Phénix, l'oiseau couleur du temps Le symbolisme chronologique du mythe du phénix, de l'Égypte ancienne à la Rome païenne et chrétienne

Françoise LECOCQ est Maître de Conférences en Latin à l'Université de Caen Normandie. Elle a écrit une vingtaine d'articles sur l'histoire du mythe du phénix et son iconographie, de l'Égypte antique à notre époque contemporaine.

Le phénix gréco-romain a pour ancêtre le bénou, oiseau sacré du Soleil anciennement attesté en Égypte [1]. Au fil des siècles, sa présence se multiplie et son symbolisme s'enrichit, en rapport avec les échelles du temps, cosmique et divine, astronomique et humaine, solaire et funéraire [2]. Hypostase et âme de la divinité suprême, cet être éternel se rencontre aux origines, comme première créature sortie des eaux primordiales sur la terre émergée d'Héliopolis, puis aux côtés des différentes formes du dieu maître du temps ici-bas et dans l'au-delà : Atoum, Ré, puis Osiris, mort et ressuscité. C'est une figure des cycles journalier et annuel du soleil, auquel se rattachent le pouvoir du pharaon, renouvelé en des fêtes jubilaires, et la crue du Nil qui rythme le calendrier du pays et marque le début du Nouvel An.

Hérodote introduit l'oiseau en Grèce. Mais il en brosse un portrait comportant des détails non égyptiens trahissant une contamination avec des sources orientales, qui doivent provenir de la charade hésiodique des Préceptes de Chiron. Le principal est une vie de 500 ans, puisque la créature, unique de son espèce, meurt et renaît périodiquement, se montrant alors à son temple. Ce phénix grec a peu de succès dans la littérature et aucun dans l'iconographie. La brève notice hérodotéenne est cependant fondatrice de la tradition occidentale, base des développements et variations futures. Vient ensuite une pièce sur l'histoire judaïque, L'Exode d'Ézéchiel le Tragique, mettant le phénix en rapport avec Moïse à une date-clé et en scène dans un contexte biblique, une double thématique appelée à un grand avenir.

C'est la Rome païenne et chrétienne qui fait la fortune de l'oiseau, à la mode dès le Ier s. av. J.-C. Fréquent dans la science, l'histoire et la poésie, il se voit pour la première fois aux murs de Pompéi. On le met en relation avec la révolution périodique des astres, comme celle de la Grande Année. Il scande le calendrier de l'actualité politique et funéraire des Julio-Claudiens, Antonins et Constantiniens : décès d'empereurs, successions dynastiques, anniversaires du règne ou de la ville, jusqu'à devenir un symbole officiel de l'État frappé sur les monnaies, en concurrence avec l'aigle impérial. Il n'est plus un oiseau rare ; de bon augure, il annonce le retour de l'âge d'or, nimbé et perché sur le globe terrestre. L'année 139 qui voit se renouveler le cycle égyptien sothiaque de 1461 ans est célébrée par une frappe au phénix légendée « Éternité ».

L'oiseau appartient alors à la culture populaire, non aux cultes égyptiens romanisés, et, outre son enrôlement impérial, il est recruté par le christianisme ascendant comme preuve naturelle d'un dogme majeur : la résurrection des corps – peu importe qu'il n'existe pas. Il s'inscrit dans le temps linéaire de la révélation chrétienne et aussi du judaïsme : on le voit, dans les textes ou les images, aux origines du monde, avec Adam et Ève, Noé, le Christ, au jardin d'Éden, sur l'arche ou dans la Jérusalem céleste. Enjeu théologique, il suscite la discussion entre chrétiens et païens et entre théologiens sur la durée du monde et la date de sa fin. Car passé d'une longévité de 500 à 1000 ans, l'oiseau s'associe aux courants apocalyptiques et millénaristes, entre les oracles annonçant la fin du « temps du phénix » et le grand poème attribué à Lactance, où il n'aspire qu'à la mort.

Le symbole religieux est synchrone de l'emblème politique, mais sans symbiose, même sous les empereurs constantiniens chrétiens. Cent ans après le poème de Lactance sur un phénix christianisé, celui de Claudien montre la renaissance païenne du phénix, avec un retour à l'Égypte originelle. Le traité Sur les hiéroglyphes d'Horapollon livre diverses interprétations chronologiques du mythe, et l'oiseau impérial se perche, en place du globe terrestre, sur une pyramide de roches, sans doute le tertre primordial de la cosmogonie égyptienne, comme sur l'immense mosaïque de Daphné (Louvre), représentant un phénix en majesté qui orne la couverture de nombreux ouvrages, scolaires et autres [3].

1. ÉGYPTE. LE BÉNOU DANS LE TEMPS DES DIEUX, DES PHARAONS ET DES HOMMES

Attesté dès les premières dynasties, le bénou vit deux millénaires ans avant de se métamorphoser en phénix. Il est cosmogonique et astral, religieux et funéraire. L'Égypte n'a pas de mythologie au sens de récit structuré, contrairement à la Grèce [4]. On l'extrait de documents religieux allusifs s'étalant sur des siècles : Textes des Pyramides (Ancien Empire) gravés aux murs des mausolées pharaoniques, sans images, Textes des Sarcophages (Moyen Empire) peints aux parois des coffres mortuaires, et Livres des morts (Nouvel Empire), écrits sur papyrus et illustrés de vignettes. La documentation est donc principalement funéraire. En outre, les cosmogonies varient selon les villes. Cependant le démiurge est toujours le dieu soleil auto-engendré ; il fait du bénou la première créature aux origines du monde ; puis elle devient une forme du temps solaire, matinal et vespéral, diurne et nocturne, puisque l'astre vit, meurt et revit chaque jour. Passé de la nuit à la mort, le bénou assimilé à l'âme ba des dieux et des hommes est psychagogue des défunts. Au quotidien, il se manifeste dans le calendrier religieux et civil, aux anniversaires du dieu solaire et à la fête du Nouvel An, pour le jubilé royal, et au lever héliaque de l'étoile Sodpet qui signale la crue du Nil, l'événement annuel majeur du pays.

1.1. Le bénou première créature au temps des origines

Le bénou, « celui qui s'élève », selon l'étymologie majoritairement proposée, est le premier être à se poser sur la terre émergée des eaux originelles du Noun ('chaos') lors de la création du monde par Atoum, selon l'antique cosmologie de Iounou-Héliopolis. La « ville du soleil », dans le delta du Nil (aujourd'hui un faubourg du Caire), se glorifie d'être sur la butte primordiale, où serait construit son temple, le plus ancien consacré au culte de l'astre, vers - 2600 [5]. Cette butte est vénérée sous le nom de pierre benben, de même radical que bénou, et sous la forme d'un pyramidion, tel celui qui coiffe les obélisques, qui se veulent des images des rayons solaires : « Atoum-Khépri, tu t'es haussé sur la butte, tu t’es levé sur la pierre benben dans le château du benou à Héliopolis » (Textes des Pyramides, formule 600) (voir fig. 1 en tête d'article et fig. 2). Le Livre de Chou offre le monologue du dieu créateur, au temps de la « Première Fois ».

 

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Fig. 2. Adoration du bénou sur un pilier-obélisque, papyrus de Cologne 10207, détail de la section 17, Livre des morts de Iahtesnakht, vers 600 av. J.-C. © Kölner Papyri, Université de Cologne.

Je suis Atoum, celui qui était seul,
(...)
Je suis le grand dieu autogénéré,
J'existais hier, je connais demain, 
(...)
Je suis le grand bénou qui est à Héliopolis.
(Textes des Sarcophages, formule 335) [6]

Atoum engendre deux générations de dieux constituant une ennéade [7], tandis que d'autres cosmogonies font naître le soleil et le monde d'un œuf ou d'un lotus, et que d'autres villes honorent une ogdoade et une oie. La bergeronnette originelle est remplacée par un héron cendré, migrateur habitant des marais, porteur d'une double aigrette ou d'un jabot. On le voit debout ou perché pattes pliées sur le tertre primordial ou un perchoir, positions que montre l'écriture hiéroglyphique.

 

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Hiéroglyphes Gardiner © Wikimedia Commons G31

 

 

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Hiéroglyphes Gardiner © Wikimedia Commons G32

 

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Fig. 3. L'oiseau sur son pilier figure ici à la fois dans le dessin et dans les hiéroglyphes (détail de la fig. 6), papyrus du Livre des morts de Nakht, XVIIIe dynastie, vers 1550-1295 av. J.-C., British Museum. © British Museum.

 

1.2. Le bénou image du temps solaire

Un véritable oiseau a peut-être été vénéré vivant et momifié mort, comme le taureau noir sacré d'Héliopolis Mnévis (moins connu que son congénère Apis à Memphis) – autre incarnation de Rê, ou encore le faucon d'Edfou et l'ibis d'Hermopolis ; il se peut qu'il ait appartenu à une espèce géante disparue [8], puisqu'il est montré plus grand que la taille humaine. Mais de créature réelle, le bénou devient une entité religieuse et métaphysique.

1. 2.1. Le bénou du soleil matinal et vespéral

Dans l'évolution théologique, l'oiseau s'associe à trois dieux, trois temps et trois images. Atoum « l'Indifférencié » est assimilé à Râ, ou Rê, « le Soleil », puis à Osiris, le dieu assassiné et rené. Le bénou manifeste le démiurge à chaque matin du monde, l'astre dans son parcours journalier, et le souverain des morts à sa disparition nocturne : « Je suis Atoum, quand je suis seul dans le Noun (mais) je suis Rê quand il apparaît, au moment où il commence de gouverner ce qu’il a créé » (Livre des Morts, chapitre 17). Il y a bien d'autres dieux et animaux solaires : les lions d'hier et de demain, le bélier Khnoum à l'orient, le scarabée-bousier Khépri au zénith, le faucon Rê-Horakhty, c'est à dire « Rê des deux horizons ». Faucon et héron, complémentaires pour représenter levant et couchant, échangent souvent leurs places. Le bénou porte parfois une couronne divine ou le disque solaire rouge, comme dans les tombes d'Inerkhaou, de Sennedjem [9] et d'Irounéfer [10], qu'il partage avec plusieurs dieux dont Horus hiéracocéphale (mais sans le cobra uræus).

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Fig. 4. Le bénou portant la couronne divine Atef, peinture dela tombe d'Inerkahou, TT 359, Deir el-Medineh, entre 1186 et 1148 av. J.-C., sous la XXe dynastie. © Pascal Lecocq

 

1.2.2. Le bénou du soleil diurne et nocturne, vivant et mort. Du temps de la nuit au temps de la mort, le bénou psychopompe

Affaibli à son coucher, le dieu soleil, accompagné du bénou, exécute un parcours nocturne dans la Douat [11], comme on le voit dans la tombe de Sennedjem, revenant en douze heures à son point de départ en traversant le monde souterrain sur une barque ; il y subit la menace du serpent Apophis, incarnation des forces des ténèbres, tout en se régénérant. Le bénou âme d'Osiris a aussi une connexion avec la planète Vénus, l'étoile du berger qui, selon les saisons, paraît le soir ou le matin, appelée « celle qui fait traverser l'oiseau bénou » : « Je suis le bénou, l'âme de Rê, et le guide des dieux dans la Douat. J'entre en faucon, je ressors en bénou. Étoile du matin, fraye-moi le chemin » (Textes des Sarcophages, formule 340).

Ce voyage est une sorte de mort, plus encore quand se développe le culte d'Ausaré-Osiris, nouvelle forme de Rê, assassiné par son frère Seth jaloux de lui, démembré en douze morceaux et et ressuscité par son épouse Isis, qui conçoit de lui Horus le jeune, montré en faucon ; Osiris devient le souverain de cet hadès, et le bénou peut tenir le rôle du ba du dieu, l'âme éternelle, figurée traditionnellement en oiseau à tête humaine [12] : « Je suis l'oiseau bénou, ba de Rê, / Qui guide les esprits dans le monde souterrain, / Celui qui a fait revenir Osiris sur terre » [13]. Le héron peut porter la couronne osirienne atef, mitre blanche à deux plumes d'autruche, ou se percher sur un saule près de la tombe du dieu [14]. Il veille le mort, comme dans les tombes de Néfertari et de Néferrenpet [15].

Les rituels funéraires royaux de l'Ancien Empire assimilaient le pharaon décédé au dieu soleil. Plus tard, le Livre des morts, recueil de prières accompagnant tout défunt dans son sarcophage, comporte des formules permettant non de renaître dans son corps humain, mais de se transformer en divers oiseaux, dont « un faucon d'or à tête de bénou » (Livre des Morts, chap. 77) pour « sortir à la lumière du jour » [16] : « À moi appartient chaque chose, et tout m'a été donné. Je suis entré comme un faucon, je suis sorti comme un bénou. L'étoile du matin a fait un chemin pour moi et j'entre en paix dans le bel occident. J'appartiens au jardin d'Osiris, et un chemin est fait pour moi pour que je puisse y entrer et honorer Osiris seigneur de la vie » [17].

Le Livre des Morts du Papyrus Ani, parmi d'autres, montre l'oiseau au Champ des souchets, paradis égyptien où la vie des défunts se déroule comme de leur vivant [18]. L'oiseau appartient donc à la temporalité sacrée, immuable et incommensurable [19], mais aussi au temps profane et mesurable des hommes [20].

Fig. 5. Le bénou dans la barque solaire, tombe d'Irounéfer (TT 290), XIXè dynastie (1296-1186 av. J.-C.). À consulter ici.

 

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Fig. 6. Le bénou au Champ des souchets, papyrus du Livre des morts de Nakht, XVIIIe dynastie (vers 1550-1295 s. av. J.-C.), British Museum. Sur la gauche, une vignette avec deux hérons, un grand et un petit : père et fils ? British Museum. © British Museum

 

1.3. Le bénou dans le calendrier égyptien : jubilé royal, anniversaire de Rê, fêtes d'Osiris et du Nouvel An, lever héliaque de Sopdet-Sothis et crue du Nil

Atoum est coiffé de la double couronne blanche et rouge manifestant sa souveraineté sur la Haute et Basse Égypte, royaumes du faucon et du héron, oiseaux qu'on voit par exemple de part et d'autre de Sésostris III dans la scène de double couronnement de son jubilé sur le relief de Médamoud. C'est Atoum qui fait inscrire le nom du roi et ses dates de règne sur les fruits de l’arbre divin ished, à Héliopolis où l'on conservait les archives royales [21]. Le bénou est donc associé aux célébrations du pouvoir régénérant périodiquement le monde ; fils et image du dieu, le pharaon garantit l’ordre sur terre, maat, comme Rê celui du cosmos. Le jubilé trentenaire Heb Sed célèbre une réintronisation, attestée pour quelque dix pharaons ; l'oiseau, « seigneur des jubilés » peut accompagner le souverain [22]. Outre une probable fête locale du bénou à Héliopolis [23], l'anniversaire de la naissance de Mésout-Rê, Rê « maître de l’année », marque de réjouissances le début du calendrier égyptien, Wepet-Renpet « le Nouvel An », au premier jour du premier mois de la saison d'Akhet, le 19 juillet [24]. En automne, la fête des Mystères d'Osiris aboutissant à sa résurrection le 30 khoiak voit au 12 ou 13 la transformation du dieu en bénou [25].

Le bénou a à voir aussi avec l'astronomie, sachant que le calendrier égyptien a été élaboré au 30° degré de latitude, à Memphis ou Héliopolis. Outre la planète Vénus, il est lié à l'étoile Sopdet (Sothis en grec), également très visible, associée au retour annuel de la crue du Nil. Le fleuve grossit quand l'étoile fait son lever héliaque [26] et marque le premier jour de l’année civile. L'oiseau est surmonté de cette étoile et légendé « inondation » au plafond astronomique de la tombe de Sénènmout [27]. Les trois saisons du calendrier s'articulent autour de cette inondation qui donne son nom à la première, suivie de « l'Émergence de la terre » lors de la décrue entraînant la germination des plantes, enfin de « la Chaleur », époque de la récolte. De la crue porteuse de fertilité dépend toute la vie du pays ; elle est sentie comme le renouveau annuel de la création primordiale, et le mythe du bénou cosmogonique tire certainement son origine de la vision du delta submergé, avec ses bancs de sable et ses marais peuplés d'oiseaux. Accompagnant la déesse de la fécondité Hapy, l'oiseau sur son perchoir exprime « l'abondance ».

Fig. 7. Le bénou perché derrière la divinité de la crue du Nil Hâpy vénérée par le pharaon, relief du temple de Ramsès III, à Médinet Habou, vers 1100 av. n. è.

Le calendrier égyptien suit le soleil, mais l'année ne comptant que 365 jours, un décalage se produit à la longue entre le comput humain, relatif, et le temps absolu ; au bout de 1460 ans, période dite sothiaque composé de quatre « saisons » de 365 ans, les deux temps se calent de nouveau. À l'époque hellénistique, la réforme de Ptolémée III dite Décret de Canope, en -238, introduit des jours supplémentaires pour rattraper le retard accumulé et aligner de nouveau le calendrier civil sur le temps astronomique ; c'est un échec dû à l'opposition des prêtres, mais, politiquement, la réforme correspond peut-être à la proclamation d'une nouvelle ère et d'un âge d'or [28] sous la dynastie macédonienne au pouvoir. La postérité placera sous ce règne la troisième apparition « historique » du phénix, mentionnée par Tacite (Annales, 6.28).

2. GRÈCE. LE TEMPS DU MYTHE. TROIS TEXTES FONDATEURS POUR UN OISEAU ENCORE RARE

Jusqu'au Iier s. av. n. è., les documents sur le phénix sont rares et brefs, une demi-douzaine, sans aucune image. Mais trois textes sont fondateurs, dus au « père de l'histoire » Hérodote au Vè s., au pseudo-Hésiode, mal daté, et à Ézéchiel le Tragique, vers le IIè s. La médiation de la Grèce est essentielle dans la transmission et l'altération du mythe du bénou changé en phénix. La modification majeure concerne le temps et elle fait passer l'oiseau du temps du mythe à celui de l'histoire réelle.

2.1. Hérodote et les Préceptes de Chiron

La courte notice d'Hérodote est partielle et problématique. Bien qu'il dise avoir consulté les prêtres d'Héliopolis, sa description ne correspond pas au héron, et plusieurs détails sont irréductibles au bénou [29]. Cette version, qu'il juge lui-même peu crédible, deviendra pourtant la référence.

(...) Je ne l'ai vu qu'en peinture ; on le voit rarement ; et, si l'on en croit les Héliopolitains, il ne se montre dans leur pays que tous les cinq cents ans, lorsque son père vient à mourir. S'il ressemble à son portrait, ses ailes sont en partie dorées et en partie rouges, et il est entièrement conforme à l'aigle quant à la figure et à la description détaillée. On en rapporte une particularité qui me paraît incroyable. Il part, disent les Égyptiens, de l'Arabie, se rend au temple du Soleil avec le corps de son père, qu'il porte enveloppé dans de la myrrhe, et lui donne la sépulture dans ce temple. Voici de quelle manière : il fait avec de la myrrhe une masse en forme d'œuf, du poids qu'il se croit capable de porter, la soulève, et essaye si elle n'est pas trop pesante; ensuite, lorsqu'il a fini ces essais, il creuse cet œuf, y introduit son père, puis il bouche l'ouverture avec de la myrrhe (...) [30].

Il décrit un rapace or et rouge (tel le faucon d'or Horus), transportant le cadavre paternel dans ses pattes en une momie ovoïde, telle la bouse du scarabée solaire, ici un œuf de mort, et non de vie, qui inverse cause et conséquence. Le double aspect solaire du bénou, matinal et vespéral, diurne et nocturne, peut avoir engendré ce couple père-fils, le vieux soleil laissant place au nouveau, qui est le même et un autre, comme on le dira un jour du jeune phénix [31]. Le nom « phénix » s'explique soit par la transcription de bénou, soit par le sens grec de « rouge », à moins d'un jeu de mots bilingue avec la datte, bener en égyptien [32], car phoinix désigne aussi le « palmier-dattier », arbre réputé pour sa longévité autant que pour ses fruits, ainsi que le « Phénicien », producteur de teinture pourpre. Cette polysémie des deux langues offre un vaste champ sémantique, imaginaire et figuratif, à exploiter et combiner.

D'où viennent les 500 ans de vie accordés à l'éternel bénou ? Pas de l'Égypte, Précédant certainement Hérodote, un fragment des Préceptes de Chiron, attribués à Hésiode, contient une charade répétée jusqu'à la fin de l'antiquité. Elle évalue relativement, par rapport aux hommes, les âges de créatures animales et mythologiques toutes macrobia, « à la longue existence ». Le phénix y fait 972 générations humaines : « La corneille babillarde vit neuf générations d'hommes florissants de jeunesse ; le cerf vit quatre fois plus que la corneille ; le corbeau vieillit pendant trois âges de cerf ; le phénix vit neuf âges du corbeau et nous vivons dix âges de phénix, nous, Nymphes aux beaux cheveux, filles de Zeus armé de l'égide » [33].

Si l'énigme alimente la réflexion des savants discutant de l'âge du monde et de la date de sa fin, ou de métempsychose, comme Plutarque [34], elle est populaire : Aristophane y fait allusion, naturellement dans sa comédie des Oiseaux [35]. Elle semble aujourd'hui résolue sur le plan mathématique, car il ne s'agit pas des animaux réels, mais de symboles [36] : ces calculs ne sont cohérents que rapportés au système sexagésimal babylonien qui distinguait une unité de 60, le sos, définissant encore aujourd'hui les minutes de nos heures ; multipliée par 540 (qui vaut 9 x 60), elle donne au phénix une longévité de 32 400 ans, au-delà de toute vraisemblance pour un être vivant. La série incohérente des créatures reste cependant inexpliquée, comme leur relation, peut-être en lien avec le dieu grec du soleil Apollon, sa mythologie et ses constellations [37]. Mais bien que le phoinix soit éventuellement le palmier, lui aussi apollinien et macrobion [38], nous pensons plutôt qu'elaphos, « cerf », est une mélecture du nom d'un autre oiseau, pour lequel l'elasas (« le coureur » ?) de la même pièce d'Aristophane [39] où il se moque des croyances orphiques en la réincarnation serait un bon candidat.

Hérodote semble contaminer le bénou avec ce phénix hésiodique, dont il emprunterait, selon nous, et le nom grec (peut-être du fait d'une certaine ressemblance avec le mot bénou) et la durée de vie [40], mais arrondie de 540 à 500 et amputée de la multiplication par 60, ce qui change considérablement l'ordre de grandeur. Il confondrait, volontairement ou non, le symbole temporel d'origine orientale avec l'oiseau sacré égyptien, et tout le monde antique lui fera écho. Ce sera au chapitre de la faune (pas de la religion) égyptienne, dans des ouvrages d'ethnographie ou de sciences naturelles que figurera le phénix, et dans des catalogues de merveilles pour sa longévité et sa reproduction asexuée. Les lacunes du récit seront comblées par des inventions, des emprunts à d'autres légendes, ou des confusions aussi productives que celle de l'historien grec [41]. Car ce raccourcissement du temps permettra au phénix d'apparaître souvent dans l'histoire politique de Rome, avant de revenir dans un registre sacré, celui de la religion chrétienne.

2.2. Ézéchiel le Tragique

L'Égypte même produit un autre texte fondateur, fragment du juif hellénophone Ézéchiel le Tragique. Le pays est passé sous la domination d'Alexandre le Grand, puis de son lieutenant Ptolémée. La nouvelle capitale Alexandrie est un centre du savoir fameux pour sa bibliothèque et ses savants. Elle abrite une communauté juive, qui traduit en grec l'Ancien Testament. Un triple syncrétisme culturel se manifeste dans l'œuvre du poète, illustré par le phénix.

Dans sa pièce sur l'exode de Moïse [42] et de son peuple, apparaît un oiseau extraordinaire, sans nom, sur le chemin d'Israël. Tout y fait voir le phénix, dans une palmeraie inspirée de l'Élim biblique. Rien sur sa longévité. Mais la créature à l'allure et la démarche royales suivie d'une escorte, décrite comme un coq couronné d'une crête rouge, autre oiseau solaire [43], devient un signe prodigieux pour un chef providentiel et marque un événement majeur dans l'histoire, le début d'une nouvelle ère.

Il avait à peu près le double de la taille de l’aigle, les plumes des ailes de couleurs variées, la gorge pourpre, les pattes ocre et le cou s’ornant d’une touffe safran. Sa tête était pareille à celle de nos coqs. Il regardait d'un œil rond et jaune comme un coing, sa pupille semblait un pépin de grenade. Son chant était de tous le plus remarquable, des êtres ailés il paraissait le roi. Lui marchait devant eux, aussi fier qu’un taureau et ses pattes, en marchant, faisaient des pas rapides. (L'Exode, 17.256-269)

Ézéchiel, empruntant à l'Égypte [44] et à la Grèce, rattache de plus le phénix à sa religion, créant un précédent promis à une grande postérité. Mais les historiens et géographes grecs ne mentionnent pas l'animal : Strabon ne cite comme oiseaux que les fabuleux Orion et Catreus vus par Alexandre [45]. Rien chez Diodore de Sicile qui traite pourtant des mêmes autres animaux égyptiens qu'Hérodote. Seul Dion Cassius écrira à l'époque impériale : « Si les affaires de l'Égypte ont quelque rapport avec celle des Romains, le phénix se montra cette année » (58.2.). De fait, il apparaîtra souvent au temps de Rome.

3. ROME PAÏENNE ET CHRÉTIENNE : LE PHÉNIX SYMBOLE IMPÉRIAL ET CHRÉTIEN

Le phénix est un oiseau rare quand les Romains l'adoptent. L'Égypte est devenue leur province, Héliopolis a périclité, mais ses monuments et ses dieux connaissent une grande fortune à Rome, dans son paysage urbain et son histoire littéraire et iconographique, politique et religieuse. Le temps égyptien s'est importé dans la ville où Auguste fait d'un obélisque l'aiguille d'un cadran solaire géant, où Cestius se construit un tombeau pyramidal, où Néron fait embaumer Poppée, où les savants alexandrins affluent à la cour, où se bâtit un temple à Isis dont le culte gagne des adeptes, dans l'expansion des religions orientales, de l'astrologie, de l'ésotérisme. Rome ne fera jamais du phénix le compagnon d'une divinité, tel l'aigle jupitérien, ou le paon junonien ; il ne se liera ni avec Apollon, ni Sol, ancien et nouveau dieux du soleil, ni avec Isis et Sérapis gréco-romains. L'oiseau solitaire restera profane, prodige de la nature, avant de redevenir sacré avec les Chrétiens. C'est l'État qui d'abord s'approprie le bon augure du phénix, comme symbole impérial.

3.1. Rome païenne

3.1.1. Le temps du phénix : 500, 540, 1461, 7006 ans et au-delà

Si le mythe s'enjolive de détails et variations autour des aromates et incorpore le thème du feu crémateur en référence à la pratique du bûcher funéraire [46], tous les auteurs ne s'intéressent pas à la longévité, usant de formules vagues : un « long âge », « de nombreux siècles », « l'âge du phénix ». Ceux qui précisent en restent généralement aux 500 ans d'Hérodote, mais d'autres chiffres surgissent, rarement expliqués. Le temps du phénix passe à 540, 1000, 1461 ou 7006 ans. Le sénateur Manilius [47] est sur le sujet la source préférentielle de Pline l'Ancien : il indique 540 [48], le chiffre babylonien déduit de la charade hésiodique arrondi par Hérodote, qu'il ne multiplie pas non plus par 60.

(...) D'après le même Manilius, la révolution de la Grande Année (Magnus Annus) coïncide avec la vie de cet oiseau, et son retour est marqué par le même cycle de saisons et de constellations : ce recommencement a lieu vers midi, le jour où le soleil entre dans le signe du bélier, et l'année où il écrivait, sous le consulat de P. Licinius et de Cn. Cornélius, était la 215è de ce cycle [= 97 et 312 av. n. è.] [49].

Les anciens croient à la nature cyclique du temps, avec le retour des planètes à leur position initiale à intervalles réguliers. L'ordre cosmique est pour eux immuable, et le souverain, représentant des dieux sur terre, en est le garant, pharaon ou empereur. Platon le premier a parlé d'une Grande Année de 25 920 ans (Timée, 39d), mais à l'époque hellénistique, la théorie en vogue est celle du Babylonien Bérose, pour qui elle recommençait dans le signe zodiacal du Capricorne, au solstice d'hiver, et se partageait en trois saisons et douze mois [50]. Le dizième se serait achevé à la mort d'Alexandre ; un nouveau mois cosmique commençait donc avec l'avènement en Syrie de son lieutenant Séleucus, en 312, tandis que Ptolémée devenait pharaon. La fondation du royaume séleucide est le seul événement d'importance à cette date, contemporaine de Bérose, ce qui jette quelque doute sur la « réalité » objective de l'apparition de l'oiseau, signalé aussi moins de 100 ans plus tard en Égypte, sous Ptolémée III [51] ; les souverains rivalisaient-ils pour s'accaparer un heureux présage ?

Les idées de Bérose se diffusent à Rome, mais la durée de la Grande Année varie selon les écoles, fixée à 12 954 ans par Cicéron (Sur la nature des dieux, 2.51-52), Tacite (Dialogue des orateurs, 16) et Plutarque [52]. Solin, abréviateur de Pline, donnera ce chiffre en plus de celui de 540 pour le phénix (Polyhistor, 34). L'oiseau oscille entre un cycle purement solaire et un cycle astronomique plus vaste. Ovide évoque « cinq siècles » [53], tandis que, dans l'éloge funèbre d'un perroquet familier (Amours, 2.6.49-58), il le place aux Champs-Élysées des oiseaux « pieux », comme s'il vivait une vie éternelle au royaume des morts, avatar du bénou funéraire au Champ des souchets, le paradis égyptien (à moins qu'il n'y attende une réincarnation parodique de celle des héros de l'Énéide de Virgile).

Sénèque évoque cette même périodicité à propos du véritable homme de bien qui ne se rencontre guère ; malgré sa fréquence accrue dans les textes et l'actualité (nous allons le voir), l'oiseau est le marqueur proverbial de la rareté : « L'autre naît peut-être, comme le phénix, une fois tous les 500 ans » [54]. Ælius Aristide emploiera cette comparaison au sujet du bon orateur, « un être extraordinairement rare, et c'est à peine s'il en naît un aux révolutions du soleil (héliou périodois), de même que l'oiseau indien en Égypte » [55]. Paradoxalement, le phénix est dit frequens, « commun », par Martial [56].

Pline parle de 540 ans dans son livre sur les oiseaux (HN, 10.4), mais de 1000 ailleurs (HN, 29.29) ; n'est-ce qu'une manière d'évoquer une longue durée (comme nous disons attendre « 107 ans » ?), ou est-ce au sens littéral, comme plus tard chez d'autres auteurs ? Il n'y a pas toujours volonté d'être précis ; Martial écrit au sujet d'un incendie de Rome, alors que la ville n'a pas encore 1000 ans, mais que Domitien célèbre des Jeux séculaires en 88, après ceux d'Auguste en - 17 : « De même que les flammes renouvellent le nid assyrien de l'oiseau dix fois séculaire, toutes les fois qu'il a terminé le cycle de ses années, de même une Rome nouvelle a dépouillé sa vieillesse surannée et a pris elle-même le visage de celui qui préside à ses destinées » [57].

Les savants, eux, cherchent à calculer précisément et sérieusement le temps du phénix et aboutissent à d'autres résultats. Chérémon, prêtre égyptien. philosophe stoïcien, bibliothécaire d’Alexandrie, auteur de traités sur l'astronomie et les hiéroglyphes, précepteur de Néron, indique 7000 ou 7006 ans, selon les manuscrits, sans qu'on en ait l'explication [58]. Tacite semble opposer version populaire de 500 ans et version savante de 1461 ans, où se reconnaît une période astronomique réelle.

Sous le consulat de Paulus Fabius et de L. Vitellius, parut en Egypte, après une longue période de siècles, le phénix, oiseau merveilleux, qui fournit matière à bien des discussions aux savants du pays et de la Grèce. Les points sur lesquels ils sont d'accord, ceux, plus nombreux, qui sont mal éclaircis, mais qu'il est à propos de connaître, voilà ce que je veux rappeler. Cet être est consacré au soleil. Que ni par la tête ni par le plumage il ne ressemble aux autres oiseaux, c'est ce dont conviennent tous ceux qui ont décrit son extérieur ; quant au nombre de ses années, les traditions sont différentes. La plus courante lui en accorde 500 ; d'autres donnent sérieusement le chiffre de 1461 (...) [59].

Il s'agit d'une révolution du soleil connue des Égyptiens, mais sans autre association avec le bénou qu'un rapport avec la crue du Nil [60]. L'année sothiaque, ou caniculaire, est un cycle [61] : au terme de cette durée, considérée par l'historien romain comme la « Grande Année » de l'Égypte, le lever héliaque de l'étoile Sopdet-Sothis, Sirius (ou Canis maior) [62] en latin, coïncide à Héliopolis à la fois avec le Nouvel An et le début de la crue. Cette occurrence se produit le 19 juillet 139, vingt ans après la mort de Tacite, sous l'empereur Antonin, qui la célèbre par une monnaie au phénix frappée à Alexandrie et légendée Aiôn, en grec « Éternité ». Le retour de cette période sothiaque s'était donc déjà produit vers - 4241, - 2781 et - 1321.

3.1.2. Le phénix symbole officiel récurrent du temps impérial

D'autres empereurs auparavant s'étaient associé le phénix. Ses apparitions, sous diverses formes, ont scandé l'actualité aux dates de grands événements. La rumeur de sa venue vers la fin de Tibère, en 34 ou 36, était sans doute un présage de sa mort [63] ; et peu après, l'exhibition d'un oiseau exotique sous Claude célèbre le 800è anniversaire de Rome. Ces manifestations suscitent l'ironie de Pline et la perplexité de Tacite, mais pas au point de ne pas les rapporter.

Il fut même apporté à Rome, pendant la censure de l'empereur Claude, l'an 800 de Rome, et exposé au comitium, fait attesté par les Actes, mais c'était, personne n'en douterait, un faux phénix [64].

La première apparition de l'oiseau daterait de Sésosis, la seconde du règne d'Amasis, la troisième de Ptolémée, troisième roi macédonien du nom, et chaque fois l'oiseau prit son envol vers la ville nommée Héliopolis, au milieu d'un cortège d'oiseaux attirés par l'étrangeté de sa forme ; mais cette tradition est bien obscure. Entre Ptolémée et Tibère il y a eu moins de 250 ans. Aussi quelques uns ont-ils cru que ce phénix était faux (...). Les détails sont incertains et la fable y a ajouté beaucoup ; mais, que cet oiseau apparaisse parfois en Égypte, c'est un fait qui n'est point contesté [65].

Les noms et règnes des pharaons tacitéens ne correspondent que partiellement à des personnages historiques, et pas aux dates exactes du retour de Sothis ; il s'agit de propagande politique, non d'histoire factuelle [66]. C'est pour Tibère, mais sous Trajan que l'historien fait cette digression parce que le sujet est dans l'air. Alors qu'approche 139, Hadrien, égyptophile, intronise le phénix comme symbole officiel de l'État en 117/118 sur un aureus en l'honneur de feu Trajan son prédécesseur [67].

Fig. 8. Aureus au phénix de l'empereur Hadrien (années 117/118). À consulter ici.
 

C'est la deuxième image romaine de l'oiseau après la peinture d'une taverne pompéienne [68].

 

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Fig. 9. Le phénix, identifié par l'inscription PHOENIX FELIX ET TV, fresque de la taverne d'Euxinus à Pompéi (gros plan), Ier siècle ap. J.-C. © Creative Commons.

 

Conformément au mythe, le fils (adoptif) remplace le père à l'identique, avec la promesse de la continuité dynastique, mais la monnaie comporte peu de détails et pas de légende. L'oiseau en majesté (un échassier apparenté au flamant, phoinicoptéros, l'oiseau « aux ailes rouges », par une manière indirecte de montrer sa couleur [69]) y porte un nimbe à douze rayons en place du disque égyptien, autre attribut solaire et royal.

En 121, une nouvelle frappe perche le phénix sur le globe terrestre [70], comme attribut de la personnification du « siècle d'or », placée dans le cercle zodiacal et pointant vers le Bélier de Manilius. Ce signe, premier du zodiaque (21 mars - 20 avril), ouvre le printemps et le renouveau du monde, au premier mois de l'ancien calendrier lunaire, marquant la reprise des activités agraires et militaires. Le 21 avril, jour-anniversaire de la fondation de la ville, Hadrien met en chantier le colossal temple de Vénus et de Rome pour le 900è anniversaire de la cité que son successeur Antonin célèbrera en 148. Il annonce le retour de l'âge d'or dans l'empire, comme avait fait Auguste avant lui : le présage du phénix est réservé aux gouvernants, aux dates de leur propre calendrier politique, indépendant de celui des astres – sauf en l'an 139 [71].

Le règne d'Antonin cumule les célébrations synchrones de règnes, anniversaires et cycles astronomiques ; après l'année sothiaque de 139 viennent en 148 le jubilé des decennalia (ses dix ans de règne) et les Jeux séculaires du 900e anniversaire de Rome, puis ses uicennalia (vingt ans de règne) en 158. Presque toutes sont marquées au sceau du phénix. 139 voit des frappes alexandrines légendées Aiôn, « éternité » en grec, 159-160 une monnaie avec l'allégorie d'Aeternitas tenant le phénix sur le globe.

Fig. 10. Monnaie alexandrine au phénix de l'empereur Antonin, légendée AIÔN (années 138-143). À consulter ici.

Entre ces heureux phénix [72] revient l'oiseau funéraire d'Hadrien pour Trajan, associé à l'apothéose de l'impératrice Faustine l'Ancienne décédée en 140. Le paon est son compagnon habituel, mais outre des monnaies de consécration avec cet oiseau, d'autres montrent le phénix sur le globe tenu par Aeternitas. L'oiseau politique symbole de la durée éternelle de Rome reprend ici l'échelle du temps humain et le rôle de psychopompe du bénou, promettant « l'éternité » individuelle de l'âme divinisée. L'exemple sera suivi par Marc-Aurèle pour Faustine la Jeune, et aussi par des particuliers, comme autrefois le ba-bénou pharaonique s'était démocratisé. La mosaïque d'Édessa (Turquie, vers 235-236) représente le phénix (nommé en syriaque), posé sur une tombe appelée « maison d'éternité » (comme les sépultures égyptiennes) [73], qui rappelle l'oiseau bénou d'une fresque du temple pompéien d'Isis où il est posé sur le sarcophage d'Osiris [74].

 

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Fig. 11. Le ba-bénou âme du dieu sur le sarcophage d'Osiris (gros plan), fresque du temple d'Isis à Pompéi, Ier siècle ap. J.-C. © Wikimedia Commons.

 

Après Antonin, le phénix illustre les monnaies légendées Aeternitas des règnes d'empereurs à la durée parfois inversement proportionnelle à celle de l'oiseau. Sous Septime Sévère, célébrant des Jeux séculaires en 204, l'impératrice Julia Domna se représente avec le sceptre et le phénix sur un globe. Marcia Otacilia Sévéra, épouse de Philippe l’Arabe (244-249) montre Aeternitas avec sceptre et phénix et la légende Temporum felicitas « Bonheur des temps » ; l'an 248 voit le jubilé du millénaire de Rome. De 251 à 253, Roma aeterna est célébrée avec l'image de l'oiseau [75]. On a vu dans l'exploitation du thème de l'âge d'or par les empereurs de la crise de 235-285 une propagande contre les chrétiens qui s'étaient aussi approprié le symbole du phénix, avec une autre signification [76].

Le phénix connaît encore un regain de fréquence sous la dynastie des Constantiniens. Frappé pour ses vingt ans de règne en 325-326, un médaillon montre Constantin transmettant l'empire à ses fils sous la forme du globe au phénix, légendé « Gloire du siècle, Valeur des Césars » [77]. Cet attribut se retrouve sur l'image de Constance II au frontispice du Calendrier (ou Chronographe) de 354, almanach de fêtes païennes et chrétiennes [78]. Lui et ses frères émettent des monnaies au phénix avec le slogan Felix temporum reparatio, « Heureux retour des temps », quand se célèbre le 1100e anniversaire de la ville par les Jeux séculaires de 347-348. Reprise du cycle éternel et félicité portés par le phénix sont associés comme cause et conséquence. Un nouvel attribut paraît, entassement pyramidal où l'oiseau se dresse, nous le verrons. Mais globe ou pyramide, le symbolisme est identique, avec la même légende : le recommencement perpétuel d'un âge d'or sous la domination romaine. Bien que le phénix soit alors devenu aussi chrétien, que Constantin soit baptisé sur son lit de mort après avoir autorisé le christianisme et que ses fils adhèrent à la nouvelle foi, 1'oiseau constantinien n'est pas religieux, mais impérial [79]. Parfois on ne sait si le phénix est païen ou chrétien : l'épitaphe du bon vivant Caius Domitius Primus à Ostie, qui pourrait aussi s'être converti in extremis, semble opposer sa vie épicurienne, vin, bains et Vénus, à son désir de renaître dans l'au-delà ; il dit mystérieusement : « Mais le phénix me conserve sur l'autel auprès des Mânes, lui qui avec moi se hâte de se réparer ». Reparare est employé d'Ovide à Claudien et des monnaies officielles aux auteurs chrétiens.

 

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Fig. 12. Estampage de l'épitaphe de de C. Domitius Primus.
À consulter ici

 

Ainsi, Lactance, païen converti et précepteur à la cour de Constantin, est-il donné pour l'auteur du premier grand poème sur le phénix, entre poésie pure et crypto-christianisme, pouvant coïncider avec les uicennalia de l'empereur. Et l'évêque Eusèbe de Césarée, décrivant dans la biographie de ce dernier ses funérailles, recourt à l'image du phénix et de la graine : Constantin, comme le Christ multipliant les grains de blé, laisse plusieurs successeurs, contrairement à l'oiseau se reproduisant à un exemplaire [80]. Les empereurs chrétiens autant que païens continuent de frapper des monnaies au phénix impérial et d'être comparés, morts ou vivants, à l'oiseau ; Julien apostat et héliolâtre par Libanios (Discours, 17.10), les chrétiens Avitus par Sidoine Apollinaire (Poèmes, 7.346-356) et Justin II par Corippe (Éloge de Justin, 1.349-352).

3.2. Rome chrétienne. Le Phénix, de la croyance populaire au dogme des pères de l'Église. 

Enrôlé par la propagande impériale, le phénix l'est donc aussi par le christianisme montant, dès le pape  Clément de Rome. Il porte le même nimbe radié sur la tête, mais devenu auréole du saint ou du martyr. Le seul point commun des deux symbolismes est funéraire : l'un et l'autre triomphent de la mort, car ils sont diamétralement opposés. D'abord exemple païen emprunté à l'histoire naturelle, l'oiseau en vient à fonder le dogme de la résurrection des corps, passant de la croyance populaire à l'exégèse savante et au débat théologique avec des développements inattendus... sur son sexe [81]. La nouvelle perspective entraîne des altérations du récit, puisqu'il doit s'inscrire dans le temps linéaire de la révélation chrétienne : la réélaboration ne concerne pas d'abord sa longévité, mais la durée du processus de renaissance – jamais précisé jusqu'ici, ainsi que date, lieu et circonstances de sa création. Il apparaît aussi rétroactivement à des moments-clés de l'histoire biblique, et annonce la fin du monde et des temps. C'est dans ce contexte qu'est composé le premier grand poème en son honneur.

3.2.1. Le phénix preuve de la résurrection des corps

Son introduction dans l'apologétique est due à Saint Clément (fin du Iier s.), pour illustrer la réalité de la résurrection de la chair ; Manilius avait insisté sur le pourrissement du cadavre, ajoutant un ver, forme première du nouvel être. Contrairement aux précédents auteurs qui en font une créature atypique, Clément insère le phénix dans une liste de phénomènes naturels, comme la graine – image reprise plus tard par Eusèbe au sujet de Constantin.

Considérons, bien-aimés, la résurrection qui s'opère au temps fixé. Le jour et la nuit nous font voir une résurrection. La nuit se couche, le jour se lève ; le jour s'en va, la nuit survient. (...) Le semeur (...) jette en terre chacune des semences. Celles-ci (...) se désagrègent ; puis, à partir de cette désagrégation même, la magnifique providence du Maître les fait ressusciter, et d'une seule semence sortent de multiples graines (...). Considérons le signe étrange qui a lieu dans les régions du Levant (...). Il y a là un oiseau auquel on donne le nom de phénix. (...). Allons-nous donc trouver que c'est un prodige extraordinaire si le créateur de l'univers fait ressusciter ceux qui l'ont servi (...), alors que même à travers un oiseau il manifeste la grandeur de ce qu'il avait annoncé ? [82]

Il instaure une tradition qui fera à la fois autorité et débat ; c'est sans doute à lui que renvoie Saint Ambroise citant les « Écritures » au sujet du phénix, car la Bible ne mentionne pas l'oiseau [83]. Clément et d'autres à sa suite lui attribuent les 500 ans d'Hérodote, sans leur donner une signification particulière. Mais des détails s'ajoutent pour assimiler le phénix à Jésus. Le Physiologos, bestiaire chrétien populaire, synchronise le récit avec la résurrection du Christ ; l'oiseau renaît en trois jours, à Pâques, date qui correspond au signe du Bélier, avec une référence religieuse à laquelle on rattache même l'étymologie de « phénix ».

Phénix, nom qui est interprété étymologiquement (comme venant) de phuein oxéôs (« engendrer rapidement »), parce que cet oiseau se produit lui-même en peu de temps, (savoir) en trois jours et trois nuits, figurant l’ensevelissement du Seigneur et sa résurrection après trois jours [84].

L'oiseau appartient donc au plan divin ; Dieu l'a créé pour donner aux hommes la preuve manifeste de la résurrection du corps : « La nature a créé un animal unique afin de faire admirer par là non l'animal, mais celui qui l'a créé » [85]. Le phénix peut alors prendre place dans les commentaires de la Genèse ; ce n'est pas le premier être cosmogonique, comme le bénou en Égypte, mais il apparaît au cinquième jour, celui de la création des oiseaux ; Ambroise de Milan l'ajoute au catalogue des animaux de l'Hexameron emprunté à Basile de Césarée [86]. Or ce temps des origines est lié à un lieu, le paradis terrestre. Le poète Avit de Vienne lui fait donc cueillir les aromates de son nid ou bûcher dans le jardin d'Éden, en Extrême-Orient, au pays du soleil levant (Sur le début du monde, 1.238-244). Dans le mythe païen déjà, le phénix avait reculé son séjour de l'Arabie à l'Inde [87]. Et même les Juifs massorètes l'incorporent à leur exégèse de l'Ancien Testament, au temps de la création ou du déluge : le phénix gagne ses 1000 ans de vie et son immortalité de manière anecdotique, pour ne pas avoir croqué la pomme d'Ève, ou pour ne pas avoir importuné Noé dans l'arche [88].

Les mosaïques des églises montrent l'oiseau « réel » aux côtés d'Adam avec d'autres bêtes, dans un paradis à la fois originel et eschatologique.

Fig. 13. Adam au paradis, entouré par les animaux (le phénix nimbé à droite), mosaïque de pavement du Michaelion de Huarte, Syrie, Vè siècle ap. J.-C.

Il peut aussi être emblématique comme dans l'empilement de symboles sous la Jérusalem céleste, sur la mosaïque absidale de la basilique Saint-Jean de Latran à Rome [89].

Au VIè s., un sermon copte [90] évoque même des épiphanies du phénix dans l'histoire chrétienne à trois dates-clés, au temps du sacrifice d'Abel dans le feu duquel l'oiseau se brûle, au temps de l'exode de Moïse, comme chez Ézéchiel le Tragique, où il apparaît sur le temple d'Héliopolis (la On biblique), puis au temps du Christ, où le phénix s'incinère sur le temple de Jérusalem [91]. Jésus fut crucifié sous Tibère – seuls les modernes font explicitement le rapprochement avec la prétendue apparition de son règne : « la longévité de l'oiseau récapitule ainsi, depuis l'origine, les trois périodes de l'histoire ante legem, sub lege, sub gratia » [92].

3.2.2. Le phénix annonciateur de la fin du monde

Placé à la création, le phénix l'est aussi à la fin du monde. Cette fin et celle de l'empire romain étaient annoncées pour un temps proche par des doctrines ésotériques ou religieuses sur la durée de l'univers. Ainsi des oracles dits sibyllins, en fait judéo-chrétiens de nature apocalyptique, prophétisaient-ils, dans les dernières années du IIè s., l'imminent « terme du temps du phénix » [93], soit une cinquième et ultime apparition, après celle de Tibère, de l'oiseau devenu symbole de la domination de cette Rome qui avait détruit deux fois le temple de Jérusalem [94]. Ce terme est prévu pour l'an 194, soit 948 ans après la fondation de la ville qui aurait alors épuisé la valeur et la force numérique des lettres de son nom grec, Rômè : 100 + 800 + 48.

Puis, le temps du phénix arrivant à son terme (phoinikos terma chronoio)
Surgira celui-là qui détruira les peuples,
Haine pour les Hébreux. Mars enchaînera Mars,
Et des Romains alors il brisera les armes [95].

Des doctrines millénaristes circulaient [96], prédisant le retour du Christ 1000 ans après sa mort pour 1000 ans de bonheur terrestre, une des durées de vie du phénix. Le chiffre se trouvait déjà chez Pline et Martial, sans doute dans le sens de longueur indéterminée, et, même chez les chrétiens, ce n'est pas toujours un signe de millénarisme : le poète Ausone, parlant trois fois du phénix, cite l'énigme hésiodique en y associant d'abord la Grande Année, puis le nombre 1000 (Idylles, 11 et 17, Lettres, 20). Ambroise tentera de résoudre la contradiction en distinguant temps animal et humain : « Donc pour cet oiseau, l'année de sa résurrection est la 500e, mais pour nous [les hommes], c'est la 1000e. Pour lui, [elle se produit] dans le temps de ce monde, pour nous, dans l'anéantissement de l'univers » [97].

3.2.3. Le poème du phénix christianisé

Ce nombre figure aussi dans la première des deux grandes poésies latines sur le phénix, attribuée à Lactance, précepteur à la cour de Constantin, converti à la nouvelle foi et adepte du millénarisme [98]. Ce n'est pas le manifeste de l'oiseau chrétien : les références religieuses n'y sont qu'allusives. Il y vit 1000 ans, une sorte de Grande Année [99] divisée en 12 mois – chiffre souvent répété dans l'œuvre. Dans ces années 300, où Rome a plus d'un millénaire, le nouveau siècle n'a exceptionnellement pas été célébré, ni par des jeux [100] ni par une monnaie, rompant avec une tradition qui lui a presque toujours associé le phénix. L'importance accordée dans le poème à une certaine ascèse de vie et à l'appétence de la mort semble faire de cette dernière non l'étape transitoire d'un processus visant à renouveler la vie ici-bas, mais son but pour accéder à la vie éternelle dans l'au-delà [101]. Les derniers vers disent :

Sa Vénus, c'est la mort ; la mort, son seul amour.
Afin de pouvoir naître, il aspire à mourir.
(...)
Conquérant par la mort une vie éternelle [102].

Autre originalité, le phénix y séjourne en deux lieux correspondant à des temps différents. Vivant dans une sorte de paradis et d'âge d'or où la mort n'existe pas, il doit en sortir pour aller, dans ce monde et ce siècle, rejoindre son arbre et son pays homonymes, un palmier en Phénicie-Syrie, afin d'y accomplir sa destinée.

Lorsqu'il a parcouru les mille ans de sa vie,
(...)
Délaissant le séjour de son heureux bosquet,
Anxieux de renaître, il quitte ces lieux saints
Et gagne notre monde où la mort est maîtresse [103].

Les mosaïques des églises et les sculptures des sarcophages le montrent posé sur un palmier à la droite du Christ [104]

 

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Fig. 14. Le phénix perché sur le palmier homonyme (en grec), scène de la parousie du Christ, mosaïque de l'abside (détail) de la Basilique Sainte-Praxède, Rome, IXe siècle. © Ingo Schaff

 

L'oiseau se perche parfois sur des rochers qui pourraient être la montagne du paradis, sur une mosaïque de l'église d'Halawé en Syrie [105], ou encore le mont Golgotha, comme sur une mosaïque de la chapelle San Giovanni in Fonte à Naples, où il trône entre deux palmiers [106], peut-être une réinterprétation de la butte primordiale égyptienne qui a fait son retour sur les monnaies constantiniennes.

4. RENAISSANCE PAÏENNE ET ÉGYPTIENNE DU PHÉNIX : LES MONNAIES CONSTANTINIENNES, LE POÈME DE CLAUDIEN, LES HIÉROGLYPHES D'HORAPOLLON ET LA MOSAÏQUE DE DAPHNÉ

L'intérêt pour le pays des pharaons et son oiseau ne faiblit pas, même avec la généralisation du christianisme : le Physiologos cite des mois du calendrier égyptien en plus des noms hébreux, pour dater la résurrection pascale du phénix : « nisan ou adar, c'est à dire phaménoti ou pharmouti » – janvier - février et février - mars de la saison de la germination, Peret (Physiologos grec I). À l'instar d'Auguste qui en avait convoyé un d'Héliopolis, Constantin et Constance apportent un nouvel obélisque dans la capitale ; à cette occasion, l'historien Ammien Marcellin donne la traduction grecque d'Hermapion pour les hiéroglyphes du premier, qui mentionnent le bénou : « (Toi) qu'Ammon chérit, qui as empli le temple des présents du phénix, que les dieux ont comblé par la durée de la vie, (...) maître de la terre, Ramestès qui vis éternellement » [107].

4.1. Réapparition du tertre primordial du bénou

Les monnaies des Constantiniens célébrant le 1100è anniversaire de Rome, entre 348 et 354, comportent une nouvelle image égyptienne ; si la légende « Heureux renouvellement des temps » est ancienne, l'oiseau est perché, en place du globe, sur un entassement pyramidal, rochers plutôt que bûcher, sans correspondance dans les textes, mais devant évoquer la butte primordiale du bénou.

Fig. 15. Monnaie constantinienne au phénix sur une butte rocheuse, légendée FEL(ICIVM) TEMP(ORVM) REPARATIO, vers 354 ap. J.-C.
À consulter ici

Assez rare dans l'iconographie égyptienne, elle semble attestée à l'époque romaine sur la tunique isiaque de Saqqâra (iie-IIIè s.). Elle montre l'adoration d'une sorte de flamant dressé sur un tertre probablement orné de treize plants de papyrus et des sept bouches du Nil, superposant à l'image temporelle des origines l'image spatiale du delta du fleuve [108].

 

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Fig. 16. Adoration du bénou-phénix sur la tunique liturgique isiaque de Saqqâra.
© Wikimedia Commons.

 

La signification de ces monnaies au phénix inédites reste la même, mais leur typologie montre un retour aux sources originelles du mythe.

4.2. Le poème du phénix impérial

Cette époque produit encore, vers sa fin, un autre chantre latin du phénix : le poète de cour Claudien, Alexandrin, qui fait l'éloge de l'oiseau impérial avant 404, commande officielle ou non à l'aube d'un nouveau siècle. Ce second poème latin est un écho et contrepoint du Carmen attribué à Lactance cent ans plus tôt [109]. Tandis que les empereurs Théodose et Arcadius continuent de battre des monnaies au phénix légendées Perpetuetas, l'œuvre montre une émulation littéraire et une réappropriation païenne du sujet, donnant enfin des lettres de noblesse à l'emblème officiel. C'est ici un coq perse représenté en conquérant royal, comme aussi dans les vers où Claudien lui compare Stilicon, général et gendre de Théodose ; il y mentionne ensuite, dans la caverne de l'Éternité, le serpent se mordant la queue, Ouroboros, autre symbole égyptien, appelé Aeuum (Aiôn en grec) [110]. Dans le grand poème, l'Égypte, patrie de l'auteur, est plus présente que chez Lactance, et les 1000 ans de l'oiseau, loin de signifier la fin du monde millénariste, promettent la régénération de Rome ; les dernières lignes ne chantent pas la « mort » invoquée une dizaine de fois par Lactance (pour une seule occurrence chez Claudien), mais la nient énergiquement.

Aucun désastre ne t’emporte, tu demeures seul survivant
Une fois la terre domptée. Les Parques contre toi
N'enroulent pas de fils cruels, sans avoir le droit de te nuire [111].

Le phénix funéraire inventé par Hadrien pour Trajan et repris par Antonin et Marc-Aurèle pour les Faustine n'a pas eu de postérité impériale : l'aspect mortel de l'oiseau a été gommé au profit de sa vie éternelle. Pas de Jeux séculaires non plus en ce début du nouveau siècle, mais le poème de Claudien pourrait faire office de Chant séculaire officiel, comme autrefois celui d'Horace pour Auguste, peut-être aussi comme celui de Lactance à son époque [112]. On prophétisait encore la fin du monde pour le règne de Théodose, sur la base d'une périodicité de 365 ans, sorte de Grande Année composée d'autant d'années qu'il y a de jours dans l'année ; une catastrophe s'était déjà produite 365 ans après la fondation de Rome : l’invasion gauloise de - 390, et la fin des temps était annoncée pour 365 ans après la mort du Christ, approximativement en 398. Claudien insiste cependant sur un thème présent dès le poète Stace au Iier s. et encore chez Lactance : la vieillesse et décadence du phénix, qui vit son temps en deux phases, ici descendante et ascendante, de la mort à la palingénésie. C'est l'occasion d'une peinture contrastée riche d'antithèses, qui porte rétrospectivement une ombre au tableau, car le vieil oiseau emblématique de l'empire succombera bientôt avec Rome.

4.3. Le hiéroglyphe du bénou-phénix

Au vè s., Horapollon l’Égyptien parle plusieurs fois du phénix dans son traité sur les hiéroglyphes. La valeur informative du premier des deux livres est reconnue : il complète la liste d'exemples du hiérogrammate Chérémon [113], mais comporte comme lui des références gréco-romaines mêlées aux éléments égyptiens, par syncrétisme culturel. À propos de phoinix, Horapollon, n'employant que la langue grecque, précise toujours ton ornéon, « l'oiseau » ou to dendron, « l'arbre ». Il parle du végétal pour le mot « année », éniautos, et de sa branche pour « mois », l'arbre étant réputé porter douze branches annuelles (1.3-4). Effectivement, le hiéroglyphe renpet représente une nervure de palme et signifie « année », littéralement « ce qui se rajeunit » [114]. L'auteur mentionne aussi le vautour et Isis sothiaque pour dire « année », mais le charognard signifie « temps ». Il a cependant raison de ne pas associer le phénix au cycle sothiaque, car le bénou ne l'était pas : « Lorsqu'ils veulent représenter l'année, ils peignent Isis (...). Isis est chez eux une étoile, appelée en égyptien Sothis ; et en grec Astrocyon, qui semble régner sur les autres étoiles, apparaissant tantôt plus grande, tantôt plus petite, tantôt plus brillante, tantôt moins. Aussi, nous sommes renseignés suivant le lever de cette étoile sur les événements qui doivent s'accomplir pendant l'année » [115].

Contrairement à Chérémon écrivant que « année » s'exprime par le dessin d'un cerf, élaphos [116], ou d'un phoinix [117], Horapollon ne cite pas le cerf, animal peu connu des Égyptiens et qui ne se rencontre qu'au livre 2 (d'une autre main), avec un autre animal hésiodique, la corneille, sans que les chiffres soient ceux de la charade hésiodique (2.21). Horapollon est encore exact en disant que le phénix est le hiéroglyphe de la crue du Nil, malgré une explication sans rapport : « Voulant écrire (...) l'inondation, ils peignent l'oiseau phénix (...) parce que le phénix est le symbole du soleil que rien ne surpasse en grandeur dans l'Univers (...) » (1.34).

En revanche, les influences hésiodique, hérodotéenne et astronomique sous-tendent ses trois autres interprétations symboliques de l'oiseau, non égyptiennes : l'animal le plus âgé de tous, l'homme ne rentrant au pays que pour y mourir, et le recommencement d'un cycle. Elles ne correspondent à aucun hiéroglyphe et il y manque la référence au soleil.

Voulant écrire une âme qui demeure longtemps ici-bas (...), ils peignent l'oiseau phénix, (...) parce que cet animal atteint un âge plus avancé qu'aucun autre dans l'Univers. (...) De même, pour représenter celui qui revient tardivement de l'étranger, ils écrivent également l'oiseau phénix. Car celui-ci se rend en Égypte quand vient le moment où le destin va l'atteindre, après chaque intervalle de cinq cents ans. (...) Voulant signifier un renouvellement qui se produit après un long temps, ils peignent l'oiseau phénix, car, lorsque celui-ci vient à naître, il se produit un rétablissement de toute chose. (1.34 et 57)

Il explique aussi qu'un autre animal, le serpent Ouroboros, cité par Claudien, exprime « l'éternité », et « l'univers » quand il mord sa queue – sens de son nom grec – et fait sa mue (1.2) ; Servius y voit, lui, une image de « l'année  » (Commentaire à l'Éneide, 5.85). Mehen, « l'enroulé » en égyptien, entourant le monde et le séparant du chaos, est aussi un symbole temporel de l'éternel retour. Comme le bénou-phénix, ce serpent a été adopté par l'ésotérisme antique, gnose ou magie [118].

4.5. Le phénix de la mosaïque de Daphné

Ce retour à l'Égypte semble également perceptible sur une autre terre du phénix, la Phénicie-Syrie. L'oiseau réapparaît une ultime fois sur un tertre dans sa majesté solitaire, sur la monumentale mosaïque d'une demeure de Daphné du Vè-VIè s. [119], dans la banlieue de cette Antioche où les apôtres Pierre et Paul auraient réuni leurs premiers disciples dans une grotte pour enseigner la bonne parole.

 

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Fig. 17. Le phénix sur une butte rocheuse, mosaïque de Daphné, Syrie, Ve-VIe s., Paris, Louvre. © Wikimedia Commons.

 

Sur un fond de boutons de roses, un échassier surmonte une pyramide de neuf rocs, à la fois butte cosmogonique et ennéade divine, en un revival des croyances anciennes, quand les derniers païens, en quête d'une spiritualité nouvelle, s'opposent aux chrétiens. La frise de têtes de bouquetins de style sassanide affrontés au pourtour pourrait évoquer le signe zodiacal du Capricorne ou plutôt du Bélier rattaché à l'oiseau pour exprimer le renouvellement cyclique et un nouveau printemps du monde, même si c'est un motif ornemental connu par ailleurs.

CONCLUSION

En Égypte, le bénou est lié aux temps des dieux, des pharaons et des hommes. Dans la croyance et les images, le héron-bénou, première créature d'Atoum aux origines du monde, devient l'image du dieu soleil Ré, matinal et vespéral, diurne et nocturne. Il passe de la nuit à la mort, avec le rôle de psychopompe aux côtés d'Osiris. Dans le calendrier, l'oiseau éternel est associé à l'anniversaire de Ré et à la fête du Nouvel An, au jubilé royal, au lever héliaque de Sodpet-Sothis et à la crue du Nil qui est sans doute le point de départ du mythe.

La Grèce cadre le mythe du phénix en des textes rares, mais fondateurs. Hérodote confond ou fusionne l'animal solaire égyptien, héron et faucon à la fois, avec le macrobion purement symbolique et astronomique des Préceptes hésiodiques et il le fait mourir tous les 500 ans, période d'origine babylonienne résultant sans doute d'une simplification de grands chiffres, et qui se maintiendra longtemps après lui. Puis Ézéchiel le Tragique confère au phénix une allure, des attributs et surtout un contexte à la fois biblique et « historique » promis à un grand avenir : il en fait le marqueur d'un événement important, de l'aube d'une ère nouvelle et favorable.

La Rome païenne et chrétienne assure la fortune de l'oiseau en l'adoptant comme symbole impérial et religieux. Il se multiplie dans la littérature, l'histoire et l'iconographie, du Iier s. av. n. è. au VIè s. De nouvelles données chronologiques apparaissent, des 540 ans de Manilius chez Pline aux 1461 ans de Tacite et plus encore, avec des significations astronomiques éventuellement égyptiennes, mais sans rapport avec le bénou ; les chiffres les plus récurrents du phénix sont en fait 12, comme les mois, et 365, comme les jours, tous deux liés au concept de l'année, civile ou cosmique. Dans une égyptophilie croissante, l'oiseau devient un symbole récurrent du temps romain impérial et de ses célébrations. Posé sur le globe terrestre, il promet un bonheur et une éternité renouvelés pour l'empire garant de l'ordre et de la stabilité du monde, annonçant fréquemment le retour de l'âge d'or, et précisément celui du cycle sothiaque en l'an 139. Il assume parfois la valeur funéraire du bénou.

Répandu dans la croyance populaire par le Physiologos, le christianisme naissant adopte aussi le phénix, qui devient la preuve du dogme affirmé par les Pères de l'église de la résurrection des corps dans la vie éternelle. On cale les détails et le tempo de son mythe sur la passion du Christ, on intègre même ses apparitions à l'histoire biblique et au temps linéaire de la création divine, puis de la fin du monde, proche selon les millénaristes, en le plaçant dans les paradis originel et eschatologique. Le poème attribué à Lactance célèbre la nouvelle icône de la religion ascendante, mais comme un être ascétique réclamant la mort, sans doute associé par un jeu de mots bilingue gréco-latin à la palme du martyre et de la sainteté.

On assiste cependant, dans une concurrence spirituelle, à un revival païen et égyptien du phénix. La poésie de Claudien redonne son lustre impérial à l'oiseau immortel, dont les Hiéroglyphes d'Horapollon expliquent le symbolisme originel, biaisé par un amalgame culturel – les auteurs ne demêlant pas toujours ce que le mythe gréco-romain a emprunté d'une part au bénou, d'autre part au coq solaire oriental. Mais les mauvais augures prédisant la fin du « temps du phénix » romain auront raison de l'oiseau sacré. S'il se dresse encore sur la mosaïque de Daphné, c'est l'ultime « image renouvelée du Temps pareil à lui-même » [120], après plusieurs millénaires d'une exceptionnelle existence religieuse, littéraire, politique, symbolique et iconographique. L'oiseau paradoxal de l'Égypte, de la Grèce et de Rome, du dieu soleil, du pharaon, de l'empereur et du Christ, l'oiseau du Nil et du feu, des origines et de la fin du monde, de la vie et de la mort, annuel, séculaire et millénaire, rare et omniprésent, au mythe renaissant toujours de lui-même, jette ses dernières flammes et ne renaîtra plus de ses cendres. Il a fait son temps, et notre siècle n'y croit plus, du moins sous cette forme [121].

S'il continue de vivre dans l'univers imaginaire du jeune public, manifeste dans la série Harry Potter de J.K. Rowling, [122] invisible mais omniprésent dans la trilogie Hunger Games de Suzanne Collins [123], il donne aujourd'hui son nom à l'astéroïde Bennu de 500 mètres de diamètre, numéroté 101955, vieux de quatre milliards d'années, dont la matière remonte aux origines du monde ; découvert en 1999, à l'aube du nouveau millénaire, il décrit une orbite d'un an et deux mois autour du soleil. La sonde spatiale Osiris rex lancée en 2016 l'atteindra fin 2018 pour prélever des échantillons [124]. Croisant tous les six ans l'orbite de la Terre, il a une chance sur 2 500 d’entrer en collision avec elle à la fin du XXIIe siècle.

Françoise LECOCQ est Maître de Conférences en Latin à l'Université de Caen Normandie. Elle a écrit une vingtaine d'articles sur l'histoire du mythe du phénix et son iconographie, de l'Égypte antique à notre époque contemporaine.

[1] Voir F. Lecocq, « Les sources égyptiennes du mythe du phénix », F. Lecocq (dir.), L’Égypte à Rome, Cahiers de la MRSH-Caen 41 (2005) 2008, p. 211-266.

[2] Voir D. Meeks, « Les oiseaux marqueurs du temps », Bulletin du Cercle lyonnais d'égyptologie Victor Loret, 4, 1990, p. 37-52

(https://www.mom.fr/image_carto/ServiceImage/loret/loret_0990-5952_1990_bul_4/PDF/loret_0990-5952_1990_bul_4_p37-52.pdf, accédé le 09.11.2019).

[3] En dernier lieu, L. Gosserez (dir.), Le phénix et son Autre. Poétique d'un mythe des origines au XVIe siècle, Paris, Rennes, Presses universitaires, 2013 ; voir son article « Le phénix, le temps et l'éternité », p. 21-45.

[4] Voir L. Medini et G. Tallet, « Qu’est-ce qu’un mythe égyptien ? », Revue de l’histoire des religions, 2018, 4, p. 595-607 (en ligne sur https://journals.openedition.org/rhr/9306, accédé le 09.11.2019).

[5] Il existe quelques images d'oiseaux, dont le héron, sur une butte diversement représentée, dans des peintures tombales ou des Livres des morts, mais il n'est pas certain qu'il y s'agisse du tertre originel, voir F. Lecocq, « Les réinterprétations textuelles et symboliques des attributs iconographiques du phénix, de l'Égypte ancienne à Rome », Y. Dureau et S. Coin-Longeray (dir.), Images sources de textes / Textes sources d'images, Les Ulis, EDP Sciences, 2020, pp. 63-80. 

[6] Voir S. Bickel, La cosmogonie égyptienne avant le Nouvel Empire, Orbis Biblicus et Orientalis 134, Fribourg / Göttingen, Academic Press / Vandenhoeck & Ruprecht, 1994, p. 240-241

 (https://www.zora.uzh.ch/id/eprint/152534/1/Bickel_1994_La_cosmogonie_egyptienne.pdf, accédé le 09.11.2019).

[7] Il s'agit d'Atoum, Chou, Tefnout, Geb, Nout, Osiris, Isis, Seth, Nephthys.

[8] Ardea bennuides, voir E. Hoch, « Reflections on Prehistoric Life at Umm al-Nar (Trucial Oman) based on Faunal Remains from the Third Millennium BC », M. Taddei (dir.), South Asian Archaeology 1977, Napoli, Istituto Universitario Orientale, Seminario di Studi Asiatici, Series Minor 6, p. 589-638.

[9] Tombes thébaines 359 et 1.

[10] Tombe thébaine 290.

[11] Le monde souterrain des morts.

[12] Voir J. Assmann, La mort et au-delà dans l'Égypte ancienne (2001), trad. Nathalie Baum, Monaco, éditions du Rocher, 2003, p. 145-156.

[13] Livre des Morts, chap. 29B, traduction de S. Quirke, Le Culte de Rê. L'Adoration du soleil dans l'Égypte (2001), traduit par N. Baum, Monaco, éditions du Rocher, 2004, p. 39.

[14] Voir R. Van den Broek, The Myth of the Phoenix according to Classical and Early Christian Traditions, Leiden, Brill, 1972, pl. I.

[15] Néfertari : tombe de la Vallée des reines QV 66 ; Néferrenpet : tombe thébaine 178.

[16] Voir Assmann, op. cit., p. 321-337.

[17] Livre des morts, chap. 122. Transformations en héron (chenty) et en bénou, chap. 83-84.

[18] Voir Assmann, op. cit., p. 355-356 et 558-561.

[19] Voir J. Winand, « Réflexions sur l’anthropologie du temps : le cas de l’Égypte ancienne. Questions et Méthodes », V. Pirenne-Delforge et O. Tunca (dir.), Représentations du temps dans les religions, Droz, Liège-Genève, 2003, p. 17-35

(en ligne sur https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/59740/1/Winand%20-%20Temps.pdf, accédé le 09.11.2019).

[20] Sur les termes neheh et djet « temps » et « éternité », traduits par chronos et aiôn, renvoyant cependant à des concepts difficilement réductibles à nos catégories temporelles, voir F. Servajean, Djet et Neheh. Une histoire du temps égyptien, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2007.

[21] Voir D. Raue, « Religion et politique au cœur de l’ancienne Égypte : le temple d’Héliopolis », Annuaire de l'École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses, 125, 2018, p. 93-108

(en ligne sur https://journals.openedition.org/asr/pdf/1834, accédé le 09.11.2019).

[22] Van den Broek, op. cit., p. 22-23, et A. Belluccio, « Le mythe du Phénix à la lumière de la consubstantialité royale du père et du fils », Sesto congresso internazionale di egittologia, Atti, 2, Turin, International Association of Egyptologists, p. 21-39, p. 23 et fig. 5.

[23] Voir Hérodote, 2.59.

[24] Il y a une possible allusion à cette fête au sujet du phénix dans le roman d'Achille Tatius Leucippé et Clitophon (3.24-25), ainsi que dans un papyrus (voir D. Colomo, « The avis phoenix in the Schools of Rhetoric : P.Mil.Vogl. I 20 and P.Lond.Lit. 193 Revisited », Segno e testo, 11, 2013, p. 29-78.

[25] Papyrus Sallier IV et Calendrier du Caire (Belluccio, art. cit., p. 29).

[26] C'est l'apparition d'une étoile au lever du soleil au-dessus de l’horizon, à l'est, alors qu’elle a été invisible quelque temps.

[27] Voir A. Pogo, « The Astronomical Ceiling-Decoration in the Tomb of Senmut (XVIIIth Dynasty) », Isis, 14.2, 1930, p. 301-325, p. 325, et J. A. Belmonte et M. Shaltout, « The astronomical ceiling of Senenmut : a dream of mystery and imagination », M. Peppino Zedda et J. A. Belmonte, (dir.), Lights and shadows in cultural astronomy. Proceedings of the SEAC 2005, Isili, Associazione Archeofila Sarda, 2007, p. 145-154.

[28] Voir B. Legras, « La réforme du calendrier sous Ptolémée III : l'avènement d'un “âge d'or” ? », Mélanges Tranoy, Rennes, 2004, p. 191-206, p. 204-206.

[29] Les égyptologues cependant tendent à réhabiliter la valeur documentaire de son œuvre, décriée depuis l'antiquité, voir F. Labrique, « Le regard d'Hérodote sur le phénix (II, 73) », L. Coulon, P. Giovannelli-Jouanna, F. Kimmel-Clauzet (dir.), Regards croisés sur le Livre II de l’Enquête d’Hérodote, Lyon, MOM, 2013, p. 119-143

(en ligne sur https://www.persee.fr/doc/mom_0151-7015_2013_act_51_1_2258, accédé le 09.11.2019),

et G. Tallet, « Mythologie et hellénisme en Égypte gréco-romaine », D. Auger et C. Delattre (dir.) Mythe, imaginaire, fiction, Nanterre, Presses universitaires de Paris-Ouest, 2010, p. 399-425.

[30] 2.73, traduction Ph.-E. Legrand, Paris, Belles Lettres, 1937.

[31] Lactance, Poème sur le phénix, v. 169.

[32] Voir S. Cauville, « Une offrande spécifique d’Osiris : le récipient de dattes », Revue d’égyptologie 32, 1980, p. 47-64, p. 62.

[33] Hésiode, fragment 304, voir Van den Broek, op. cit., p. 67-145.

[34] Sur la disparition des oracles, 11.415c, voir Van den Broek, op. cit., p. 132-145

[35] Oiseaux, 267-273. Il évoque ailleurs un phénax, parodique du phénix, en Perse (Acharniens, 89-90). Aujourd'hui c'est au chat que nous prêtons neuf vies.

[36] Van den Broek, op. cit., p. 72 et 88.

[37] La mythologie rattache le corbeau et Coronis à Apollon, le cerf à Artémis sa sœur déesse de la lune entourée de nymphes, le palmier à tous deux. Le phénix n'appartient pas à leurs légendes.

[38] Van den Broek, op. cit., p. 142.

[39] Oiseaux, 886. Il y aussi un elaphis non identifié chez un certain Denys, auteur d'un traité sur la chasse des oiseaux à la glu (Ixeutica 2.11).

[40] Van den Broek, op. cit., p. 68, qui y voit deux traditions différentes.

[41] Par exemple, celle de Pline l'Ancien qui assimile le phénix à l'oiseau cannelle d'Hérodote, voir F. Lecocq, « Kinnamômon ornéon ou phénix ? L’oiseau, la viande et la cannelle », J.-P. Brugal, A. Gardeisen, A. Zucker (dir.), Prédateurs dans tous leurs états. Évolution, biodiversité, interactions, mythes, symboles, Antibes, APDCA 2011, p. 409-420.

[42] Moïse, élevé en Égypte, est lié à Héliopolis.

[43] Animal perse importé depuis peu et devenu le roi de la basse-cour.

[44] Il faut sans doute voir une allusion au bénou égyptien dans la comparaison avec un taureau : Mnévis, l'autre animal sacré d'Héliopolis.

[45] Géographie 15.1.69 ; ils ressemblent à l'oiseau d'Ézéchiel, ou inversement.

[46] Voir F. Lecocq, « Inventing the Phoenix. A Myth in the making through Words and Images », P. A. Johnston, A. Mastrocinque, S. Papaioannou (dir.), Animals in Greek and Roman Religion and Myth, Cambridge Scholars Publishing, 2016, p. 449-478.

[47] Ce n'est pas l'auteur des Astronomiques, qui écrit à une date ultérieure.

[48] Des manuscrits donnent 660, 600 ou 560 (Van den Broek, op. cit., p. 69). Mais la divergence entre 540 et 560 peut résulter d'une erreur de copiste par la simple interversion des deux derniers chiffres romains, DLX pour DXL.

[49] Histoire naturelle, 10.4-5, traduction E. de Saint-Denis, Paris, Belles Lettres, 1961.

[50] Van den Broek, op. cit., p. 90-96.

[51] Tacite, Annales, 6.28.

[52] Voir n. 34. Rien sur le bénou-phénix dans son traité D'Isis et Osiris.

[53] Métamorphoses, 15.391-407. Ce passage a été surinterprété politiquement, mais il cite seulement des modes de reproduction extraordinaires, même s'il s'agit d'un discours du philosophe Pythagore au roi Numa s'achevant, plus loin, sur l'annonce de la grandeur romaine. Autre type de surinterprétation de ce passage : le phénix comme figure du poète, voir F. Lecocq, « Un bilan de la recherche contemporaine sur le mythe du phénix », Roda da fortuna, 4.1, 2015, p. 257-273 (en ligne sur

 https://www.revistarodadafortuna.com/2015-1, accédé le 08.11.2019).

[54] Lettres à Lucilius, 42.1, traduction de H. Noblot, Paris, Belles Lettres, 1947.

[55] Discours, 45.107, traduction de J. Hubaux, M. Leroy, Le mythe du phénix dans les littératures grecque et latine, Liège-Paris, Droz, 1939, p. 16, n. 3. Le phénix arabo-égyptien est devenu indien comme le sont perroquet, faisan et cygne, voir F. Lecocq, « Le roman indien du phénix ou les variations romanesques du mythe du phénix », R. Poignault (dir.), Présence du roman grec et latin, Clermont-Ferrand, Caesarodunum XL-XLI bis, 2011, p. 405-429.

[56] Épigrammes, 5.37.13. L'expression de Juvénal « oiseau rare » (rara auis, Sat., 6.615) s'applique au cygne noir au sujet de la femme vertueuse.

[57] Épigrammes, 5.7.1-3, traduction H.-J. Izaac, Paris, Belles Lettres, 1930.

[58] Hiéroglyphes, chez Tzétzès, Chiliades, 5.395-398.

[59] Annales, 6.28,1-8, traduction P. Wuilleumier, Paris, Belles Lettres, 1975.

[60] Van den Broek, op. cit., p. 26-32.

[61] Censorin, Sur le jour de la naissance, 18.10-11, sans mention du phénix.

[62] Sur les monnaies romaines, Isis sothiaque chevauche le chien canicula.

[63] Tacite, Annales, 6.28, en 34 (pour les vingt ans de son règne ?), Dion Cassius, 58.27, en 36 (présage de sa mort), Pline, HN, 10.5, sans le nom de Tibère.

[64] Pline, HN, 10.5, trad. cit.

[65] Tacite, Annales, 6.28.4-6, trad. cit.

[66] Le livre 2 d'Hérodote parle de Sésostris (le Sésosis de Diodore, Bib. His., 1.53-60), pharaon composite à demi légendaire, et d'Amasis, c'est à dire Ahmôsis II qui régna de 569 à 526 ; aucun n'a de rapport spécifique avec le bénou. Ptolémée III réforma le calendrier égyptien : pour cette apparition-là, Tacite a une autre source qu'Hérodote. Nous hasardons ici une explication un peu radicale : les manifestations de l'oiseau sous ces souverains sont inventées après, mais d'après Hérodote. Car si le phénix se montre aux Romains, il doit s'être déjà montré en Égypte. Les noms de Sésosis et Amasis proviennent bien de ce tome d'Hérodote sur l'Égypte et le bénou-phénix ; ils sont sans attache avec l'oiseau, mais ils y figurent comme les premier et dernier de la liste des pharaons, et les deux seuls dont parle l'historien Diodore, qui résume son prédécesseur en enchaînant directement sur la vie du second après celle du premier. Sésostris figure-type du bon pharaon, Amasis dernier souverain de l'indépendance avant la conquête perse, ont donc des valeurs exemplaires. L'ajout du phénix à leur geste pourrait s'expliquer par l'emploi d'une fiche de lecture synthétique ainsi rédigée : « Égypte : pharaons, de Sésosis à Amasis ; le phénix à Héliopolis ». Chez Diodore, il reste les deux pharaons, le phénix a disparu. Mais dans la source de Tacite, tous les éléments du résumé se seraient liés de la façon suivante : « Le phénix d'Héliopolis est apparu en Égypte sous Sésostris et Amasis ».

[67] Pour toutes les monnaies, voir Van den Broek, op. cit., pl. VI-VIII.

[68] Voir F. Lecocq, « Deux faces du phénix impérial : Trajan et Hadrien sur l'aureus de 117/118 », S. Benoist, A. Gautier, C. Hoët-Van Cauwenberghe, R. Poignault (dir.), Mémoires de Trajan, mémoires d'Hadrien, Lille, Septentrion, p. 57-70.

[69] En égyptien aussi le flamant, decheret, tire son nom de sa couleur rouge, tout comme la couronne de Basse Égypte.

[70] Les deux types iconographiques inventés par les ateliers monétaires d'Hadrien se maintiendront : phénix radié en majesté et phénix perché sur le globe, avatar du disque solaire égyptien et de l'œuf hérodotéen, voir F. Lecocq, « L’iconographie du phénix à Rome », Schedae 6.1 : Images de l'animal dans l’Antiquité, 2009, p. 73-106 (en ligne sur https://www.unicaen.fr/puc/html/ecrire/preprints/preprint0062009.pdf, accédé le 08.11.2019).

[71] Les siècles étrusques font 108 ans, les siècles romains 100 ou 110, calculés de plus selon différents computs ; on peut donc en célèbrer plusieurs à des dates rapprochées, voir S. Benoist, Rome, le Prince et la Cité. Pouvoir impérial et cérémonies publiques (ier s. av. - début du ive s. ap. J.-C), Paris, Presses universaires de France, 2005, p. 273-333.

[72] Le phénix est souvent qualifié par l'adjectif assonant felix, « heureux », depuis Ovide et la peinture de Pompéi.

[73] Van den Broek, op. cit., pl. XIII.

[74] Van den Broek, op. cit., pl. IV-V. C'est l'unique bénou italien, voir F. Lecocq, « Les premières peintures du phénix, à Pompéi », J. Boislève, A. Dardenay, F. Monier (dir.), Actes du XXIXe colloque de l'AFPMA, Bordeaux, Ausonius, 2019, p. 163-180.

[75] Voir F. Lecocq, « L’empereur romain et le phénix », S. Fabrizio-Costa (dir.), Phénix. Mythe(s) et signe(s), Bern, Peter Lang, 2001, p. 27-56, et J. Mangas, « La diosa Roma Eterna », J. Mangas, S. Montero (dir.), El milenarismo. La percepción del tiempo en las culturas antiguas, Madrid, Editoria, Complutense, 2001, p. 187-203.

[76] Voir D. Hollard, F. López Sánchez, Le Chrisme et le Phénix. Images monétaires et mutations idéologiques au ive s., Bordeaux, Ausonius, 2014.

Voir, pour une nouvelle datation et interprétation, E. Moreno Resano, « Los medallones constantinianos con la leyenda "Gloria saeculi. Virtus Caess" (RCC 279) : estudio de su cronología e iconografía », Documenta & Instrumenta, 17, 2019, p. 97-112
 (en ligne sur https://revistas.ucm.es/index.php/DOCU/article/view/64063, accédé le 08.11.2019).

[78] Van den Broek, op. cit., pl. XVII.

[79] C'est le labarum, étendard frappé de la croix et des initiales du Christ, qui manifeste sur les monnaies leur foi.

[80] Vie de Constantin, 4.2. C'est lui qui a conservé le fragment d'Ézéchiel sur le phénix (Préparation évangélique, 9.29).

[81] Voir F. Lecocq, « “ Le sexe incertain du phénix” : de la zoologie à la théologie », L. Gosserez (dir.), Le phénix et son Autre..., op. cit., p. 187-210.

[82] Lettres aux Corinthiens, 1.24.2-26.1, traduction d'A. Jaubert, Paris, Éditions du cerf, Sources chrétiennes 167, 1971.

[83] Voir F. Lecocq, « Y a-t-il un phénix dans la Bible ? À propos de Job 29:18, de Tertullien, De resurrectione carnis 13, et d’Ambroise, De excessu fratris 2, 59 », Kentron, 30, 2014, p. 55-82 (en ligne sur fhttps://journals.openedition.org/kentron/463, accédé le 08.11.2019).

[84] Physiologos de Vienne, traduction de Hubaux - Leroy, op. cit., p. XXXVI. Une seconde notice en fait l'oiseau 'qui apparaît', sur le radical du verbe phainô, voir F. Lecocq, « Le phénix dans le Physiologus byzantin du Pseudo-Épiphane et dans le Physiologus de Vienne : erreur textuelle et interprétation étymologique », Rursuspicae, 12 : Le Physiologus antique et sa transmission médiévale, 2019, en ligne sur OpenEdition.

[85] Origène, Contre Celse, 4.98.

[86] 5.23.79-80, voir L. Gosserez, « Le commencement dans l'Exameron d'Ambroise de Milan », B. Bureau et C. Nicolas (dir.), Commencer et finir. Débuts et fins dans les littératures grecque, latine et néolatine, Lyon, CERGR, 2007, p. 135-151, et « Le phénix, exemple de résurrection dans l'apologétique », L. Gosserez (dir.), Le phénix et son Autre..., op. cit.., p. 83-90.

[87] Voir n. 55.

[88] Ils l'introduisent aussi dans le Livre de Job : le mot hébreu hol (code Strong 2344) est rendu par « phénix », au lieu de « sable », dans certaines traductions de la Bible hébraïque contemporaine, voir F. Lecocq, « Y a-t-il un phénix dans la Bible ?... », art. cit.

[89] Van den Broek, op. cit., pl. XX.

[90] Van den Broek, op. cit., p. 33-47.

[91] « Avant la Loi (mosaïque) », « sous la Loi », « sous la Grâce », voir P.-A. Deproost, « Les métamorphoses du phénix dans le christianisme ancien », M. Mazoyer, J. Pérez Rey, F. Malbran-Labat, R. Lebrun (dir.), L'oiseau entre ciel et terre, Paris, L'Harmattan, Kubaba, 2005, p. 113-138 (preprint en  ligne sur http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/08/Phenix1.htm, accédé le 09.11.2019).

[92] Ainsi Deproost, art. cit., p. 113.

[93] Oracles sibyllins, 8.139-142, partie juive de l'œuvre. Dans l'Apocalypse juive du ps. Baruch, le prétendu phénix est un coq céleste géant précédant le soleil (c'est à dire héliodrome) et protégeant la terre de ses ardeurs avec ses ailes aux 365 plumes. Son chant éveille les coqs terrestes, marqueurs familiers du temps journalier, voir F. Lecocq, « Deux oiseaux solaires en un : le coq, le phénix et l'héliodrome », B. Gauvin et M.-A. Lucas-Avenel (dir.), Inter litteras et scientias. Recueil d'études en hommage à Catherine Jacquemard, Caen, Presses universitaires de Caen, 2019, p. 81-95.

[94] Voir S. Montero, « El fin del mundo en época de Marco Aurelio », J. Mangas, S. Montero (dir.), El milenarismo, op. cit., p. 145-152.

[95] Traduction Hubaux - Leroy, op. cit., p. 250.

[96] Voir J. Fernández Ubiña, « Orígenes y tendencias del milenarismo cristiano », J. Mangas, S. Montero (dir.), El milenarismo, op. cit., p. 153-186, et P. Maraval, « Le millénarisme chez les auteurs latins chrétiens », M. Dumont (dir.), Mélanges sur la question millénariste de l'Antiquité à nos jours, Paris, Champion, 2018, p. 105-117.

[97] Éloge funèbre de Satyrus, 2.59, notre traduction.

[98] Voir Institutions divines, 7.14.2-4.

[99] Annus peut valoir pour Magnus Annus.

[100] 304 et 314. Zosime y voit la cause du déclin de Rome qui a négligé ses dieux (Histoire, 2.7).

[101] Voir L. Gosserez, « Le phénix de Lactance : naissance de l'élégie triomphale chrétienne », L. Gosserez (dir.), Le phénix et son Autre..., op. cit., , p. 119-146.

[102] V. 165-170, traduction Hubaux - Leroy, op. cit., p. XX.

[103] V. 59-64 = 39-44, trad. cit.

[104] Van den Broek, op. cit., pl. XXIV-XXX.

[105] Voir J. Balty, Mosaïques du proche-Orient. Chronologie, iconographie, interprétation, Paris, Belles Lettres, 1995, p. 46-47.

[106] Van den Broek, op. cit., pl. XXIII.

[107] Histoires, 17.4.20, traduction G. Sabbah, Paris, Belles Lettres, 1970, où nous réintroduisons l'oiseau pris à tort pour le « palmier-dattier ».

[108] Van den Broek, op. cit., pl. II-III. Contrairement à F. Labrique (« La tunique historiée de Saqqara : Maât-Alêtheia versus Isis-Perséphone », F. Colin, O. Huck et S. Vanséveren (dir.), Interpretatio. Traduire l’altérité culturelle dans les civilisations de l’Antiquité, Paris, De Boccard, 2015, p. 231-264), nous n'y voyons pas un oiseau à bec de vautour, symbole de l'année, perché sur 12 rochers, mais un flamant sur un tertre planté de 13 papyrus (voir F. Lecocq, « L’oiseau bénou-phénix et son tertre sur la tunique historiée de Saqqâra. Une interprétation nouvelle », ENiM 12, 2019, p. 247-280

(en ligne sur http://www.enim-egyptologie.fr/index.php?page=enim-12&n=12, accédé le 08.11.2019).

[109] Voir L. Gosserez, « Un contrepoint païen, le phénix de Claudien », L. Gosserez (dir.), Le phénix et son Autre..., op. cit., p. 147-152, et F. Lecocq, « L’oiseau Phénix de Lactance : uariatio et postérité (de Claudien au poème anglo-saxon The Phoenix », H. Vial (dir.), La uariatio : l’aventure d’un principe d’écriture, de l’Antiquité au xxie s., Paris, Garnier, 2014, p. 185-201. Il est cependant envisagé que le Carmen soit postérieur à Claudien.

[110] Éloge de Stilicon, 2.414-430. Voir Servajean, op. cit., p. 97-103.

[111] Petits poèmes, 27, 108-110, traduction J.-L. Charlet, Paris, Belles Lettres, 2018.

[112] Voir F. Lecocq, « Le phénix dans l'œuvre de Claudien : la fin d'un mythe », F. Garambois-Vasquez (dir.), Claudien. Mythe, histoire et science, Saint-Étienne, Presses universitaires, 2011, p. 113-157.

[113] Dans Tzetzes, Explication à l'Iliade, 1.97.

[114] Servajean, op. cit., p. 5.

[115] 1.3, traduction B. Van de Walle et J. Vergote, Chronique d'Égypte 18.36, 1943, p. 199-239.

[116] Cerf ou autre oiseau ? Voir n. 39.

[117] Voir n. 58.

[118] Van den Broek, op. cit., pl. IX-XI, particulièrement pl. IX.3, qui associe les deux créatures. Voir M. Tardieu, « Pour un phénix gnostique », Revue de l'histoire des religions, 183, 1973, p. 117-142

(en ligne sur https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1973_num_183_2_9975, accédé le 09.11.2019), et A. Nagy, « Le phénix et l'oiseau-bénou sur les gemmes magiques », S. Fabrizio-Costa (dir.), Phénix. Mythe(s) et signe(s), op. cit., p. 57-84.

[119] Paris, Musée du Louvre, taille originelle : 12,35 m x 10,20 m, réduite à 5,73 m x 4,32 m.

[120] Nonnos de Panopolis, Dionysiaques, 40.397, traduction B. Simon, Paris, Belles Lettres, 1999.

[121] Voir F. Lecocq, « Le renouveau du symbolisme du phénix au xxe s. », R. Poignault, (dir.), Présence de l’Antiquité grecque et romaine au xxe s., Tours, Caesarodunum XXXIV-XXXV bis, 2002, p. 25-59.

[122] Voir F. Lecocq, « Le mythe du phénix dans la Fantasy pour la jeunesse », Cahiers Robinson, 49 : Fantasy et Enfance, Artois Presses Université, à paraître en 2021.

[123] Voir F. Lecocq, « L'invisible phénix dans la trilogie Hunger games de Suzanne Collins (romans et films) : animal, personnage et symbole », Fantasy Art and Studies, 9 : Représentations animales dans les mondes imaginaires : vers un effacement des frontières spécistes ?, à paraître en 2021.

[124] Source : https://www.science-et-vie.com/ciel-et-espace/sonde-spatiale-osiris-rex-asteroide-bennu-en-vue-42539
Voir l'article paru dans Le Monde le 21 octobre 2020.

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