Littérature et politique au XVIIème siècle : Racine et Fénelon

Confrontation : littératures et cultures antiques / littératures et cultures française et étrangère.

"L’ouverture vers le monde moderne et contemporain constitue l’un des principes essentiels des programmes de langues et cultures de l’Antiquité, dont l’étude, constitutive d’une solide et indispensable culture générale, n’est pas réservée aux seuls élèves qui se destinent à des études littéraires." 

"Travailler de manière méthodique sur les différences et les analogies de civilisation, confronter des œuvres de la littérature grecque ou latine avec des œuvres modernes ou contemporaines, françaises ou étrangères, conduit à développer une conscience humaniste ouverte à la fois aux constantes et aux variables culturelles."

Programmes LCA et LLCA, Préambule.

 

J’ai réuni ici deux de mes articles consacrés aux rapports entre la littérature et la politique au XVIIè siècle.

- Le premier, « Racine et la politique : la perplexité de la critique", a été publié, en 2000, dans Oeuvres et Critiques, (G. Narr, Tübingen), revue internationale consacrée à la réception critique des œuvres littéraires françaises.

Intitulé Présences de Racine, ce volume tentait de faire le point sur les lectures modernes d’une œuvre qui fut au cœur des querelles critiques des décennies précédentes (avec Raymond Picard, Lucien Goldmann et Roland Barthes).

La nature et le rôle de la politique dans les tragédies raciniennes ont été, dans cet article, envisagés selon des points de vue génétiques, historiques, dramaturgiques et poétiques, à partir d’analyses de chercheurs et de critiques aux méthodes et aux conclusions diverses, parfois opposées. Ce qui a permis de faire apparaître, à la fois globalement, puis pièce par pièce, la richesse et la complexité de la représentation du politique dans un théâtre racinien, qui n’est pas seulement théâtre du destin ou théâtre des passions, mais aussi théâtre du pouvoir.

- Le second, « Modèles et moyens de la réflexion politique dans le Télémaque de Fénelon », publié en 2009, dans le n° 70 de la revue Littératures classiques, propose, à partir d’une réflexion sur la notion de modèle en politique, une lecture de l’ouvrage rédigé par Fénelon, ad usum delphini, pour le Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV et héritier potentiel de la couronne de France.

À travers les découvertes du fils d’Ulysse, auquel il est moralement et spirituellement invité à s’identifier, le jeune prince expérimente, personnellement, ou par récits interposés, des modèles anhistoriques (état de nature, état d’innocence), mythiques (âge d’or d’Oasis ou utopie patriarcale  de la Bétique), puis des modèles historiques disparus (tyrannie d’institution ou d’usurpation, royauté d’élection) avant d’être confronté à l’action de mauvais rois, esclaves de leurs passions guerrières ou amoureuses, et de découvrir, enfin, des figures exemplaires de roi-père, de roi pacifique, de roi sacrificiel, archétypes du roi chrétien, qu’il est invité à devenir.

Dans ce roman d’éducation, la fiction littéraire emprunte aux modèles politiques passés de quoi forger la politique future selon son propre modèle. Ce qui aurait peut-être pu advenir si la mort du Duc de Bourgogne n’avait renvoyé ce prototype de roi idéal aux poubelles de l’Histoire. 

Pierre Ronzeaud

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