Prière de Médée pour rajeunir Éson Ovide, Métamorphoses, livre VII

La magicienne Médée accepte de rajeunir Éson, le père de Jason.

Dès que, brillant de tout son éclat, elle montre tout entier son corps à la terre, Médée sort de son palais, la robe flottante, un pied nu, les cheveux épars sur ses épaules nues. Seule et sans témoin, elle porte ses pas incertains dans l'ombre et le silence de la nuit. Tout est dans un plein repos, et l'homme, et l'habitant de l'air, et l'hôte des forêts. Le serpent assoupi rampe sans bruit sur la terre. Le feuillage est immobile. L'air humide se tait. Seuls, les astres semblent veiller dans l'univers. Médée lève les bras vers la voûte étoilée. Elle tourne en cercle trois fois.

Trois fois de l'eau d'un fleuve elle arrose ses cheveux. Elle jette trois cris affreux dans les airs, et pliant un genoux sur la terre, elle dit :

"Ô nuit, fidèle à mes secrets ; étoiles au front d'or, qui, avec la lune, succédez aux feux du jour ; et toi, triple Hécate, témoin et protectrice de mes enchantements ; et vous, charmes puissants ; arts magiques ; terre, qui produis des plantes dont le pouvoir est si grand ; air léger, vents, montagnes, fleuves, lacs profonds, dieux des bois, dieux de l'antique nuit, je vous invoque : venez tous à mon secours ! Par vous, quand je commande, remontent vers leurs sources les fleuves étonnés ; par vous, je brise, ou j'excite le courroux des mers ; je dissipe ou je rassemble les nuages ; je chasse ou j'appelle les vents. Mes enchantements font périr les serpents, ébranlent les forêts et les rochers, déracinent les arbres attachés à la terre. À ma voix, les montagnes s'agitent, la terre mugit, les mânes sortent de leurs monuments ; et toi, lune, quoique le bruit de l'airain diminue tes travaux, je te force à descendre jusqu'à moi ; à ma voix pâlissent et le char enflammé du Soleil mon aïeul, et le char vermeil de l'Aurore.

Par vous, j'ai amorti les flammes que vomissent les taureaux ; par vous, je les ai domptés et soumis au joug : ils ont frémi de sillonner la terre ; par vous, les guerriers nés du serpent se sont détruits avec leurs propres armes ; par vous j'ai assoupi ce dragon, de la toison gardien infatigable ; et la Grèce a reçu cette riche dépouille conquise par mes soins. Maintenant j'ai besoin de ces sucs puissants par lesquels l'homme, dans sa vieillesse, se renouvelle, et revient à la fleur de ses ans. Je les obtiendrai sans doute ; car les astres ne brillent pas en vain de tant d'éclat ; car ce n'est pas en vain que ce char, traîné par des dragons ailés, est descendu vers moi".

En effet, ce char était descendu des plaines de l'éther. Elle y monte ; et, caressant de la main le cou terrible des dragons, elle agite les rênes légères et s'élève dans les airs.

Traduction d'après G.T. Villenave, 1806

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