Prière de Didon pour réclamer vengeance Virgile, Énéide IV, Vers 607-629

Didon, abandonnée par Énée, brûle tous les souvenirs qu'il lui a laissés. Elle prononce des formules rituelles et réclame vengeance tandis que les bateaux d'Énée s'éloignent à l'horizon. 

Soleil, toi qui éclaires de tes feux tout ce qui se fait sur terre,
et toi, Junon, qui comprends et connais mes angoisses,
Hécate, que des hurlements appellent, la nuit, aux carrefours des cités,

et vous, Furies vengeresses et dieux d'Élissa mourante,
acceptez ceci, tournez vers les méchants votre juste puissance,
et écoutez nos prières. Si cet homme détesté
doit toucher au port et atteindre sa terre,
si les décrets de Jupiter l'exigent, si ce destin est fixé,

qu'au moins, malmené par la guerre et les armes d'un peuple audacieux,
banni de ses terres, arraché aux étreintes de Iule, il soit réduit
à implorer secours et voie les siens mourir d'une mort indigne ;
et lorsqu'il se sera rendu aux conditions d'une paix inégale,
que jamais il ne profite de sa royauté ni de la gloire attendue,

mais qu'il tombe avant la fin, sans sépulture, parmi les sables.
Voilà ma prière, voilà le voeu ultime que je fais avec mon sang.
Maintenant vous, ô Tyriens, exercez vos haines contre son peuple
et toute sa descendance, et adressez-les en offrande à mes cendres.
Nulle amitié, nulle alliance n'existeront entre nos peuples.

Lève-toi, inconnu né de mes os, mon vengeur ;
par le feu, par le fer, poursuis les colons dardaniens,
maintenant, plus tard, à tout moment, quand s'y prêteront nos forces.
Rivages contre rivages, flots contre flots, armes contre armes,
c'est ma malédiction : qu'ils se fassent la guerre, eux et leurs descendants

 

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