » (théâtre) à l’occasion des 150 ans de ce dernier.
Voir https://standbeelden.vanderkrogt.net/object.php?record=NB32ay
22. 1981 PAYS-BAS : ALMELO (De Hoven), Hans VENEMAN (Néerlandais, 1939-1991), « De Ontvoering van Europa (L’enlèvement d’Europe) » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze : Europe, avec des ailes en guise de bras (symbole de sa fragilité ou de son futur envol politique ?), est couchée à la renverse sur le dos du taureau.
Voir https://standbeelden.vanderkrogt.net/object.php?record=OV01ak
23. 1984-1986 PAYS-BAS : VELSEN (Noord-Holland, Beeckestein Castle) ; déplacé en 1986 à HAARLEM (Europaweg), Lucien DEN AREND (Néerlandais, 1943- ), « Europa ». Art géométrique abstrait, 15 m de long x 2.40 m de large, en tubes d'acier de 14 cm de diamètre : Europe, avec des ailes en guise de voile, comme symbole de sa fragilité, est couchée à la renverse sur le dos du taureau campé sur ses pattes. Commande de la ville de Haarlem pour l’Europaweg.
Voir https://www.denarend.com/sculpture/1985-90/europa_02.htm
1986 ENTRÉE DE L’ESPAGNE DANS LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE
24. 1986 ESPAGNE : NERJA (rond-point à l’entrée de la ville), Aurelio TENO (Espagnol, 1927-2013), « Rapto de Europa (L’enlèvement d’Europe) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : surgissant d’une masse de pierres, le taureau porte une Europe aux jambes tendues sur le côté et dont le voile s’envole en forme d’ailes.
Voir http://www.nerjatoday.com/magazine/issues/aurelio-teno/
25. 1989 ESPAGNE : VIGO (Avenide Samil), Juan José OLIVEIRA VIEITEZ (Espagnol, 1928-2002), fontaine « O rapto de Europa », ou « Monumento a Europa » = le mythe et l’Union européenne. Style figuratif moderne, bronze, 7 m, 1.5 tonne : Europe chevauche un taureau presque réduit à sa tête, en brandissant un étendard orné des douze étoiles de l’Union européenne.
Voir https://www.monnuage.fr/point-d-interet/monument-a-europe-a53640
26. 1990 ALLEMAGNE : PASSAU (Europaplatz, Bahnhofstraße), Renate (KÖNIG) SCHALINSKI (Allemande, 1942-2011), « Europa » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 2,24 x 1,71 m : une Europe aux bras levés (en signe de victoire ?) chevauche un taureau minimal encore plus stylisé qu’elle ; pieds et pattes posent à terre. Commande de la ville.
Voir https://vanderkrogt.net/statues/object.php?webpage=ST&record=deby153
27. 1990 ALLEMAGNE : QUAKENBRÜCK (Markt), Franz GUTMANN (Allemand, 1928- ), fontaine « Europa » = le mythe. Style figuratif primitif, granite gris : une Europe réduite à sa tête et son torse appuie son dos sur la nuque du taureau réduit à sa tête sortant de l’eau.
Voir https://vanderkrogt.net/statues/object.php?webpage=ST&record=dens118
28. 1991 FRANCE : STRASBOURG (Place du Parlement européen, depuis 1994), Ludmilla TCHERINA (Française, 1924-2004, « L’Europe à cœur » = le continent. Style figuratif moderne, bronze, 12 m : dans un groupe globalement ovoïde, ou elliptique, Europe enlace un enfant, leurs jambes sont entrecroisées en forme de cœur. Commande de la Communauté européenne pour symboliser l’Europe unie. Copie en résine blanche devant le pavillon européen de l’Exposition universelle de Séville en 1992. Modèle réduit sur la tombe de l’artiste au cimetière du Père Lachaise à Montmartre.
Voir ci-après https://pxhere.com/fr/photo/557351 (Strasbourg)
et https://www.wikiwand.com/en/Ludmilla_Tchérina (la tombe)
29. 1992 ESPAGNE : MADRID (aéroport de Barajas, devant le Terminal 1), Fernando BOTERO (Colombien, 1932- ), « El Rapto de Europa » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 3.10 x 2.07 x 1.82 m : dans le style caractéristique de l’artiste, Europe, une main dans les cheveux et regardant en arrière, est assise de côté sur le taureau immobile. Autre exemplaire en Colombie à Medellin, depuis 2002 (numéro 48). L’artiste a également peint un Enlèvement d’Europe.
Voir https://es.wikipedia.org/wiki/El_rapto_de_Europa_(Botero)
30. 1992 PAYS-BAS : BILTHOVEN (Wagnerlaan, EFBQ = European Foundation for Business Qualification), Pieter D'HONT (Néerlandais, 1917-1997), « Europa en de stier (Europe et le taureau) » = le mythe. Style figuratif classique. Pas d’image disponible sur Internet.
Voir https://standbeelden.vanderkrogt.net/object.php?record=UT07af
1993 L'UNION EUROPÉENNE NAÎT DU TRAITÉ DE MAASTRICHT ; DÉCISION DE CRÉER UNE MONNAIE UNIQUE : L’EURO
31. 1993 LUXEMBOURG : LUXEMBOURG (Espace Léopold, à côté du bâtiment Paul-Henri Spaak), May CLAERHOUT (Belge, 1939-2016), « Europe » = le continent et la création de l’euro. Style figuratif classique, bronze : une femme contemporaine debout sur des bras d’hommes représentant la population européenne, brandit le symbole de l’euro, la lettre grecque epsilon qui est l’initiale du nom « Europe ». Statue offerte au Parlement par la présidence belge de l'Union.
Voir https://en.wikipedia.org/wiki/Espace_Léopold
32. 1993 PAYS-BAS : HEERLEN (In de Cramer 8), Wim STEINS (Néerlandais, 1953- ), « Tanz der Europa (Danse d’Europe) » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : une forme humaine enveloppée dans du tissu repose sur le dos d’un taureau au corps compressé. Réalisé pour les 50 ans de la société de nettoyage HAGO à Heerlen.
33. 1994 FRANCE : CALAIS-COQUELLE (entrée du Tunnel sous la Manche, dit Eurotunnel), Ludmilla TCHERINA (Française, 1924-2004), « Europa operanda (L’Europe à construire) » = le continent. Style figuratif moderne, bronze, 4 m : dans un groupe globalement ovoïde, ou elliptique, une Europe assise encerclée de trois anneaux tient un oeuf doré sur ses genoux. Version plus petite à Paris (Gare du Nord), voir l’article cité dans la bibliographie.
Voir https://ns3103723.ip-145-239-9.eu/pawtucket/index.php/Detail/objects/1136 (Calais) et https://www.trekearth.com/gallery/Europe/France/North/Ile-de-France/Paris/photo833591.htm (Paris)
34. 1995 FRANCE : MANTES LA VILLE, dans les Yvelines, Marc TOURET (Français, 1944- ), « Enlèvement d’Europe » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze : outre Europe, le taureau transporte sur son dos deux musiciens symbolisant les villes jumelées : la sculpture a été érigée pour le 25ème anniversaire du jumelage avec Neunkirchen (Allemagne, Sarre).
Voir http://www.marctouret.net/marctouret.net/EUROPE_1.html
35. 1995 FRANCE : URY, en Seine et Marne, Claude LALANNE (Française, 1925-2019), « L’enlèvement d’Europe » =le mythe. Style figuratif moderne, bronze : allongée de dos sur le taureau, Europe s’appuie nonchalamment sur une corne de l’animal à la tête dressée vers elle.
Voir https://diattaart.files.wordpress.com/2013/03/claude4.jpg
1997 40ÈME ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE L'EUROPE POLITIQUE
36. 1997 BELGIQUE : BRUXELLES (devant le Conseil de l'Europe, bâtiment Justus Lipsius), Léon DE PAS (Belge, 1926- ), « L’enlèvement d’Europe par Jupiter » = le mythe. Style figuratif moderne, métaux : tubes de cuivre, tiges d'acier, plaques de bronze. 3, 5m d’envergure, 500 kg : Europe, appuyée d’un genou sur le dos de l’animal, s’accroche aux cornes du taureau en pleine course. Sculpture érigée pour le 40ème anniversaire de la naissance de l'Europe.
Voir https://visit.brussels/fr/sites/europedirect/article/les-oeuvres-du-quartier-europeen
37. 1998 PAYS-BAS : DE BILT (Rotonde Hesenweg / Looydijk), Jits BAKKER (Néerlandais, 1937- 2014), « Europa en de Stier » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze : une toute petite Europe est lovée sur le dos d’un taureau colossal qui semble prêt à ruer.
38. 2000 BELGIQUE : BRUXELLES, projet pour Moscou (numéro 50) exposé dans les jardins du Musée van Buuren), Olivier STREBELLE (Belge, 1927- 2017), fontaine « L’enlèvement d’Europe » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 97 x 158 x 86 cm : seule une tête massive de taureau émerge de l’eau ; l’ondulation de ses cornes évoque les courbes d’un corps féminin. Un modèle réduit dans le jardin de l’artiste ?
39. 2000 PAYS-BAS : LA HAYE (Kijkduin), Eric CLAUS (Néerlandais, 1936- ), « Europa en de Stier » = le mythe. Déplacé en 2008 à Buurmalsen (Lingedijk). Style figuratif moderne, bronze : une Europe cheveux au vent, allongée sur la tranche, se tient à une corne du taureau qui fend les flots, soutenu par un pilier. Œuvre identique à celle de Soest, numéro 41. Modèle réduit à GROENLO (Oost Gelre, Mattelierstraat). Du même artiste, un bronze d’Europe et le taureau dans les jardins du château-hôtel de Havixhorst à MEPPEL, et de nombreux petits formats sur ce thème.
Voir ci-après https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Europa_en_de_Stier_Eric_Claus_Lingedijk_Buurmaslen.JPG
40. 2000 PAYS-BAS : SOEST (Stennhoffstraat), Eric CLAUS (Néerlandais, 1936- ), « Europa en de Stier » = le mythe. Œuvre identique à celle de Buurmalsen, numéro 40.
Voir https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Soest_kunstwerk_europa_en_de_stier.jpg
41. 2000 ALLEMAGNE : BREISACH AM RHEIN = Vieux-Brisach (Münsterplatz), Helmut LUTZ (Allemand, 1941- ), « Europa greift nach den Sternen (Europe cherche à atteindre les étoiles) » = le mythe et l’Union européenne. Style figuratif moderne, bronze : un taureau placide aux grandes cornes minoennes sort à mi-corps du pavement de la rue, portant debout sur son dos une Europe avec, à la place du ventre, un triangle dont un côté se prolonge en une ligne faisant office de bras gauche et surmontée d’une étoile – une de celles de l’Union européenne.
42. 2000 ALLEMAGNE : SULINGEN (Schmelingstraße), Robert ENDERS (Allemand (1928-2003), « Europa und die neun Musen (Europe et les neuf Muses) » = le mythe et le continent. Style figuratif moderne, bronze : au haut d’un pilier entouré par un bas-relief montrant les neuf muses, un globe doré supporte un taureau cabré sur le dos duquel une Europe décontractée est assise en travers, une jambe croisée sur l’autre et une main dans les cheveux.
Voir https://vanderkrogt.net/statues/object.php?webpage=ST&record=dens456
43. 2001 PAYS-BAS : SNEEK dans le Súdwest Fryslân (à l’intersection des rues de Daam, de Weide et de Pôle, district Wijk Pasveer), Barbara HOYNG (Néerlandaise, 1937- ), « Knielende stier / Europa en de stier (Taureau s’agenouillant / Europe sur le taureau) » = le mythe. Art abstrait, bronze et pierre (granit ?), 1.30 x 1.80 x 0.80 m : œuvre en deux parties qui comporte, sur un socle de métal, trois tranches d’une pierre juste dégrossie dont l’allure générale peut évoquer un taureau couché, et, un peu plus loin, un œuf doré sur un poteau, en bordure d’un canal.
Voir https://standbeelden.vanderkrogt.net/object.php?record=FR25ab
44. 2001 PAYS-BAS : KOLDERWOLDE, Evert VAN HEMERT (Néerlandais, 1954- ), « Zeus zittend op Europa (Zeus assis sur Europe) » = le mythe. Style figuratif moderne, métal : perché sur une grande colonne, le groupe en fil de fer montre un taureau et une femme tout en rondeurs, avec leurs sexes bien visibles ; la tête d’Europe est surmontée d’un oiseau de type canard. Une des onze sculptures de l’artiste exposée en ce lieu. Il a également peint l’enlèvement d’Europe.
Voir https://standbeelden.vanderkrogt.net/object.php?record=FR09af
45. 2001 PAYS-BAS : ROTTERDAM (quartier Kop van Zuid), Willem A. VERBON (Néerlandais, 1921-2003), « ... » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : l’œuvre en deux parties montées sur des socles, montre un taureau dans les vagues entouré de mouettes regardant une Europe pensive encore sur le rivage, assise parmi des fleurs. Exposition temporaire dans la « Capitale culturelle de l'Europe 2001 ».
Voir http://www.europesname.eu/06_Your_comments2003.htm
46. 2001 (ou 2004) RUSSIE : KRASNOÏARSK en Sibérie (Place du Pont), Alexander TKACHUK, (Russe, 19...-…. ), fontaine « Enlèvement d'Europe » = le mythe. Style figuratif classique, bronze : une Europe à grandes couettes est assise sur la tête d’un puissant taureau.
2002 CINQUANTENAIRE DE LA SIGNATURE DU TRAITÉ DE PARIS INSTITUANT LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE DE DÉFENSE
47. 2002 COLOMBIE : MEDELLIN (Plaza Botero, devant le musée Antioquia), Fernando BOTERO (Colombien, 1932- ), « El rapto de Europa (L’enlèvement d’Europe) » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 3.10 x 2.07 x 1.82 m = numéro 30. Œuvre présentée avec 22 autres statues monumentales de l’artiste. Un autre exemplaire, daté de 1992, se trouve à l’aéroport Barajas de Madrid (Terminal 1), numéro 30. Une autre version avec Europe couchée, et non plus assise, sur le taureau, datée de 2007, a été présentée à New York en 2010 (2.89 x 3 x 1.57 m) : voir http://www.nyartbeat.com/event/2010/2498. Botero a également peint un enlèvement d’Europe.
Voir ci-après https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Botero-El_Rapto_de_Europa_(Barajas,_Madrid)2.jpg
48. 2002 RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : FRÝDEK-MISTEK (place de l’Europe), Ladislav DRYÁK (Tchèque, 1930- ), « Europa » = le mythe. Style figuratif classique, matériau non identifié, 6 x 4 m : un taureau à l’encolure disproportionnée comme la bosse d’un bison, a la tête baissée, tandis qu’Europe, accolée à son flanc, tête et torse contre l’encolure, jambes à l’horizontale, regarde vers l’arrière la colombe posée sur son bras tendu ; le pavement de la place comporte des pierres avec les noms des États membres de l'Union européenne. En 2002, suite à des dégradations, l’artiste a emporté son œuvre en Allemagne avec le projet d’en fondre une version de bronze3. Il a également peint un enlèvement d’Europe.
Voir https://www.frydekmistek.cz/cz/o-meste/0678040-socha-evropy-byla-vracena-svemu-tvurci.html
49. 2002 RUSSIE : MOSCOU (Place de l’Europe, en face de la gare ferroviaire de Kiev), Olivier STREBELLE (Belge, 1927- 2017), fontaine = le mythe. Art abstrait, 15 m de long, 13 m de haut, 16 tonnes : de longs tubes métalliques courbes s’entrecroisant avec d’autres plus rectilignes, évoquent les cornes d’une tête taurine sortant de l’eau ; derrière la fontaine, un cercle de mâts porte-drapeaux. Oeuvre moins figurative que le projet présenté à Bruxelles en 2000 (numéro 39). Cadeau à la ville de Moscou de la Région de Bruxelles-Capitale.
50. 2003 FRANCE : NICE (Technopole Sophia-Antipolis, Place Sophie-Laffite), Charles CERMOLACCE (Français, 1968- ), « L'enlèvement d'Europe » = le mythe. Style figuratif moderne, pierre calcaire, 1.20 x 1.40 m : sur un bloc de pierre brute se détachent en bas-relief un taureau aux longues cornes et une Europe en robe courte et cheveux longs qui semble nager contre son flanc.
Voir http://cermolacce.free.fr/spip.php?article6&lang=fr
51. 2004 BELGIQUE : LOUVAIN (Martelarenplein, Place de la Gare). Rik POOT (Belge, 1924-2006), « De ontvoering van Europa (L’enlèvement d’Europe) » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze : Europe, allongée en amazone sur le dos du taureau, se tient à une corne de la bête cabrée qui tourne la tête vers elle. Modèle réduit au Rijksmuseum d’Amsterdam.
Voir ci-après https://nl.wikipedia.org/wiki/Bestand:De_Ontvoering_van_Europa_door_Rik_Poot_-_Leuven.jpg
2005 LA FRANCE ET LES PAYS-BAS REFUSENT PAR RÉFÉRENDUM DE RATIFIER LE TRAITÉ DE ROME DE 2004 ÉTABLISSANT UNE CONSTITUTION POUR L'EUROPE
52. 2005 URUGUAY : PUNTA DEL ESTE (Playa de los Ingleses, La Brava), Oscar ALVARINO (Espagnol, 1962- ), « El Rapto de Europa » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 2 m : un taureau à l’anatomie réaliste marche le long de la plage, portant sur son dos une Europe abandonnée, allongée en tête à queue : elle regarde vers la mer, et le taureau vers la terre. Don à la ville des architectes créateurs de l´immeuble Calypso.
Voir https://viajerosenviaje.wordpress.com/2016/06/26/esculturas-en-la-playa-brava/
53. 2005 ESPAGNE : TORREMOLINOS (Plaza de la Union Europea), oeuvre d’une entreprise chinoise, « El Rapto de Europa » = le mythe et l’Union européenne. Style figuratif classique, marbre rose (Europe) et blanc (taureau), 16 tonnes : un taureau blanc en marche porte à califourchon une Europe vêtue d’une tunique flottante, regardant la couronne de douze étoiles qu’elle tient à bout de bras ; autour de la place, dallée de bleu, des sièges en céramique bleue et les drapeaux des pays de l’Union européenne.
Voir ci-après https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rape_of_Europa_monument_(01).JPG
54. 2005 ESPAGNE : MALAGA (Rincon de la Victoria, Jardins du Fort de Bezmiliana, José SEGUIRI (Espagnol, 1954-), « El rapto d’Europa (l’enlèvement d’Europe) » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 3m, 2600 kg : une Europe géante toute en rondeurs à la Botero, est assise en amazone sur la croupe d’un petit taureau marchant sur les flots ; elle lève un bras au ciel et tient les cornes de l’autre.
Voir https://www.enriquecastanos.com/seguiri_rapto.htm
55. 2005 FRANCE : STRASBOURG (Place du Parlement européen), Nikos SOTIRIADIS (1959-2015) et Pantélis SOTIRIADIS (Grecs), « L’enlèvement d’Europe » = le mythe. Style figuratif moderne, 6 tonnes d’acier, de bronze et de verre, 4 x, 1.53 x 3.6 m : le taureau d’acier blanc à l’arrière-train de verre entre bleu et vert, pour évoquer la mer, porte une Europe de bronze à califourchon à l’envers ; cheveux au vent, elle tend les bras dans la ligne du corps de l’animal qui retourne sa tête vers elle. Don au Parlement européen de la municipalité d’Agios Nikolaos dans cette Crète où le taureau de la légende a conduit Europe.
Voir https://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=67482_48
56. 2008 FINLANDE : TURKU (Tervatori park), Jits BAKKER (Néerlandais, 1937-2014), « Europe » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze : dans un ensemble de forme losangée, Europe s’agrippe à l’encolure du taureau qui tient la tête baissée. Don de l’artiste à la ville.
Voir https://www.turku.fi/en/culture-and-sports/museum/collections/outdoor-sculptures/jits-bakker-europe
57. 2009 BELGIQUE : GAMMERAGES (Vollezele, colline du Zwartberg), Koenraad TINEL (Belge, 1934- ), « Monument aan Europa (monument à l’Europe)”= le mythe. Style figuratif moderne, tôle d’acier, 8 x 9 m : soutenu par une barre sur des poteaux, un taureau massif nageant avec les pattes à l’horizontale porte sur le dos une petite Europe sans bras ni jambes. Il en existe un modèle réduit en pierre. L’artiste est aussi l’auteur de dessins à l’encre sur Europe.
58. 2012 GRÈCE : AGHIOS NIKOLAOS, Crète : Nikos SOTIRIADIS (1959-2015) et Pantélis SOTIRIADIS (Grecs), sur le projet du cinéaste et sculpteur Nikos KOUNDOUROS (Grec, 1926-2017), « L 'enlèvement d'Europe » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 4 x 4 m : le taureau campé sur ses pattes tourne sa tête vers une Europe assise les jambes de côté et qui tient à bout de bras un globe et une colombe. Un film mi documentaire – mi fiction a été réalisé sur cette œuvre.
Voir https://app.emaze.com/@AOTOTZOWR#2
59. 2019 FRANCE : FONTAINEBLEAU (place de la République), Michaël JASTRAM (Allemand, 1953- ), « L’Europe et le taureau » = le mythe. Style figuratif moderne, bronze, 1 x 2.3 x 3 m, 600 kg : une maigre Europe au vêtement contemporain et coiffée en chignon, est assise au coin d’une massive figure hybride de forme carrée, chariot à l’arrière, taureau à l’avant. Le modèle de plâtre se trouve dans la collection d'art contemporain du Parlement allemand à Berlin.
SYNTHÈSE
Les continents, les pays et les villes
Du point de vue géographique, 12 des 27 pays de l’Union européenne possèdent une ou des sculptures publiques de l’enlèvement d’Europe (60 au total), installées tantôt avant d’entrer dans cette Union, tantôt pour commémorer cette entrée. Elles peuvent aussi marquer un anniversaire européen, ou décorer un bâtiment officiel de l’Union européenne. Ce sont
- l’Allemagne (7 : 1914, 1922, 1974, 1990 x 2, 2000 x 2),
- la Belgique (5 : 1954, 1997, 2000, 2004, 2009),
- l’Espagne (5 : 1986, 1989, 1992, 2005 x 2),
- la Finlande (1 : 2008),
- la France (8 : 1945, 1991, 1994, 1995 x 2, 2003, 2005, 2019),
- la Grèce (1 :2012),
- la Hongrie (1 : 1975),
- le Luxembourg (1 :1993),
- les Pays-Bas (19, le record : 1961, 1963, 1964, 1965 x 2, 1967, 1975, 1978, 1979, 1981, 1984, 1992, 1993, 1998, 2000 x 2, 2001 x 3),
- la République tchèque (1 : 2002),
- la Slovénie (1 : 1975),
- la Suède (1 x 2 : 1926).
L’Europe du Nord est donc représentée par cinq pays (Belgique, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas, Suède), mais elle concentre près de la moitié de toutes les oeuvres (28) ; L’Europe de l’Est est, elle, représentée par trois pays : Hongrie, République tchèque, Slovénie, avec pour le premier et pour le troisième des oeuvres qui datent d’avant leur intégration à l’Union. Les œuvres des artistes se trouvent en principe dans leur propre pays. Les exceptions sont celles du Colombien Botero à Madrid (1992), de l’Espagnol Alvarino en Uruguay (2005), du Néerlandais Bakker en Finlande où il s’est installé (2005), de l’Allemand Jastram en France (2019). Dans le cas des Belges Claerhout à Luxembourg (1993) et Strebelle à Moscou (2002), il s’agit de présents d’un pays à l’autre ; de même pour les Grecs Sotiriadis à Strasbourg (2005).
Sous réserve d’omissions de notre part, il manque donc l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, le Danemark, l’Estonie, l’Irlande, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Slovaquie.
Sur le continent européen, la Suisse possède aussi une statue d’Europe, dès le début du XXe s. (Hänny, 1915).
C’est donc, comme attendu, sur le vieux continent qu’il y a le plus de sculptures d’Europe ; pour les autres, on les trouve surtout dans le Nouveau monde, réparties entre Amérique du Nord, au Canada (Winnipeg, 1948) et aux USA (Los Angeles, 1931 ; New York, 1939), Amérique du Sud : Colombie (Medellin, 2002) et Uruguay (Punta del Este, 2005), et Russie (Krasnoyarsk, 2001 ; Moscou, 2002), ainsi qu’en Égypte (Alexandrie, 1962).
Soit 15 pays au total de par le monde entier.
Du point de vue chronologique, 6 de ces sculptures datent d’entre la 1e et la 2e guerre mondiale (1914, 1915-1918, 1922, 1926, 1931, 1939). 25 autres sont réalisées après la 2e guerre mondiale et la création de la Communauté économique européenne : la CEE (1945, 1948, 1954, 1961, 1962, 1963, 1964, 1965 x 2, 1967, 1974, 1975 x 3, 1978, 1979, 1981, 1984, 1986, 1989, 1990 x 2, 1991, 1992 x 2). À partir de la création de l’Union européenne en 1993, on en compte 8 nouvelles avant la fin du siècle (1993 x 2, 1994, 1995 x 2, 1997, 1998). Pour le XXIe s. qui commence, elles sont déjà au nombre de 23 (2000 x 5, 2001 x 4, 2002 x 3, 2003, 2004, 2005 x 4, 2007, 2008, 2009, 2012, 2019). Soit une soixante d’oeuvres, dont la moitié depuis 1993. Le mythe ne s’épuise pas.
Des commandes sont passées par les institutions de la Communauté ou de l’Union européenne pour décorer leurs bâtiments officiels : le Parlement de Strasbourg (Tcherina, 1991), le Conseil de Bruxelles (De Pas, 1997).
Si une des plus récentes sculptures s’élève depuis peu au berceau même de la naissance du mythe grec, en Crète (œuvre des Sotiriadis et de Koundouros à Aghios Nikolaos en 2012), certaines sculptures célèbrent expressément une date de la construction européenne : la sculpture de A. Teno à Nerja en 1986 pour l’entrée de l’Espagne dans la Communauté ; celle de M. Claerhout à Luxembourg en 1993 pour le Traité de Maastricht et l’acte de naissance de l’euro, dont son Europe brandit le symbole (elle a été offerte par la présidence belge de l’Union) ; celle de De Pas à Bruxelles en 1997 commémore le 40e anniversaire de la naissance des premières institutions européennes ; enfin celle de L. Dryák à Frýdek-Mistek en République tchèque pour le cinquantenaire du Traité de Paris instituant la Communauté européenne de défense (CEE) en 2002, avec la colombe de la paix et son rameau d’olivier posée sur la main d’Europe.
D’autres oeuvres sont en rapport avec des manifestations européennes ou des événements politiques. Le groupe de W. A. Verbon a été exposé à Rotterdam l’année où la ville était « Capitale culturelle de l'Europe », en 2001. L’énorme « Monument à (l’)Europe » de K. Tinel (2009) est à mettre en relation avec la rédaction d’une Constitution européenne versifiée par un collectif de poètes belges, qui a également fait composer un hymne européen alternatif à l’hymne officiel, suite à l’échec de la ratification du Traité de Rome en 2005.
Les sculptures peuvent aussi célébrer l’amitié entre les peuples de l’Europe et au-delà. En 1995, une oeuvre de M. Touret marque le 25e anniversaire du jumelage entre Mantes, dans les Yvelines, et la ville allemande de Neunkirchen. Quant à la colossale sculpture moderne d‘O. Strebelle (2002), c’est un cadeau à la ville de Moscou de la Région de Bruxelles-Capitale ; la plaque commémorative indique : « En signe du renforcement de l’amitié et de l’unité entre les pays de l’Europe, le gouvernement de Moscou a décidé de créer dans la capitale de Russie l’ensemble de la place de l’Europe » ; la fontaine est entourée des 48 drapeaux des pays de l’Europe géographique.
Les commandes se font aussi à l’échelle locale : Haarlem (Den Arend, 1986), Passau (Schalinski, 1990).
Les sculptures d’Europe et de son taureau se répartissent dans différents types de villes. Ce peut être simplement les villes de naissance ou de résidence de l’artiste : Saint-Gaudens pour Abbal (1945), Ury pour Lalanne (1995), Winnipeg pour Mol (1948), Mantes pour Touret (1995), Medellin pour Botero (2002), Oordenwei pour Van Hemert (2001)... Ce peut être aussi les capitales des états : Bruxelles (Strebelle, 2000), La Haye (Bus, 1965), Ljubljana (Kralj, 1975), Moscou (Strebelle, 2002), Stockholm (Milles, 1926), ou bien les sièges d’institutions européennes : Bruxelles (De Pas, 1997), Luxembourg (Claerhout, 1993), Strasbourg (Tcherina, 1991, et Sotiriadis, 2005), ou encore des capitales européennes temporaires : Rotterdam capitale culturelle de l’Europe en 2001 (Verbon). Fontainebleau a accueilli l'OTAN et une Délégation allemande (Jastram, 2019). Il y a aussi les villes qui ornent d’une statue d’Europe leur rue ou route « de l’Europe », leur « place de l’Europe » : l’Europaweg de Haarlem (Den Arend, 1984-1986), la place Europe de Moscou (Strebelle, 2002), l’Europaplatz de Passau (Schalinski, 1990), la place de l’Union européenne de Torremolinos (20054). Des lieux de passage et de voyage accueillent aussi naturellement une statue d’Europe : l’aéroport Barajas à Madrid (Botero, 1992) ; la Gare du Nord à Paris et la ville-frontière de Calais-Coquelles, entre terre et mer, entre l’Europe continentale et la France d’un côté, et l’Europe insulaire et la Grande-Bretagne de l’autre côté, avec la sculpture pour le Tunnel sous la Manche de L. Tcherina (1994) ; la Place de l’Europe à Moscou, devant la gare pour Kiev (Strebelle, 2002) ; enfin la Place de la gare à Louvain (Poot, 2004).
Elles s’implantent de manières diverses dans le cadre urbain : rues, places, parcs, bords de mer (avec dans ce cas une pertinence particulière entre le sujet et l’environnement). On les trouve également devant des bâtiments officiels : institutions européennes, mais aussi établissements universitaires (Knoxville et Bloomfield Hills : Milles, après 1926 ; Ljubljana : Kralj, 1975).
Les artistes et leurs oeuvres
Les 50 artistes que nous avons recensés, parfois auteurs de plusieurs copies ou plusieurs versions de leur statue d’Europe (60 au total), sont par ordre alphabétique :
1. ABBAL André, FR
2. ALVARINO Oscar, ES
3. BAKKER Jits (2), NL
4. BOTERO Fernando (1 x 2), CO
5. BRUNING Gerard, NL
6. BUS Dirk, NL
7. CERMOLACCE Charles, FR
8. CLAERHOUT May, BE
9. CLAUS Eric (2), NL
10. DEN AREND Lucien, NL
11. DE PAS Léon, BE
12. DERUJINSKI Gleb, US
13. D’HONT Pieter (3), NL
14. DRYÁK Ladislav, CZ
15. ENDERS Robert, DE
16. GUTMANN Franz, DE
17. HÄNNY Karl, CH
18. HELLWIG Fred, DE
19. HOYNG Barbara, NL
20. JASTRAM Mickael, DE
21. JENÖ Kerényi, HU
22. KOUNDOUROS Nikos, GR
23. KRALJ Tone, SI
24. LALANNE Claude, FR
25. LUTZ Helmut, DE
26. MAHMOUD Fathi, EG
27. MANSHIP Paul H., US
28. MANZEL Ludwig, DE
29. MILLES Carl (1 x 4), SE
30. MOL Leo, CA
31. OLIVEIRA Juan, ES
32. POOT Rik, NL
33. SCHALINSKI Renate, DE
34. SEGUIRI Jose, ES
35. SOTIRIADIS Nikos & Pantélis, GR
36. STEINS Wim, NL
37. STREBELLE Olivier (3), BE
38. TCHERINA Ludmilla (2), FR
39. TENO Aurelio, ES
40. TINEL Koenraad, BE
41. TOURET Marc, FR
42. TKACHUK Alexander, RU
43. VAN BEEK Marius, NL
44. VAN DER LEEDEN Gerard, NL
45. VAN HEMERT Evert, NL
46. VAN ZANTEN Ernst Arnold Frederik Robert, NL
47. VENEMAN Hans, NL
48. VERBON Wìlhem, NL
49. WRBA Georg, DE
Les nationalités représentées pour les artistes sont au nombre de 16, dont 10 européennes : allemande (8), américaine (2), belge (4), canadienne (1), colombienne (1), égyptienne (1), espagnole (4), française (5), grecque (2), néerlandaise (16), hongroise (1), russe (1), slovène (1), suédoise (1), suisse (1) et tchèque (1).
7 de nos artistes sont nés avant 1900 (Abbal, Hänny, Manship, Manzel, Milles, Verbon, Wrba), 35 sont nés entre 1900 et 1950 (Bakker, Botero, Bruning, Bus, Claerhout, Claus, Den Arend, De Pas, Derujinski, D’Hont, Dryák, Enders, Gutman, Hellwig, Hoyng, Jenö, Koundouros, Kralj, Lalanne, Lutz, Mahmoud, Mol, Oliveira, Poot, Schalinski, Strebelle, Tcherina, Teno, Tinel, Touret, Van Beek, Van der Leeden, Van Zanten, Veneman), 8 après 1950 (Alvarino, Cermolacce, Jastram, Seguiri, N. et P. Sotiriadis, Steins, Tkachuk, Van Hemert).
5 femmes parmi ces sculpteurs : les Allemandes B. Hoyng et R. Schalinski, la Belge M. Claerhout et les Françaises C. Lalanne et L. Tcherina.
Ces artistes ont eu pour certains des formations classiques : de l’élève des Beaux-Arts au Prix de Rome (O. Strebelle par ex.), d’autres sont autodidactes. Les uns sont des célébrités locales, d’autres des gloires nationales ou internationales (Botero).
La plupart ont choisi de représenter la princesse et le taureau du mythe plutôt que le continent Europe (comme l’a fait à deux reprises L. Tcherina, en 1991 et 1994) : le point commun est la figure féminine, mais ils lui joignent parfois des symboles politiques pour expliciter le sens allégorique de leur œuvre : par exemple le drapeau troué des douze étoiles européennes (Oliveira, 1989), la colombe de la paix (Dryák, 2002), ou les étoiles, la couleur bleue, des drapeaux (Torremolinos, 2005), le logo de l’euro (Claerhout, 1993). Si la sculpture est sur une place nommée « de l’Europe » ou « de l’Union européenne », la valeur symbolique est également manifeste.
Le titre le plus souvent retenu est le conventionnel « Enlèvement d’Europe » ; on trouve aussi des titres qui suppriment la connotation négative du rapt : « Europe et/ sur le taureau », « Europe et Jupiter ». Se singularisent : « Le vol d’Europe » (Manship, 1931), « La danse d’Europe » (Steins, 1993), et surtout « Europe ne se laisse pas enlever » (Van Beek, 1979). Notons l’humour du titre inversé « Zeus assis sur Europe » de Van Hemert (2001), pour une représentation par ailleurs traditionnelle. Seul Abbal omet le nom d’Europe, pour « La femme et la taureau »5 (1945).
Pour le moment de la légende représenté, le choix se fait traditionnellement entre la rencontre sur la plage et l’enlèvement lui-même, soit sur terre, soit en mer, ce dernier cas correspondant souvent à l’installation du groupe dans une fontaine (Derujinsky, 1939 : Kralj, 1975 ; Milles, 1926 ; Oliveira et Vigo, 1989 ; Gutmann, 1990 ; Strebelle, 1954, 2000 et 2002 ; Tkachuk, 2001 ; Wrba, 1922).
Comme dans les autres arts, spécialement la peinture6, le taureau peut être noir ou blanc, ici selon le matériau employé (principalement bronze ou marbre) ; en fonction du moment choisi, il est à l’arrêt ou en mouvement, couché, marchant ou nageant, bondissant, renversé, ruant. Il a un air tantôt débonnaire, tantôt farouche, avec des cornes plus ou moins imposantes, la tête, haute ou basse, dirigée vers l’avant ou tournée vers Europe. Sa queue est parfois une queue de poisson (Manzel 1914). L’anatomie et les proportions sont réalistes ou exagérées, parfois déséquilibrées, pour montrer la puissance de son poitrail par exemple. Seul Van Beek (1979) montre la métamorphose de Zeus en taureau.
Quant à Europe, elle est jeune ou mûre, plantureuse ou mince, nue, voilée ou vêtue, sensuelle ou pudique. Elle a les cheveux dénoués, attachés, une frange, un chignon, des couettes. Elle se trouve à côté du taureau ou sur lui, assise sur son dos ou son encolure, jambes tendues ou pliées, devant, derrière, sur les côtés, montée en amazone ou à califourchon, en train de danser. Elle peut être aussi agenouillée, couchée, sur le dos ou sur le ventre, ou encore debout sur le dos, voire la tête de l’animal. C’est tantôt un tête à tête, tantôt un tête à queue avec le taureau, selon les sentiment que l’artiste a voulu lui faire exprimer : peur, soumission, assurance, sérénité, complicité, amour, etc. Son contact avec la bête prend des formes diverses : elle lui serre le cou, tient une corne ou touche même sa langue (Milles, 1926). Les regards se croisent ou se détournent : l’un vers l’autre, vers la mer ou vers la terre7. Seul le groupe de Verbon (Rotterdam, 2001) ne met pas en contact physique les protagonistes, lui en mer, elle sur la plage.
Seule M. Claerhout réprésente Europe sans le taureau (Luxembourg, 1993), et H. Veneman le taureau sans Europe (Almelo, 1981)8.
Des accessoires décoratifs s’ajoutent parfois au couple, ceux qui relèvent de la légende : la représentation de vagues ou de dauphins, pour évoquer la mer, la présence d’un Éros (Manship, 1931), et ceux nés de l’imagination de l’artiste : étendard (Oliveira, 1989), colombe (Dryák, 2002), et même banderilles… (Van Beek, 1979).
Si les matériaux de la sculpture restent traditionnels : la pierre (calcaire, marbre, granit), le métal (bronze, acier) - pas d’Europe en béton à notre connaissance, les styles artistiques sont fonction de la génération à laquelle appartiennent les artistes et suivent naturellement les grandes tendances des siècles, du classicisme figuratif (tous les sculpteurs du début du XXe s.) à la modernité la plus abstraite (Den Arend, 1984, Strebelle, 2002). La plus colossale de toutes ces sculptures est celle de Moscou (Strebelle, 2002).
Nous livrerons pour conclure une sélection très subjective dans l’ordre alphabétique des artistes, selon les impressions qu’elles nous ont faites, à des titres divers : réussite ou échec esthétique, originalité, humour, émotion, innovation, etc.
Nous apprécions la pertinence de l’installation avec l’environnement, en particulier le bord de mer, qui est une composante essentielle du mythe, pour la sculpture d’Oscar Alvarino à Punta del Este (2005).
Nous aimons la bonhomie familière des statues potelées de Botero à Madrid (1992) et Medellin (2002).
Nous n’apprécions pas le militantisme daté de May Claerhout à Luxembourg (1993) dont l’Europe, robe longue et visage sévère, ressemble à une suffragette, émergeant d’un tourbillon d’êtres humains et brandissant comme étendard la lettre-symbole de la monnaie européenne,
Nous aimons la représentation abstraite et minimaliste qui se réduit à la ligne des cornes du taureau de Lucien Den Arend à Haarlem (1984).
Nous n’aimons pas le style décharné de Léon De Pas à Bruxelles (1997, installation qu’on dit provisoire).
Nous regrettons de ne pas aimer le monument de Fathi Mahmoud à Alexandrie (1962), où le mythe d’Europe ne nous paraît pas pertinent, ni par rapport au pays contemporain, ni par rapport au site et à son histoire : le fameux Mouséïon, coeur de la culture antique et de sa transmission. Nous trouvons manqué le rapport de proportion, c’est à dire la disproportion, entre le groupe Europe-taureau (avec la belle idée et réalisation de l’inclusion de la femme dans l’animal) et les flèches de l’arrière-plan, qui n’ont rien à voir avec la légende, mais avec une interprétation de l’artiste dont le sens n’apparaît qu’avec ses explications ; ces pointes de lance de 10 à 20 m de haut indiquent pour lui la protection divine accordée par Zeus à Europe.
Nous estimons intéressante l’association des matériaux dans l’oeuvre des frères Nikos et Pantelis Sotiriadis à Strasbourg (2005), avec le choix du verre pour l’arrière-train du taureau ruisselant d’eau de mer.
Nous aimons les sculptures-fontaines d’Olivier Strebelle à Bruxelles (2000) et (Moscou (2002) : la première, mi figurative, mi abstraite montre, « émergeant d’un bassin circulaire, une tête de taureau de bronze et d’eau, dont les cormes se confondent en un corps de femme »9. La seconde, plus stylisée, est grandiose et semble avoir inversé le projet de 2002 : nous y voyons une silhoutte de femme assise, surmontée de cornes colossales, qui représentent à elles seules le taureau, dans le style de « Confluences », autre sculpture en acier inoxydable de 36 m de haut au Parlement Européen à Bruxelles en 1992.
Nous n’aimons pas les lourdes couettes de l’Europe d’Alexander Tkachuk à Krasnoyark (2001), qui nous semblent comme un pendant inversé et incongru des cornes de l’animal.
Nous admirons Ludmilla Tcherina pour son choix d’illustrer à deux reprises le continent plutôt que la princesse, même si elle lui attribue dans les deux cas la figure immémoriale de la mère à l’enfant, cerclée par une forme d’ellipse (« Europe à coeur », Strasbourg, Parlement européen, 1991 ; « Europa operanda », Calais-Coquelles, Tunnel sous la Manche, 1994, où l’enfant prend la forme d’un oeuf d’or, tandis que les ellipses verticales renvoient, entre autres, à l’annelage du Tunnel). Nous nous émouvons devant le modèle réduit d’« Europe à coeur » qui a été choisi pour orner la tombe de la célèbre ballerine à Paris (2001).
Nous n’aimons pas l’énorme empilement de rochers – figure de la mer du mythe ou de la terre du continent ? dont jaillissent l’Europe et le taureau d’Aurelio Teno à Nerja (1986), peut-être pour surmonter le curieux portique classicisant et bicolore qui entoure un des côtés du rond-point où se dresse le groupe, en en bouchant la vue. Deux détails intéressants cependant au plan symbolique : une des deux jambes d’Europe est inachevée et le taureau a une corne cassée, pour signifier que l’Union européenne n’est pas encore complète10.
Mais le taureau de Tinel, 2009, traversé par une barre sur deux poteaux, donne l’impression de rôtir à la broche, tandis que, dans un registre différent, le handicap d‘Europe sans membres qui le chevauche ne fait pas sourire11. L’oeuvre accompagnait la publication surréaliste des articles de la Constitution européenne versifiés par un collectif de poètes principalement belges, dont elle fait la couverture de l’ouvrage12 :
Si Shakespeare pouvait se permettre
De souffler son nez dans le mouchoir de Desdémone
Moi aussi, j'aimerais jouer au toréador avec le taureau qui a enlevé Europe
Pour l'atterrer en lui enfonçant mon Bic à l'encre invisible entre les cornes13
Nous n’aimons pas la grille de fer forgé qui emprisonne trop étroitement le groupe de marbre bicolore, rose pour Europe, blanc pour le taureau de Torremolinos (2005), dans un espace resserré sur un fond d’immeubles, tandis que le classicisme du groupe jure avec la modernité d’une place de céramique bleue.
Nous nous amusons du caractère iconoclaste de la sculpture de Mantes (Touret, 1995) : deux personnages, des musiciens, accompagnent Europe sur le dos d’un taureau qui a la fleur aux dents.
Enfin, nous aimons l’humour de Marius Van Beek, représentant une Europe - toréador s’apprêtant à planter deux banderilles dans le dos d’un petit taureau de corrida en pleine ruade, dont l’arrière-train a encore l’apparence anthropomorphe du dieu en cours de métamorphose : « Europe ne se laisse pas enlever » (S’-Hertogenbosch, 1979) : c’est la seule oeuvre de toutes où Europe ne soit ni soumise, ni consentante.