Un emblème, une devise
Les légendaires colonnes d’Hercule ont longtemps représenté un avertissement en forme de « nec plus ultra » (« et plus rien au de-là ») au sens littéral du terme : avis aux marins et explorateurs qui voulaient s’aventurer dans l’inconnu de l’immense Océan !
Les colonnes d’Hercule d’après les armoiries de l’Espagne, © Wikimedia Commons, Heralder.
Cependant, à la Renaissance, elles devinrent l’emblème impérial majeur des armoiries de Charles Quint : deux colonnes torses frappées de la devise « Plus ultra » (en latin) ou « Plus oultre » (en français) firent désormais fièrement allusion au dépassement des colonnes d’Hercule lors des conquêtes du puissant empereur dans le Nouveau Monde. La formule « Plus ultra » (au sens de « Toujours plus au-delà »), symbole d’un empire « sur lequel le soleil ne se couche jamais », est toujours la devise nationale de l’Espagne.
Si l’Océan semble un infranchissable ruban autour du monde habité, certains hardis navigateurs n’ont pas hésité à franchir les colonnes d’Hercule : on connaît le périple du Carthaginois Hannon qui au VIe ou VIIe siècle avant J.-C. a exploré la côte ouest de l’Afrique jusqu’au sud du Maroc (peut-être même jusqu’au Gabon pour certains commentateurs).
À partir du Moyen Âge, les incursions se multipliant grâce à des navires de plus en plus solides et performants, l’Océan ne fut plus considéré comme un obstacle mais comme un chemin vers de nouvelles contrées. Des convois gênois, vénitiens et catalans franchirent régulièrement le détroit de Gibraltar pour longer la côte atlantique. Déjà répandue dans l’empire romain, la quête des épices et du poivre d’Orient, poussa l’Espagne et le Portugal à se livrer sur les mers une concurrence effrénée.
À l’aube du XVe siècle, la redécouverte de la géographie illustrée du grec Ptolémée bouleversa la vision du monde : elle suscita une véritable fièvre d’exploration qui gagna l’Europe entière. Christophe Colomb étudia attentivement cette nouvelle représentation des terres connues, excessivement étirée des îles Canaries à la Chine : elle le conforta dans son projet de trouver une nouvelle route maritime vers les Indes orientales. On sait comment, persuadé de les avoir rejointes, il découvrit ce qui ne s’appelait pas encore l’Amérique à l’aube du 12 octobre 1492, en longeant les récifs d’une île de l’archipel des Bahamas, qu’il baptisa San Salvador.