En académie
Un scénario pédagogique portant sur les Bas-reliefs de Cn. Domitius Ahenobarbus
Le bas-relief.
Le bas-relief est un type de sculpture dont la particularité est de ne présenter qu'un faible relief, d'être à plat, le sujet représenté ne se détachant que faiblement du fond. Quand il est réalisé dans un matériau dur comme le marbre ou la pierre, l’artisan le taille directement dans la matière. Cette technique permettait dès l’antiquité d’orner de décors temples, palais, sarcophages, stèles funéraires ou objets. La Grèce en offre de fameux exemples, dès l’époque archaïque, mais plus encore à l’époque classique. Sont souvent représentées des scènes mythologiques, à caractère religieux ou des scènes de combat. Les Romains adoptent eux-aussi les sculptures en bas-relief, en copiant ou imitant des modèles qu’ils apprécient avant de créer leurs propres sujets historiques.
Un exemple spécifique
Les Bas-reliefs de Cn. Domitius Ahenobarbus
Deux séries de bas-reliefs probablement commandés par Cneus Domitius Ahenobarbus (vers 165 av. J.-C. - vers 104 av. J.-C.) ornaient à la fin du IIe siècle av. J.-C. le podium d’un groupe de statues du temple de Neptune sur le Champ de Mars à Rome. Ils sont aujourd’hui dispersés au musée du Louvre et au Staatliche Antikensammlungen Museum de Munich.
L’ensemble de panneaux acquis par le musée parisien en 1824 présente une juxtaposition de scènes de la vie romaine lisibles de gauche à droite. Le censeur, assis, enregistre les citoyens selon leur cens (leur fortune), avant qu’ils n’intègrent l’armée. Ils portent une toge serrée (toga exigua) en usage sous la république romaine. Au centre, le même magistrat, la tête voilée, car il occupe ici sa fonction religieuse de pontife, s’apprête à accomplir un sacrifice sous le regard de l’imposant dieu Mars porteur d’une lance. Des victimaires mènent trois animaux à l’autel : un bœuf, énorme, un mouton et un porc. Cette cérémonie, connue sous le nom de suovetaurilia, du nom des trois animaux immolés, cherchait à obtenir la protection du dieu Mars, au printemps, avant le départ au combat et purifiait les soldats de la souillure de la guerre. On la pratiquait également tous les cinq ans, à l’occasion du renouvellement des magistrats chargés de la censure. A droite, le lustrum (sacrifice expiatoire) achevé, les soldats en armes se préparent à partir. L’ensemble valorise cette prestigieuse charge réservée aux citoyens qui avaient accompli toutes les étapes du cursus honorum (carrière des honneurs). Domitius Ahenobarbus y accèda en 115 av. J.-C.
Il s’agit d’un des tout premiers exemples de bas-reliefs historiques romains. En commandant cette œuvre, peut-être financée à la suite de sa participation aux guerres menées par les Romains en Asie mineure contre Aristonicos, Domitius Ahenobarbus manifeste son prestige social et sa richesse. La taille des personnages révèle leur importance et la position centrale du pontife face au dieu Mars est significative.
Au IIe siècle avant J.-C., les Romains élargissaient leur expansion vers l’Orient hellénistique. Pour gagner la faveur des dieux, on érigea (ou restaura) sur le Champ de Mars un temple consacré à Neptune, dieu de la mer. Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle (XXXVI,4,26) témoigne explicitement des bas-reliefs de Domitius Ahenobarbus (conservés à Munich), chefs-d’œuvre de Scopas qui présentaient Neptune escorté de Néréides, de dauphins et d’animaux marins. Le panneau central conservé à Munich illustre les noces de Neptune et Amphitrite. De jeunes tritons tirent leur char.
Ainsi, à la fin du IIe siècle av. J.-C., sur le Champ de Mars réservé aux activités militaires, pouvait-on admirer un ensemble de bas-reliefs associant d’une part un modèle traditionnel de scènes mythologiques consacrées à Neptune dans la tradition hellénistique et d’autre part des scènes historiques de la vie romaine à la gloire du commanditaire devenu censeur après ses victoires maritimes.