Généalogie
La tradition la plus courante en fait les filles de Zeus et de Mnémosyne, "la mémoire". Zeus les aurait engendrées au terme de neuf nuits d'amour.
Hésiode, Théogonie, v. 53-67
C'est en Piérie qu'unie au Cronide, leur père, les enfanta
Mnémosyne, reine des coteaux d'Eleuthère, pour être
l'oubli des malheurs, la trêve aux soucis. A elle, neuf
nuits durant, s'unissait le prudent Zeus, monté, loin des
Immortels, dans sa couche sainte. Et quand vint la fin
d'une année et le retour des saisons, elle enfanta neuf
filles, aux cœurs pareils, qui n'ont en leur poitrine souci
que de chant et gardent leur âme libre de chagrin, près de
la plus haute cime de l'Olympe neigeux. Là sont leurs
chœurs brillants et leur belle demeure. Les Grâces et
Désir près d'elles ont leur séjour.
On en fait aussi parfois les filles d'Ouranos et de Gaia.
Plus rarement les filles d'Harmonie, elle-même fille d'Arès et d'Aphrodite, ce qui est en contradiction avec une autre légende qui les fait apparaître comme dansant aux noces d'Harmonie et Cadmos.
Pausanias soutient qu'il y aurait deux générations de Muses, la première issue d'Ouranos et de Gaia, la seconde de Zeus et de Mnémosyne.
Périégèse, 9, 29
Les fils d'Aloeus pensaient que les Muses étaient au nombre de trois, et ils leur donnèrent les noms de Mélété (Soin), Mnémé (Mémoire) et Aoidé (Chant). Ils disent que, plus tard, Piéros, un Macédonien qui a donné son nom à la montagne de Macédoine, se rendit à Thespies, établit le nombre de neuf Muses et leur donna leurs noms actuels.
Nombre
Certaines traditions religieuses mentionnent le nombre de trois Muses : le très ancien sanctuaire de l'Hélicon en Béotie mentionne Mélétê, Mnêmê et Aoidê, "Concentration", "Mémoire" et "Chant", qui correspondent à trois moments de l'acte de création poétique.
La tradition qui l'a emporté est celle d'Hésiode qui parle de neuf Muses et leur donne des noms. Ces neuf Muses correspondant à des genres de la création dans tous les arts liés à la mousikê, l'art de la Muse : la poésie, le chant, la danse, le théâtre... mais aussi, parce que la structure du cosmos est harmonique, l'astronomie.
Pausanias attribue ce passage de trois à neuf et ces appellations au Macédonien Pieros (Périêgêsis, 9, 29, 1).
Fonctions des Muses et genres littéraires
Leurs fonctions se sont peu à peu identifiées à des genres littéraires ou artistiques dont elles deviennent en quelque sorte les patronnes :
Calliope (Calliopê, "qui a une belle voix ") est la première des Muses, dont le rôle est polyvalent : elle est quelquefois considérée comme la Muse de l'éloquence et de l'épopée.
Clio (Kléiô, "qui célèbre") est la Muse de l'épopée, et par suite de l'histoire.
Erato (Eratô, "l’aimable ") est la Muse de la poésie lyrique et du chant choral.
Euterpe (Euterpê, " la toute réjouissante") est la Muse de la danse au son de la flûte ou de la poésie amoureuse.
Melpomène (Melpoménê, " la chanteuse") est la Muse du chant et de la tragédie.
Polymnie (Polymnia, "celle qui dit de nombreux hymnes") est la Muse des chants nuptiaux, des chants de deuil et de la pantomime.
Terpsichore (Terpsichorê, "la danseuse de charme") est la Muse de la danse et de la poésie légère.
Thalie (Thaleia, "la florissante, l’abondante") est la Muse de la comédie.
Uranie (Ourania, " la céleste ") est la Muse de l'astronomie.
Aventures légendaires
Les Muses de l'Hélicon chantaient sous la direction d'Apollon, en faisant cercle autour de la source Hippocrène, née d'un coup de sabot de Pégase.
Elles sont ainsi représentées sur le tableau allégorique d'Andrea Mantegna : Mars et Vénus ou Le Parnasse (1497). Ce sont elles qui chantent aux festins des dieux. Le peintre flamand Heinrich Van Balden a représenté cette scène.
Elles sont là en particulier - aux noces de Thétis et de Pélée, les parents d'Achille. - aux noces d'Harmonie et de Cadmos, fondateur de Thèbes en Béotie.
Elles ont quelques aventures amoureuses : - Calliope (ou Polymnie) se serait unie à Oeagre en Thrace pour donner naissance à Orphée (que l'on peut voir représenté par Nicolas Poussin dans le tableau Orphée et Eurydice). et des vengeances visant à punir l'hybris de certains poètes : ainsi elles privèrent de sa voix le poète Thamyris de Thrace qui s'était vanté de pouvoir les vaincre.
A l'inverse, elle donnent à Démodocos, l'aède aveugle des Phéaciens, le don de chanter à la perfection. (Odyssée, chant VIII, 492).