Une technique : la céramique
La céramique (de κέραμος, keramos, argile, terre du potier) désigne le travail de l’argile. Dans l’Antiquité, les Grecs étaient les experts de cet artisanat et ils exportaient leur production partout en Méditerranée. De très nombreux vases grecs ont ainsi été découverts en Italie dans des tombes étrusques.
Les plus belles pièces sont souvent signées du potier, qui les façonne au tour et les cuit au four, et du peintre, qui peint le décor. Formes et styles varient selon les périodes. Les ateliers produisent des objets usuels (comme de grands cratères pour mélanger le vin et l’eau), mais aussi funéraires : on offre des vases au défunt pour l’accompagner dans son dernier voyage. Ceux qu’on appelle lécythes sont placés sur les tombes.
Lécythe attique, vers 440 avant J.-C., Metropolitan Museum, New York, © Metropolitan Museum of Art
Les vases grecs constituent un support fondamental pour étudier la civilisation gréco-romaine, comme l’explique Alexandra Attia (« Les vases grecs », Université de Lausanne) :
« Le terme "vase grec" est employé pour désigner la vaisselle d’argile produite en Grèce ancienne. Il rassemble par extension toute la production manufacturée exportée ou assimilée que l’on retrouve autour de la Méditerranée. Ainsi parle-t-on par exemple de "vases grecs d’Italie du Sud". Certains de ces vases portaient un décor figuré et étaient destinés à une élite fortunée tandis que d’autres d’une facture plus simple avaient un usage quotidien. Utilisés pour stocker, transporter, verser et boire dans le cadre du symposion (banquet), ils étaient aussi disposés dans les tombes ou en offrandes dans les sanctuaires.
La céramique est donc un témoignage fondamental. Plus résistante aux effets du temps, elle est une fenêtre ouverte sur la vie publique et privée des populations anciennes par l’évocation de leurs univers social et culturel, de leurs croyances, mais aussi par sa diffusion parfois à grande échelle, sur les échanges et les relations commerciales antiques. »
Pour en savoir plus...
- Chronologie de la céramique grecque et typologie des vases, document BnF.
- Alexandra Attia, Les vases grecs, Université de Lausanne : section d’archéologie et des sciences de l’Antiquité et Musée historique de Vevey. Le goût des belles choses : collection archéologique de David Doret (1821-1904).
Une forme : le lécythe
Le lécythe, du grec λήκυθος (lékythos), « fiole à parfums », est un petit vase en terre cuite (entre 15 et 50 centimètres de hauteur) : il contenait des huiles parfumées à la période corinthienne de la céramique grecque (VIe siècle avant J.-C.).
À l’origine destiné à la toilette ou à la palestre (les athlètes s’enduisant d’huile pour leurs exercices), le lécythe sert ensuite pour les rites religieux et funéraires. Témoins de cet usage funéraire, les lécythes blancs sont produits en grande quantité en Attique entre les VIe et IVe siècles avant J.-C.
Le modèle de lécythe le plus courant est de forme élancée, doté d'une seule anse, à long col, à embouchure évasée, à l'épaule plate distincte du corps et à petit pied. Une sorte de bulbe en terre cuite, inséré à l’intérieur du col, permettait de limiter la quantité du liquide afin de respecter la réglementation en vigueur concernant la quantité d'huile que le lécythe devait contenir. On peut en voir un exemple sur ce lécythe dont on a séparé les deux morceaux à hauteur de l’épaule.
Lécythe attique, vers 460 avant J.-C., Metropolitan Museum of Art, New York, © Metropolitan Museum of Art
Outre les lécythes, d’autres types de vases, de petit format, étaient utilisés pour transporter les onguents et huiles parfumées : les aryballes et les alabastres, dotés de fonds ronds, pouvaient se suspendre au poignet au moyen d’une lanière en cuir. On peut en voir au poignet de chacun des jeunes gens debout de part et d’autre de la stèle.
Pour en savoir plus...
- Article LECYTHUS dans le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, Charles Victor Daremberg et Edmond Saglio, 1877-1919.
Un artiste : le Peintre de Sappho
Cet artiste en céramique, qui vivait en Attique (province d’Athènes), est anonyme : il doit son nom à une hydrie (un vase pour transporter l’eau) sur laquelle est représentée la célèbre poétesse Sappho. Daté des environs de 510 avant J.-C., ce vase est aujourd’hui conservé au Musée national de Varsovie (Pologne).
Kalpis (hydrie) du Peintre de Sappho, Musée national de Varsovie, © Wikimedia Commons
À la fois peintre et potier (comme la plupart des artisans de son temps), le Peintre de Sappho fut actif à la fin du VIe siècle jusque vers 480 avant J.-C. On lui attribue 95 vases, dont 70% sont des lécythes. Les trois quarts ont la particularité de porter des inscriptions : certaines ont un sens, mais beaucoup sont décoratives et illisibles.
Pour en savoir plus...
- Cécile Jubier-Galinier, « La production "athénienne" du Peintre de Sappho, entre création et routine », in Des vases pour les Athéniens, Éditions de l’École des Hautes Études en sciences sociales, 2017.